Belle de nuit 2

Apr 06, 2009 22:19


Horatio reprit lentement pied dans la réalité, il se trouvait dans une chambre d’hôpital. Il aurait voulu ne jamais se réveiller. Comment leur expliquer ? Il voulait en finir, ne jamais avoir à se justifier. Il avait échoué et allait devoir en payer les conséquences. Il ne s’était pas protégé dans cette affaire et ne voulait pas que ses proches en supportent les conséquences. Il ne pourrait pas supporter leur regard incrédule et, puis, pas la peine de se le cacher, il aurait pu faire n’importe quoi sous influence de l’alcool. Après tout, depuis des mois, après le service, il buvait à s’en abrutir, il n’avait plus le choix pour dormir.  Il n’arrivait à dormir que quand il était ivre. Il pensait trop autrement. Et quand Yelina s’était mise avec cet inspecteur, cela n’avait fait qu’empirer. Non pas, qu’il eut voulu la mort de son frère, mais il s’en voulait malgré tout ; il n’avait pu le protéger et il avait également échoué avec elle. Il aurait dû veiller sur lui et sa famille, il était l’aîné. La situation lui avait échappé. Et puis, inutile de se le cacher, il s’était également senti trahi. Il avait échoué. Il échouait toujours de toute manière, pourquoi avait-il espéré ? Cela n’avait aucun sens, il était destiné à l’échec, depuis le temps, il aurait dû savoir, il aurait dû comprendre, cesser d’espérer. Et pourtant, jusqu’à ce jour, il avait eu l’espoir de pouvoir un jour avoir une vie normale et ordinaire. Une vie de famille, il ne cherchait que cela. Il avait toujours eu l’espoir de pouvoir construire mieux que ce qu’il avait connu. Le mal de tête qui le tenaillait ne lui permit pas d’aller plus avant dans son introspection. Il tenta en vain de replonger dans le vide réconfortant de l’inconscience.

Il ne voulait pas ouvrir les yeux et les affronter. Il avait reconnu leurs pas dans le couloir. Maintenant, ils devaient savoir pour la fille, il n’avait même pas eu le temps de lui demander son nom. Il avait peur de leurs regards peut-être plus tard pourrait-il leur en parler, mais pas aujourd’hui, pas dans ses conditions. Il n’avait pas envie d’essayer, pas non plus de certitude sur ce qu’il devait leur dire. Sûrement ils se sentaient responsables, la lettre ne devait rien avoir changé de leur état d’esprit. Il ne devait pas leur dire la vérité, ni même la leur laisser deviner. Il devait tout prendre sur lui, encore, toujours, les protéger. Il n’avait jamais rien voulu d’autre que leur épargner d’avoir à l’arrêter. Il n’était pas sûr de l’avoir tuée, mais il était néanmoins coupable. Coupable de ne pas avoir arrêté le meurtrier plus tôt, coupable de ne pas être resté, coupable d’être en vie. Coupable d’être encore là alors que tant d’autre ne l’était plus.

Yelina et Calleigh s’étaient arrêtées devant la vitre, il paraissait dormir. Le médecin leur avait dit qu’il avait repris conscience, mais refusait de parler. Elles devaient comprendre : les indices retrouvés le situaient sur les lieux peu avant la mort de la fille. Heureusement pour lui, quelqu’un d’autre était passé après lui. Elles n’arrivaient pas à s’expliquer son geste, même le mot n’était pas une explication. Mais elles devaient essayer de l’interroger, il avait peut-être remarqué un détail qui pourrait les conduire au meurtrier de la jeune femme. En même temps, elles avaient des scrupules à le considérer comme un témoin ordinaire. Ordinaire, il ne l’était pas et sa réaction leur prouvait encore plus, si elles en avaient besoin, sa singularité.

Elles allaient avoir des difficultés à le faire parler, à lui faire comprendre qu’ils étaient tous là pour lui. Après tout, ils n’avaient pas compris sa détresse, pas su prévoir son geste. Ils l’avaient juste trouvé un peu plus froid que d’habitude. Et pourtant, ils l’avaient blessé. Les événements de ces derniers temps les avaient tous touchés, et ils n’avaient pas prévu qu’il pourrait craquer. Comment prévoir que la personne sur qui tous se reposaient pouvait commettre l’irréparable pour se sentir soulagé d’une vie qui n’était pas tendre. De plus son mot laissé sous-entendre d’autres causes à son mal-être. Il souffrait depuis longtemps et personne ne le savait, il ne serait pas facile de le convaincre qu’il n’avait pas à les protéger au détriment de lui-même, mais ils devaient réussir pour pouvoir recueillir son témoignage. Avant tout, elles allaient essayer de le ramener vers l’équipe, vers sa famille. De lui rendre cet espoir qu’il avait perdu, de lui rendre une vie normale. Bien que la normalité n’ait que peu de sens lorsque l’on parlait de lui, il était à part. Il n’avait jamais vraiment cherché à se faire apprécier et pourtant les faits étaient là, tous l’admiraient. Il était leur mentor, leur guide et il devait le redevenir, sinon l’équipe allait imploser.

