Titre: Balai de légende
Entraîneur:
owlie_wood Equipe/Joueurs: Olivier Dubois et sa môman
Catégorie: Défi: "Contes et légendes autour d'un balai"
Rating : K
Note de l'entraineur: Poster dans la foulée de l'écriture m'a desservie les deux dernières fois mais on va dire que c'était une épiphanie créative et qu'il y a bien longtemps que je n'avais pas ressenti ça.
Balai de légende
Trop, c'est trop. Helen allait craquer.
« Maman, allez ! »
« Sois sympa, on y va maintenant ! »
« Promis, après, j'arrête ! »
« Tu es au courant que ce serait criminel de ne pas y aller »
« On y est en plus ! »
« S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît ! ».
Comme un fil qui s'amenuise, elle sentit sa patience, pourtant légendaire, fondre. Après quelques instants, elle finit par céder.
- ASSEZ ! Ça suffit, j'ai compris.
Son fils eut un brusque mouvement de recul. Helen ignora le regard typiquement adolescent qu'il lui adressa (quelque chose comme « ma mère est folle et déterminée à nous faire remarquer »). Ce grand dadais avait tendance à vite oublier que c'était lui qui la mettait dans cet état-là.
- Pas la peine de t'énerver ! marmonna ce dernier, en jetant un rapide coup d'œil aux passants.
Le Chemin de Traverse était plein à deux semaines de la rentrée. Bien entendu, il avait fallu qu'ils se fassent remarquer. Encore qu'il était plutôt courant durant ces jours-là de voir des parents excédés et des enfants blasés dans les boutiques. Mais malheureusement pour Helen, son fils était bien le seul à s'amuser à faire craquer sa mère pour ce prétexte-là, les autres s'attrapant pour un hibou, un chaudron, une baguette ou une nouvelle robe de sorcier. Kenneth, son époux, avait résolu le problème en renonçant à les accompagner.
Elle refusait encore de lâcher dans la nature son Olivier. Pas parce qu'elle le couvait. Simplement parce qu'elle voulait que les achats soient faits.
Dans la journée et selon la liste qui avait été fixée.
Cette pensée la fit sourire. Sa progéniture prit cela pour un signe de faiblesse ou d'encouragement, qui dans tous les cas l'incitait à continuer.
- Allez, fit-il avec un sourire charmeur. Viens, on va le voir ! On est juste à côté.
Helen poussa un profond soupir.
- Olivier, la boutique est pleine et on a d'autres achats à faire…
- Mais maman…
Au fond d'elle, Helen Dubois savait qu'elle finirait par entrer dans le magasin d'accessoires de Quidditch, qui avait revêtu pour l'occasion des bannières étincelantes.
Malgré la foule, malgré le bruit et malgré les odeurs.
Parce que si elle n'y allait pas, si elle tenait bon et forçait son fils à s'en tenir aux achats listés, celui-ci profiterait de la moindre occasion pour se sauver et y aller.
L'année passée, elle avait tenté de lui faire confiance. Elle l'avait laissé au bon soin de Mme Guipure pendant qu'elle-même finissait le reste des courses (et affrontait accessoirement la foule pour obtenir une dédicace de Gilderoy Lockhart, sans les ricanements de son fils adoré). Olivier avait profité d'une seconde d'inattention de la couturière pour s'échapper. Helen avait retrouvé son fils une demi-heure après, devant la vitrine du Nimbus 2001, en train de se disputer avec un vendeur qui lui refusait le droit d'essayer le balai, une robe inachevée et bardée d'aiguilles sur le dos.
Cette année-là, Olivier avait 16 ans. Et en une année, Helen avait du mal croire que son fils ait pu à ce point-là changer.
Sa vie continuait à être un match de Quidditch permanent.
Comme elle s'y était attendue, la boutique était à craquer. La foule, depuis la rue, n'arrivait pas à entrer. Helen devina sans mal ce qui l'attendait à l'intérieur. Bousculades, chaleur, odeurs et personnes de mauvaise humeur. Qui aurait eu envie d'y aller ? Surtout pour le simple plaisir de voir un balai…
- Olivier, tu vois bien que c'est plein, dit-elle avec douceur. On reviendra plus tard. Sois raisonnable, s'il te plaît…
C'était un vœu pieux qu'elle formulait. Son fils se tourna vers elle, un grand sourire aux lèvres. Il n'allait pas renoncer.
- On y va maintenant et je te promets de ne plus en parler…
C'était du chantage. Elle aurait dû refuser. En tant que mère et responsable de l'éducation de son enfant, d'un adolescent. Ce n'était pas le message qu'elle voulait faire passer.
D'un autre côté… elle avait aussi passé deux mois d'été à en entendre parler. Alors si elle avait une chance de voir son calvaire immédiatement s'arrêter…
Elle se résigna et suivit son fils qui jouait des coudes et de sa toute nouvelle grosse voix pour avancer, s'excusant au passage auprès de tous ceux qu'il bousculait. Si seulement Olivier avait été une fille… Elle aurait apprécié qu'il mette autant d'enthousiasme à l'aider à dénicher une paire de chaussure à sa taille durant les soldes.
