Mon ami
David Madore
m'écrit une lettre fort pertinente au sujet de mon blog,
avec comme à son habitude
cette pénétration exceptionnelle qui est la sienne.
Il met le doigt sur certains points essentiels
qui ne vous ont je l'espère pas échappé,
en tout cas qui méritaient d'être discutés.
Voici le texte complet de sa lettre, et ma réponse incise.
Merci donc à David.
Je voudrais te faire part de ma déception au sujet de ton 'blog (que
j'ai suivi régulièrement depuis son début, même si je n'ai pas
forcément lu plus qu'en diagonale les articles les plus longs). Quand
tu m'as dit (lors de l'anniversaire d'Izys) que tu en avais ouvert un,
j'ai pensé « chouette, Faré a toujours plein de choses intéressantes à
dire, ce sera une lecture enrichissante », mais je suis désappointé.
Il est vrai que je ne suis peut-être pas le lecteur typique, parce que
je te connais personnellement, d'une part, et parce que la pensée
libertaire n'a pas un intérêt énorme pour moi a priori.
(Note: dans la famille libérale, tu apprécieras peut-être plus
un
"libertarian paternalist" comme Tom Grey.)
Suis-je cinglé, d'aller regarder un 'blog libertaire si je n'ai pas
pas beaucoup d'intérêt pour ça, et en tout cas si je ne suis pas un
libertaire (ou alors un libertaire « modéré », ce qui est un
euphémisme pour dire que le verre est aux trois quarts vide) ?
Peut-être, mais est-ce que l'intérêt d'une argumentation n'est pas,
justement, de convaincre les gens qui ne sont pas déjà convaincus ?
Et en l'occurrence, je ne sais pas si tu t'en rends compte, mais tout
ce que tu racontes n'a aucune chance de rallier à tes idées quelqu'un
qui n'y serait pas déjà acquis (bon, ce n'est peut-être pas le but, je
ne sais pas) ; tout ce que tu risques de faire, c'est de le braquer
contre toi à force de troller (« troller » dans un sens neutre, je ne
prétends pas que tu racontes des conneries, mais que tu cherches
délibérément à provoquer, ce qui est parfois - mais pas toujours, et
certainement pas ici - une bonne façon de convaincre), de troller
au-dessus de leur shocklevel.
Je me rends parfaitement compte
que mon argumentation aura peu d'impact
sur les personnes qui ne sont pas déjà convaincues,
ou du moins, qui ne sont pas déjà fortement réceptives aux idées libérales.
Mais si convaincre autrui
est sans doute un but à long-terme de l'argumentation,
ce n'en est certes pas le seul intérêt.
Pour moi, l'intérêt immédiat de cette exploration conceptuelle
est de mieux comprendre le sujet,
et d'aider ceux qui partagent mes aspirations à mieux comprendre eux aussi,
et peut-être même à sauter un ou deux pas conceptuels.
Mon public est restreint, donc, mais il n'est pas vide.
En fait, la prémisse implicite à ta question
est que mon idéologie serait quelque chose de fixe, bien défini, connu,
et qu'il ne s'agirait "plus qu'à" argumenter pour convaincre
(ou éventuellement
se faire convaincre, ou accepter un désaccord, ou dé-poser une question).
Alors qu'au contraire, mon idéologie est mouvante;
lle évolue, elle se raffine, elle change plus que jamais.
C'est en écrivant que, pour purifier les concepts,
j'atteins mes propres shock-levels
(tiens, d'où ça vient déjà, cette notion de
shock-level que j'ai vue employée d'abord par
Izys?
Ah, d'
Eliezer!)
Bref, tu adoptes un point de vue semi-statique sur la notion d'opinion.
Alors que ce blog participe précisément
d'un processus dynamique de formation d'opinion,
non pas de l'opinion d'autrui, mais de la mienne propre.
S'il en est autant question de libéralisme jusqu'ici,
c'est parce qu'il s'agit d'un sujet sur lequel
tout ce qui méritait d'être dit n'a pas été dit ou découvert
à mon sens (et à ma connaissance).
J'espère qu'une fois les choses décantées,
il sera davantage sujet d'autres choses
(
Lisp,
divers sujets
extropiens,
de la
cybernétique
autre que politique, etc.
Et enfin,
TUNES).
Mais j'avoue que j'évolue lentement,
et la lenteur d'évolution de ce site en est le reflet.
Cela dit, si tu connais des bonnes séquences de shocklevels à franchir,
et les méthodes pour leur franchissement, ça m'intéresse.
