La Romance De Viktor

Jul 21, 2010 16:10

Titre : La Romance de Viktor
Auteur : LostInTheSun (lostinthesunfic )
Défi : Euh... faut forcément répondre à un défi ? 

Personnages : Hermione Granger, Viktor Krum
Résumé : Viktor n’est pas à proprement parler un adolescent comme les autres. Et pourtant, assis à cette table de bois, observant une masse de cheveux bruns, il se trouve aussi perdu que la plupart des garçons de son âge. Et avec le Bal de Noël qui approche, il n’a pas le choix : il doit se lever, et aller lui parler.
Missing Moment du T4.
Rating : PG
Nombre de mots : ~5000
Disclaimer : La bibliothèqe de Poudlard et tout ce qu'elle contient, des livres aux chaises en passant par Hermione Granger et le Bulgare obsessionnel, appartiennent à JK Rowling qu'on ne remerciera jamais assez, si vous voulez mon avis. Le titre est inspiré des épisodes "La Romance De Lancelot" et "La Romance De Perceval", de la série TV Kaamelott, qui elle appartient à Alexandre Astier. Et lui non plus, on ne le remerciera jamais assez.
Notes : Je découvre LJ et ses meeerveilleuses fonctionnalités alors vous allez me voir spammer pas mal de communautés dans les prochains jours (parce qu'en plus de découvrir LJ, je m'ennuie comme un rat mort). Quoi qu'il en soit, voici un texte qui était au départ un OS pour ensuite devenir le premier chapitre d'une fiction un peu plus longue. Le reste de la fic ne prenant pas place à la bibliothèque (ou, en tout cas, beaucoup moins), je ne pense pas le poster ici, et vous laisse donc avec les hésitations premières de Viktor !



Viktor avait beau essayer avec toute la volonté du monde, il ne parvenait pas à se concentrer sur les mots savants et même sur ceux plus simples qui défilaient devant ses yeux. Elle était là. Il savait qu'elle le serait, bien sûr. C'était évidemment pour cela qu'il était venu à la bibliothèque aujourd’hui, d'ailleurs. C'était même pour cela qu'il y était venu tous les jours pendant plus d'un mois.

Il abandonna une fois de plus la lecture de l’énorme manuel de métamorphose avancée qu’il étudiait cette année avec le professeur McGonagall et regarda dans sa direction. Elle était occupée à recopier une quelconque page d'un imposant livre de potions d'une main fébrile, aveugle aux regards que Viktor jetait dans sa direction toutes les minutes. Ses longs cheveux bruns bougeaient au rythmes du balancement de sa tête entre les livre et son parchemin et Viktor ne put que constater à quel point cela était très beau - trop beau pour continuer à faire semblant de s’intéresser à la métamorphose humaine.

Elle était belle, indéniablement. Probablement la plus belle fille qu'il n'aie jamais vue. Il y avait de très jolies filles, bien sûr, à Poudlard, ou même à Durmstrang et Beauxbâtons (cette Fleur Delacour ne manquait jamais de faire invariablement tourner les têtes, c'était un fait), mais elle était bien plus que cela. Elle avait ce petit quelque chose qui fait des gens jolis des gens beaux : elle était jolie, mais elle ne le savait pas. Viktor en avait été ému dès le premier instant où il avait posé les yeux sur elle, dans cette même bibliothèque. Elle semblait avoir une vraie personnalité, à la foi fière, courageuse et forte, même si elle avait ses failles, Viktor le savait parce qu’il l’avait vue pleurer une fois. Ce qui ajoutait encore à sa beauté. Elle était aussi fragile et personne ne le savait vraiment à part lui… Elle dégageait un charme et un charisme absolument incroyables et le jeune homme avait eu du mal à s’en remettre.

