I didn't have time to translate it, but it's those sections from La Vie Privée de Robespierre which pertain to Saint-Just.
Yes, rather in a hurry, so here it is:
Parmi la foule de députés qui arrivèrent alors des quatre coins de la France, l'un d'eux, jeune représentant de l'Aisne, était déjà connu de Maximilien. Deux ans auparavant, il avait adresse au chef Jacobin une requête destinée a l'établissement de sa popularité dans son département. Cette lettre, datée de Blérancourt, près Noyon, le 19 août 1790, était tournée en termes si agréables à la sensibilité de la destination que celui-ci l'avait gardée dans ses papiers et la relisait quelquefois.
Elle s'exprimait ainsi:
"Vous qui soutenez la patrie chancelante contre la torrent du despotisme et de l'intrigue, vous qui je ne connais que, comme Dieu, par des merveilles: je m'adresse a vous, monsieur.
...Je ne vous connais pas, mais vous êtes un grand homme. Vous n'êtes point seulement le député d'une province, vous êtes celui de l'humanité et de la République. Faites, s'il vous plait, que ma demande ne soit point méprisée.
SAINT-JUST, électeur au département de l'Aisne."
Ce jeune homme, qui signait, avant la Révolution: Louis-Antoine Florelle de Saint-Just de Richebourg, était le fils d'un bas officier, un maréchal des logis, qui lui avait transmis quelques traditions militaires; et il avait tous les dons requis pour entrer dans l'armée. Vigoureux, plein d'audace, il aurait été magnifique sous l'uniforme. Cependant, après des études à Louis-le-Grand, qui allaient devenir un titre de plus a l'amitié de Robespierre, il avait eu l'adolescence la plus dissipée. Vols familiaux, poèmes licencieux d'autant plus coupables qu'ils étaient excessivement longs, détournement de femme mariée et quelques autres peccadilles lui avaient valu un court empensionnement par lettre de cachet. Sorti de la, et après s'être demande s'il serait garde du corps, Oratorien ou avocat, la Révolution était arrivée a point pour lui donner une carrière. Comme tant d'autres jeunes gens sans fortune et sans emploi, il se lancerait dans la politique.
Il avait vingt-cinq ans, plus encore la passion de l'aventure que la passion des femmes, une sorte de génie et parfois des accès de déroutante puérilité. La Révolution le servant, il avait en elle une foi ardente. Elle lui confierait une imperturbable gravite d'apparence. Il dira: "Celui qui plaisante a la tête du gouvernement aspire a la tyrannie." Il admirait sincèrement Robespierre, aux yeux duquel être pauvre était un titre pour devenir chef: si Maximilien tolérait parfois les riches c'était comme suiveurs.
Le nouveau venu avait tout de suite senti qu'il était trop jeune pour en imposer du premier coup sur la grande scène ou il allait évoluer. Il lui fallait un maître, qui était tout trouve depuis sa lettre de Blérancourt, depuis deux ans. Ses relations avec Robespierre ne dureraient plus tout à fait aussi longtemps. Il ne leur restait pas deux ans à vivre.
Il vint à la maison Duplay, en compagnie d'un garçon de son age, député lui aussi, originaire du département de l'Incorruptible, Philippe Le Bas, avocat de moyenne intelligence, qui possédait une soeur fort jolie. Henriette Le Bas était une fille de dix-huit ans, pleine de feu et, qui ajoutait beaucoup a l'attirance que le député de l'Aisne ressentait pour son frère. Bientôt séduite--il fallait aller vite a cette époque; et l'Incorruptible enseignait qu'un homme d'Etat devait régler de telle façon la question des femmes qu'elle ne l'absorbassent point--, promise a Saint-Just, elle devint sa maîtresse en attendant les épousailles, superflues a la vérité pour le jeune législateur qui proclamait: "Ceux qui s'aiment sont époux," et qu’il ne réalisa jamais.
Saint-Just--appelle a ses débuts Sinju--s'était donne la peine de prendre immédiatement un grand empire sur l'esprit de Le Bas. Tous les deux, après quelques jours d'observation, plurent à Maximilien qui saurait se servir d'eux.
...
La plus fougueux, le cher Saint-Just se rendait aux armées avec sa maîtresse et le frère de celle-ci, Le Bas, que Maximilien venait de marier a la petite Elisabeth Duplay en leur promettant un cadeau de noces qu'il oublia de leur donner. Saint-Just revenait de temps en temps. Pendant ses courts séjours a Paris, il allait l'après-midi chez son maître, rue Saint Honoré; il le poussait a agir, rentrait chez lui, composait fébrilement un projet de législation républicaine, par laquelle tous les actes prives des citoyens seraient réglementes. Il édictait: "Jusqu'a seize ans, ils (les Français) sont vêtus de toile dans toutes les saisons et ils ont le même costume; depuis seize ans jusqu'a vingt et un, le costume d'ouvrier; depuis vingt et un jusqu'a vingt-cinq, celui de soldat s'ils ne sont point magistrats. Ils ne peuvent prendre le costume des arts qu'après avoir traverse, aux yeux du peuple, un fleuve à la nage, le jour de la fête de la jeunesse."
Ses idées pour le maintien de l'ordre étaient aussi pleines de sens: il remplaçait en chaque ville la police par six vieillards recommandables. Dans les séditions, ceints d'une écharpe blanche, ils s'efforceraient de ramener l'ordre au péril de leur vie. --Quant aux problèmes de l'amitié, il les faisait résoudre par les tribunaux. Les amis qui voudraient cesser leurs relations devraient préalablement s'expliquer devant le juge.
Il ne songeait point que ces dernières prescriptions pourraient gêner son maître. --Il posait sa plume, prenait son sabre, son grand chapeau et sa maîtresse; et il repartit en mission pour l'armée du Rhin.
...
[Speaking of his bedroom] Cette pièce était un lieu sacre; et, a part les membres de la famille Duplay, il n'y recevait guère que Saint-Just, qui y montait directement sans se faire annoncer.
...
Saint-Just, un moment fâché avec lui [Robespierre] après une des brouilles de ce gamin avec Henriette Le Bas--il avait accuse Robespierre d'avoir monte cette jeune fille contre lui, comme si elle eut eu besoin de conseils pour tenir tête a son amant, avec qui elle s'était toujours disputée!--Saint-Just venait le voir entre deux voyages en Alsace et le poussait a saisir plus solidement la dictature qui allait échapper. Mais ce grand jeune homme, qu'on voyait beaucoup mieux que lui sous les traits d'un imperator, pouvait vouloir le pousser en avant pour prendre ensuite sa place. Il devait se défier de Saint-Just lui-même, qu'il laissait repartir pour les armées. Il le rappelait aussitôt par lettres. Il voulait avoir auprès de lui en cas de coups durs cette force physique qui rassurait sa débilité.
...
Ce soir [9 Thermidor], Maximilien aurait du pouvoir compter sur Saint-Just; mais celui-ci s'avérait bien jeune en de telles circonstances. S'il portait toujours son courage et sa tête comme un Saint-Sacrement, il ne savait qu'en faire. Ces jours derniers, sa belle attitude a la bataille de Fleurus, l'arrestation réussie du général Hoche, l'avaient grise. Et les deux amis, se souvenant surtout qu'ils étaient poètes, se disputaient sur des mots. Ils ne savaient pas au nom de qui il fallait soulever la population.