Kunieda Saika ne déçoit pas !

May 07, 2009 02:58

Je suis en train de lire le chapitre 2 de 50x50 et l'action me laisse absolument pantoise et hilare. Comme si j'avais besoin de raisons supplémentaires pour adorer Kunieda Saika. Je n'avais pas vraiment accroché avec 50x50 au début. Après avoir été éblouie par Mirai no Kioku/Kaze no Yukue et m'être vraiment entichée des personnages principaux de ces mangas (lesquels demeurent à ce jour deux de mes protagonistes préférés. Particulièrement Akira. Aaaah, Akira...), 50x50 me laissait un peu sur ma faim.

Voilà ce qui arrive quand on s'empresse de snobber un manga qui vient à peine de commencer. Le chapitre 2 est déjà en passe de me faire changer d'avis. Bon d'accord, c'est un mensonge éhonté : j'ai déjà changé d'avis. 50x50 vient juste de rejoindre mon panthéon des meilleurs yaoi (voire mangas en général) et ce, en l'espace d'une page. Une page absolument superbe de comique. L'un des personnages explique pourquoi il n'a aucune intention de se marier (en l'occurrence, le type arbore un énorme fétiche qui le fait saliver sur les jambes des filles et il a peur que sa promise ne se laisse aller et ne prenne des habitudes qui pourraient influer négativement sur le galbe de ses cuisses). Et bien entendu, il ne se contente pas d'expliquer ça en quelques bulles. Oh non, ce serait trop simple et bien moins drôle. A la place, le lecteur a droit à une incroyable page où, sous le regard médusé de son meilleur ennemi/rival/amant occasionnel (c'est compliqué), Higashino se retrouve vêtu d'un magnifique justaucorps moulant et exécute une gracieuse arabesque tout en expliquant ses (stupides) motivations. Pendant ce temps, une batterie de danceuses dont on ne voit que les jambes ficelées dans des bas résille apparaît au second plan, tandis qu'une prof de ballet (Française s'il vous plaît !) décatie donne des directives. Réaction de son comparse : il s'assied comfortablement sur le fauteuil (soudainement numéroté, style siège de théâtre) et mange tranquillement du pop-corn en s'interrogeant sur le sens de ce spectacle et la présence de la prof de ballet qui s'est mise à encourager la prestation d'un Higashino de plus en plus exalté.

Kunieda Saika a vraiment le sens du détail. Témoins, lorsque Higashino reprends ses esprits (et s'éponge fébrilement le visage), la professeure endosse son manteau et prend la porte sur un jovial, mais néanmoins très digne, "au revoir".

Ce chapitre dans son entièreté est tordant, à commencer par la scène de début dans laquelle nos deux héros assistent (et sèment la zizanie) au mariage d'une femme avec laquelle ils sont tous deux sortis jadis.

Une autre chose que j'adore chez Kunieda Saika, c'est justement le fait qu'elle ne donne pas le mauvais rôle aux pauvres femmes qui ont le malheur de se retrouver dans ses univers yaoisants. Les femmes que dépeint Kunieda Saika ont une poigne de fer et du sens commun à revendre. Je pense notamment à Sakura dans Kaze no Yukue. On la voit peu, mais elle laisse une forte impression.

Dans 50x50, les femmes tiennent un rôle assez important puisqu'elles sont l'objet de fixations quelque peu malsaines de la part de nos deux héros. On pourrait croire dès lors que les personnages de sexe féminin sont réifiés. S'ils le sont, c'est fait avec suffisamment d'humour pour que la pilule passe. D'ailleurs les deux protagonistes ont une vision tellement parcellaire de l'être féminin qu'au final, ce sont eux les plus ridicules. Les femmes qu'ils tentent d'objectifier les laissent tomber sans scrupule aucun. L'impression qui en découle est que ces femmes savent ce qu'elles veulement et comment l'obtenir, et ultimement, leur sens commun et leur absence de complaisance leurs dictent de prendre leurs distances avec des héros dont elles ne pourront rien tirer sur le plan émotionnel.

Preuve à l'appui : la scène du restaurant où Kawanishi fait une demande en mariage hypothétique à la fille avec laquelle il dîne. Le lecteur est d'abord tout didposé à vilipender Kawanishi pour sa cruauté, puisqu'il fait miroiter à la pauvre femme un engagement qu'il n'a aucune intention de tenir. D'autant qu'elle rougit et semble toute prête à accepter. Seulement il s'avère que, si elle le prend au mot, elle refuse tout de go sa proposition et l'envoie balader en lui disant qu'elle fréquente quelqu'un d'autre et que cette personne est un bien meilleur parti. Résultat, non seulement Kawanishi apprend qu'il s'est fait tromper tout du long, mais qu'en plus, il n'était pas le préféré. Coup dur (d'autant que tout le retsaurant se fiche de lui et que le maître d'hôtel se tient constamment en arrière-plan et dirige vers lui des regards plein de commisération).

En conclusion, j'éprouve pour Kunieda Saika une vénération de plus en plus intense.

kunieda saika knows her stuff, pure crack, manga, brilliance, bwah

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