Il connaissait son nom, bien sûr. Mais il ne pouvait s‘empêcher de penser à elle en tant que « elle » même s’il ne savait pas très bien pourquoi. Elle s’appelait Hermione Granger. Et s’il ne savait pas vraiment comment prononcer son prénom, il savait au moins l’écrire. D’ailleurs, comment aurait-il pu ne pas savoir ? Ce doux nom était partout dans la bibliothèque de l’école de sorcellerie. Pas un seul grimoire ne semblait lui avoir échappé, qu’il s’agisse d’un manuel de potion, d’un traité d’histoire de la magie ou même d’un herbier ancien. C'était cela qui avait ensuite attiré Viktor. Il avait toujours pris ses études très à cœur - une requête de ses parents qui avaient toujours insisté pour que Viktor aie de quoi se rattacher à quelque chose si, pour une raison ou pour une autre, il venait un jour à devoir arrêter le Quidditch - et la soif de savoir qui se lisait sur le doux visage d'Hermione Granger l'avait encore un peu plus bouleversé.

Oui, Viktor était bouleversé par une jeune fille. Il savait que c’était stupide. Et cela l’était encore plus quand il songeait au fait qu’il ne connaissait presque rien d’elle. Il savait qu’elle aimait étudier, qu’elle était belle, qu’elle était à la fois forte et fragile. Mais aimait-elle le Quidditch ? Préférait-elle la purée de carottes ou la purée de pommes de terre ? Avait-elle des frères ou des sœurs ? Quelle matière aimait-elle plus que les autres ? Parlait-elle d’autres langues que l’anglais ? Toutes ces choses que ses amis devaient savoir, toutes ces choses que l’on sait d’une personne que l’on connait réellement, Viktor les ignorait.

Mais malgré tout, il avait quand même réglé son emploi du temps sur le sien, afin de pouvoir continuer à l'observer en secret, dans la douleur et la joie, apeuré par la force de son émotion ; il ne mangeait presque plus, dans le réfectoire, trop occupé à essayer d'apercevoir son visage à l'autre bout de la Grande Salle ; et pour couronner le tout il ne s'entrainait même plus au Quidditch, trop occupé à passer ses journées à la suivre de loin et l'observer depuis une table de la bibliothèque.

C'était d'ailleurs là qu'il était, à la bibliothèque, s'intimant l'ordre pour la troisième fois cette semaine de se lever et d'aller lui parler. Il avait bien combattu un dragon féroce en s‘en sortant presque sans une égratignure, il jouait du Quidditch de très haut niveau et était même vice-champion du monde alors qu‘il n‘avait même pas terminé ses études, il était définitivement tout sauf un jeune homme comme les autres, pourquoi avait-il peur d'aller parler à une fille ? Mais elle n'était pas une fille, se rappela-t-il. Pas dans le sens commun du terme. Elle était bien plus qu’une fille. Les filles gloussaient sur son passage, les filles étaient frivoles et un peu bêtes, les filles le suivaient dans ses moindres déplacements, les filles étaient absolument irritantes. Il voulait mettre le plus de distance possible entre les filles et lui-même tandis qu’elle, il ne faisait que la suivre. Elle ne gloussait pas en le regardant et elle ne le suivait pas partout avec l‘œil d‘un chien affamé.

C'était vraiment la première chose qu'il avait remarquée et appréciée chez elle. Il était venu à la bibliothèque pour y étudier car le bateau de Durmstrang était bien souvent invivable, entre les longs discours de Karkaroff sur l'honneur de l'établissement, les disputes incessantes de Svetlana et de Poliakoff - quand se décideraient-ils enfin à s'avouer leurs sentiments respectifs, se demandait souvent Viktor, avant de se rappeler que lui même ne parvenait pas à parler à une jeune fille - et tout simplement l’exigüité étouffante des cabines. Elle n'avait pas émis le moindre signe de trouble la première fois qu‘il avait pénétré dans cette bibliothèque. Aucun gloussement et ses joues étaient restées blanches. Elle avait même dit à voix assez haute que s'il était là, le calme de la bibliothèque serait malheureusement de courte durée. Il avait été ravi de constater que certaines Britanniques étaient tout de même dotées d’un cerveau, parce qu’il avait commencer à en douter sérieusement, et puis il avait remarqué à quel point elle était jolie.

