Titre: La rumeur
Entraîneur:
leander_griffin (alias
cybeleadam)
Equipe/Joueur: Serdaigle (Roger Davies, d'autres élèves de cinquième année et... une lettre de Cho Chang) + Marcus Flint, d'autres Serpentards de septième année et une intervention du professeur Remus Lupin ^^
Catégorie: Championnat, set aller, 4ème but (Faute impardonnable)
Rating: T (quelques mots pas très polis et un sous-entendu déplacé)
Note de l'entraîneur: Dans une autre note, je disais "Ce serait peut-être utile que j'écrive la scène de la 'bagarre' avec Marcus Flint, aussi, un jour... Enfin, elle est écrite dans ma fic en anglais, mais elle est centrée sur Leander, alors je pourrais en faire une 'version Roger' pour ici". Eh bien voilà, je m'y suis enfin décidée, après avoir regardé la liste de thèmes et estimé que celui-ci pourrait coller (pour certains passages, du moins). Vous allez donc savoir d'où est partie la fameuse rumeur à cause de laquelle Cho pense que Roger se moque d'elle quand il lui demande de sortir avec lui.
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En sortant de la classe de Défense contre les Forces du Mal après une passionnante conversation avec un professeur Lupin visiblement heureux de voir des élèves s'intéresser à son cours au point de s'attarder pour poser des questions, Roger Davies se tourna vers Leander Griffin, le seul à l'avoir attendu.
- J'ai parlé pour deux, mais n'empêche que je parie que c'était toi qu'il était content de voir rester, Mr "Chouchou du prof".
- Oh, n'importe quoi !
- Mais non, c'est vrai ! insista Roger, d'humeur taquine. Il t'aime bien parce qu'il connaît ta tante. Peut-être même qu'il avait un faible pour elle, qui sait ?
- Mais arrête ! C'est n'importe quoi, répéta Leander en lui donnant, comme chaque fois qu'il voulait le faire taire, une petite tape sur le bras.
Roger allait quand même reprendre la parole quand une voix moqueuse s'éleva derrière eux.
- Regardez-moi ça ! Une tape de tapette !
Roger lança un regard noir aux trois garçons de Serpentard qui riaient stupidement. Flint, Burke (une sorte de mastodonte, Gardien de l'équipe de Quidditch) et un Préfet dont il ignorait le nom - métisse, l'air classe et pas tellement menaçant, à vrai dire, mais dont il fallait se méfier quand même puisqu'il traînait toujours avec les deux autres. Merveilleux ! Comme gens à croiser dans un couloir, on pouvait difficilement trouver pire.
- Qui l'eut cru ? Davies a un mec ! ricana Burke.
- Où va le monde s'ils se mettent à nommer des pédés Capitaines de Quidditch ? prétendit se désoler Flint.
- Mais je ne suis pas gay ! protesta Roger, qui trouvait cette accusation complètement ridicule (franchement, lui qui aimait tant les filles !). Et Len non plus, pour autant que je sache.
Ces derniers mots étaient une erreur, il s'en aperçut tout de suite. Leander avait l'air choqué, et peut-être même vexé par le doute involontairement exprimé.
- Il l'est carrément ! répliqua Flint, riant encore.
- Si tu vois pas ça, Davies, t'es vraiment aveugle ! renchérit Burke sur le même ton.
Roger haussa les épaules en réponse.
- Et vous, vous voyez trop de choses, déclara-t-il froidement. Viens, Len, on s'en va !
Leander suivit sans un mot. Roger cherchait un moyen de s'excuser pour la maladresse du "pour autant que je sache" mais les Serpentards n'avaient pas dit leur dernier mot.
- Stop ! ordonna Burke. Vous ne pouvez pas partir au milieu d'une conversation.
Et il lança un sort qui immobilisa Leander. Roger jeta immédiatement le contre-sort mais il lui semblait désormais évident qu'une bagarre ne pouvait plus être évitée.
