Défi reserve + carte de bibliothèque - La nuit n'est pas éternelle.

Feb 01, 2010 21:02

Titre : La nuit n'est pas éternelle. **
Auteur : Jufachlo
Défi : Réserve et carte de bibliothèque ( Astronomie: "Le soleil a rendez-vous avec la lune")
Personnage(s) : Remus Lupin/Sirius Black.
Rating : PG (Beware, Slash in progress!)
Notes éventuelles: Les modos donnent l'exemple: premier texte pour la carte de bibliothèque.
Merci à rebecca_vonbird pour le béta.



La bibliothèque est si calme. J'ai toujours aimé cet endroit, l'odeur de poussière et de cuir qui émane des livres, les craquements légers des étagères de bois surchargées, les tables de travail dissimulées tout au fond d'une allée. Et la nuit, je l'aime plus encore, quand aucun chuchotis ne vient troubler le repos des ouvrages autour de moi. Les rayonnages noyés dans l'ombre forment les murs d'un labyrinthe étrange, dont je connais chaque détour. C'est mon royaume. Je suis un souverain miteux qui ne règne que sur les ombres.
Je me déplace lentement, pour m'imprégner de l'atmosphère, pour me calmer. Je sais que ce ne sera pas suffisant, la lune est haute et énorme dans le ciel. Elle me nargue au travers de l'une des grandes fenêtres. Demain soir, elle gagnera, encore. Et je sens déjà ma défaite courir dans mes muscles. Je sens déjà la fureur du loup dans ma gorge.
La grille de la réserve ne grince presque pas quand je l'ouvre. Depuis le temps que je viens ici, j'ai appris à l'amadouer. Et maintenant, son grincement n'est plus le cri aigu qui alerte Mme Pince mieux qu'un sort d'alarme. Il s'est fait chuchotement léger, comme un bonsoir accueillant. Je repousse la grille derrière moi, et m'avance. Je retrouve rapidement l'ouvrage que j'ai commencé hier. Page 438 "Les loups-garous et leur instinct de mort."

*****

La cape d'invisibilité commence vraiment à être trop petite. Je dois me tenir courbé pour que mes pieds ne dépassent pas. J'aurais mille fois préféré prendre la carte pour cette mission. Mais il faut croire que les yeux verts de Lily et la promesse d'un rendez-vous en haut de la tour d'Astronomie, sont plus convaincants que moi. James a la carte et la fille, et moi je dois me contenter d'une cape taille 12 ans … l'amitié tient à peu de chose, vraiment …
Et en plus, à moi tout le travail. James a vendu son âme de maraudeur pour deux battements de cils, Peter a vendu son âme de maraudeur pour un détour par les cuisines, et Remus … la lune est presque pleine.
Depuis quelques temps, il s'éloigne. Je le sens. Il ne parle que des examens qui s'approchent, de son retard qui s'accumule. Je vois la fatigue qui cercle de brun sombre ses yeux. Je sais qu'il lui faudra faire plus que nous. Plus pour compenser les méfaits de la lune. Alors je n'insiste pas quand il disparait comme ce soir. Je n'insiste pas quand il refuse encore notre aide. J'attends que sa colère passe et qu'il revienne. Il y a tant de chose que je ne peux pas réparer. Alors je l'attends.
J'entre dans la bibliothèque, direction la réserve. Puisque les autres maraudeurs me font faux bond, je sauverai seul notre réputation! La prochaine blague sera inoubliable!