Elle était avec Harry Potter, la première fois qu'il avait remarqué cette belle demoiselle discrète et passionnée. Ils étaient très proches et Viktor s'était demandé s'ils étaient en couple. Un article du journal avait d'ailleurs confirmé ses suspicions. C'était aussi pour cela que Viktor n'osait pas lui adresser la parole. Si elle avait déjà l'amour du célèbre Harry Potter, pourquoi daignerait-elle accorder le moindre regard à Viktor Krum ? Lui aussi était célèbre, bien sûr, mais pour quelle raison ? Il était payé et acclamé pour voler à la poursuite d'une balle. Harry Potter avait terrassé le mage noir le plus maléfique qui fut alors qu'il n'était âgé que d'un an à peine. Il risquerait juste de sembler ridicule et d’avoir le cœur brisé, s’était-il répété jusque là.

Cependant, depuis la fin de la Première Tâche du Tournoi des Trois Sorciers, Hermione Granger n'était plus venue que seule à la bibliothèque. Harry Potter et elle avaient-ils rompu ? C'était plus que probable, parce que le deuxième champion de Poudlard passait désormais beaucoup plus de temps avec un garçon roux qu’avec la jeune fille quand Viktor le croisait dans les couloirs du château ou au cours des repas dans la Grande Salle. Cette perspective avait d'abord empli Viktor de joie, puis elle l'avait littéralement terrifié. Parce que si Hermione Granger n'avait plus de petit ami, cela signifiait qu'il n'aurait plus aucune excuse pour ne pas lui parler. Et l'idée de l'aborder n'était pas pour rassurer Viktor. Il se rendrait ridicule, inévitablement. Il ne maîtrisait l'anglais qu'approximativement et à peine aurait-il ouvert la bouche qu'elle se moquerait de lui ouvertement. Et s'il y avait bien une chose dont Viktor avait bien peur, c'était de se rendre ridicule devant Hermione Granger.

***

Allongé sur son lit, Viktor tentait tant bien que mal d’étudier le livre dont Hermione Granger l'avait détourné si facilement, plus tôt dans la journée. Il avait vraiment besoin de se concentrer sur ce sujet de la métamorphose humaine. Tout le monde dans sa classe maîtrisait la question mais lui-même avait encore beaucoup de mal à comprendre ce complexe niveau de magie. Au dehors, la nuit avait enveloppé l'imposant château de Poudlard, et avec lui, le vaisseau de Durmstrang, bercé lentement par le souffle des eaux. Viktor ferma les yeux un court instant. Il aimait cette sensation étrange qui était comme disparaitre dans les profondeurs qui l’envahissaient toujours chaque fois qu’il écoutait le vent siffler et sentait les eaux le bercer. Cependant, ce moment de douceur fut malheureusement de courte durée.

- Viktor, puis-je vous parler une minute, mon garçon ?

Viktor ouvrit brutalement les yeux et du se retenir de pousser un juron lorsque son regard croisa celui trop fier de Igor Karkaroff. Il détestait vraiment cela, quand Karkaroff entrait dans sa cabine sans frapper, le regard hautain, comme s’il pensait ainsi marquer son territoire et établir une hiérarchie entre eux. Et le directeur de Durmstrang le savait, cela ne faisait aucun doute aux yeux de Viktor.

- Oui, professeur ? se força à répondre Viktor, luttant pour ne pas se contenter de balancer le livre qu’il avait emprunté à le bibliothèque un peu plus tôt à la figure du directeur.

- Mon garçon, excusez-moi de vous déranger ainsi durant votre lecture scolaire, dit Karkaroff du ton le moins désolé qu’il puisse être, mais je dois impérativement m'entretenir avec vous au sujet du Tournoi des Trois Sorciers.

Karkaroff avait-il à nouveau découvert en quoi consisterait la deuxième tache ? Viktor ne savait pas comment il s’y était pris, mais le directeur de son institut avait en effet réussi à savoir que la mission de la première épreuve serait de combattre un dragon. Et en y réfléchissant bien, Viktor n’était pas sûr de vouloir quelles manières de truand Karkaroff avait bien pu utiliser pour obtenir cette information. Il avait toujours beaucoup de mal à accepter la ligne éducative de Durmstrang qui leur faisait étudier la magie noire et ses procédés douteux. Viktor était juste reconnaissant envers cet homme de lui avoir permis d’axer sa préparation de manière à vaincre un dragon sans trop de dégâts et connaitre les moyens que le directeur avait employés lui aurait sans doute posé un trop mauvais cas de conscience pour qu‘il se hasarde à poser la question à Karkaroff.

