Titre : La valeureuse quête du chevalier Trevor le Hardi.
Auteur : Jufachlo
Défi : Créatures magiques : les Dragons
Personnages : Trévor
Rating : PG
Note : Pour Oceanonox. Je lui avais promis il y a bien longtemps.
Et toujours fidéle au poste, rebecca_vonbird pour le beta. Merci miss.
Trevor attendait le moment idéal avec calme.
Il était allongé de tout son long sur le lit de son Humain de compagnie, le petit Neville.
Trevor avait décidé de l’adopter quand, à l’animalerie magique, le jeune homme avait fait tomber la cage de Brutus, crapaud Buffle de son état. Ce vil batracien de bas étage avait sans vergogne, profité de la proximité entre son clapier et de celui de la gente damoiselle Lulu la tortue (une quasi-conquête que Trevor travaillait au corps depuis des mois) : Il avait osé lui conter fleurette.
La chute de la cage avait laissé catatonique ce mufle de crapaud-buffle. Cette maladresse ayant vengé son honneur bafoué, Trevor n’avait pu faire autrement que de bondir dans les doigts potelés de l’humain, et d’en faire son bipède de compagnie.
Et il devait avouer qu’avec le temps, il n’avait pas regretté son choix et s’était pris d’affection pour ce jeune garçon certes malhabile, mais affectueux. Il avait encore un peu de mal avec son dressage : comme tous les humains (voir même plus) ses capacités étaient un peu limitées. Mais il avait une façon de lui gratter le ventre qui valait bien quelques efforts.
Trevor attendait donc le moment idéal, alangui, profitant de cet instant de repos pour détendre chaque muscle de ses pattes. Elles allaient être mises à rude épreuve, et il aurait besoin de toute sa puissance de saut pour atteindre son but sans anicroche.
Il révisa mentalement son itinéraire. Chaque détail avait été longuement planifié. Il ne souffrirait aucun contretemps, cette quête devrait être menée à bien aujourd’hui ou il se ferait lui-même sauter les cuisses à la crème d’ail, foi de crapaud ! Sa belle ne pouvait attendre plus.
Quand le soleil disparut de l’encadrement de la fenêtre du dortoir, Trevor sut que l’heure était venue. Il se plaça contre le mur, juste à coté de la porte. Il sautilla quelques secondes d’une patte sur l’autre, pour s’échauffer correctement. Un claquage aurait été tout à fait inopportun en cet instant tragique. Et quand la porte s’ouvrit, il bondit avec classe.
D’un saut sur le coté, il évita Neville. Il n’avait pas le temps de jouer maintenant. Il fallait vraiment qu’il lui fasse passer cette sale manie de vouloir le retenir dès qu’il faisait mine de partir en balade. Neville devait couper le cordon, et grandir un peu… ah ces humains, je vous jure, tellement sensibles.
En une demi-seconde, il fut dans la salle commune. Quelques sauts et il était déjà au dos du tableau de la grande dame. Il titilla savamment l’angle gauche du cadre. Un gloussement se fit entendre, le tableau vibra sous chatouille et s’entrouvrit juste assez pour que Trevor puisse se glisser à l’extérieur.
Il bondit sur la rambarde des escaliers face à lui. Se penchant légèrement en avant pour apprécier la distance, il murmura comme une prière:
« Ma quête est juste, ma promise m’attend. Je ne la décevrai pas. Que le Grand Kermit soit avec moi »
Il recula pour prendre son élan, et s’élança dans le vide.
Yiiiiiihaaaaaaaaaaa !
Ses quatre pattes écartées, sa grande bouche déformée par l’air s’y engouffrant : on aurait pu croire qu’il volait.
Avec une grande maîtrise, il évitait les escaliers qui se déplaçaient autour de lui, glissait de droite à gauche en ondulant son corps souple. On pouvait reconnaître dans ses gestes précis des années de pratique.
Enfin, un quart de seconde avant d’atteindre le quatrième étage, il repéra sa cible, donna un coup de hanche vers la gauche, s’aida d’un pilier pour effectuer son virage, et atterrit sans encombre sur le dos moelleux et touffu de sa monture favorite : Pattenrond.
Ce chat était de loin le plus rapide du château. D’autres avaient maintes fois tenté de l’apprivoiser, mais Seul Trevor y était parvenu.
