Décidément, je suis très rapide ces derniers temps : D. Voici donc le prologue de la deuxième partie. Toutefois, je ne sais pas exactement quand je vais continuer, j'ai énormément avancé en peu de jours et je pense donc prendre un peu temps pour refaire correctement mon plan de travail, et aussi me remettre aux Enfants de la Raison. Donc, je ne sais pas trop si je posterai très prochainement le deuxième chapitre, on verra. Je posterai la fin de la première partie sur FF.net et surtout laissez des commentaires, plz, car je vous aime fort si vous commentez : D
Une deuxième partie qui va être beaucoup plus tournée "action" (dans tous les sens du terme *sort*), avec des combats, bref un vrai plot de bourrin (enfin j'espère). Je suis un peu rouillée concernant l'écriture de scènes d'action donc excusez-moi si c'est nul.
DIGITAL GENERATION
PARTIE II : SHINKA MEGA SYSTEM
Prologue
Il avait toujours été d’une politesse extrême. Depuis sa plus tendre enfance, jamais Koushiro n’avait eu un mot de travers. Il avait toujours eu ce maintien posé, assuré, et en même temps très humble. Ses bonnes manières, qui faisaient la fierté de ses parents, lui donnaient une sorte de pouvoir sur les autres et sur lui-même, divulguant quelque chose plus profond.
Il se rappela de son premier jour à l’école primaire où il s’était présenté, poli, convenable, avec un cartable trop lourd pour ses petites épaules. La maîtresse l’avait tout de suite adoré, comme le reste des enseignants, des surveillants. Il parlait si bien, si calmement, ne gênait personne, bref était un élève rêvé.
Il était poli. Trop poli, même. Autour de lui, les camarades le regardaient avec un œil méfiant. Trop de politesse cachait un aspect sale, faux et cela ne leur plaisait pas.
Il y avait eu l’épisode des crayons de couleur, ce matin. Oh, les crayons…
« Mais arrête, tais-toi ! »
Il avait fait tomber sa trousse en plein cours et terriblement gêné, se confondait en excuses tandis qu’il se dépêchait de tout ranger. Il fut pris d’une angoisse de déranger les autres et il s’excusa, encore et encore, jusqu’à ce qu’un élève se lève, et d’un coup de pied, repousse la main de Koushiro qui voulait reprendre son crayon bleu.
« Mais arrête, tais-toi un peu ! Tu nous casses les oreilles avec tes pardons par-ci, pardons par-là ! Tais-toi ! »
Le garçon n’avait rien fait de plus, la maîtresse l’ayant grondé sévèrement, mais il y avait eu comme un moment de flottement dans la classe, et les autres enfants avaient détourné les yeux de Koushiro, tout pâle, agenouillé sous sa table pour récupérer ses crayons qui étaient tombés. Plus jamais Koushiro n’eut de problème, mais cette histoire lui resta en mémoire. Ce n’était pas forcément la violence du coup de pied, mais cette voix, très sèche et plein d’exaspération qui l’avait glacé net. Il ne se souvenait plus du visage de son camarade de classe, et ce n’était même pas ça le plus important.
Il avait pleuré dans les toilettes, mortifié, assis sur la cuvette, murmurant des « je suis désolé, je suis vraiment désolé » d’une petite voix. Il n’en parla jamais à ses parents qui n’en surent rien, même pas de la maîtresse. Koushiro était un garçon très calme, mais aussi quelque peu solitaire. Il avait peu d’amis, et ce ne fut qu’au campement d’été quand il avait onze ans, qu’il découvrit ce qu’était la vraie amitié.
Il se rappela du Digimonde comme d’un lieu extraordinaire, peut-être un Paradis, plein de dangers et de mort, mais un Paradis pour lui, sa propre liberté. Taichi, Sora, Jyou, Mimi, Takeru, Yamato et après Hikari, tous le regardaient comme un camarade, puis un allié et enfin un ami indispensable. Koushiro, encore maintenant, sut que ces longs mois dans le Digimonde furent les plus heureux de sa vie. Tentomon, son Digimon, avait été plus qu’un ami mais une partie de lui-même. Les yeux verts de l’insecte, ses pattes qui l’avaient serré contre lui pendant des nuits froides, et surtout sa présence, son amour pour lui, tout cela effaçait le souvenir de ce garçon qui en classe primaire lui avait demandé de se taire.