Yelina posa une main sur le bras de Calleigh et lui sourit tristement :

-         Je vais y aller seule dans un premier temps, il sera peut-être plus à l’aise pour parler si c’est juste une visite de famille.

La jeune femme sourit à l’inspectrice et acquiesça. Pas la peine de le gêner plus que nécessaire, il devait déjà se sentir suffisamment mal en ce moment, elle s’éloigna vers la cafet’. Bien décidée à ne plus le laisser tomber comme elle l’avait fait. A ne plus l’abandonner à lui-même. Il avait été le premier à lui faire confiance et à remarquer ses talents professionnels. Il était allé plus loin que l’image de la belle blonde qu’elle dégageait. Elle se devait de lui reconnaître ce fait, il laissait toujours aux gens l’occasion de démontrer leur valeur. Elle l’admirait et l’appréciait, mais, bien au-delà, elle lui reconnaissait des dons humains hors norme derrière sa façade un peu brusque. Quoiqu’il en pense en ce moment, il était un pilier de l’équipe, il en avait été le fondateur. Elle était sûre que son geste était une preuve de plus de son humanité. Il les avait toujours tiré du pétrin et maintenant c’était à eux de lui prouver qu’il comptait, ils devaient lui laisser une chance de s’expliquer, de leur faire comprendre. Ils ne devaient pas le laisser couler. Ils n’en avaient pas le droit, ne serait ce qu’au regard des services qu’il leur avait rendu à chacun individuellement. Parce qu’il s’était investi pour chacun d’eux en particulier.

-         Hé, grand, tu nous as fait peur. Comment vas-tu ?

-         …

Prévenue par le médecin, elle ne s’étonna pas de son manque de réaction, juste un frémissement des paupières qui indiquait qu’il l’avait entendue, qu’il ne dormait pas contrairement à ce que laissaient croire ses yeux clos. Une réaction épidermique plus que consciente, mais elle n’avait pas besoin de plus pour engager la conversation. Elle devait lui dire qu’il comptait, qu’il était l’un des leurs. Et c’était la vérité. Une vérité qu’il avait oubliée ou niée. Il devait se rappeler que l’équipe était toujours soudée, qu’il en était le pivot, même s’il n’en était pas conscient.

-         Je sais que c’est dur. Tu n’as sûrement pas envie d’en parler, et pourtant c’est le seul moyen. Nous ne connaissons qu’une partie de l’histoire et seul toi peux nous mettre sur une piste. Nous savons déjà que tu étais sur les lieux peu avant la mort de la jeune femme. Je dis peu avant car nous avons recueilli des preuves qui démontrent s’il y en avait besoin qu’un autre que toi lui a fait ce qui l’a tuée.

-         …

-         Se taire ne te fera aucun bien, regarde où tu en es pour t’être tu. Horatio, je sais que tu m’entends, je ne te demande pas de me répondre, juste de faire un signe. De me faire comprendre que tout n’est pas perdu, que tu ne veux pas nous abandonner.

-         …

De nouveau, aucun mot n’avait franchi ses lèvres, les paupières ne s’étaient pas ouvertes, juste une crispation de la main sur le drap blanc. Cela suffit à encourager la jeune enquêtrice. Elle ne devait pas attendre d’autre réaction de sa part, c’était encore trop tôt. Et pourtant, ne put-elle s’empêcher de penser déjà trop tard pour faire marche arrière. Il avait attenté à sa propre vie pour les protéger, toujours, encore une fois. Ils n’avaient pas compris qu’à force de jouer avec la chance, d’aller au bout de ses limites, il finirait par craquer. Ils devaient le remettre dans la bonne route, il avait dévié et emprunté les ornières. Il était, depuis un moment se persuadait-elle, à la limite et n’avait pas pu faire demi-tour. Parce qu’elle espérait qu’il avait envie de reculer, de tout recommencer. Les médecins n’avaient pas été très clairs à ce sujet, alors elle devait espérer, le perdre n’était pas une éventualité pour elle.