- Je vous écoute, professeur, grogna Viktor.

- Vous n'êtes pas sans savoir que la tradition du Tournoi veut qu'à Noël, un bal soit donné afin de permettre aux trois champions de se rencontrer dans un esprit autre que celui de la compétition, et par extension pour que les autres élèves de l‘école hôte comme ceux des délégations fassent connaissance. La tradition, encore elle, attend également des champions qu’ils ouvrent le bal avec leurs partenaires.

Viktor avait sûrement mal compris. L’idée du bal en elle-même lui semblait ridicule. Il avait détesté dès la signature de son premier contrat en tant que professionnel toutes ces stupides réceptions officielles en tous genres auxquelles il était parfois obligé de se rendre et qui n’avait jamais vraiment de lien avec ce pourquoi il était payé, c’est-à-dire attraper un Vif d’Or. Il faisait confiance aux trois plus grandes écoles de sorcellerie d’Europe pour ne pas avoir instauré une tradition aussi stupide… il avait raison, non ?

- Un bal ?

- Le soir de Noël, Viktor.

Merlin, c’est qu’il semblait sérieux !

- Et les champions et leurs partenaires sont ceux qui inaugurent la piste de danse Viktor.

- Pardon ? Des partenaires ?

- Pas des, une. Vous devez prendre la première danse avec votre cavalière, Viktor.

- Ma... cavalière ?

C’était définitivement pire que tout ce qu‘il avait pu vivre de réceptions jusque là. Jamais les soirées qu’il avait fréquentées depuis son intronisation dans le sacro-saint monde du Quidditch professionnel n’avait exigé de lui qu’il aie une partenaire et encore moins qu’il ne danse avec.

- Votre cavalière, oui, parfaitement. Elle et vous devrez ouvrir le Bal, tous comme les autres champions et leurs propres partenaires. Tachez donc de trouver une jeune fille à la hauteur de notre institut, mon garçon. Je sais que vous n'aurez que l'embarras du choix, toutes ces Britanniques raffolent de vous.

Karkaroff quitta la pièce sur ces paroles et Viktor ne put s'empêcher de penser que la seule Britannique qui l'intéressait réellement était loin de raffoler de lui. Et pourtant, malgré son indignation à l‘idée de devoir ouvrir le bal de Noël, il ne pouvait le nier, lorsque Karkaroff avait parlé de cavalière, le visage d'Hermione Granger s'était instantanément imposé à son esprit, et s'il y réfléchissait, Viktor s'apercevrait qu'il ne voudrait sûrement pas y aller avec une autre personne que la jeune élève de Poudlard Mais s'il ne l'invitait pas très rapidement, il ne faisait aucun doute que quelqu'un - et dans la tête de Viktor, "quelqu'un" signifiait invariablement "Harry Potter" - le ferait à sa place.

Il leva la tête vers le château qu'il ne pouvait distinguer que par la centaine de points lumineux qui courraient sur ses murs. Le vent avait cessé de souffler et le bateau avait cessé de tanguer légèrement comme Viktor l’aimait tant. Là, derrière une des nombreuses fenêtres de Poudlard, se trouvait surement Hermione Granger, le regard plongé dans un livre ou riant avec ses amis, dans l'ignorance totale des sentiments désespérés d'un jeune homme qu'elle ne connaissait même pas. Qu'elle ne connaissait pas encore. Parce que Viktor n'avait pas le choix : il lui parlerait le lendemain, même si la simple idée d’ouvrir la bouche en sa présence le remplissait de terreur.

