Feb 19, 2007 22:04
Il y a l'envie irrésistible de s'acheter des petites choses roses et douces pour se consoler et l'envie de lire L'Obumsawin même si on n'en a pas le droit. Même s'il n'y a personne et rien à faire. Même si. Il y a l'envie de consoler Nicolas de ses angoisses existentielles alors qu'on arrive à peine à contrôler les siennes. Et l'envie d'écrire. Comme un chapelet de mots futiles. Tromper le vide que tu as laissé en me blessant. Le vide, le souffre, le fiel. Le désespoir qu'il n'existe plus jamais rien.
J'ai les entrailles nouées dans la douleur de ne plus être. D'avoir anéanti ce nous où tu me rongeais à petits feux, à grosses bouchées. J'ai murmuré mon désarroi de ne plus pouvoir te sentir tout contre toute moi. J'ai tempêté contre ton indifférence, étouffée dans les pleurs. J'ai su ouvrir les cuisses pour te conquérir, mais pas te parler. Je porte ton silence comme un fardeau. Comme l'absolu néant entre nous, celui qu'on avait pris pour autre chose, un temps.
Nous serions au théâtre et il y aurait ce temps qui ne serait rien d'autre que le silence.
Je n'ai plus la force de supporter le cycle de tes indifférences et encore moins celui de ta méchanceté. Il y a cette main entre mes épaules qui m'oblige à me noyer dans nos souvenirs. Cette main qui m'enfonce de la terre dans la bouche. Cette main qui me cisaille, m'emporte en pièces (emporte-moi), me charcute.
Ta main. Ton emprise.
* * * * *
Et toi mon amour, tu écoutes la peine de l'autre. Tu écoutes et tu essuies, pleurs après pleurs, les fleurs de l'amertume qui prennent racines sur mon dos, sur mes bras. Sur mes doigts, entre mes cuisses, là où tu commences toujours par les arroser. Et tu leur parles. Tu leur chuchotes des mots doux pour remplacer le soleil qu'elles n'arrivent pas toujours à voir dans la caverne. Et toi mon amour, tu m'embrasses et tu me souris. Tu me fais plisser les yeux juste come ça, juste comme pour dire, baise-moi encore... pour fuir le monde.
(Intertextualité intertextuelle. Auto-citation d'une intertextualité marquant de son fer mon imaginaire, ma poétique. Gérard Genette aurait du penser à une typonomie pour ce genre de transtextualité.)
Et toi mon amour, bientôt sous le même toît, bientôt dans la Côte-des-Neiges là où d'autres poètes auront trouvé des amours aussi beau que le nôtre en des chapelles non par ardentes mais arrides. Je ne te lirai pas les poèmes d'Émile Nelligan sur notre belle côte, mais je te chanterai la désolation de Patrice Desbiens. Sa peine, comme ma peine, c'est celle ne plus avoir de territoire où rendre légitime la parole. C'est la tristesse de parler dans le vide. L'absurdité d'avoir produit du silence.
Mon amour, je te ferai chorale et mes mains danseront sur toi.
* * * * *
Une autre goutte de sang sur ma main. Je m'amenuise, je deviens mince à fendre, sèche à faire craquer ma peau et mes yeux. Je deviens inhabitée, altérée, féroce. Je deviens autre.
Tu t'arraches de moi, tu sors de ma peau en me laissant craquelée. Je suis le vernis de l'image et tu me manques déjà.
* * * * *
Mon amour, console-moi de cet autre qui m'habite avec violence, qui me saccage.
Apprends moi à respirer.