#3 Maladie- Harry Potter- Au fil des saisons 1/4

Jul 15, 2012 21:40

Titre : Au fil des saisons
Fandom : Harry Potter
Personnages : Severus, Hermione
Thème : # 3 Maladie, crosspost 30_baisers 
Type : Romance, Tragédie
Disclaimer : Les personnages et l'univers d'Harry Potter appartiennent à JK ROwling
Ratibg : M (idées suicidaires sur ce chapitre)

Les sanglots longs des violons de l'automne...1
Severus déambulait dans les couloirs de Poudlard la nuit, souffrant comme d'habitude d'insomnie. La victoire sur Voldemort n'avait pas mis fin comme il avait pu l'espérer à ses troubles du sommeil. Non, son cœur était plus léger, mais sa conscience terrible lui chuchotait toujours des mots perfides et accusateurs pour lui rappeler ses choix. Il dormait, certes, mais toujours lorsque la petite aiguille avait, au moins par deux fois, franchi le cadran de l'horloge.

Il se dirigeait vers ses appartements quand il remarqua une silhouette appuyée sur le rebord d'une fenêtre, tenant dans sa main une photographie et de l'autre un verre d'où des effluves écœurants se dégageaient. L'odorat de Severus était assez connaisseur pour identifier la potion qu'Hermione s’apprêtait à prendre et la discrète odeur de Whisky pur feu sur ses vêtements ne faisait aucun doute sur là dangerosité du mélange des deux.
D'un geste vif, il envoya valser le calice et planta ses yeux dans ceux d'Hermione. Elle le regardait sans le voir, d'un œil hagard. Son regard était voilé par la mince pellicule d'eau, vestiges de larmes versées comme chaque nuit.

En la voyant ainsi, il comprit qu'Hermione n’était plus. Elle était juste en train de se perdre, de sombrer. Comme tous, il pensait que ce serait un mauvais moment à passer, mais qu'elle réussirait à surmonter son chagrin mais non, il devait se rendre à l'évidence elle n'irait jamais mieux. L'affection des siens, la considération de ses amis et collègues n'y changeait rien. Elle était malade.
De la plus terrible des maladies : un amour meurtri. La seule douleur que Severus pouvait comprendre parce qu'elle était sienne.
Alors, croisant son regard, il prit la décision la moins rationnelle et la plus spontanée de son existence et l'agrippant par le bras, il transplana avec elle sans se préoccuper des conséquences.

Ils atterrirent au milieu du salon de la maison de son enfance à Brighton. Peu de lieux était considéré par lui comme un refuge, un endroit où il se sentait chez lui.
Sa chambre d'enfant où il se réfugiait était devenu au fil des ans une prison où il s'enfermait pour ne pas entendre les cris de rage de son père et assouvir la colère qui le rongeait en un parricide.
Dans Poudlard, seul les cachots sombres et en particulier son laboratoire, où il élaborait ses potions, lui apportait sa part de lumière en l'enveloppant d'une obscurité, d'une lumière si tamisée qu'elle ne l'éblouissait pas, ne le brûlait par sa chaleur symbolique et où il pouvait enfin s'accommoder de sa part sombre car elle était enveloppée d'un manteau d'obscurité.

Il y avait enfin, ce seul lieu, baigné de lumière naturelle où il avait passé les meilleures vacances de son existence, en compagnie de sa tante et de Lily. Une période éphémère où il avait apprécié les joies de cette ville Moldu, goûté au contact de l'eau froide sur son corps juvénile et savouré cette sensation des vagues s'entrechoquant avec une certaine douceur sur lui.

Il aimait le parfum des embrumes en cette saison. L'humidité ambiante des temps automnaux qui se confondait avait l'air iodé de la mer. Cette odeur de chien mouillé qui se dégageait, un relent qu'il n'appréciait pas mais qui avait l'avantage d'évoquer une certaine remembrance qui la rendait attachante et précieuse. Il aimait se ressourcer là quelques jours dans l'année, loin de Poudlard, des élèves et des souvenirs qui s'y trouvaient. Dans cette maison il retrouvait la part de son enfance enfouie en lui, cette appétence à la vie qu'il avait perdue depuis bien longtemps. L'effet était éphémère mais ça lui permettait de cicatriser temporairement certaines de ces blessures et de recommencer tant bien que mal à continuer à vivre ou plus exactement survivre.