***

Viktor poussa la porte de la bibliothèque dès le lendemain soir. Il l'avait vue sortir de la Grande Salle sans ses amis, après le diner, et en avait conclu qu'elle retournait à ses livres et parchemins. Et en effet, quand il entra dans la pièce, elle était déserte, exception faite d'une crinière brune qui lui faisait face. Viktor aimait tout autant regarder les épaules d'Hermione Granger que ses yeux, alors il resta là presque deux minutes, observant le moindre petit changement dans sa position, avant de se décider à approcher la table de la jeune fille. Arrivé à sa hauteur, il respira deux fois de manière assez étranglée. Elle était tellement absorbée dans son travail qu’elle ne le voyait pas. Elle ne sentait même pas sa présence à ses côtés. Viktor fut un instant tenté de s’enfuir en courant. Mais la perspective de se retrouver seul au bal de Noël et de la regarder danser avec cet imbécile étriqué de Harry Potter lui paraissait insupportable. Il prit une dernière fois son inspiration et se décida à se jeter à l’eau.

- Bonjour.

C'était fait. La bombe était lâchée. Il avait parlé. Il ne pourrait plus reculer. Il sentit une goutte de sueur dégringoler le long de son dos, et avec appréhension, il vit Hermione Granger lever les yeux vers lui.

- Bonjour.

Elle semblait étonnée de le voir lui parler. C'était un bon point : mieux valait qu'elle paraisse étonnée plutôt qu'ennuyée ou agacée.

Il ne l'avait jamais vue d'aussi près et il examina chaque parcelle de son visage. Ses yeux étaient grands, d'une intense couleur chocolat, et il pouvait même y déceler des paillettes d'or. Ils étaient magnifiques. Viktor pouvait y lire toute la passion et l'émotion de la jeune fille. Ses yeux disaient tout d'elle : une personne unique, exceptionnelle même, muée par toute la bonté, l'intelligence, la douceur et la force du monde. Son nez était petit, légèrement retroussé, et sa bouche... Rose, en forme de cœur, les lèvres légèrement entrouverte dans une expression de douce curiosité, humides et gonflées. Viktor fut pris d'une soudaine envie de l'embrasser qu'il se dut toutefois de contenir : il ne faisait aucun doute que la jeune fille n'apprécierait pas d'être embrassée sans avoir au préalable indiqué le moindre signe d'intérêt pour le Bulgare.

Il avait du rester un bon moment à l'observer, parce qu'Hermione Granger demanda :

- Vous... Tu voulais quelque chose ?

Sorti par surprise de sa rêverie, Viktor marmonna :

- Quoi ? Oh euh.. oui, oui en effet, je voulais savoir quelque chose. Je... je peux m'asseoir ?

Hermione regarda derrière lui. Viktor savait qu'elle cherchait des traces de son fan-club, mais il s'était arrangé pour pouvoir les semer. Il avait passé la journée la plus longue de sa vie, cherchant par tous les moyens possibles et imaginables à les éviter, mais il avait tout de même du affronter quatre invitations pour le Bal de Noël, des regards dépités à ses refus et même une crise de larmes.

- Euh oui, bien sûr, finit-elle par murmurer, toujours étonnée, et peut-être même méfiante.

Viktor se sentait hautement ridicule. Son anglais était plus que médiocre, et il savait qu'il n'était pas quelqu'un de très séduisant. Son handicap léger lui faisait même redouter d'être repoussé par la magnifique jeune fille qu'il avait devant lui et qui devait être très courtisée. Et il savait que nerveux, il virait au rouge cramoisi, ce qui ne lui donnait pas son meilleur profil. Il commençait presque à regretter de s’être aventuré à venir enfin parler à la jeune fille.

Elle-même paraissait très incertaine quand à l'attitude à devoir adopter avec lui. Elle le regarda s'asseoir et Viktor se doutait, qu'au mieux, elle brûlait de lui demander ce qu'il lui voulait exactement, et au pire, de le renvoyer de là où il venait.

- J'espère que je ne te dérange pas, s’entendit-il dire.

- Eh bien, pour être tout-à-fait franche, j'ai beaucoup de travail et... j'avoue que si tu pouvais en venir droit au but... ça m'arrangerait.

Viktor se sentit soudainement encore plus mal à l'aise, si c'était possible. Il la dérangeait rien que par sa présence…

- Oh... je suis... désolé.

Hermione eut quand même un faible sourire et Viktor ne put s'empêcher de remarquer une nouvelle fois comme elle était belle.

- Je suis Viktor Krum.

- Je sais. Hermione Granger.

- Je sais aussi.

- Ah bon ?