A la place de ça, elle suivait son unique enfant, la dépassant désormais d'une bonne tête, se faufiler entre les gens pour arriver devant la vitrine centrale de la boutique, le véritable point d'attraction du lieu (du pays entier à en croire Olivier).
De l'Eclair de feu, Helen ne vit pas grand-chose au départ. Mais à en juger par le cri et les commentaires ravis de son fils, la chose était à la hauteur de ce qu'on en disait. Puis Olivier remarqua, à son air peu enthousiaste, qu'elle était trop loin pour percevoir quoi que ce soit (il n'y avait bien que ça qui, dans son esprit, pouvait expliquer une absence de réaction) et bouscula tout le monde autour pour que sa maman puisse y voir (forçant ainsi Helen à s'excuser dans un premier temps et à arborer à son tour un air enchanté).
- Ça leur a pris des mois, expliqua-t-il encore une fois. Mais ça en valait la peine. Il est magnifique.
Elle dut le reconnaître. C'était un bel objet, pour un balai. L'expérience avait appris à Helen à garder pour elle ce type de commentaires.
- J'aimerais que tu mettes le même enthousiasme dans tes études, finit-elle par dire, après que son fils lui ait fait l'article de l'objet.
Les joues d'Olivier s'empourprèrent et il baissa un instant le regard. La place du Quidditch par rapport aux études avait toujours été un sujet compliqué.
- Si j'avais un balai comme celui-là, marmonna-t-il, je serai enthousiaste pour n'importe quoi.
Sa mère laissa échapper un éclat de rire.
- Si on avait l'argent pour te payer ce balai, tes études seraient bien la dernière de nos inquiétudes, Olivier.
Le jeune homme finit par esquisser un sourire, teinté de culpabilité. Alors qu'Helen pensait avoir ainsi conclu la visite, son fils se relança.
- C'est quand même dommage qu'il soit en vitrine, se plaignit-il en avançant le poing en direction de la vitre en verre.
Pressentant ce qu'il allait faire, Helen stoppa son geste. Quelques années auparavant, il avait déclenché toutes les alarmes du musée du Quidditch à vouloir tout toucher.
- Vu son prix, c'est plutôt normal ! signala Helen, vérifiant sur la plaque gravée qu'elle avait bien lu le prix (totalement indécent, même son fils en conviendrait).
- Quand même… soupira Olivier déçu. On ne peut pas le toucher.
Le temps de se tourner, prête à répondre, il avait disparu. Elle vérifia que la vitrine était toujours intacte (avec lui, on ne savait jamais) avant de s'en écarter. Après quelques minutes, elle retrouva Olivier au fond de la boutique, et comme à son habitude, en train de se disputer avec un vendeur.
- … pouvons pas le sortir, désolé. Vous voulez l'acheter ?
- Si je ne l'essaie pas, répliqua Olivier les sourcils froncés, c'est sûr que ça ne risque pas !
- Olivier !
Les deux hommes sursautèrent. Si Olivier parut un instant coupable, ce fut du soulagement que le vendeur sembla éprouver.
- Quoi ? protesta son fils. Même Madame Guipure fait essayer les vêtements avant de les vendre, non ?
- Ça n'a rien à voir ! s'écria le vendeur.
N'importe qui, en voyant simplement la fréquentation de la boutique, la chaleur qui y régnait, la tension accumulée qu'on y accumulait en seulement quelques minutes, aurait excusé le pauvre garçon qui y travaillait.
Pas Olivier.
Helen tira son fils par la manche pour le faire sortir de la boutique manu militari avant que la situation n'ait le temps de réellement dégénérer.
- … rendez compte ! C'est anti-commercial ! s'écriait-il encore sur le seuil de la boutique. On n'est pas au musée que je sache !
- Olivier !
- Mais quoi ? se défendit-il. Parce qu'ils ont un Eclair de feu dans la boutique, ils se croient au-dessus de tout le monde. Il n'y a, franchement, pas de quoi se vanter quand on n'a à disposition que le numéro 1650 de la série…
Il se tourna à nouveau vers la boutique.
- 1650 ! Celui-là, on devrait pouvoir le toucher !
Helen vit les épaules de son fils doucement s'affaisser. Elle pria un court instant pour que cela soit le signe d'un retour à la réalité. Son espérance s'accrut en voyant son air dépité.
- J'aurais dû lui dire que le professeur MacGonagall voulait nous en acheter…
Epuisée, Helen dut se forcer à continuer et traîna son fils chez Fleury et Bott où une autre lutte du même genre l'attendrait.
Olivier était son fils unique, l'amour de sa vie, son bébé.
Mais elle n'était pas fâchée de le voir partir pour une année.