-         Tu sais que tu comptes beaucoup pour moi, pour Raymond et tous les autres. Tu aurais pu nous parler. Tu n’as pas à être fort pour nous. La famille ça sert aussi à ça. A ne pas aller au-dessus de ses limites, à se décharger parfois de son fardeau. Tu dois apprendre que faire confiance aux autres c’est aussi les laisser pénétrer dans ton univers et leur expliquer ce qui te préoccupe. Tout le monde a un jour besoin de se confier et mieux vaut le faire que de tenter de tout maîtriser. Personne ne peut tout contrôler, d’autre que toi ont essayé et échoué, tu n’as pas à avoir honte, tu as trébuché, mais tu dois te reprendre.

-         …

-         Tu ne veux toujours pas répondre, mais comprend que quoiqu’il se passe nous ne te laisseront jamais seul. Ton frère te manque, mais pense aux vivants. Tu as un neveu, tu m’as moi et ton équipe. Nous ne voulons pas comprendre par curiosité. Nous t’aimons et nous ne voulons pas que tu nous quittes. Nous voulons te garder avec nous.

-         …

Elle crût rêver en voyant une larme glisser sur sa joue, elle ne l’avait jamais vu pleurer, mais aujourd’hui il était le plus fragile d’entre eux. Elle lui prit la main et la lui serra essayant de lui communiquer un peu de sa force, il semblait si démuni au fond de son lit blanc, elle le trouvait encore plus maigre et pâle qu’à l’accoutumée. Comment avaient-ils tous pu passer à côté de sa dépression ? Ils étaient ses amis, sa famille et ils n’avaient rien remarqué. Elle savait pour avoir enquêté sur plusieurs suicides que les proches sont les derniers à s’apercevoir de l’état d’un dépressif. Mais là, avec leurs expériences à tous s’étaient encore plus honteux. Ils auraient dû remarquer les signes caractéristiques : le repli sur soi-même, le manque de sommeil, le manque d’appétit,… Rien, ils n’avaient rien vu. Et lui souffrait. Elle se dit en elle-même que plus jamais cela ne devait se produire. Il avait été là pour eux. Eux devaient être là pour lui. Et pourtant, au même moment, un constat germait en elle, ils ne le connaissaient pas. Ils ne savaient rien de sa vie privée, en avait-il seulement une. Que faisait-il hors du boulot ? Au vu des derniers événements, ils n’en avaient aucune idée, aucun d’entre eux ne l’aurait jamais soupçonné de rencontrer des prostituées.

Elle serra plus fort sa main, en la caressant doucement du doigt. Elle ne voulait surtout pas pleurer, elle devait être forte, il avait besoin d’elle, d’eux. Son histoire avec l’inspecteur des affaires internes n’avait été qu’une passade, mais elle savait qu’elle l’avait blessée. Elle devait lui faire comprendre qu’il était toujours un membre de la famille. Depuis que l’autre était passé par là, il n’avait plus mis les pieds chez elle. Elle savait pourtant qu’il avait eu dès leur première rencontre des sentiments pour elle et qu’il adorait son neveu. C’était plus par amour que par devoir qu’il était resté proche d’eux à la mort de son frère. Elle savait que jamais il n’aurait pu la désirer, pas elle, pas la femme de son frère. Même mort Raymond restait entre eux. Lien et barrière infranchissable pour lui, parce qu’elle de son côté aurait bien voulu qu’il y ait plus que de l’amour familial entre eux. Mais il avait toujours été fidèle à la mémoire de son frère. Elle n’avait jamais pu faire tomber cette frontière chez lui. Même si elle savait qu’il avait toujours eu des sentiments pour elle. Un moment, elle lui en avait même voulu pour cet état des choses. Mais maintenant, maintenant, elle ne pouvait plus lui en vouloir, elle comprenait qu’il avait souffert encore bien plus qu’elle de cet état de choses. Il avait souffert parce qu’il ne pouvait s’empêcher d’être pris entre deux feux : son amour pour lui, son amour pour elle. Et elle n’avait pas arrangé les choses en le pressant, en essayant de le faire entrer de force dans le moule qu’elle lui avait taillé.

-         Tu sais Raymond t’attend pour aller à la pêche. On t’attend à la maison pour refaire une sortie à la plage.

-         …

-         On t’attendra le temps qu’il faudra, prend ton temps. Mais reviens nous. Ne nous laisse pas sur le côté. Laisse nous te faire une place dans notre vie, dans notre nous. Car quoique tu penses, tu as ta place parmi nous. Tu es un membre de la famille. Et la famille reste unie quoiqu’il arrive surtout dans les coups durs. Tu as ta place chez nous. (Elle le regardait, elle savait que ses mots le touchaient, même s’il n’était pas prêt à l’avouer. Elle voyait bien qu’il réagissait, elle devait lui laisser le temps d’assimiler, d’accepter que tout ce en quoi il avait toujours cru était faux. Lui laisser le temps de comprendre les implications réelles de son geste. Il devait prendre conscience de lui-même qu’il avait une place dans leur vie et que sa mort n’y changerait rien.) La maison t’a toujours été et te sera toujours ouverte, à  toutes heures du jour et de la nuit. Tu as ta place parmi nous et rien ne la fera jamais se refermée.