Viktor ne put contenir un petit sourire amusé devant la surprise de la jeune fille.

- Ton nom est écrit sur les fiches d'emprunt de presque tous les livres de cette bibliothèque.

- A ce point ? Je suis sûre que tu exagères, s'amusa Hermione.

Il ne répondit pas et un nouveau silence lourd de gêne s'installa entre eux.

- Et... que puis-je faire pour toi ? finit par demander Hermione.

Viktor hésita quelques secondes : devait-il lui énoncer clairement ce qu’il voulait d’elle, maintenant, ou devait-il au contraire attendre qu’elle le connaisse un peu mieux avant de faire sa demande ? Mais le regard très interrogateur d’Hermione Granger le poussa alors à poser la question directement.

- Je... En fait, je me demandais si tu avais... si tu avais entendu parler du Bal de Noël.

- Si j'en ai entendu parler ? Les filles ne parlent plus que de ça !

- Eh bien, parce que je suis l'un des champions, je suis obligé d'y assister, et même d'ouvrir le Bal avec ma cavalière et...

La voix de Viktor se perdit soudain.

- ... jemedisaisquepeut-êtresitun'avaispersonnetuaccepteraisd'yalleravecmoi.

C'était fait. Il l'avait dit. Il l'avait demandé. Il avait enfin soigné sa peur ridicule de parler avec une fille qu’il ne connaissait même pas. Il avait pris son courage à deux mains et avait demandé à Hermione Granger de l’accompagner au bal de Noël. Et Viktor implora tous les sorciers qu'elle ne refuse pas.

- Pardon ?

Le cœur de Viktor retomba très bas dans son estomac.

- Tu... Tu ne veux pas ?

- Mais quoi ? Excuse-moi, mais je n'ai pas compris...

Oh non. Il était ridicule. Il se mit à souhaiter que le sol de la bibliothèque s'ouvre sous ses pieds et l'avale tout entier pour ne plus jamais le laisser en sortir.

- Je suis terriblement gêné, balbutia-t-il avec difficulté. Et désolé de t’avoir dérangée, dit-il en se levant. Tu n’entendras plus parler de moi, je suis désolé.

Et sous les yeux incompréhensifs d’Hermione Granger, Viktor récupéra ses affaires et s’éclipsa de la bibliothèque le plus rapidement possible.

***

- Quel idiot, mais quel idiot ! s’exclama-t-il en jetant son sac sur son lit et en donnant un grand coup de pied dans son bureau.

Il avait lamentablement échoué. Il n’avait pas pu demander à une fille de l’accompagner au Bal de Noël. Une fille, bon sang, c’était une fille ! Il combattait des dragons avec aucune autre arme que sa baguette magique mais il ne pouvait adresser la parole à une fille ? Quelle espèce de crétin était-il donc ?

Viktor respira profondément trois fois pour se calmer. Au fond, il savait pertinemment que Hermione Granger n’était pas une simple fille. Elle était celle qui occupait toutes ses pensées, nuit et jour, de manière inexplicable et presque malsaine : comment pouvait-il être à ce point obsédé par une personne dont il ne savait presque rien ? Mais indubitablement, elle était celle qu’il aimait regarder, à la bibliothèque, dans la Grande Salle, dans les couloirs. Elle était celle qu’il aimait écouter dès que l’occasion se présentait à lui. Elle était celle qu’il brûlait d’accompagner au Bal de Noël. Elle était celle qui l’obsédait tous les jours un peu plus. Elle était celle qui enchantait son esprit et capturait ses sens. Elle était celle qu’il aimait, tout simplement.

Mais elle était aussi celle qu’il ne connaissait pas. Celle qui ne le connaissait pas. Celle qu’il n’aurait jamais.

***

Le lendemain matin, Viktor décida d’aller voler sur le terrain de Quidditch de Poudlard. Depuis son arrivée dans l’école britannique, entre ses cours de plus en plus compliqués à suivre et les séances de préparation pour le Tournoi des Trois Sorciers que Karkaroff lui imposait, et aussi parce qu’il avait passé tout son temps libre assis à une table de la bibliothèque, il n’avait eu que très rarement l’occasion de voler et cette sensation de liberté et de toute-puissance qui l’habitait toujours lorsqu’il chevauchait un balai et qu’il filait à travers les nuages lui manquait atrocement. Et après le fiasco de la veille, Viktor avait plus que jamais besoin de retrouver ce sentiment de domination.

