"Reviens", yukikaze, rei/james, R [vagues spoilers]

Jul 15, 2007 20:42

Titre: Reviens
Auteur: drakys
Fandom: sentō yōsei yukikaze
Couple: rei fukai/james "jack" bukhar (rei -> yukikaze)
Rating: R
Disclaimer: l'adaptation de gonzo/bandai visual des romans de chōhei kanbayashi
Notes: spoilers vagues surtout pour deux scènes de l'OVA, une dans la première opération (je crois) et une dans la dernière, à la toute fin.


C'était un petit rêve, un but sans importance: un rien qui lui tenait à cœur presque plus que tout. Il voulait créer un boomerang, un boomerang qui lui reviendrait plutôt que de tomber bêtement par terre après quelques mètres d'un vol hésitant et mal dirigé.

"C'est ce que je ferai quand je serai de retour sur Terre, sur ma ferme. Un boomerang."

Rei l'écoutait, sans rien dire, sans rien faire comme il travaillait le bois avec des gestes assurés, aimants. Installé sur le divan, yeux à demi-fermés et dans ses iris foncés, un regard qu'il ne réservait pas à l'autre homme. Quand il pensait à James, il ne voyait pas le blond, pas là, ni maintenant.

Il revoyait une scène simple: James torse nu un dragon se déroulant en encre sur son épaule, le blanc de la peinture lui collant aux mains, pinceau entre les doigts. Devant lui, le caractère qu'il achevait de peindre: Yukikaze sur le métal qui brillait au soleil tapant, un soleil qui cuisait sa peau pour la foncer.

Peau bronzée, cheveux pâles, il lui souriait; Rei ne lui rendait pas son sourire. Il ne souriait pas pour lui, il souriait en regardant son avion. En regardant Yukikaze.

James savait.

C'était une conviction qui le vrillait jusqu'au plus profond de lui-même. Il savait que jamais rien ne lui serait retourné. Quand il murmurait Rei, quand il hurlait Rei, quand il disait son nom et qu'il le répétait inlassablement, il savait que c'est sans espoir. Il devait lui ordonner de revenir, sinon il ne rentrerait pas, bercé là-haut par Yukikaze.

Rei n'était pas là avec lui même quand ils étaient assis côte à côté, face à face, entre celui qui donnait les ordres et celui qui les recevait; il était dans le siège de pilotage et devant ses yeux, il y avait les caractères pixelisés de l'écran de contrôle. Blanc sur bleu, reflété sur l'obscur de ses iris. Il ne le voyait pas.

James savait en l'embrassant qu'il se heurterait un jour à son départ.

Rei un jour, ne reviendrait pas.

La nuit était épaisse, chaude, lourde comme une couverture: celles du lit avaient glissé par terre. James gardait les doigts sur son visage pâle, là où ses cheveux foncés finissaient de caresser sa peau. Il maintenait sa tête en place, pour que leurs regards restent mêlés.

S'il le lâchait, Rei partirait. Il irait ailleurs, dans le coin de sa tête où il n'était jamais séparé de Yukikaze.

Leurs lèvres s'effleuraient à peine comme il bougeait sur lui, presque en silence. Genoux sur le matelas, il se soulevait et revenait. Se soulevait et revenait. Se soulevait et revenait.

"Rei", soufflait-il comme une prière, comme une supplication: entends-moi, reviens-moi, aime-moi.

Les mains de l'autre homme se resserraient sur ses hanches et il était là. Froid, lointain, mais il était là et parfois, parfois il murmurait Jack en retour et dans ses yeux foncés comme la nuit, c'était James et seulement lui qu'il voyait.

Un boomerang.

Parce qu'ils revenaient toujours vers celui qui les envoyait.

James lançait le boomerang et un mouvement déchirait le bleu parfait du ciel, survolait le vert de l'herbe. Puis, il tombait, s'écrasait par terre et y restait immobile. James restait immobile, à regarder le boomerang.

Ses yeux dérivaient sur le ciel au-dessus de sa tête comme pour y voir une silhouette métallique, entendre le vrombissement des moteurs. Ses yeux dérivaient sur les champs qui s'étendaient en bas de la colline, dorés et parcourus par le vent qui faisait fléchir les tiges du blé. Il allait surplomber le boomerang et enlevait sa casquette, replaçait ses cheveux beaucoup trop longs maintenant.

"Rei", disait-il, sans personne pour l'entendre.

Il se penchait et récupérait le boomerang, ses doigts glissaient sur le bois, sur la peinture blanche.

Un caractère.

Yukikaze.

Rei, reviens.

(15 juillet 2007)

!fic, yukikaze

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