Brandissant une patte vers le ciel, Trevor cria avec force et détermination:
« En avant, mon fier destrier ! Que ton pas alerte nous mène rapidement à mon aimée ! »
Le chat, docile, s’exécuta. Trevor agrippait la fourrure dense entre ses longs doigts pour se maintenir correctement. Ses hanches ondulaient en suivant le rythme félin de la chevauchée. Sa classe et son charisme firent défaillir, au passage, deux boursouflets femelles et bouillonner de rage un jeune Musard qui aurait aimé lui aussi filer tel le vent.
Mais Trevor ne prêtait aucune attention à ces petites gens. Son esprit tout entier n’était plus tendu que vers une seule et unique Chose : La retrouver.
La porte de la bibliothèque, domaine de la sorcière Pince, était en vue. Juste à temps. L’humaine de compagnie de sa monture arrivait déjà, toujours ponctuelle.
Trevor quitta le dos de son fidèle destrier.
« Vas, mon ami, tu connais notre ruse ! »
Hermione ouvrit la porte, et à cet instant Pattenrond se glissa contre ses jambes. Elle se pencha pour le caresser, et Trevor profitant de la pénombre se glissa, ni vu, ni connu, dans l’antre de la sorcière.
Rampant le long des murs, il atteignit sans encombre les premières étagères. Il grimpa à la force de ses doigts ventousés le long d’un des montants de bois, pour atteindre le sommet. Une fois tout en haut, il bondit d’étagère en étagère, se dirigeant avec aisance dans le labyrinthe complexe que formaient les rayonnages.
Quand il atteignit enfin la section « créatures magiques » il stoppa net.
Là, sur la troisième étagère du second rayonnage, Elle l’attendait. Sa longue queue couverte d’écailles noires luisantes dépassait légèrement du livre. Trevor pouvait sentir son odeur de soufre si particulière et si sensuelle. Et le doux grognement si caractéristique de sa Douce emplissait déjà l’air.
Il ventousa parfaitement chacun de ses vingt doigts à l’étagère, vérifia deux fois qu’il était parfaitement arrimé (sa Belle pesait son poids. Tant mieux d’ailleurs, Trevor les préférait bien charnues). Pour que sa langue soit bien baveuse, il se remémora un instant la mouche bleue bien dodue qui lui avait servi de repas de midi. Tout était prêt.
Alors, d’un mouvement agile et rapide, son immense langue sortit de sa bouche, et alla se coller sur la couverture verte du livre contenant sa dulcinée. Puis dans le mouvement inverse, l’opuscule fut extirpé de l’étagère pour venir se poser directement sur le dos du crapaud.
« J’ai réussi, mon aimée. Nous sommes enfin réunis. Plus que quelques minutes et une chevauchée sur mon fidèle destrier et nous pourrons enfin donner libre cours à notre amour ».
En réponse, le livre laissa échapper une chaude et acre fumée bleue, signe incontestable que la Dame était aux anges.
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Monsieur Londubat.
Je vous ordonne prie de rapporter IMMEDIATEMENT le tome 8 de l’encyclopédie des dragons. Vous n’êtes pas autorisé à emprunter un livre sans avoir au préalable vérifié qu’il ne fait l’objet d’aucune réservation. La jeune Orla Quirke attend de pouvoir consulter cet ouvrage depuis un mois. Et je n’en peux plus de l’entendre pleurnicher quand elle découvre qu’il est encore indisponible.
De plus, pour chaque emprunt, vous devez ABSOLUMENT remplir une fiche de prêt et me la remettre pour accord. Combien de fois faudra-t-il vous le répéter!
Je ne veux surtout pas vous entendre me dire que vous n’avez rien emprunté. Cela fait trois fois ce mois ci que ce livre disparaît et comme toujours, le sort traqueur posé sur cet ouvrage indique qu’il se trouve sur votre lit !
Et ne venez pas non plus me servir cette stupide excuse mettant en scène votre crapaud et le chat de Miss Granger. Je ne suis pas encore sénile, jeune homme.
Donc si vous ne souhaitez pas que j’écrive à votre grand-mère pour lui narrer vos agissements hors-la-loi, RAPPORTEZ MOI CE LIVRE, ET QUE CA SAUTE !!!!!!
Irritée.
Mme Irma PINCE.
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Pendant ce temps, dans un des dortoirs de Gryffondor, un crapaud et une dragonne tout droit sortie d’un livre illustré, s’appliquaient à démontrer la compatibilité de leurs espèces.
Fin.