- On n'a rien à vous dire, tenta-t-il quand même aussi calmement qu'il le put. Et vous ne pouvez pas nous forcer à rester.
Un instant plus tard, un sort l'atteignit à son tour.
- Si, on peut, triompha Flint tandis que Burke attrapait Leander par le bras et le coinçait contre un mur.
- Maintenant, ose prétendre que t'es pas une pédale, se moqua le Gardien avec un sourire mauvais. T'as aussi peur qu'une fille !
C'était vrai (d'où il se trouvait, Roger voyait assez bien Leander pour constater qu'il tremblait même un peu) mais la déduction ne tenait pas debout pour autant. En fait, la phrase était ridiculement sexiste autant qu'homophobe. Certaines filles auraient sûrement eu moins peur que Leander, et on ne pouvait tout de même pas soupçonner la moitié des garçons non-Gryffondors d'être des "pédés".
Leander devait penser la même chose car il répondit "Ça ne veut rien dire" avant d'exiger qu'ils le laissent partir. Ce qui, bien entendu, n'eut aucun effet.
- Tu oserais nous tenir tête ? Ça m'étonnerait ! s'écria Burke avec mépris.
Puis il s'adressa au troisième Serpentard, le Préfet qui, jusque là, était resté en dehors de l'altercation (sans pour autant sembler désapprouver ses amis, ce que Roger trouvait scandaleux de la part d'une personne désignée pour aider à la discipline de l'école).
- Surveille-le, Stuart.
L'interpellé avança sans rien dire (comme s'il n'était pas mieux placé que l'autre gros crétin pour donner des ordres !) et Burke recula un peu, brandissant sa baguette.
Leander l'imita, probablement par réflexe. Que pouvait-il contre un septième année ?
Flint se tenait derrière Burke, les bras croisés mais certainement prêt à intervenir. Le dénommé Stuart, en tout cas, était indéniablement sur ses gardes. Quelle bande de salopards ! Trois contre un, et tout ça pour quoi ? Qu'y avait-il d'amusant à effrayer un plus jeune ? Roger ne comprendrait jamais ce genre d'absurdité.
Soudain, un flux magique le frôla. Leander avait tenté de le libérer pour qu'il vienne à son secours, mais Stuart avait dévié le contre-sort au dernier moment (décidément, quel Préfet exemplaire !).
- Non non, Miss Lenny, se moqua Flint sur le ton qu'il aurait employé pour s'adresser à un enfant. On va pas te laisser récupérer ton défenseur. Tu vas devoir affronter Burke tout seul comme un grand.
- Ne m'appelle pas comme ça. Je suis pas une fille ! protesta Leander, clairement furieux.
- Ce n'est pas exactement ce qu'il a dit tout à l'heure, remarqua Stuart.
Et, avec un reniflement de mépris, Flint précisa :
- T'es peut-être pas une fille, mais t'as tellement l'air efféminé que ça revient au même.
Roger aurait tant voulu le frapper ! Pas d'un sort, mais d'un coup de poing, à la moldue. Il n'avait jamais beaucoup apprécié le Capitaine de Serpentard, et là, ça dépassait les limites.
Leander devait penser la même chose, car il lui lança une réplique cinglante :
- Qu'est-ce qu'il y a de mal à ne pas être tellement macho qu'on regarde de haut ceux qui ne le sont pas ? Et l'air que j'ai, c'est pas tes affaires, de toute façon. Laissez-moi partir !
Jamais Roger ne l'aurait cru capable de parler ainsi à qui que ce soit, et à Flint moins qu'à tout autre.
Burke était moins impressionné, mais apparemment très surpris aussi.
- Oh, on dirait que la petite tapette ose bien nous tenir tête, finalement !
- C'est ce qu'on va voir, enchaîna Flint.