Mais là encore, ça me semble si dépendant d'un contexte individuel
que de toute façon sur un tel sujet mon public sera restreint.
Il faudrait donc, décider, si tu veux partager tes idéaux politi...
euh, cybernét(h)iques, je veux dire, ou si tu veux simplement
communiquer ta frustration qu'ils ne soient pas réalisés. Parce que
c'est surtout ça que tu as l'air de faire en ce moment. Il n'y a rien
de mal à écrire un 'blog de frustré, hein : c'est exactement ce que je
fais, moi (sur ma frustration sexuelle, je veux dire), donc je ne vais
pas te le reprocher. Mais il faut en être conscient.
J'en suis conscient de cela.
Et si je permets de m'épancher longuement sur cette frustration politique,
tandis que je reste plus discret sur les détails
de ma propre frustration sexuelle,
c'est tout simplement que je pense avoir quelque chose de nouveau à dire
et d'utile à partager dans le premier cas,
tandis que je pense dans le deuxième cas
être un cas malheureusement bien trop commun,
dont les turpitudes ne gagneraient rien à être partagées.
Maintenant, si tu veux persuader les gens que les idéaux libéraux sont
beaux, il faut leur communiquer une vision, et pas une frustration.
Il faut parler du bien, et pas seulement du mal. Il faut les rassurer
sur leurs peurs et pas les titiller sur leurs croyances. Il faut leur
donner de l'espoir et pas de la haine. Et tu échoues à tout cela
parce que tu n'essaies même pas.
Je suis 100% d'accord avec ce que tu dis,
et je suis heureux que tu t'en aperçoives
et que tu t'en soucies assez pour m'en faire la remarque.
C'est d'autant plus marrant, que c'est un des points qui me travaille
depuis un certain temps,
et que je prépare aussi des choses là-dessus:
la
justice libre,
la
"démocratie avec un petit d",
la façon dont le choix marginal améliore la vie par rapport au choix moyen,
etc.
Simplement, j'attends d'avoir accumulé assez d'informations pour publier.
Et comme je suis très lent et débordé,
je n'ai pas encore fini ce genre de choses.
Mais quant à mon travail actuel,
je voulais aller jusqu'au fond du mal (cf. mon article dernièrement traduit),
la connaissance de ces peurs étant un préalable nécessaire
à établir un plan pour les dissiper.
Maintenant, je compte me consacrer au bien, qui est mon prochain projet.
La transition entre les deux sera ma série sur la psychologie humaine.
Après avoir complété ces projets seulement pourrai-je sérieusement me mettre
à faire de la propagande véritablement plus "grand public".
Jamais dans toute ta dialectique tu n'abordes la question « qu'est-ce
que j'ai à gagner - qu'est-ce que nous avons tous à gagner - à être
libres ? » : peut-être parce que la question te semble tellement
évidente qu'elle se passe de réponse, mais si tu parles de liberté à
l'esclave enchaîné dans la proverbiale caverne de Platon, il ne va pas
comprendre de quoi tu veux parler, et il va en avoir peur, tu dois le
rassurer, lui expliquer pourquoi il doit la souhaiter, si tu veux lui
retirer ses fers (et lui dire que ses fers lui font mal n'est pas
quelque chose de très convainquant). Jamais tu ne nous dis « I have a
dream... ».
Là tu exagères. Dans tous mes articles,
j'explique bien comment être libre aide à faire les bons choix,
à prendre les bons critères;
comment cela offre un feedback progressif et civilisateur, etc.
Mais je t'accorde que j'aborde la question de façon "froidement rationnelle",
et seulement a contrario de la propagande autoritariste,
alors que pour convaincre, il faudrait tisser un réseau émotionnel positif.
Je ne fais pas oeuvre de propagande, mais d'analyse de la propagande;
une analyse qui se veut le préalable à une action thérapeutique,
mais qui vient à peine de dépasser le stade de l'identification du germe
et des sites qu'il cible pour sa propagation.
Quant à l'esclave de Platon, s'ils se nourrissaient tous seuls,
que la nourriture leur venait gratuitement du ciel
et qu'ils pouvaient vivre heureux en goûtant éternellement
à la joie innocente de l'ignorance,
ma foi, je ne verrai rien à redire à un tel esclavage.
Cependant, la raison même pour laquelle l'esclavage est mauvais
est très justement qu'il coûte cher, à tout point de vue:
ces esclaves enchaînés, il faudra les nourrir,
les protéger du froid, des bêtes, de la maladie,
et ce ne sera pas par leurs propres moyens,
mais sans doute en forçant au travail d'autres esclaves.
