Ceci n'est pas une réponse à un prompt. Ha ha ha. Vais-je me faire huer ? =D
Titre : Lose and let go
Univers : Héméraverse
Personnages : Zinavan, Hyde (à l'époque où il s'appelait encore Lund), mention de Rock
Claimer : All mine, yessir.
Rating : PG-13
Nombre de mots : 924
Note : Merci à
cassidy_b pour la bêta \o/
Note 2 : ...pauvre Zina. Il était supposé être le Big Bad et Rival de Hyde et s'est retrouvé son plus-ou-moins-vassal et plus-ou-moins-soupirant plus-ou-moins-éconduit. J'écrirai encore sur lui =D
Note 3 : 1lisse et sans craquelures
L’homme fit un effort pour garder son calme et courba un peu plus l’échine.
- Seigneur, je vous en prie, écoutez au moins-
- J’ai à faire. Je n’ai pas le temps pour vos idioties.
L’enfant lui adressait un regard agacé, une expression impatiente sur ses traits nobles. Son corps trop maigre était négligemment adossé au mur de briques jaunes, qui paraissaient bien pâles en comparaison de sa chevelure -sa chevelure réelle, celle de flamme et de sang que Zinavan lui avait toujours connue, pas le fade ersatz qu’il avait sous les yeux. Ce corps humain ne lui rendait pas justice. L’homme serra les dents, résolu à ne pas laisser la situation échapper à son contrôle.
- Seigneur Lund, reprit-il en se forçant à adopter un ton raisonnable, vos responsabilités-
- Silence.
- Mais votre-
- Silence, j’ai dit !
Zinavan sentit la frustration monter dans sa gorge et la brûler comme une bile amère. Révolté par sa propre impuissance et résolu à récupérer ce qu’il avait poursuivi jusque dans ce monde, il se redressa de toute sa hauteur et darda sur l’enfant un regard furieux.
- Je n’ai pas à vous obéir. Vous avez refusé la charge qui vous revient de droit. À mon tour, je refuse d’être votre vassal plus longtemps.
Lund haussa un sourcil, suffisant et circonspect.
- Je n’ai jamais eu de vassal. J’ai toujours pensé que vous suiviez mes ordres parce que vous aimiez ça, ajouta-t-il avec un sourire amusé en voyant son interlocuteur s’étrangler de rage.
- Allez en enfer ! Refusez-moi, oubliez votre gloire et la grandeur de votre Chanson ! Vous pouvez bien vous abaisser à choisir ce monde, à vivre tel un humain, je n’ai que faire de vous !
- Et j’en suis heureux. Repartez, Zina, à présent. Vous n’êtes pas le bienvenu en ces lieux.
L’enfant s’écarta du mur et s’épousseta le dos avec naturel, comme s’il n’avait pas eu des esclaves à sa disposition pour effectuer cette tâche pour lui pendant des siècles. La gorge de Zinavan se serra à l’idée que Lund s’était si facilement glissé dans cette peau d’humain ; il semblait déjà si loin de sa vie passée, comme si elle n’était qu’un rêve pour lui. Les yeux de Zinavan étaient brûlants, et sa poitrine lui semblait soudain trop étroite pour contenir sa colère, sa peine et sa frustration face à l’injustice dont il était victime. Lund semblait considérer sa nouvelle existence comme la seule digne de ce nom, au mépris de sa vie antérieure, au mépris de son royaume, du monde qu’il avait bâti, des êtres qu’il avait créés, de ses amis comme de ses ennemis. Au mépris de Zinavan. L’enfant pouvait ignorer cette vie-là et la traiter comme une histoire ou un songe, mais les souvenirs étaient douloureusement vivants dans la mémoire de son ennemi. Lund aurait le droit d’oublier, de faire table rase du passé, de devenir autre, alors que Zinavan devrait vivre avec cette absence, ce changement, cette évolution insoutenable et contre-nature ?
Il resta immobile, impuissant, alors que l’enfant sortait de la ruelle et rejoignait le serviteur qu’il avait posté à l’angle de la rue marchande. Bientôt, ils furent indiscernables, perdus dans la foule de la cité humaine.
Zinavan appuya les mains contre ses paupières fermées et entreprit de reprendre le contrôle de sa respiration. Cette situation était un cauchemar. Des choses pareilles n’étaient pas censées arriver, le statu quo devait être préservé. Un seigneur de guerre fée ne pouvait tout simplement pas disparaître et décider de renoncer à ses ennemis, à son épopée. Il ne faisait qu’un avec son royaume, il était magie et fureur et gloire et violence, il ne pouvait pas devenir humain, pourquoi voudrait-il devenir humain ?! Tout en lui était pourtant tellement autre, tellement hors de ce monde-ci. Le nouveau visage de Lund s’imposa dans l’esprit de Zinavan, par-dessus son visage réel, et il ne put s’empêcher de chercher des points communs, comme pour s’assurer que, malgré tout, il s’agissait toujours de la même personne : son expression hautaine, la forme de son nez. Ses cils. Même son sourire, magnifique et cruel, était une preuve criante de son origine véritable.
Une vague d’images de son ennemi d’autrefois engloutit Zinavan : Lund seul sur un champ de ruines, resplendissant dans son armure ensanglantée ; son visage parfait figé en un masque de fureur ; éclatant d’un rire cristallin alors qu’il le tenait en respect, sa lame sous la gorge de Zinavan ; tour à tour méprisant, digne ou cajoleur, enchaîné au trône de Zinavan ou assis à sa table ; sa main pâle serrant délicatement la sienne ou extirpant de sa poitrine le cœur de Zinavan ; ses yeux pleins de feu qu’il se surprenait à chercher encore dans la nuit éternelle de son fief.
En son royaume, un seigneur de guerre ne montrait aucune faiblesse. Il y était un dieu, l’ultime autorité, à la fois le bouclier sans failles1 et la lame implacable qui protégeait et dirigeait ses gens.
Plutôt que de quitter immédiatement les lieux de sa dernière défaite, Zinavan se laissa vaciller contre le mur où s’était appuyé plus tôt son ennemi et seigneur, et, dans l’obscurité hivernale de cette ruelle du monde qui avait détruit ce qu’il tenait pour inébranlable, donna libre cours à sa peine.
Et maintenant, je file ! Pas d'apparition internet avant un moment, les gens. Retour le 11 max \o/