Et il lança un mauvais sort que Leander eut tout juste le temps de parer avec un Protego. Combien de temps pourrait-il tenir ? Très inquiet, Roger tentait désespérément de lutter contre l'Impedimenta qui le paralysait.
Au bout d'un moment qui lui sembla extrêmement long, il arriva enfin à bouger légèrement. Encore quelques instants et...
- Laissez-le ! ordonna-t-il dès qu'il fut en mesure de brandir sa baguette.
Les trois Serpentards sursautèrent et, automatiquement, se tournèrent tous vers lui, laissant Leander libre de s'échapper.
Pourtant, il ne partit pas, se contentant de prendre un peu de distance avec les ennemis. Roger pensa à lui demander d'aller chercher un professeur mais, tout bien réfléchi, ce ne serait peut-être pas une bonne idée (d'autant plus que Flint risquait de le stopper encore une fois). Seul, il ne s'en sortirait jamais alors qu'à deux, les Serdaigles avaient peut-être une chance de résister assez longtemps pour que les Serpentards se lassent de les attaquer.
Ou jusqu'à ce que quelqu'un d'autre intervienne.
- Qu'est-ce qui se passe, ici ?
La voix de Remus Lupin avait un ton sévère et un volume plus élevé qu'à l'ordinaire. Les cinq élèves se figèrent, conscients qu'une retenue les guettait tous.
~ * ~
Les Serpentards avaient filé sans demander leur reste, probablement en maudissant le professeur d'avoir enlevé des points à leur Maison et déclaré qu'ils recevraient bientôt une "invitation à passer quelques heures en compagnie du concierge" pour "une série d'exercices sans baguette" (malgré les circonstances, Roger avait apprécié la tournure humoristique). Immanquablement, ils allaient aller se plaindre au professeur Snape, qui se montrerait plus désagréable que jamais au prochain cours des Serdaigles de cinquième année. Mais au point où on en était...
Le professeur Lupin, lui, avait l'air désolé et finit même par le dire.
- Après un mois de cours, je crois que je peux estimer lesquels d'entre vous sont les plus susceptibles d'avoir provoqué cette bagarre, mais...
Il hésita et, devinant son embarras, Roger s'empressa d'assurer qu'il comprenait très bien. Après tout, Leander et lui n'avaient pas plus que les autres le droit de faire de la magie dans les couloirs.
- Au moins, vous ne pensez pas qu'on aurait pu attaquer les premiers, donc l'honneur est sauf, conclut-il avec un sourire que le professeur lui rendit, apparemment soulagé qu'il ne lui en veuille pas.
- Vous ne méritez pas vraiment de retenue, dit-il tout de même. Peut-être pourriez-vous venir m'aider à corriger les devoirs des première et deuxième années la semaine prochaine ? Nous appellerons ça votre retenue et ainsi personne ne pourra prétendre que vous avez échappé à toute sanction. Mais ça vous épargnera le nettoyage sans magie pour Filch.
Roger et Leander restèrent un instant stupéfaits. La plupart des professeurs n'auraient jamais fait confiance à des élèves pour corriger des devoirs, même de trois ou quatre niveaux inférieurs (et même si les élèves en question étaient des Serdaigles). En dépit des apparences, c'était presque un honneur plutôt qu'une punition.
Il fut convenu que Leander irait le lundi (pendant l'entraînement de Quidditch) et Roger le mardi. Puis le professeur Lupin alla jusqu'à complimenter Leander sur le Charme du Bouclier qu'il l'avait vu lancer en arrivant.
- Celui de Roger est bien aussi, répondit modestement l'intéressé.
- Pas comme le tien, répliqua Roger avec sincérité.
Leander avait un don pour les boucliers, sans doute parce qu'ils l'aidaient à se sentir plus en sécurité et que c'était particulièrement important pour lui.
- Mais toi, tu as réussi à en stupéfixer un. Je ne sais pas faire ça.
Là, Roger éclata de rire. Il n'avait pas su non plus avant d'essayer à tout hasard, et l'avoua sans hésiter.