Il se leva très tôt et se dirigea vers la splendide arène de Quidditch de l‘école, son Eclair de Feu sous le bras. Le temps était parfait, une simple brise légère et fraiche soufflait et c’était les conditions que Viktor préférait.

Il vola près de deux heures, deux heures durant lesquelles il ne pensa plus à rien et ne sentit rien d’autre que le vent et le bonheur de voler à nouveau. Viktor aurait passé toute sa vie sur un balai, à défier les éléments et la gravité, à tutoyer les nuages et les étoiles s’il l’avait pu. Depuis qu’il était enfant, voler avait toujours été pour Viktor bien plus qu’une simple passion, mais une passion au sens premier du terme, quelque chose qui dicterait votre conduite et qui vous pousserait à faire des choses que vous ne feriez pas en temps normal, quelque chose qui vous ferait souffrir mais que vous continueriez à aimer et à poursuivre quoi qu’il advienne…

Et quand il sortit enfin du stade de Quidditch, il tomba nez-à-nez avec Hermione Granger. «z88;Mon autre passionz88;» songea-t-il avec amertume et un fort serrement au cœur. Il n’était pas question qu’il se ridiculise à nouveau et il avait la ferme intention de ne pas lui parler, mais elle ouvrit la bouche en premier. Quelque chose que Viktor trouva à la fois plaisant et effrayant.

- Oh… Bonjour, dit-elle.

- Bonjour.

- Je… je venais voir si Harry et Ron sont sur le terrain, je les cherche partout depuis une heure mais je ne les trouve pas et comme je sais qu’ils aiment bien voler, les samedi matins, je suis venue voir s’ils étaient là, expliqua-t-elle en parlant très vite. Je ne comprendrai jamais cette obsession pour les balais, vraiment. Je ne veux pas te faire offense, bien sûr, parce que je sais que toi tu aimes le Quidditch, bien sûr, c’est évident puisque tu le pratiques, mais moi les balais me terrifient. Ginny dit que c’est parce que je suis trop terre-à-terre, je ne sais pas trop ce que je dois en penser. Je veux dire, me fait-elle un reproche en me disant cela, ou est-ce juste une constatation ? Parce que, je veux dire, je suis d’accord, parfois je suis vraiment ancrée sur la terre ferme, mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas ouverte aux choses qui sortent du domaine de la logique. Rien que le fait que je sois une sorcière ! Cela ne prouve-t-il pas mon ouverture d’esprit ? Mes parents sont tous les deux médecins, c’est du domaine de la science, c’est peut-être de là que me vient cet amour pour la raison et la logique, je ne sais pas…

Puis elle s’arrêta soudainement de parler.

- Oh là là, je ne sais pas pourquoi je te raconte ça, tu dois me trouver stupide, dit-elle en secouant la tête.

Viktor non plus ne le savait pas. Mais ce qu’il savait, c’est qu’il avait aimé son monologue parce qu’elle avait définitivement une voix magnifique. Ce qu’il savait aussi, c’est qu’elle s’était confiée à lui et qu’elle n’avait pas couru dans une direction opposée en le voyant. Ce qu’il savait, c’est qu’il avait encore une petite chance de lui demander de l’accompagner au Bal de Noël. Il ne lui restait plus qu’à trouver le courage de le faire.

- J’étais seul dans le stade.

- Oh… Et bien, je suppose qu’il ne me reste plus qu’à rentrer. J’ai des recherches à terminer de toute manière. Bon eh bien… merci. Et peut-être à une prochaine fois.

Elle lui sourit timidement et s’éloigna en direction du château.

Viktor courut alors vers le bateau, se précipita dans sa cabine, laissa son Eclair de Feu sur son lit, attrapa ses livres et se précipita vers la bibliothèque…

***

Il s’assit directement à sa table. Hermione Granger leva la tête pour voir qui venait de la rejoindre.

- Oh, re-bonjour, s’amusa-t-elle.

