Benjamin Button

Feb 14, 2009 18:31

Je suis allée voir le nouveau David Fincher lundi soir (dans l'unique salle digne de ce nom qui passe des films en VO à Nantes... fichue province !!!!) et je suis ressortie avec un avis assez mitigé dans l'ensemble. Si vous ne l'avez pas encore vu, je vous déconseille de lire la suite car elle contient des spoilers.

En fait, c'est assez étrange, je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui ne va pas dans ce film, sur ce qui lui manque pour que je l'apprécie vraiment. Sans m'être vraiment ennuyée, je lui ai trouvé pas mal de longueurs qui desservaient l'histoire. Et à l'inverse, la partie finale où l'on voit Benjamin redevenir enfant et mourir bébé dans les bras de Daisy m'a parue bâclée alors qu'elle était l'une des plus touchantes.

Ce film est un petit bijou visuellement parlant, je suis forcée de le reconnaître. L'histoire est vraiment bien pensée et très bien transposée à l'écran. La métaphore de l'horloge qui marche à l'envers, déroutante au début, prend en fait tout son sens et quand la caméra revient sur elle tout à la fin c'est vraiment émouvant.

Le sort de Benjamin m'a beaucoup touchée. Cet être né vieux à qui personne ne prédisait une longue espérance de vie est forcé de voir tous ceux qu'il aime vieillir et le quitter tôt ou tard. Le ton est donné dès le départ puisqu'il grandit dans une maison de retraite mais ça continue tout au long de l'histoire avec le capitaine du remorqueur, sa mère adoptive, son père qu'il a à peine le temps de connaître, etc.

Et le pire de tout, c'est qu'à cause de sa différence, malgré tous ses efforts pour rencontrer du monde, avoir une vie qui compte, remplie d'expériences humaines, tôt ou tard il est forcé de dire adieu à ceux qu'il aime. De ce point de vue, le moment où il doit quitter Daisy et la fille qu'ils ont eue ensemble parce qu'il sait qu'il va retomber en enfance au moment où sa fille aura l'âge d'entrer à l'université est boulevesant.

Et pourtant... malgré cette histoire touchante, malgré le très bon jeu de Brad Pitt (qui n'est pas que beau gosse, il nous le prouve une fois de plus) et de Cate Blanchett, en ce qui me concerne ça n'a fonctionné qu'à moitié. Je suis une vraie fontaine, je pleure pour un rien habituellement. Et pas avec ce film. Même pas la gorge nouée. Juste un sentiment de longueur.

Alors bien sûr le film fourmille de détails, j'en ai sûrement manqué plein et ce sont eux qui ont fait que je n'ai pas complètement décroché. Déjà chapeau bas aux maquilleurs (je sais que le film est nominé 13 fois aux Oscars, j'espère que le maquillage en fait partie), les différents âges sont bien représentés. Ca fait bizarre de voir un Brad Pitt âgé de 60 ans et pourtant c'est bien lui et c'est vraiment très bien fait. Et à l'inverse, quand il redevient jeune, c'est impressionnant. Je ne sais pas comment ils ont fait (apparemment ils ont utilisé une espèce de poudre et différents angles de prise de vue avec plusieurs caméras) mais il a vraiment l'air d'avoir 20 ans !

Magnifiques costumes également. Car le point fort du film c'est de vivre le 20e siècle aux côtés de Benjamin Button. Né en 1918 le soir de l'armistice, on le voit grandir à la Nouvelle-Orléans puis partir à St-Pétersbourg, vivre une attaque pendant la Seconde Guerre mondiale, vivre les années 60, années de la liberté, aux côtés de Daisy au son de "Twist & Shout" des Beatles dans un appartement désert à l'exception d'un matelas (référence à John et Yoko !!!), puis arrivent les années 80 et 90 survolées puisque Benjamin retombe en enfance et devient sénile à cause de son âge.

