Titre : Vengeance
Auteur :
shono_himeFandom : Being Human
Personnages : Annie, mentions d'Owen, Mitchell et George
Rating : PG
Disclaimer : Tout est à la BBC.
Note : Ecrit pour
6variations, thème : Est-ce que tu penses à moi ? SPOILERS pour toute la saison 1, jusqu'à la fin !! Vous êtes prévenus :)
Owen avait longtemps été le centre de sa vie. Annie était tellement amoureuse. Ils allaient se marier, fonder une famille et vivre leur vie tous les deux. Elle voyait des promesses d'éternité dans chacun de ses sourires. Elle voyait son bonheur dans chacune de ses caresses. Elle était heureuse.
Quand il sortait, parfois, pour une soirée ou plus longtemps pour son travail, il lui manquait. Elle ne quittait pas son téléphone, attendait un appel, juste pour entendre sa voix. Ou bien un message, juste quelques mots vite tapés pour lui signaler qu'il ne l'oubliait pas. Invariablement, il lui en envoyait un avant de dormir : « Est-ce que tu penses à moi ? »
Et puis Annie était morte. Une chute dans les escaliers, un accident banal et ordinaire pour une vie qui aurait dû l'être. Pas de lumière, des fils qui traînent... Cela aurait dû être la fin. Ca n'avait été qu'un commencement : une vie de fantôme, invisible et abandonnée, dans une maison qui avait abrité ses plus beaux souvenirs, tous remplacés par les nombreux locataires qui avaient essayé d'y habiter. Une attente lancinante sans espoir de fin. Elle n'avait plus revu Owen depuis.
Tous les soirs, à l'heure où, de son vivant, elle lui préparait un thé, elle se demandait : « Est-ce que tu penses à moi ? »
Quand George et Mitchell étaient arrivés, ils lui avaient rendu un peu de vie. Elle était entendue, elle était vue et quand ils lui répondaient, elle se sentait exister de nouveau. Bien sûr, ils n'étaient pas non plus toujours faciles à vivre. George et ses exclamations perpétuellement paniquées et Mitchell et ses silences tourmentés... Mais elle les aimait pour ce qu'ils lui offraient.
Quand Owen passa à la maison pour se présenter à ses locataires, elle avait prévu toute une liste de choses à lui demander, comme pour le bébé de sa sœur par exemple. La seule chose qu’elle n’osa pas marquer sur le papier qu’elle donna à Mitchell, elle la pensa très fort quand la sonnette retentit : « Est-ce que tu penses à moi ? »
Elle avait cru mourir une nouvelle fois en réalisant qu’Owen sortait avec Janey, une pimbêche tellement bronzée qu’elle en devenait orange ! Il l’avait oubliée, n’est-ce pas, pour fréquenter cette garce. Elle qui était déjà morte, voilà qu'on lui enlevait désormais ce qui faisait sa seule joie en ce monde : penser à Owen. Ce n'était pas juste. Elle l'imaginait, embrassant, serrant Janey contre lui et se demandait s'il se sentait parfois coupable. S'il regrettait les soirées calmes passées ensemble et le goût de sa peau. Elle fermait les yeux sans pouvoir s'empêcher de penser à leurs étreintes et se demandait sans cesse : « Est-ce que tu penses à moi ? »
Les souvenirs étaient revenus. La terreur, le sentiment abject d'inutilité, d'humiliation et la douleur liée aux coups. Elle avait idéalisé Owen, choisissant volontairement ou pas d'oublier ce qu'il lui avait fait. Pour avoir quelque chose de doux à se retenir. Pas cette colère qui la rongeait, cette envie brûlante de faire justice. Elle ne s'était jamais sentie aussi vivante. George ne pouvait pas comprendre, lui qui refoulait si fort la noirceur que le loup-garou faisait naître en lui et même si Mitchell faisait de son mieux pour l'aider à canaliser cette colère, même s'il comprenait, il ne pouvait pas l'aider non plus. Elle ne voulait pas qu'il meure, non, elle voulait qu'il ressente cette peur et elle voulait qu'il ne refasse jamais ça. Plus jamais. Elle voulait qu'à chaque fois qu'il fermerait les yeux, son image s'imprime sur ses paupières et sa voix résonne dans sa tête : « Est-ce que tu penses à moi ? »
Elle avait réussi. Owen était vraiment fait d'un mauvais métal, solide et pourtant fragile à condition d'en trouver le point faible. Elle l'avait trouvé. Avec George et Mitchell à ses côtés, deux présences infiniment humaines mais qui, à cet instant, avaient laissé voir à Owen l'obscurité qui vivait en eux, elle lui avait parlé. Les mots avaient coulé tous seuls de sa bouche, un venin qu'elle crachait pour purifier son propre coeur de la haine qui le hantait. Et à la fin, elle lui avait dit, ses lèvres à son oreille comme dans le temps elle lui murmurait des mots d'amour. En quelques syllabes toute simple, elle lui avait dit ce qu'était la mort. Et il ne s'en remettrait jamais, elle l'avait lu dans ses yeux. Maintenant, elle savait... Elle savait que jusqu'à la fin, il penserait à elle.
Ce serait sa punition.
FIN.