Viktor ne répondit pas. Il devait le faire, maintenant. Si elle disait oui, il serait le plus heureux des hommes. Si elle refusait, il aurait le cœur brisé mais il n’aurait pas de regret à avoir. Alors il prit une profonde inspiration et demanda :

- Acceptes-tu d’être ma cavalière pour le Bal de Noël ?

La bouche d’Hermione Granger s’ouvrit en un charmant petit « o », sous l’effet de la surprise et Viktor ne put s’empêcher de remarquer une fois de plus à quel point elle était belle.

- Moi ? dit-elle, incrédule. Ta cavalière ?

- Oui. Je… j’en ai marre, ça fait des semaines que ça dure, tous les jours, il était grand temps que je finisse par faire ça.

- Pardon ? Je… je ne comprends pas bien.

Viktor était à son grand désespoir le genre de personne qui rougit facilement et il était certain que lorsqu’il reprit la parole, son teint avait pris une couleur cramoisie.

- Eh bien… Pour être tout à fait franc, cela fait des semaines que je viens à la bibliothèque pour essayer de te parler, mais va savoir pourquoi, je n’ai jamais eu le courage de le faire. Oui, je sais, c’est tout simplement ridicule. Toujours est-il que ce Bal de Noël, je ne me vois pas y aller avec quelqu’un d’autre que toi. Donc, voilà, je te demande si tu veux bien m’y accompagner… S’il te plait ?

Hermione Granger était stupéfaite et Viktor réalisa que son discours faisait peut-être de lui quelqu’un… d’obsessionnel.

- Je… C’est très inattendu.

- Je suis désolé.

- Non… Non… Ne t’excuse pas pour ça.

Un silence s’installa entre les deux jeunes gens et Hermione Granger reprit la parole au bout de trois ou quatre minutes qui semblèrent être une éternité pour Viktor.

- Le fait est que… je n’avais aucun projet spécifique pour ce soir là… je serai donc ravie de t’accompagner à ce Bal.

Viktor n’en crut tout d’abord pas ses oreilles. Acceptait-elle réellement de l’accompagner ou avait-il juste mal compris ses paroles ?

- Ce… c’est vrai ?

- Oui, bien sûr. Je t’avais assez mal jugé au début, mais tu me parais être assez sympathique au final… Alors cela sera un plaisir pour moi d’être ta partenaire pour le Bal.

Viktor était soulagé. Soulagé et heureux. Heureux plus que soulagé. Un sentiment de fierté et de plaisir l’envahit inexorablement. Elle avait accepté…

- Très bien. Merci. Merci infiniment ! dit-t-il, un sourire illuminant son visage. Je… je viendrai ici demain après-midi pour régler les détails, parce que je dois y aller maintenant. Est-ce que tu seras là ?

- Bien sûr, répondit-elle en souriant. A demain alors.

- A demain.

En ressortant de la bibliothèque, Viktor marchait d’un pas léger, son cœur en liesse. Elle avait accepté. Elle avait accepté ! En dépit de ce qu’elle éprouvait pour cet idiot d’Harry Potter et de tous les regards énervés qu’elle lui avait jetés durant ces longues heures que Viktor avaient passées dans la bibliothèque pour l’observer, Hermione Granger avait accepté son invitation et serait sa partenaire pour le Bal de Noël ! Elle dinerait avec lui, elle danserait dans ses bras, il la tiendrait par la taille, il caresserait ses cheveux, et peut-être même qu’elle le laisserait l’embrasser s’il parvenait à l’attirer sous une branche de gui… Les perspectives qui s’offraient à lui laissèrent leurs marques sur les lèvres de Viktor qu’un sourire ne quitta plus de la journée.

Et en cet instant, Viktor se moquait éperdument d’être vice-champion du monde de Quidditch, d’être une superstar internationale ou d’être le représentant de l’Institut Durmstrang au célèbre Tournoi des Trois Sorciers. Tout ce qui importait, c’est qu’il était amoureux, et qu’il avait enfin l’occasion de séduire l’être aimé.

Et Viktor était enfin un jeune homme comme les autres.

Eh ben ? L'est où le tag "Viktor Krum" ?

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