Le professeur intervint alors pour lui rappeler qu'il devrait éviter d'avoir l'air trop fier ou trop joyeux quand il aurait rejoint ses camarades de classe car, officiellement, il venait de se voir infliger une retenue.
- Ah, c'est vrai, répondit Roger, adoptant aussitôt une expression plus sobre. On va juste râler sur Flint et compagnie, alors. De toute façon, ils méritent d'être qualifiés de noms que je ne peux pas prononcer devant un professeur.
Leander semblait appréhender la réaction du professeur Lupin, mais celui-ci s'amusa de la répartie.
- Bien, puisque je ne suis pas censé prendre parti quand un différend oppose des élèves, je vais vous laisser discuter de ça entre vous, déclara-t-il.
Dès qu'il eut disparu dans les escaliers, Roger se remit à taquiner Leander :
- Il est super sympa hein ? Peut-être que c'est juste parce qu'il aimait ta tante mais...
- Mais tu vas arrêter ?
Nouvelle petite tape sur le bras. Il fallait reconnaître que la façon de bouger la main faisait un peu... Avant que Roger trouve autre chose à dire, Leander remarqua d'une voix embarrassée qu'il ferait vraiment bien de cesser de faire ça.
Roger décida que le meilleur moyen de le rassurer devait être la plaisanterie.
- Plus de Serpentards en vue. Tu peux frapper comme une fille tant que tu veux, dit-il d'un ton léger en imitant le geste.
- Je vais éviter quand même, répondit Leander, toujours mal à l'aise.
Roger aurait voulu le questionner mais, le connaissant, il jugea qu'il valait mieux s'en abstenir.
~ * ~
Bien entendu, toute l'école avait eu vent de l'histoire. Flint et ses acolytes s'étaient vengés de la retenue en racontant à qui voulait l'entendre qu'ils avaient surpris "Davies et son pote efféminé" dans une "situation compromettante" qui, au fil des répétitions, était devenue aussi scandaleuse que la vérité était anodine. Roger espérait que Leander n'apprendrait jamais ce que l'un de ses coéquipiers lui avait dit avoir entendu. C'était tout simplement aberrant. Surtout pour qui connaissait Leander, si timide et innocent... Tout bien réfléchi, il n'aurait peut-être même pas compris de quoi il s'agissait.
Les Serpentards de cinquième année qui, contrairement aux autres, avaient l'avantage de pouvoir observer "Miss Lenny" pendant certains cours, ne s'étaient pas privés de témoigner qu'ils n'avaient jamais vu personne ayant de telles "manières de tapette" et que même les filles ne regardaient pas le Capitaine de Serdaigle avec autant d'intérêt que lui.
Cela aussi était fortement exagéré mais, si tout le monde n'y croyait pas, beaucoup étaient au moins curieux, et Leander supportait si mal les regards inquisiteurs que Roger peinait à le convaincre de sortir du dortoir pour les cours et les repas. D'ailleurs, lui-même commençait à en avoir vraiment marre. Sans parler de l'envie de frapper Flint, qui revenait en force chaque fois qu'il le voyait. Les attaques d'avant-match contre ses joueurs, à la rigueur, il pouvait encore laisser passer, mais ça, non. Rendre la vie infernale à quelqu'un qui n'était même pas dans l'équipe et ne souhaitait rien tant que de rester caché dans l'ombre de la "star" de sa Maison, c'était impardonnable.
Par chance, Roger avait réussi à persuader Bryan Jones et Lancelot Fawcett que la rumeur n'avait absolument aucun fondement. Et aucune des trois filles de leur classe n'avait paru accorder foi aux racontars, sans doute parce qu'elles le connaissaient trop pour imaginer qu'il aurait pu leur cacher quelque chose comme ça.