À la moindre catastrophe (fin de l'expérience),
les voilà livrés dépourvus de ressource à un monde qu'ils ne connaissent pas.
Sans parler de leur frustration sexuelle.
Non vraiment, il y a de bonnes raisons de se révolter
contre une telle expérience.
À tout le moins, son commanditaire doit être tenu comptable
de tous les frais directs et indirects liés à cette entreprise;
qui aura les reins assez solides pour ce faire,
et en aura en même temps le goût?
Je n'imagine guère que des démiurges irresponsables
vivant des contributions forcées des autres dans un tel rôle
--- i.e. des hommes politiques constructivistes (selon le sens de Hayek).
Enfin, pour le « I have a dream... »,
il se trouve que tu anticipes sur mes brouillons en préparation... :)
Sans doute pas dans le mois qui suit, malheureusement.
Peut-être à l'occasion de la conférence libérale d'avril?
Jamais tu n'affrontes les craintes que les gens ont du libéralisme,
les idées profondément enracinées dans les esprits : quand tu parles
d'une idée fausse, c'est pour t'en moquer et jamais pour rassurer.
Les gens ont peur de la disparition de l'État-providence, si tu te
contentes de te moquer de cette peur au lieu d'expliquer concrètement
ce qui tiendrait le rôle des choses auxquelles ils sont habitués, tu
ne feras que les conforter dans cette peur. Si tu parles à un enfant
qui a peur qu'en devenant adulte sa mère ne sera pas toujours à ses
côtés, te moqueras-tu de cette peur ?
Mais si, j'affronte ces craintes.
Mais elles sont liées à un tel fatras de faux préjugés,
que l'analyse rationnelle d'un simple faux slogan d'une phrase
nécessite des paragraphes entiers de démystification.
Voir par exemple la section 2 de mon article
"
"raisonnement économique".
C'est pourquoi j'ai voulu aller au fond du problème,
pour trouver l'essence commune à affronter derrière ces erreurs,
plutôt que d'avoir à en combattre les tentacules sans cesse renouvelés.
Mon propos n'est pas de moquer, mais d'analyser le coeur de l'erreur.
Ensuite, le ton léger, c'est pour en rire plutôt qu'en pleurer.
Pour ce qui est de rassurer, je ne sais pas qu'il est besoin de garder
les enfants indéfiniment sous tutelle, sous prétexte qu'ils ne sont pas
encore prêts à affronter la vie. Uebung macht den Meister.
C'est en vivant de façon civilement responsable
qu'on apprend à vivre de façon civilement responsable.
Ne pas confondre prémisse et conséquence.
Tu me rappelles le discours des esclavagistes qui affirmaient (à raison)
que les esclaves étaient incapables de s'occuper d'eux-mêmes et de vivre libres
et en déduisaient (à tort) qu'il ne fallait donc pas les affranchir.
Je pourrais continuer longtemps comme ça. Ta rhétorique est à chier.
Tu ne véhicules aucune conviction, rien que de la haine et de la
frustration. C'est lamentable. (Et dans tout cela je fais semblant
de partager déjà tes convictions. Imagine-toi à quel point c'est
attristant si en plus on ne les partage pas !)
Pour ce qui est de la rhétorique, critica facilis, ars difficilis.
Cela dit, si tu sais faire mieux,
ou si tu connais quelqu'un qui fait mieux, ça m'intéresse au plus haut point.
Par contre, il n'y a pas de haine dans mes propos.
Je ne hais point les chiens enragés,
même si je les crains et les voue à être abattus sur le champ.
Je ne hais pas non plus la rage, pas plus que les tornades
ou ni les autres catastrophes naturelles, entités sans émotions.
De même, je ne hais aucunement les étatistes,
quel que soit le sort que je leur réserve pour rétablir le Droit;
et il est ridicule de penser que je puisse haïr l'étatisme.
Je ne hais les archi-profiteurs pas plus que les autres
(sais-tu qu'un de mes oncles éloignés a été idéologue en chef du Parti?
je peux te raconter des histoires d'apparatchiks;
pas étonnant que de tels gens estiment que l'administration est très efficace,
quand il suffit de donner un coup de fil ou de montrer sa carte
pour que tout s'arrange magiquement comme dans un conte de fée,
ou pour qu'au contraire un ennemi soit projeté dans l'enfer le plus sombre;
mais lâche le pouvoir, pars en retraite, et tes privilèges s'évaporeront,
les courbettes disparaîtront soudain, etc.;
assure-toi d'avoir des amis encore en place).