« Mais arrête, tais-toi ! »
Sa soif de connaissance grandissait, et ce monde merveilleux, à l’odeur de pierre humide, lui ouvrait des portes infinies.
« J’aime bien les gens comme toi… »
Et il y avait Yamato, Yamato qui avait l’air si seul, si farouche lorsqu’ils s’étaient vus la première fois au campement. Il était plus grand que Koushiro, et dans ses yeux brillait une lueur froide, vulnérable qu’il tentait de cacher. Quelque part, il était comme Koushiro, cachant ce quelque chose de plus profond et sombre. Koushiro se rappela de son rire, quand il l’entendit enfin, en trois notes, un peu fier et chantant. Son visage s’épanouissait, devenait incroyablement doux quand Takeru, son petit frère, lui demandait de le prendre dans ses bras. Il souriait alors, et dans son sourire il y avait une drôle de tristesse que Koushiro ne pouvait expliquer.
Et Koushiro voulait savoir, juste pour une fois, pourquoi Yamato était si doux et triste en même temps. Que cachait-il derrière ce regard bleu, comme Koushiro cachait sa vraie rage derrière sa politesse ? Cette rage qu’il avait réfrénée lorsque l’enfant avait repoussé sa main, ce bref instant de colère pure qui s’était figée dans sa poitrine.
- Avoue que tu mourais d’envie de lui coller ton poing à la figure.
Koushiro leva la tête.
- P… Pardon ?
Ah, c’était ce moment-là… Quand un jour, il ne savait plus lequel, Koushiro et Yamato étaient restés près du feu, dans le Digimonde, tandis que les autres étaient partis chercher quelque chose à manger. Gabumon, épuisé, s’était endormi sur les genoux de Yamato qui lui caressait les oreilles, doucement, un léger sourire aux lèvres. Tentomon, comme à son habitude, était près de Koushiro, juste ce qu’il fallait.
- Tu n’as rien fait, mais je suis sûr que tu voulais le frapper. Tu avais raison de toute façon, il méritait une bonne claque dans la figure, celui-là.
Koushiro regarda l’ordinateur portable qui lui chauffait les jambes et sentit qu’il n’avait plus envie de continuer ses recherches. Il le referma d’un claquement sec, avant de baisser les yeux vers les flammes. Il aimait l’odeur du feu, comme si… c’était une partie de lui.
« Je suis désolé, je suis vraiment désolé… »
- J’ai remarqué que tu parles toujours de manière formelle, ajouta finalement Yamato en lui souriant.
Koushiro sentit ses joues lui brûler.
- Ah, je… je te prie de m’excuser, je suis… je suis désolé si ça t’énerve, enfin je…
« Arrête, tais-toi ! »
Il se figea et honteux détourna les yeux. Il sentit malgré tout le regard bleu de Yamato, ce regard qu’il voulait connaître. L’enfant de douze ans qui avait un visage doux et tendre avec son frère. Il l’entendit rire puis souffler dans son harmonica, comme s’il voulait l’arrêter de s’excuser.
- T’en fais pas, j’ai compris, dit Yamato, avant de caresser de nouveau la fourrure de Gabumon qui en grognait de plaisir.
Il eut un geste de la main et son harmonica brilla près des flammes.
- J’aime bien les gens comme toi… Ils sont en fait beaucoup plus forts qu’on le croit.
Et Koushiro rougit davantage. Ce n’était même pas de la honte mais juste un bonheur qui lui chauffait la poitrine. On l’avait déjà complimenté sur sa politesse, sur ses manières formelles mais ce n’était pas pareil. Ce n’était pas pareil parce que c’était Yamato, et qu’il avait compris qu’il y avait quelque chose en lui, ce quelque chose de sombre et vrai que Koushiro n’osait pas révéler.
Peut-être était-ce à ce moment-là, près du feu, qu’il était tombé amoureux de son ami. Peut-être. Il y avait eu cette connection entre eux, comme s’ils devinaient que sous la surface, il y avait quelque chose qui les réunissait, doucement. Les autres étaient revenus, Taichi avait taquiné Yamato et finalement plus rien. Ils avaient eu d’autres moments pour eux seuls mais cet instant de pure compréhension s’était évanoui.
