(sans titre), dogs, haine et badou, PG-13

Aug 23, 2007 09:09

Titre: /
Auteur: drakys
Fandom: dogs
Personnages: haine et badou
Rating: PG-13
Disclaimer: miwa shirow
Notes: écrit en réponse à ce mème pour little_meenoo.


Le ciel est gris. Gris partout pareil, avec d'infimes variations qui tendent vers le plus clair, le plus obscur. Entre le ciel bleu et leur monde fait de béton couleur de grisaille, il y a le gris des nuages. Sous ce gris, il y a celui bleuté de la fumée de sa cigarette et si Badou voit cette teinte-là se mêler au reste, c'est parce qu'il a le nez en l'air.

Il regarde le grand casse-tête en noir et blanc, guidé par la main du vent qui déplace les nuages et la fumée qu'il souffle dans l'air.

Badou sourit.

S'il voit un instant une femme dans le ciel, elle se tord monstrueusement la seconde suivante et s'efface pour faire place à d'autres formes. Des bateaux aux voiles démesurées, des dragons qui planent et crachent le feu, des bêtes chimériques tout juste bonnes à hanter des cauchemars, les siens peut-être. Peut-être y a-t-il aussi des chiens dans les nuages, qui hurlent désespérés et sans maître. Peut-être y a-t-il autre chose. Peut-être que derrière eux, il n'y a plus de ciel bleu, ni de soleil.

Badou a l'impression d'être une tache. Une tache vulgaire avec ses cheveux rouges criards contre le monde sans éclat.

Il baisse la tête et resserre son manteau pour ne plus se laisser glacer par le vent qui forme et déforme ses tableaux, continue à avancer sans plus regarder le ciel et ses nuages, son bleu caché et son soleil qu'on sent à peine, diffusé à travers une épaisseur de gris changeant. Il ne regarde plus que par terre, la pointe de ses pieds qui avancent.

Il ne relève la tête qu'à l'apostrophe coupante:

"T'es en retard", lui dit Haine plutôt que bonjour. "Encore", précise-t-il.

Mais ça va. Sa voix est noire, ses cheveux sont blancs. Plus blancs que le gris des nuages. Plus blancs qu'un tas de trucs. Tellement blancs que c'est presque trop pur, trop parfait pour ce coin merdique de la ville où ils sont, où tout est gris sale, encore gris, toujours gris sauf pour les graffitis grossiers rouges, rouges comme les cheveux de Badou.

L'interpellé sourit: un sourire à mi-chemin entre la culpabilité et l'amusement. Il ne peut pas lui dire qu'il s'est laissé distraire par des formes dans les nuages. Il se contente de prendre une dernière longue bouffée à sa cigarette qui a terminé de griller et il la jette au long d'une pichenette. Un point rouge reste un instant à peine, vire couleur de cendres en crachant un dernier fil de fumée grise.

Haine le dépasse sans le regarder et leurs épaules s'effleurent. À peine.

Le rouge et le blanc ne se mélangent pas tout à fait, s'opposent une fraction de seconde.

Badou reste planté là, lève les yeux vers le ciel gris et il sourit moins fort.

Même avec l'odeur du sang et celle de la poudre des balles, Haine aura toujours l'air d'un ange, avec ses cheveux blancs et sa peau qui ne conserve pas d'autres cicatrices que celle qu'il cache sous l'étoffe pâle à son coup. Une main sur son épaule le tire brutalement en arrière et des lèvres, juste là contre sa nuque, déposent presque un baiser, mais les lèvres ne disent que:

"Arrête de rêvasser."

Et Badou le suit, lui et l'odeur du sang et de la poudre des balles et ce n'est pas si grave que ses cheveux rouges fassent une tache vulgaire sous le ciel gris. Ce n'est pas si grave, tant qu'il peut suivre Haine et son auréole de cheveux blancs.

(23 août 2007)

!fic, dogs

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