Hermione le regardait furibonde, elle ne reconnaissait pas cet endroit. Ses lèvres bougèrent pour laisser échapper milles injures et injections mais aucun mot ne franchit cette barrière. Même la colère ne pouvait venir à bout de son mutisme.
Severus la regardait lui jeter son regard le plus sombre, le plus féroce et lui ne pouvait s'empêcher de sourire devant cette tentative. Après avoir eu à supporter le regard glacial de Voldemort, le regard teinté de compassion dérangeante d'Albus, aucun regard ne pouvait le troubler même pas celle de cette insupportable Miss-je..., non elle n'était plus son élève. Elle était devenue professeur à Poudlard, surprenant ainsi tout le monde en renonçant à un poste important au Ministère.

Le premier jour de la rentrée, Severus, comme à l'accoutumée, était assis à la table des professeurs et scrutait avec attention les visages des jeunes élèves, cherchant dans leurs physionomies et attitudes des indices pour savoir dans quelle maison ils seraient affectés.
Lorsque tous les élèves furent rentrés, il allât faire ce que sa fonction exigeait et commença la cérémonie du Choixpeau. Contrairement à sa collègue Minerva qui occupait aujourd'hui la fonction de directrice, il n'avait pas pris l'habitude de guider les élèves dans Poudlard lors de leur découverte de l'école. Non, il n'avait jamais eu l'intention de se transformer en guide touristique pour apprenti-cornichon, il se contentait de faire le strict minimum, énumérant les noms et mettant le Choixpeau sur leurs petites têtes blondes.

Il ne s'étonnait guère des choix de l'artefact et il était fort rare que l'artefact diffère de sa propre estimation, ce qui expliquait pourquoi il s'impatientait toujours que cette cérémonie prenne fin tant il lui semblait que le Choixpeau tergiversait en vain, pour se mettre en valeur et satisfaire la vanité d'un vieux tissu qui n'avait plus l’éclairage des feux de la rampe qu'un jour par an.
Cette année là, pendant qu'il mettait le Choixpeau sur une élève du nom de Roseraie, il fut surpris de voir une silhouette menue se diriger vers la table des professeurs et y prendre place. D'un mouvement de la tête, il interrogea Minerva qui lui sourit en répondant affirmativement à sa question muette. C'était donc ça, la surprise de la directrice : Miss Granger comme professeur.
Quand le dernier élève eu rejoint sous les cris de joies de sa maison sa tablée, Severus se dirigea d'un pas alerte vers la table centrale. Il ignora Hermione qui esquissa un sourire à son approche et attendit que la Directrice fasse ses annonces. Après celle usuelles sur le règlement, elle présenta le nouveau professeur : Miss Granger, professeur en Arithmancie.

Leurs rapports furent au début fort distants. Severus ne pouvait s'empêcher de ne voir en elle que son ancienne élève, de plus une amie de Potter. Harry l'avait exaspéré comme élève, mais il l'insupportait encore plus comme Auror, comme héros de guerre qui ne cessait de louer son courage à tel point qu'il ne cessait de crouler sous les invitations des plus sérieuses au plus farfelues, comme celle des vielles sorcières d'Eastwick qui voulaient récolter des petits bouts de lui dans l'optique d'un clonage en série. Il était obligé de rester à Poudlard pour ne pas subir ces sollicitations quotidiennes non désirées.
Mais il s'aperçut que sa compagnie n'était pas aussi déplaisante qu'il l'aurait cru. Il ne dirait pas qu'il la trouvait charmante et d'agréable fréquentation mais elle savait se montrer discrète, polie sans être obséquieuse et savait faire preuve d'une certaine forme d'humour lorsqu'elle évoquait ses rapports avec ses élèves. Il prit plaisir à converser avec elle, bien sûr c'était toujours bref et leur dialogue ne dépassait rarement deux ou trois répliques mais pour lui, elle faisait partie de son paysage, il avait appris à l'accepter à ce poste là.

Il avait vu son regard s'illuminer quand ce grand dadais de rouquin s'était agenouillé devant elle pour lui faire sa demande. Il avait eu en les voyant un petit rictus moqueur devant ce geste traditionnel suranné. Comment une femme éprise de modernisme pouvait-elle supporter ces simagrées ? Quand il vit Hermione se lover tendrement dans ses bras, il ressentit une pointe de jalousie, non parce qu'il avait des sentiments à son égard mais parce qu'il en était venu au fil des ans à la considérer comme son amie et l'idée qu'on lui enlève lui paraissait insupportable.
Mais il avait fait semblant d'être heureux pour elle, de participer à la félicité ambiante, seul son regard parfois se voilait de regret.

