Titre : l’été en pente douce…
Auteur : Jufachlo
Défi : vacances
Personnages : Irma Pince/Argus Rusard
Rating : PG-13
Note : Pour Tara qui veut du fluff…mais si c’est du fluff !
Ca faisait bien longtemps que j'avais envie de ce couple là!^^
Du premier jour de juillet au dernier jour d’Août.
Deux mois.
Bien trop courts. Si délectables.
Plus d’énergumènes barrissant dans les allées et troublant le repos des ouvrages de valeurs.
Plus de terroristes juvéniles lâchant aux quatre coins du château des bombabouses.
Plus de sacripants renversant du jus de citrouille sur un exemplaire irremplaçable du « traité de transfiguration des larves de Billywig » d' Icare Pioupiou.
Plus de vauriens crasseux maculant de boue et de papiers gras les couloirs astiqués avec amour.
Plus de canailles irrespectueuses prenant les livres répandus sauvagement au sol pour un matelas propice à leurs ébats maladroits.
Plus de fouineurs bafouant sans vergogne les règles pour arpenter le chateau à des heures indues.
Plus de professeurs débattant sans cesse et sans rien n’y connaitre sur le choix des ouvrages à commander.
Et plus de directeur refusant encore et toujours la remise en vigueur des pourtant si indispensables châtiments corporels.
Juste le calme, le silence, les rayonnages parfaitement rangés, et les sols immaculés.
Irma a préparé soigneusement, pendant les longs mois d’hiver, leur périple, le cheminement complexe qui les mènera d’un récit vers un autre, l’été durant.
Argus a planifié l’intendance avec un soin maniaque, le ravitaillement de chaque jour, les accessoires indispensables, le matelas à installer sur le sol de la réserve.
Quand vient enfin le jour ou le château est désert, ils ferment la lourde porte derrière eux et délaissent le monde et ses tracasseries incessantes.
Assise sur le matelas moelleux, les jambes étendues, le dos appuyé à une étagère, Irma débute la lecture, la tête d’Argus sur ses genoux.
Tour à tour, grands explorateurs du monde sorcier, dresseurs de dragons, chevaliers menant les hommes à la bataille, ils découvrent milles et un trésors.
Parfois courtisans d’un siècle révolu, parfois écrivains célèbres échangeant des missives enflammées, parfois amants maudits mourant les veines tranchées, ils expérimentent mille et une façons de s’appartenir.
Un livre après l’autre.
Quand la lune fait son apparition dans la fenêtre voutée de la réserve, quand la voix de la bibliothécaire n’est plus qu’un murmure d’avoir trop raconté, le concierge éteint les bougies autour d’eux, et prend enfin la parole.
Il lui chuchote ce rêve d’une école ou ils fixent enfin les règles. Elle remonte sa longue robe. Il parle de fouets, de liens, de cuir et de clous. Elle ouvre lentement son corsage. Il énumère avec ferveur les tortures, les supplices. Elle attrape les vilains petits accessoires qui attendaient près du matelas. Il décrit avec précision le pilori, les lacérations, les os qui cassent. Elle gémit déjà. Il évoque les plaies où l’on fait couler l’acide. Elle se jette sur lui.
La lune se cache, choquée, et les chaînes s’enroulent autour des poignés.
Les livres se ferment, émus, et le fouet mord la peau.
Et, pour deux mois, les murs de la réserve, complices, étouffent soigneusement les grognements de douleur et les cris d’amour.