*****

Quand j'entends la grille grincer doucement, je suspends ma lecture. Mais je ne bouge pas. Je sais qu'il est là. Je reconnaîtrais sa démarche entre toutes, et son odeur emplit déjà la pièce. Je l'entends se déplacer dans les rayonnages, prendre un livre. Les pages qui tournent font un bruissement léger qui couvre presque son rire à demi étouffé. Ce rire là, minuscule et presque inaudible, est une promesse. Demain, il nous expliquera comment mettre à exécution sa nouvelle blague. Et là, son rire se déploiera, immense et merveilleux, dans tout le dortoir, envahissant l'espace et mon esprit, jusqu'à me faire frissonner.
Il reprend sa marche souple. Il se rapproche. Le bruit de ses pas n'est plus qu'à quelques ombres de moi. J'attends, je ne bouge pas. Et quand il atteint l'extrémité de l'allée dans laquelle je suis assis, le dos contre les étagères, il s'arrête, surpris. Je tourne une page et reprend la lecture. Du moins j'essaye. Les lignes du livre dansent, les mots défilent sans avoir un sens. J'ai froid.

*****

Remus est là, assis sur le sol entre deux piles de livres. Seuls ses doigts bougent. Une page se tourne et ils glissent doucement sur le bord de la feuille dans ce geste machinal que j'ai vu des milliers de fois. Une caresse pour le livre, comme pour le remercier de livrer ses si précieux secrets.
J'aurais du savoir que c'est vers ici qu'il s'enfuyait. Son refuge, sa Caverne aux trésors. Je m'avance pour le rejoindre, et je m'assois face à lui sur les dalles de pierre. L'allée est étroite, nos jambes se mêlent. Comme quand nous nous retrouvons seuls sur l'un de nos lits. Lui appuyé sur contre la tête de lit, moi contre l'un des montants du bas. Souvent il me lit un passage de son livre, sa voix danse d'un mot à l'autre, son souffle dessine des images dans l'air autour de nous. Parfois, il ne dit rien. Son silence comme un océan immense. Nos jambes accrochées les unes aux autres sont les amarres qui m'empêchent de sombrer. Son corps se fait mon port d'attache. Et ses baisers, le bouche-à-bouche qui sauve le noyé.
Il tremble. J'avance ma main, l'accroche à son genou. Mes doigts pressent doucement l'étoffe de sa robe élimée. Sa main rejoint la mienne, s'agrippe, serre à en faire mal. Dans un bruit mat, son livre tombe ouvert sur le sol. Une grande gravure s'étend sur la page de gauche. Un loup énorme hurle en rejetant sa tête en arrière. De sa mâchoire monstrueuse dégouline un mélange rouge de bave et de sang, Les griffes de ses pattes avant s'enfoncent sans fin dans le corps mutilé d'une femme. Tout en haut la lune, rieuse et blanche, cache la lueur des étoiles.
"Qu'est-que tu cherches, Remus?"

*****

Ce que je cherche … Qu'est-ce qu'il faut dire?
Il y a ces choses que je ne dis jamais à personne. A personne sauf à lui. James voudrait comprendre, trouver la solution, réparer ce qui n'est pas réparable. Peter me regarderait avec ce regard mi-triste mi-ahuri. Sirius ne dis rien. Il serre ma main plus fort. Il sait qu'il y a des choses qui vont mal et qui n'iront jamais bien. Il connait la douleur, les cicatrices, la peine sans fin.
Quand les autres le regardent, ils ne voient que le charmeur, le blagueur, l'ami courageux. Ils ne voient pas le tourment brodé aux fond de ses yeux, ils ne voient pas les nuits noires tissées de cauchemars, et la peine immense qui le déchire parfois. Ils ne savent pas, que lorsque son père le renie et que sa mère lui écrit des horreurs, il colle son visage à mon torse pour étouffer son chagrin. Ils ne savent pas qu'il tremble quand il dort.
Mes cicatrices je les porte, apparentes, sur ma peau. Celles de Sirius sont cachées, des milliers de fissures recousues à la va vite, si nombreuses qu'elles font concurrences aux miennes. Sirius sait qu'on n'en guérit pas, qu'elles sont si lourdes qu'elles nous épuisent, il sait que certains jours elles nous emportent tout entier, et qu'il faut alors juste attendre que la chape de plomb se lève d'elle-même. Il ne cherche pas ces solutions qui n'existent pas, et quand je hurle à la lune, il hurle simplement avec moi.
Alors, à lui, je le dis. Mes lèvres se desserrent, et les mots coulent comme un ruisseau.
"Je cherche … ce qu'il n'y a pas dans les livres … Je cherche autre chose que les massacres, la rage et le sang. Je cherche à savoir comment on vit avec. Comment on trouve un emploi, une maison. Comment font les autres. Est-ce qu'ils ont peur, est-ce qu'ils ont des amis, est-ce qu'ils regardent la lune tous les soirs quand elle se lève? Je cherche à savoir comment on construit alors que le loup détruit tout. Je cherche à savoir comment on se pardonne, un jour, d'être un monstre?"
J'ai les yeux fermés. Je le sens qui se place contre moi. Côte à côte, sa main n'a pas lâché la mienne. Je l'entends ramasser le livre, tourner une page. Et il commence à lire:

- "Les personnes atteintes de lycanthropie peuvent aussi conserver quelques caractéristiques physiques du loup sous leur forme humaine, comme des sourcils qui se rejoignent au-dessus du nez (monosourcil), des ongles légèrement rougeâtres, le majeur et l’index de même longueur (comme une patte de loup), des pouces gros et courts, des mains poilues jusqu’à l’intérieur des paumes, pourvues de doigts plats et palmés], des oreilles implantées un peu plus bas et en arrière de la tête, et de façon générale, plus de poils sur les mains, les pieds et dans le dos. Une tradition russe rappelle qu’un lycanthrope peut être reconnu grâce aux poils sous sa langue" * Ca pourrait être agréable cette histoire de poil sous la langue. Tu devrais songer à te les laisser pousser!

C'est stupide. Mais je ne peux pas m'empêcher de rire. Et Sirius reprend la lecture de cet ouvrage complètement absurde. Je pose ma tête sur son épaule. Je suis si fatigué maintenant.

*****

La tête de Remus juste là, sur mon épaule. Ses cheveux glissent contre mon cou. Et bientôt son souffle si profond, sa main qui se détend et ses doigts qui relâchent les miens. Il dort. Je continue la lecture de ce ramassis de conneries. Quelque soit le livre, encore la même chose. Encore la peur, la haine, le sang. Parfois une histoire de poil encore plus stupide que le reste. Et toujours, toujours la Lune qui nous nargue dans le ciel noir.
Pourtant, ils se trompent. Remus ce n'est ni l'ombre, ni la lune pâle. Remus est un soleil. Immense et brûlant. Sa chaleur sur ma peau chasse toutes les ombres, les cauchemars et les monstres sous le lit. La lueur dans ses yeux fait fondre la glace qui me prend dans son étau la nuit. Ne voient-ils pas, quand il entre dans la pièce, comme les couleurs sont plus vives, les parfums plus envoûtants ? Ne voient-ils pas qu'il est l'été, que l'air tremble comme un mirage quand il serre mes doigts ?
Je ne dois pas bouger, mon dos voudrait s'étendre, et le sol est froid, mais sur mon épaule le soleil dort. Alors jusqu'au matin, je lis à sa place ces histoires pleines de lune qui le rendent triste, jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux et que la lumière emplisse la pièce. Ce soir quand il deviendra Moony, j'irai hurler avec lui sur le rocher de granit dans la clairière. La nuit n'est pas éternelle, la lune finit par disparaitre, et le Soleil renait toujours. Toujours. **

*****FIN*****

Notes:
* Ces informations à haute teneur en pilosité ont été empruntées à la page "loups-garous" de wikipédia
** Louise attaque et "depuis toujours" ont bercé cette fic. Je leur ai pris quelques mots pour les adapter à ma sauce.

carte de bibliothèque, défi: réserve, fanfic, remus lupin, sirius black, section: astronomie

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