-         …

-         Et pour le boulot, ne t’en fais pas, je n’ai pas ébruité la raison de ton hospitalisation. Seule Calleigh est au courant de la vraie raison. C’était nécessaire puisqu’elle a repris l’enquête en ton absence. On continue sans toi, mais reviens nous. L’équipe a besoin de toi pour fonctionner correctement. Eux aussi vont s’inquiéter, tu es important pour tout le monde. Tu ne t’en rends pas compte, mais tu as une influence bénéfique sur tout ton entourage. Tu dois revenir, tu nous manques comme collègue, comme ami, comme oncle, comme membre de notre grande famille. Nous ne te laisserons plus nous abandonner, tu n’en as pas le droit.

-         …

Il ne pouvait plus retenir ses larmes, elles coulaient indépendantes de sa volonté. Il savait que cela lui faisait du bien, et pourtant encore cette pudeur, cette retenue qui l’empêchait de leur parler avant et maintenant, qui lui faisait tourner la tête. Il aurait dû apprendre depuis le temps, mais il avait toujours dû tout assumer : la fuite de son père, la mort de sa mère, les bêtises de son frère et sa mort finalement. Il n’avait jamais rien dit. N’avait jamais rechigner à la tâche. Il savait qu’il était le seul à pouvoir tout assumer, tout contrôler. Parce que après tout, tout était une histoire de contrôle. Contrôle de soi, contrôle de l’équipe… Tout. Et aujourd’hui, ce contrôle lui faisait défaut au pire moment. Il ne pouvait plus les protéger, se protéger, il avait dû faire un choix.

Comment pourrait-il leur ouvrir son cœur sans se couler. Sans perdre le peu de raison qu’il avait encore. Il savait qu’il comptait dans leur cœur, mais il ne pouvait plus assumer. C’était simple, bref, net. Il devait se reconstruire en-dehors d’eux et pour cela la fille avait été parfaite. Elle était hors du reste de sa vie. Elle lui avait rendu un peu de son indépendance. Jusqu’à ce qu’on la tue, il savait maintenant d’après leur attitude qu’il n’y était pour rien. Bien que malheureusement au fond de lui, il ne puisse s’empêcher de se sentir responsable de cela aussi. S’il était resté comme la veille, elle ne serait pas morte, gisant sur une table d’autopsie. Savoir qu’Alex avait sûrement pris soin d’elle ne le réconfortait pas, elle n’aurait jamais dû se trouver là-bas. Il avait déjà tellement connu de mort, il ne voulait pas en ajouter. Il aurait voulu ne plus rien éprouver, ne plus avoir envie de pleurer. Se tenir loin des autres, ne plus laisser des sentiments le submerger, juste se laisser couler, ne plus réfléchir. Et pourtant, il ne pouvait empêcher son esprit d’essayer de le raisonner, de lui envoyer des éclairs de sentiments, de l’obliger à ressentir encore de l’affection, de l’amour pour eux. Il aurait tellement voulu être vide de tout souvenir, cela aurait été plus facile. Il avait toujours espéré le vide, il ne l’avait jamais trouvé. Et seulement maintenant, il prenait conscience qu’il ne le trouverait jamais parce que la vie était ainsi faite que l’on ne pouvait vivre hors des autres.

L’expérience lui avait laissé un goût amer, elle l’avait aimé sans ouvrir les yeux en se souvenant de son « client » précèdent. Il le savait, il le sentait, cet homme avait compté plus que comme un « client » pour elle. Qu’avait-il de spécial ? Qu’avait-il de plus que lui ? Il devait le retrouver, l’effacer, repartir à zéro. Et là, soudain, il le vit sur l’écran et rit. Un flic, voilà ce qu’il était. Son nom lui fournit son adresse. Mais comment allait-il s’y prendre ? Il avait crû le reconnaître la veille, mais s’était persuadé qu’il se trompait. Et pourtant, son attitude en arrivant sur les lieux alors qu’il ignorait être filmé ne pouvait laisser aucun doute dans son esprit, c’était bien lui.