A la fin août, lorsque les professeurs se préparaient pour leur rentrée, la nouvelle tomba. Hermione pâlit, ses yeux ne cessaient de lire et relire la lettre, mais refusaient de croire ce que les mots disaient. Ses bras tombèrent inertes près de son corps, la lettre qui tenait dans sa main était tombée au sol. Severus s'approcha et lut la missive. Un éclair de compréhension traversa son regard.
Hermione ne disait rien, immobile, elle semblait attendre qu'on lui donne infirmation de la nouvelle. Lorsque Bill entra dans la salle, essoufflé, son regard sur la lettre, regrettant de ne pas avoir pu être là avant sa réception, elle sut que ce n'était pas un cauchemar et elle poussa un hurlement, un cri déchirant qui glaça le sang de ceux qui étaient présents. Ce fut le dernier mot qu'elle prononça, elle adopta une attitude de mutisme, s'enferma sur elle même.

Elle était là sans y être. Elle regardait les gens sans les voir. Elle écoutait sans entendre.
Elle assurait ses cours en se contentant d'écrire ses leçons sur le tableau, ne prononçait aucun mot, ses élèves regrettaient déjà son enthousiasme, sa passion de l'Arithmancie qu'elle transmettait et qui faisait de son cours l'un des plus appréciés des options.

Tous pensaient que sa douleur diminuerait avec le temps mais les jours, les semaines, les mois passèrent sans que personne ne remarque une amélioration. Chacun guettait le signe d'une dépression, un indice montrant qu'elle sombrait pour pouvoir enfin la relever mais rien d'ostensible ne se vit. Elle resta toujours dans le même état.

En la voyant dans cette posture sur cette fenêtre il avait su qu'il devait intervenir et la voilà, assise dans ce vieux canapé décousu, l'observant avec méfiance. Il chercha les mots pour exprimer, mais que voulait-il lui dire, quelle parole réconfortante lui dire. Il fit apparaître un service à thé et versa le liquide bouillant dans une des deux tasses en porcelaine fine qu'il tendit sans un mot. Hermione le fixa du regard, prit délicatement la tasse et la projeta violemment sur le mur derrière Severus. Celui-ci prit la baguette, jaugea sa collègue et lança le sort Reparo sur la tasse. D'un Alohomora informulé, il ouvrit la petite commode qui se trouvait dans le couloir et fit voltiger jusqu'à lui une couverture en feutre gris qu'il posa sur la table du salon en marmonnant qu'elle devait se débrouiller toute seule.
Il prit le chemin de sa chambre sans plus se préoccuper d'elle, tout du moins pour cette soirée.

Le lendemain, il la trouva endormie sur ce vieux canapé, en position de chien fusil, cherchant à se réchauffer par sa propre chaleur corporelle. Severus prit la couverture et la posa sur elle, en faisant bien attention à ne pas la réveiller. Comme par réflexe, elle agrippa le haut du plaid et le remonta jusqu'aux épaules en poussant un petit grognement de satisfaction sans pour autant quitter les bras de Morphée.
Severus prit une pomme dans la corbeille de fruits, posée sur la grande table en noyer et sortit, bravant les éléments de la ville de Brighton.

Il se promena sur la jetée. Les premiers rayons de soleil éclairaient la mer de mille reflets irisés. Severus ne faisait guère attention à la beauté du spectacle, perdu dans ses pensées il déambulait dans la ville déserte en cette heure matinale. Il aimait errer sans avoir de but précis dans sa vielle robe de sorcier noire. Comme pour Londres, à Brighton les gens pouvaient sortir dans les tenues les plus étranges et on ne pouvait leur reprocher qu'une certaine excentricité. La seule différence était que la capitale garantissait un certain anonymat tandis que les villes plus petite, attisait la curiosité de ses habitants qui engageait la conversation pour pouvoir comprendre et connaître ces étranges personnages. Alors, il préférait sortir lorsqu'il avait peu de chance de rencontrer ses voisins. Bien sûr, il aurait pu s’habiller en Moldu, se lancer un sortilège de dissimulation mais il aimait, aussi paradoxalement que cela puisse paraître compte-tenu de ses rapports conflictuels avec son père qui l'avait amené à avoir une vision peu flatteuse des Moldus, avoir pendant quelques jours une existence où la sorcellerie n'occupait pas une place prépondérante dans sa vie.

Il s'assit sur le vieux banc en bois et fer rouillé devant le grand arbre aux feuilles mordorées et ocres qui trônait sur cette petite place. Il songea qu'il avait sûrement fait une erreur de jugement, cette ville était celle qui lui apportait du réconfort car elle était rattachée à de nombreux heureux souvenirs mais pour Hermione que lui apporterait le bruit des vagues ?

Il retourna chez lui et se heurta au mutisme, teinté d'une certaine forme d'animosité d'Hermione. Elle voulait l'ignorer, ses yeux étaient étranges. Ils brillaient d'une colère que l'on ressentait dans chacun de ses gestes, mais étaient voilés comme si elle avait reçu un sort de castration émotionnelle. Elle ressentait mais ne savait plus comment s'exprimer ou communiquer.