Pour éviter d'en rajouter, Roger et Leander s'arrangeaient désormais pour ne plus être vus seuls ensemble nulle part. Dans le cas présent, ils étaient installés à une table de la salle commune avec les cinq autres Serdaigles de cinquième année... ce qui n'empêchait pas un groupe de quatrième année d'avoir les yeux fixés sur eux.
- Ignore-les, conseilla Roger à son ami (tout en sachant qu'il n'y arriverait pas non plus). Quand ils auront compris que c'est ridicule, ils arrêteront de nous embêter.
- Ou quand ils auront d'autres ragots à colporter, ajouta Lancelot sans lever les yeux de son devoir d'Étude des Moldus.
Ce qui donna une idée à sa petite amie, Felicia Murray.
- On pourrait arranger quelque chose... Les filles, laquelle de vous deux serait partante pour m'accompagner chez Madam Puddifoot le jour d'Halloween ? demanda-t-elle avec un sourire malicieux en se tournant vers ses amies. Mona ? Iris ?
Roger trouvait l'idée divertissante mais, comme il fallait s'y attendre, elle fut beaucoup moins au goût de Lancelot.
- Tu plaisantes ? s'écria-t-il en dévisageant Felicia d'un air encore plus choqué que les deux interpellées. Tu y vas avec moi !
- Et tout le monde sait que vous sortez ensemble, de toute façon, intervint Bryan.
Felicia chassa l'argument d'un haussement d'épaules.
- On n'y restera pas toute la journée et, pour ce que les gens en savent, je pourrais le tromper honteusement. Le scandale balayerait d'un coup les soupçons qui pèsent sur Roger et Len.
- Mais pense à notre réputation ! couina Mona, horrifiée.
- Et à la mienne, gémit Lancelot.
Cette fois, Felicia leva les yeux au ciel, exagérant sa consternation de les voir si peu coopératifs.
- C'est pour sauver celles de Roger et Leander, mon chou, insista-t-elle. Ce serait... noble. Sois fidèle à ton nom, chevalier ! Ensuite, je te jure que ta gente dame s'arrangera pour que tout le monde sache que c'était juste une blague.
Lancelot n'avait sûrement jamais autant maudit le choix de ses parents concernant son prénom et, tout en le plaignant un peu, Roger ne put s'empêcher de rire à la réplique de Felicia. Tout le contraire du "chevalier", qui grommela que la noblesse de coeur était une affaire de Gryffondor et que lui ne prétendait pas en posséder.
- Et à propos de Gryffondors, puisque tu aimes tant les blagues, adresse-toi donc aux jumeaux Weasley, conclut-il avec mauvaise humeur.
- Ah oui, tiens, sortir avec les deux en même temps ferait un joli petit scandale aussi ! commenta Felicia, hilare à la vue de son petit ami s'étouffant d'indignation.
Elle et Roger étaient bien les seuls à s'amuser. Bryan, comme toujours, soutenait son meilleur ami. Leander restait silencieux, espérant sans doute se faire oublier (comme toujours aussi), Iris avait l'air profondément choqué et Mona s'écarta prudemment quand Roger déclara qu'il aurait préféré voir Felicia l'embrasser, elle.
- De toute évidence, elle n'est pas d'accord, constata Felicia avec une moue désolée. Iris ?
- Oh, n'y pense même pas ! C'est dégoûtant ! s'insurgea la demoiselle. Et Roger, tu es un pervers !
Tout comme Felicia, Roger n'en rit que plus fort. Même Leander laissa échapper un petit gloussement de rire, mais les autres ne semblaient pas comprendre ce qu'il y avait de drôle. Felicia secoua la tête en les regardant, l'air de dire "Vous n'êtes vraiment pas marrants", puis reporta son attention sur Roger.
- Si tu es un pervers, je dois être une perverse, lui dit-elle à mi-voix. Parce que j'adorerais te voir embrasser Len.