Bref, je rejette cette appellation de haine;
oh, je peux me mettre en colère, et réagir à la bêtise,
aux agressions mémétiques, etc. --- mais cela n'a rien à voir avec de la haine.
Quant à la frustration, ma foi, elle n'est pas pire que celle de n'importe qui
qui ne vit pas au paradis terrestre.
Si tu cherches de la frustration politique,
cherche plutôt du côté des magiciens noirs étatistes
(sauf les pires magiciens gris),
dont les plans ne sont jamais appliqués,
ou jamais avec les conséquences consciemment escomptées.
Moi, je suis plutôt satisfait de vivre dans un milieu privilégié
de la France du début du XXIème siècle
plutôt qu'à un autre lieu ou une autre époque,
malgré l'atmosphère délétère qui règne.
Si tu veux me chercher des frustrations vraiment gênantes,
cherche aussi du côté sexuel;
mais tu ne trouveras rien de plus explicite que ceci sur mon blog.
Quant au fait de refléter des frustrations,
je ne fais pas de reproche au miroir de refléter une laideur réelle;
je travaille à corriger cette laideur (travail, sport, drague, etc.).
En tout cas, elle ne partira pas par un simple voeu pieu.
Si tu ne sais pas comment t'y prendre concrètement, il y a des choses
évidentes que tu pourrais essayer. Tu pourrais essayer d'écrire pour
une fois non un texte argumentatif, mais un texte de fiction (une
nouvelle, je conseillerais, d'entre mille et trois mille mots) qui se
passerait dans une société comme tu voudrais qu'elle soit, pour qu'on
voie enfin cette société, pour qu'on voie comment les choses s'y
passent, et pour qu'on voie comment certains problèmes s'y résolvent
(évidemment, il faut une intrigue, hein, pas juste de la description).
Tu pourrais essayer de t'attaquer à la question « qu'est-ce que j'ai à
gagner, moi, au libéralisme, alors que je suis un privilégié du
système actuel ? ». (Il pourrait aussi être bon de parler des
problèmes de ce monde qui ne sont pas dus à l'existence de l'État,
c'est-à-dire des problèmes que la pensée libertaire ne prétend pas
résoudre. Ça c'est important pour éviter l'accusation « j'ai la
baguette magique qui va résoudre tous vos problèmes ».) Bref, tout ce
qui te sorte de ton cercle interminable de moqueries et de critiques
bilieuses.
J'ai aussi des fictions dans mes cartons.
Mais comme je n'en suis pas du tout satisfait pour l'instant, je ne publie pas.
J'ai trop d'idées de contraintes que devraient vérifier de tels textes,
et pas assez d'idées et de pratique pour satisfaire ces contraintes.
Quant à faire court, je voudrais bien, mais ça prendrait encore plus de temps.
Alors que dans l'argumentatif, je suis parfaitement armé.
Appelle ça de la paresse intellectuelle, c'en est.
Si tu es gentil, appelle ça économiser des ressources limitées.
Appelle ça aussi du perfectionnisme paralysant (ou procrastination).
Ou encore un mauvais usage des ressources. Sans doute.
Mais je n'y vois pas de solution à court terme.
Pour ce qui est de montrer comment les problèmes se résolvent dans la liberté,
le problème c'est que le progrès vient justement dans ce qu'on ne voit plus.
Vas-tu expliquer à un paysan du XVème siècle qui peine à chercher de l'eau
tous les jours que la solution à son problème est que ce qu'on voit
dorénavant chez tout le monde, c'est un robinet d'eau chaude et une
facture mensuelle modique? Ou vas-tu lui expliquer le principe du système
d'alimentation d'eau, du principe des égoûts, de la distribution
d'électricité, de la banque, de la facturation électronique, etc.?
Vas-tu lui expliquer le système de la concurrence et des prix, et
les pénuries qui ont lieu quand il est faussé par l'État (e.g. Californie)?
Quelle explication sera la plus satisfaisante?
Moi, je ne sais pas.
Au fait, tu as lu
"I, Pencil", de Leonard Read?
(
VF vite faite)
(ou dans le passage de Bastiat qui l'a inspiré
sur la façon dont Paris est nourrie).
Parce que la liberté, même relative, résout déjà
de très nombreux problèmes dont la solution est inconcevable
par aucun système planifié.
Quant à la question du qu'"ai à y gagner, moi privilégié",
je la traite plus que tu ne crois, notamment en replaçant
la question du point de vue du
"
raisonnement économique plutôt que des sophismes comptables.
