Paris. Ville où une architecture magnifique sert de cadre
à une misère qui suinte dans les rues --
dès que l'on sort des quartiers riches où la police patrouille.
Entre la Chorba pour tous et l'armée du salut,
les hommes font la queue, les femmes restent cachées.
Ils sont nombreux à camper dans des tentes sous le métro en plein air
et dans le moindre terrain vague,
aux côtés d'un jeune couple branché qui s'épargne ainsi l'hôtel.
Les
heureux clochards
pourront utiliser gratuitement
le wifi dans les parcs publics:
de bornes wifi en vraie-fausse plage,
le maire finance des gadgets luxueux aux frais du contribuable,
cependant que la pauvreté guette ceux que l'impôt écrase,
dont les emplois sont détruits par les réglementations et privilèges.
Les agresseurs sont libres d'agir,
les flics étant trop occupés à augmenter leur paie en distribuant
des contredanses pour des pseudo-"délits" de circulation
qui n'importunent personne.
La puanteur d'un sans abri empeste encore
les sièges d'une rame de métro.
La saleté, les graffiti, sont le lot du commun des habitants,
qui baissent les yeux tristement dans les transports en commun.
Un arabe de deuxième generation aboie à son voisin
comment, s'approchant d'un vélo,
il est arrêté par un gang de flics en civils
"comme s'il allait égorger quelqu'un",
puis est relâché sans qu'on puisse rien lui reprocher.
Entre la référence culturelle barbare
et l'hostilité ouverte entre population et forces de l'"ordre",
voilà qui promet une chaude ambiance dans les banlieues.
La sexualité en général, et l'homosexualité tout particulièrement,
s'étalent sur les murs dans autant de panneaux publicitaires,
offrant des rêves obscènes aux masses abruties.
C'est à qui montrera l'éphèbe le plus sexuellement explicite,
suggérant le mieux la verge sans la montrer.
L'antiaméricanisme s'étale aussi partout. Dans les quartiers "de droite",
des hommages à l'Amérique montrent les mines défaites de soldats enterrant
leurs morts. L'affiche d'une exposition sur les pionniers américains
montre la photo d'un chariot faisant demi-tour, vaincu par les éléments.
Dans les quartiers de gauche, les affiches des diverses
factions communistes rivalisent d'anticapitalisme.
Entre les deux, les magazines hésitent entre la femelle télévisée de l'été
et la question rhétorique anti-américaine.
Marianne dénonce auprès du "peuple de gauche" la trahison de dirigeants jamais assez à gauche.
Suis-je le seul à voir dans la notion même de "peuple de gauche"
un appel larvé à la guerre civile?
Le parisien n'est pas serviable.
Il économise ses forces, opprime ses émotions, qui ressortent parfois violemment.
Au volant il s'énerve;
ses semblables ne sont pas des partenaires libres à respecter,
mais des atomes asservis envers lesquels il ne ressent rien.
Dans les commerces, il sert d'un air hautain, par condescendante bonté:
sa rémunération n'est pas liée à la satisfaction du client.
Le parisien est pauvre: entre impôts et inefficacité réglementée,
les prix sont 50% plus élevés qu'en Amérique, et les salaires ne suivent pas.
Parmi les gadgets du maire, l'un semble être un succès: le velib.
L'idée est bonne. L'État ayant usurpé le monopole des rues était le seul
à avoir l'initiative. Reste à voir la facture. J'ai comme un doute
que les infrastructures nécessitées soient couvertes par le prix d'utilisation dérisoire.
Encore une fois, les contribuables non-usagers vont payer pour les usagers.
Avec le monopole, le tribuable ne sait jamais combien au juste il a perdu.
Le tribué professionel lui compte pour gain tout ce qu'il a.
Paris devient un double musée.
Celui de la splendeur passée, et celui de la déchéance présente.