Ce comportement dura pendant plusieurs jours. Severus s'obstinait à tenter de lui parler, à lui apporter de la nourriture mais elle continuait à l'ignorer. Il tenta même de l'amadouer tel un animal en choisissant des mets qu'il savait lui plaire et en les éloignant d'elle pour la forcer à s'approcher de lui, à communiquer mais sans succès.

Un soir, Severus était assis dans le salon, regardant Hermione et pensait qu'il devait admettre sa défaite. Il n’avait pu la sauver, la rendre de nouveau vivante. Il se leva, prêt à ramener Hermione à Poudlard quand un éclair, accompagné d'une forte bourrasque ouvrit brusquement la fenêtre, faisant entrer les éléments hostiles dans la petite demeure.
Les orages étaient plutôt violents en cette saison. Rare, ils n'en conservaient pas moins l'illusion pour ceux qui la subissait d'être quasi apocalyptique.
Severus referma la fenêtre ou tout du moins tenta de le faire, lorsque une rafale projeta le volet sur son bras gauche et le blessa. Instinctivement, il remonta la manche de sa robe pour voir l'étendue de sa blessure, dévoilant au regard d'Hermione sa marque des ténèbres, certes beaucoup moins prononcé que lorsque Voldemort était encore en vie mais toujours visible surtout pour un regard averti. Le crochet du volet avait entaillé son bras sur la partie inférieure du tatouage mais rien qui ne pourrait être guéri avec le contre-sort du Sectumsempra. Il chercha sa baguette pour lancer le sort lorsque son regard croisa celui d'Hermione qui fixait sa marque avec une étrange lueur dans son regard. Au moment où il s’apprêtait à entrer dans son esprit pour tenter de le comprendre, elle se précipita sur lui, poussa un cri et le griffa de toute ses forces jusqu'à faire perler le sang sur le tatouage de Severus.
Une fois le geste accompli elle sortit en courant sous la pluie battante. Severus estomaqué par son geste mit quelques instants à reprendre ses esprits et se précipita à sa poursuite.

Il eut beau scruter le paysage environnant, aucune silhouette semblable à celle du jeune professeur n'était visible. Il lança alors un sort de localisation qui l'amena sur la plage de Brighton.
Il la vit s'avancer dans la mer jusqu'à ce que l'eau encercle sa taille et rester là stoïque dans l'attente que les vagues qui se déchaînaient fassent leur office et la percutent de leur lames cinglantes ou la projette vers un ailleurs qui lui semblait moins cruel que la douleur du quotidien. Elle ne voulait pas commettre l'acte fatal, elle voulait simplement que des évènements extérieurs lui donnent enfin l'opportunité de confier son destin à une autre personne ou entité qu'elle même.
Elle sentit qu'un bras la tirer violemment sur la plage sans se préoccuper s'il pouvait lui faire mal. Il la toisa de son regard froid et noir et d'un geste rapide lui assena une terrible gifle en la traitant de stupide Gryffondor.

Elle était là sur la plage, sa joue gauche rougit portait la trace des doigts longilignes de Severus. L'eau du ciel encadraient son visage tandis que les premières larmes glissaient sur elle, accompagnées de petits sursauts nerveux. Sa bouche qui avait été irrémédiablement close depuis des semaines, à part ce petit cri qu'elle avait poussé quelques minutes plus tôt se mua en un déchirant hurlement où elle clamait la douleur de sa perte
« Ron ». Ce prénom tant aimé, celui de l'homme dont elle était éprise n'était plus. Un groupe de Mangemorts, pas encore identifié par les Aurors avaient voulu torturer une famille composée de cracmols et de né-moldus. Ron, qui par un funeste hasard entendit leurs cris, se précipita pour leur porter assistance mais face à la furie du groupe, il succomba sous l'assaut des sorts.

La marque de Severus avait débloqué en elle sa peine, sa colère et sa rage. Les soins de Severus n’avaient pas réussi à la soigner mais malgré lui, il avait été l'instrument de son retour vers les vivants, comme un médicament amer qui serait plus efficient qu'une médication plus douce.
Elle répétait ce prénom en une douloureuse litanie. Elle chercha le regard de Severus et prononça des bribes de mots qu'il ne put réellement définir. Etait-ce un « Pardon » ou bien un « Aidez-moi » ? Severus ne le savait pas, tout ce qu'il voyait c'est qu'Hermione avait besoin de réconfort alors maladroitement, lui qui était peu enclins aux contacts humains, l'entoura de ses bras maigrichons.

(1) Un emprunt au poète Verleine, chanson d'automne.

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