J'ai un oncle médecin super-compétent qui est un privilégié du système
(médecin chef dans la santé publique);
pourtant, son train de vie, son bonheur conjugal, etc.,
est inférieur à ce qu'il obtiendrait dans un système de santé plus libre,
sans privilèges
(comparé avec son frère aux Etats-Unis, par exemple;
et en réponse au troll qui nous lirait, "plus libre" ne veut pas dire "libre").
Et puis tout ça me rappelle le discours d'abdication de Bao Dai,
qui avait ému tout le Vietnam (métonymie, quand tu nous tiens):
"Je préfère être simple citoyen d'une nation libre,
qu'empereur d'un peuple d'esclave".
L'accusation de "baguette magique" est un cas typique
de reproche fait au libéralisme de ce qui constitue
précisément une faille béante de l'étatisme!!!
L'étatiste prétend tout résoudre, et quand le libéral le critique,
il défie le libéral de tout résoudre;
puis, après avoir écouté en baillant un démenti rationnel,
on s'enfonce dans l'étatisme comme si de rien n'était.
Je laisse
Jean-François Revel
répondre en détail à cette accusation.
Quant à la "bile" que tu vois,
quelque soit l'interprétation exacte à discuter
des symptômes que tu décèles en terme de sentiments sous-jacents,
je suis fort aise de ne pas être un "rationnaliste froid".
Mais bon, globalement, je trouve que tu parles trop de politique...
euh, de tu-sais-quoi. Pardon, rectifions ça : tu ne parles pas assez
du reste. De toi, notamment, de ce que tu fais, de ta vie, quoi. Tu
penses peut-être que ça n'intéressera pas les gens, et tu te trompes :
contre toute attente, les lecteurs de 'blogs (une espèce que je
commence à connaître) aiment vraiment entendre parler des petits
détails sans importance de la vie de tous les jours. Et globalement
j'ai du mal à croire que tu n'aies pas d'autres choses à raconter sur
plein plein plein de sujets : c'est important pour ne pas apparaître
comme un monomaniaque.
Je sais que mon blog parle trop de politique.
J'ai des tas d'autres choses à exprimer,
mais qui sont trop personnelles pour être publiées ouvertement.
Alors, ce qui passe sur mon blog, c'est surtout la politique.
Pour ce qui est de parler du reste, de ce que je fais,
en tant que procrastinateur perfectionniste,
j'ai trop honte de ce que je suis et du peu que je fais
pour le proclamer sur les toits.
Ce n'est pas que j'ignore que de tels détails intéresseraient mes amis
et donneraient de la vie à mon blog, non.
C'est de la pudeur excessive, de la honte perfectionniste,
le désir de ne pas partager mon autodéception.
Parler plus ouvertement serait peut-être une bonne thérapie,
ou peut-être plutôt un symptôme de guérison.
Mais pour l'instant, je n'en suis pas là.
Encore une fois, miroir-visage, messager-nouvelle, etc.
En attendant, je fais quelques efforts,
et j'essaie de diversifier un peu mon blog,
sans pour autant laisser le fondamental qui occupe mes pensées,
comme tu as pu le constater depuis les quelques jours que j'ai reçu ton email.
Voilà voilà. Tout cela dit en toute amitié, évidemment. Hope this helps!
C'est bien ainsi que je le prends, et oui, ça m'a été utile,
me donnant l'occasion de me clarifier,
et m'incitant à donner une plus grande priorité sur mon blog
à des sujets plus variés.
Merci beaucoup.
Hope you enjoy.
PS : Tu peux évidemment, si tu penses que ça a un intérêt quelconque
(par exemple pour y répondre publiquement), reproduire de la façon que
tu veux (en totalité ou en partie) le présent mail.
Comme tu vois je n'y ai pas manqué, avec quelques jours de délai.
PPS : Je suis assez crevé, alors je ne relis pas ce mail avant de
l'envoyer. J'espère qu'il n'est pas trop mal écrit.
Si c'était le mauvais du DAM,
alors le mauvais du DAM, c'est encore du bon,
et j'attends de pied ferme le bon du DAM...
PPPS : Quels jours es-tu sur Paris, au juste ? Il faudrait qu'on se revoie.
Je suis à Paris depuis jeudi et jusqu'à dimanche;
mais entre les réunions de famille, la manifestation de dimanche,
les problèmes de voiture et d'ordinateur,
nous ne nous verrons pas cette fois-ci.
La prochaine fois, je ne sais pas.
Chaleureuses salutations, [signature]
Merci beaucoup pour ton email, #f Ð