Il imaginait déjà sa lente agonie, sa souffrance. Il jubilait à l’idée de lui faire du mal. La chronique judiciaire du journal lui apprit qu’il avait perdu ses parents, son frère, cela il le savait déjà. Il se sentait proche de lui, il avait envie de le détruire, de faire cesser la souffrance qu’était sa vie. Et en même temps de le faire souffrir autant qu’il avait souffert de se sentir rejeté par cette fille, une putain. Alors qu’à lui, la fille avait accordé de l’importance. Suffisamment que pour espérer qu’il fasse demi-tour et lui laisser sa porte ouverte. Ce n’était peut-être qu’une fille de petite vertu, mais, avec lui, elle avait voulu construire autre chose. Elle lui avait offert son cœur à lui. Pourquoi à lui ? Moi aussi, je le méritais.

L’enquête était au point mort, ils avaient réussi à identifier l’ADN d’Horatio tout en établissant qu’il n’était pas responsable, la fille avait eu un client après lui. Ils ne savaient pas où chercher et leur chef n’était pas disponible. Calleigh et Yelina faisaient barrage, tout ce qu’ils savaient c’était qu’il était hospitalisé. Tim et Eric ne pouvaient y croire. Il ne paraissait pas malade à leur dernière rencontre quoique à bien y réfléchir, il n’était pas en forme non plus. Ils devaient agir, pour le bien de l’équipe, découvrir d’autres preuves.

Les indices qu’ils possédaient les menaient à des culs de sac, leur seule piste était Horatio, mais il n’était pas disponible. Ils avaient bien essayé de tirer les vers du nez des filles, mais tout ce qu’ils avaient obtenu, c’est un « affaire de famille » sans appel. Tim se décida et pendant le service des filles, il se rendit à l’hosto. Lorsqu’il le vit, seul au milieu de ce lit trop large, il eut un frisson. Il avait bien compris que ce n’était pas une maladie, mais de là à penser au suicide, il y avait une marge qu’il n’avait pas franchie. Et pourtant les pansements à ses poignets ne laissaient aucun doute, il avait attenté à ses jours sans qu’ils s’en soient doutés. Il n’alla pas plus loin que la vitre d’observation, cela lui suffit. Déjà il souffrait à l’unisson de son ami. Rien, il n’avait rien vu. Ils travaillaient ensemble depuis des années et il n’avait pas prévu son geste. Quelles en étaient les raisons ? Elles n’avaient pas d’importance, il aurait dû sentir que quelque chose n’allait pas. Horatio était troublé ces derniers temps. Il lui arrivait même de ne pas répondre quand on lui parlait. Il devrait être plus attentif à l’avenir.

Dés qu’il fut au courant, il avertit Eric qui avertit Alex. Et de proche en proche, cela fit le tour des services, le grand Horatio Caine avait une faiblesse. Yelina fut au courant par un agent qui avait un faible pour elle. Elle craignit le pire pour Horatio. Mais heureusement, cela ne sortit pas des murs. Les policiers avaient certaines pudeurs et parler de la tentative de suicide de l’un d’entre eux en faisait partie. Ils vivaient dans le risque et la mort les côtoyaient de suffisamment prés pour qu’ils n’en rajoutent pas.

Elles auraient dû prévenir l’équipe, mais elles n’arrivaient pas à réfléchir correctement. Ils avaient évité le pire de peu. Pour le hors service, Horatio Caine était hospitalisé pour un problème médical. Les médias allaient sûrement se concentrer sur lui d’ici peu de temps, mais ce n’était pas encore à l’ordre du jour. (Miami était une ville médiatique et il en était un personnage important).  A contrario, comment le sortir de son mutisme, était une priorité. Pourquoi se sentait-il responsable de tout et de tous, au point de ne pas voir d’autre échappatoire que la mort ? Il devait bien y avoir une raison, ils l’ignoraient encore un point c’est tout. Ils devaient trouver s’ils voulaient l’aider à remonter la pente. Et sa perte n’étant pas une alternative, ils n’avaient pas le choix.

Yelina soupira avant de demander à toute l’équipe de se réunir. Dés qu’ils furent tous là, elle leur fit prendre place autour de la grande table qu’il présidait habituellement. Ils étaient tous au courant pour sa tentative de suicide, mais aucun ne savait pourquoi. Elle posa au centre de la table le mot qu’elle avait découvert le premier jour. Ils le lurent tous et se regardèrent. Ils étaient fautifs, même s’il leur disait le contraire. Là encore, il avait tenté de les protéger, il ne voulait pas qu’ils se sentent responsables de lui, comme lui se sentait responsable d’eux. Toujours en toutes circonstances, il les protégeait et prenait des coups à leur place, même dans ce voyage qu’il espérait sans retour.

csi miami

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