Au cours de toutes ces années, Benjamin a l'occasion de croiser une foule de personnages secondaires qui font également la richesse du film car tous ont un message, une philosophie qu'ils transmettent à Benjamin. Cela va de la retraitée qui lui apprend à jouer du piano au capitaine du remorqueur, artiste dans l'âme qui nous rappelle l'importance de ne pas abandonner nos rêves en passant pas le Pygmée qui lui révèle que la normalité est une notion biaisée et que les gens "normaux" ne sont pas plus heureux que les autres, que leur regard ne doit pas compter.

Les personnes du cercle vraiment proches de Benjamin sont très émouvantes aussi. Sa mère adoptive au coeur d'or compense parfaitement l'absentéisme de son père qui l'a abandonné et qu'il ne retrouve que sur le tard et qu'il n'aura pas le temps de connaître.

Et puis bien sûr il y a Daisy.



Daisy enfant, ouverte, curieuse, tolérante, le coeur sur la main. Daisy adolescente, fascinée par Benjamin, Daisy jeune fille, toute à la danse, Daisy danseuse étoile égoïste, Daisy brisée par son accident qui refuse l'aide de Benjamin et enfin Daisy amoureuse, terrifiée à l'idée de vieillir quand Benjamin rajeunit. "M'aimerais-tu encore quand j'aurai des rides ?" et lui "M'aimeras-tu encore quand j'aurai de l'acné ?". La réponse est oui. Elle l'aimera jusqu'à la fin, malgré le départ de Benjamin qui ne veut pas être un fardeau et qui part même si c'est un déchirement d'abandonner sa femme et sa fille. Parce que ces deux êtres-là étaient vraiment faits l'un pour l'autre et elle l'accompagnera jusqu'au derniers jours. C'était très émouvant de la voir l'accompagner alors qu'il est enfant, qu'il oublie comment marcher et enfin de le voir mourir, bébé, dans ses bras à elle. Et c'est à ce moment-là qu'on se souvient de la scène où ils ont tous les deux la quarantaine (du moins physiquement parlant pour Benjamin) et où ils se regardent dans le miroir du studio de danse car il veut immortaliser ce moment où ils se sont "enfin rattrapés".

Je ne peux pas parler de Daisy sans parler de Daisy danseuse étoile. Certes on ne la voit pas beaucoup mais pour la passionnée de danse classique que je suis, ce sont des moments magiques. Visuellement, la scène où elle danse de nuit pour Benjamin sous le belvédère dans sa robe en velours rouge est tout simplement sublime. La grâce à l'état pur (même si je me doute que Cate Blanchett avait une doublure ou alors elle est vraiment douée !!!)

Le dernier point fort du film, c'est son humour. Je ne m'y attendais vraiment pas, mais on rit souvent dans ce film. Les personnages secondaires sont d'autant plus savoureux qu'ils introduisent souvent une touche d'humour, notamment le capitaine ou encore le retraité avec son running gag de la foudre qui l'a frappé sept fois. Brad joue admirablement bien du cliché du beau gosse qui se sait irrésistible. C'est bête, on a beau rire, mais la scène de Brad sur son voilier, Ray Ban aux yeux et posant à la James Dean, ça m'a fait grave swooner !!!!! Et je ne parle même de la réplique "Let's sleep together" / "Absolutely" qui a fait éclater de rire toute la salle.

Bref, ça fait un bon moment que je parle des points forts du film. Il y en a beaucoup, visuellement c'est très réussi mais je ne sais pas, l'émotion n'était pas vraiment là. Et de ce point de vue, un aspect a été assez mal traité : l'histoire est lue à Daisy mourante par la fille de Daisy et Benjamin. Les transitions passé/présent sont maladroites, elles cassent le rythme et n'ont aucune émotion (pourtant, mince, quand elle apprend qu'elle est en fait la fille de Benjamin, il y a de quoi être retournée !!!). Le fait qu'ils passent aussi rapidement sur le rajeunissement final et la mort de Benjamin m'a également déçue. Bref, un bon film qui aurait gagné à durer une demi-heure de moins je pense.

films

Previous post Next post
Up