Et maintenant, alors qu’il avait quinze ans, Koushiro se rappelait de cet instant où l’harmonica avait brillé sous les flammes, et la voix basse de Yamato, son sourire. Tout cela faisait disparaître le coup de pied de l’enfant et sa voix sèche qui criait « tais-toi ! ».
Il voulait à présent sentir quelque chose. De ce moment près du feu, il rêvait à d’autres versions. Il voulait que Yamato lui sourie aussi, comme à son frère, de tout son visage qui s’attendrissait. Il voulait sentir les mains gantées de son ami le toucher et surtout peut-être…
« Tais-toi ! »
Ce rêve impossible où il voulait l’embrasser, oh qu’il désirait pouvoir le faire une seule fois pour enfin tout oublier, oublier l’espoir d’une nouvelle connection entre eux.
« Je t’en prie… J’aime les gens comme toi, moi aussi… »
Pourquoi fallait-il qu’on repousse sa main, sa tentative de retrouver ce quelque chose en lui ? Il voulait connaître l’instant où le Yamato d’aujourd’hui, populaire, aux pensées plus pures qu’autrefois, au charme tranquille, serait capable de le regarder et peut-être de le serrer contre lui. Il voulait tellement de choses, il voulait tout de Yamato et cela lui faisait mal car l’instant entre eux avait disparu et plus jamais ne serait là.
« J’aime les gens comme toi… »
Et déjà il sentait ses lèvres sur les siennes, comme un vœu impossible.
Lorsque le réveil sonna, Koushiro sut avant même d’ouvrir les yeux qu’il avait rêvé et il détestait cela. Il resta un instant immobile, le regard fixant son plafond. La chaleur des draps l’enveloppait.
- Koushiro ! Koushiro, réveille-toi ou tu vas être en retard pour la rentrée ! fit la voix de sa mère à travers la porte de sa chambre.
Il grogna quelque chose puis s’assit avec difficulté. Il avait mal dormi et les yeux encore lourds de sommeil, il se passa une main sur les joues. Il n’aimait pas penser à tout cela, ça le rendait maussade.
« Arrête, tais-toi ! »
- Non, toi, ferme-la, espèce d’abruti, marmonna-t-il pour lui-même.
Il se leva et alla ouvrir ses rideaux. La lumière, un peu blanche, de ce matin, lui réchauffait le corps. Dehors, il voyait le printemps envahir Odaiba. Déjà deux mois avaient passé depuis l’attaque, et avril était arrivé de manière tranquille, comme si rien de grave ne pouvait entraver le cycle des saisons.
Deux mois depuis l’attaque du Sable.
Koushiro fronça les sourcils puis retourna à son armoire pour prendre ses affaires. Il était déjà en retard, et malgré tout, il se sentait déjà las. Une nouvelle année éprouvante, et toujours avec les autres Digisauveurs. Tout en boutonnant sa chemise, il réfléchissait à d’autres moyens de contacter Wallace, le Digisauveur américain qui avait su les aider lors du dernier concert de Yamato. Il faudrait lui envoyer un email, ou alors même en parler avec Iori. Oui, Iori était aussi bien pour cela.
Il referma son armoire, et se regarda dans la glace. Il crut se revoir tout petit, avec son grand cartable et le bruit des crayons qui tombaient de sa trousse. Il soupira et alors qu’il s’apprêtait à quitter sa chambre, il s’arrêta. Sous son lit, il prit une photo et la contempla un instant, sentant un sourire s’épanouir sur son visage fatigué.
C’étaient eux, trois ans auparavant. Son doigt traça le contour du corps de Yamato, ce garçon aux mains gantés et au regard un peu triste. Juste cela, un peu de cette image qui se perdait déjà, et il éprouva un sentiment de plaisir fade, un contentement médiocre mais peu importait.
Il attrapa son Digivice, le mit dans la poche de son pantalon.
- A bientôt, Tentomon, chuchota-t-il.
Les autres l’attendaient au lycée d’Odaiba, il allait vraiment être au retard.
Et pour une fois, Koushiro allait essayer de ne pas se confondre en excuses.
Pour une fois.
A suivre...
A bientôt, les gens et COMMENTEZ!!