Ce à quoi Roger répondit avec son air le plus sérieux :
- Hélas, chère amie, c'est tout à fait impossible. Je suis navré de vous priver d'un tel spectacle, mais vous conviendrez sans doute que, si je venais à exaucer votre souhait, les témoins tiendraient la rumeur pour confirmée.
- Voilà qui serait fâcheux, en vérité, admit Felicia.
Et, une fois de plus, ils éclatèrent de rire ensemble.
Roger, toutefois, s'inquiéta vite de ce que pouvait penser Leander. Celui-ci faisait semblant de ne pas les écouter mais devait bien savoir que personne ne serait dupe. D'ailleurs, il était rouge comme un Souafle.
- Je ne vais pas le faire, promis Roger en tendant la main dans l'intention de lui tapoter l'épaule de façon amicalement rassurante. (Mais zut, non, il ferait mieux de ne pas le toucher !)
- Ne joue jamais à "Action ou vérité" avec Felicia, alors, répondit Leander sans le regarder (et si bas que seule l'habitude permit à Roger de saisir tous les mots).
Roger promit ça aussi mais, croisant le regard de Felicia, il vit qu'elle se posait la même question que lui : et si, en réalité, Leander regrettait qu'il n'en parle que par jeu ?
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Roger avait espéré que les vacances aideraient à faire oublier cette histoire, et la majorité des autres élèves avaient sans doute bien l'esprit trop occupé des fêtes de fin d'année pour repenser à ça, mais hélas, une personne qui lui était chère restait influencée par la rumeur au point de répondre sèchement à la lettre affectueuse qu'il lui avait envoyée, accompagnée d'un petit cadeau de Noël.
Roger,
Comment oses-tu m'écrire une lettre pareille alors que tu sais parfaitement que je ne peux pas ignorer pourquoi tu le fais ? Tu penses donc que je suis stupide ? Si tu voulais vraiment sortir avec moi depuis la rentrée, pourquoi ne m'as-tu pas invitée à Pré-au-lard plus tôt ?N'essaye pas de me faire croire que c'est par timidité ! Je sais très bien que tu n'as rien de timide, contrairement à ton "ami" - entre guillemets, oui, parce que ce que tu m'écris ne fait que me conforter dans l'idée qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Si tu veux une bonne poire pour détourner les soupçons, cherche-la ailleurs que dans notre Maison. Mais je te préviens qu'à moins d'avoir quelque chose contre celle qui serait assez naïve pour ne pas se rendre compte que tu cherches à l'utiliser pour sauver ta réputation, je lui dirai ce que je pense de toi et de l'intérêt que tu prétendrais lui porter.
Profondément choquée par cette manoeuvre serpentardesque indigne d'un Serdaigle,
Cho
PS. Tenter de m'acheter avec un cadeau, si joli soit-il, est encore plus vil. Offre donc ce pendentif à Leander. Puisqu'il a des goûts de fille, ça devrait lui plaire. Surtout venant de toi.
Mais comment pouvait-elle croire ça ? Penser que Leander l'aimait, lui, d'accord (il y avait au moins de quoi se poser des questions, et Roger lui-même s'en posait toujours), avoir imaginé que c'était réciproque, à la rigueur (peut-être qu'il lui était arrivé d'avoir, sans s'en apercevoir, une attitude pouvant prêter à confusion) mais en rester convaincue après sa lettre et lui reprocher de chercher à l'utiliser pour sauver sa réputation ? Non, ça, c'était trop fort !
Et tout était de la faute de Flint. Cho n'aurait sûrement pas eu de telles idées par elle-même, et elle aurait probablement accepté le rendez-vous proposé si ce crétin ne s'était pas amusé à raconter des absurdités à toute l'école.
Maintenant... combien de personnes seraient disposées à croire que la famille Flint comptait un troll parmi ses ancêtres ?
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Note: Je sais que tout n'était pas particulièrement utile et que je me suis (encore) bien éloignée du thème... mais vous avez l'habitude, non ?