Feb 16, 2009 19:23
5.
Il mit quelques minutes à sortir son ami du sommeil et dû attendre encore un moment que celui-ci reprenne complètement ses esprits. Au sortir de son rêve, il semblait ailleurs comme s’il avait continué à voir des images sous les yeux même éveillé. James frissonna, il était inquiet, il avait déjà vu ce genre de regards. Son ami sortit enfin de sa torpeur pour le regarder. Ce que l’oncologue lisait dans ses yeux était aberrant, il avait honte. Il avait honte de s’être laisser aller devant un ami, pourquoi fallait-il qu’il soit aussi compliqué.
- Ca va mieux ?
- Oui, ce n’était rien, juste un mauvais rêve. Rien de bien méchant.
- Greg, tu ne devrais pas garder tout ça pour toi. Ça te soulagerait de parler.
- Laisse tomber. Cela ne changerait rien, je suis trop vieux pour changer.
- Tu choisis la solution de facilité. Tu sais vivre avec les autres, c’est aussi être blessé et les blesser.
- Je n’ai pas besoin d’un psy, je vis comme je l’entends. Je ne suis plus un enfant. J’ai tout ce qu’il me faut.
- Greg, …
L’oncologue regarda son ami et comprit rien qu’à son regard qu’il ne l’écouterait pas. Il n’avait pas envie de le braquer encore plus. Il n’argumenta pas plus laissant son ami se calmer et espérant qu’il se rendorme sans cauchemar. Il s’éloigna un peu et se rassit dans son fauteuil tournant son regard vers la télé. Un autre feuilleton avait commencé. Il comprenait un peu mieux la passion de Gregory pour ceux-ci, ils montraient des sentiments exacerbés et des situations de la vie courante codifiées. Il se sentit triste pour son ami. Ne pas arriver à éprouver des sentiments ou ne pas savoir comment réagir, il ignorait ce que cela voulait dire. Les parents enseignaient l’amour et montraient comment se comporter. Son ami n’avait pas appris ces choses essentielles, à bien y réfléchir, il n’avait jamais parlé de son enfance, ni de sa famille. Le jeune homme commençait à se poser des questions, mais il savait qu’il faudrait plus qu’une maladie pour que Greg lui raconte d’où venait ses lacunes émotionnelles. Il avait déjà remarqué des comportements inadéquats chez lui, mais les avaient attribués à son originalité.
Il entendit la porte sonner à ce moment de ces réflexions et se leva prestement en constatant que son malade s’était rendormi paisiblement. Cuddy venait prendre des nouvelles et apportait une provision suffisante de Vicodine.
- Alors comment se passe la cohabitation ?
- Bien, il dort beaucoup. Mais son état psychologique m’inquiète bien plus que son physique.
- Que voulez-vous dire exactement par là ?
- Je ne sais pas si je suis libre d’en parler. La maladie ne lui permet pas de contrôler ses gestes et ses pensées aussi bien qu’en autre temps, il lui arrive de cauchemarder.
- Hmm… vous craigniez quelques choses de précis ou vous inquiétez-vous comme un ami peut le faire ?
- Cuddy, je parle sérieusement, il ne va pas bien psychologiquement, c’est bien pire que quand Stacy est partie. Il ne sait plus où il en est et je ne suis pas sûr qu’il l’ait jamais su.
- Craignez-vous qu’il commette une bêtise ?
- Cuddy, je ne sais pas. Il est perdu, il ne sait pas ce qu’il ressent. Il ignore comment se comporter, il essaye de calquer ses comportements sur celui de ceux qui l’entourent. Je crois qu’il a un problème plus profond que sa maladie et l’attachement qu’il ressent pour une certaine personne.
- Alors il l’aime ?
- Cuddy, c’est ce que j’essaie de vous expliquer, il ne connaît pas ses sentiments, il ne sait pas les identifier. Il n’en a pas reçu la codification, je ne sais pas si cela vient de son enfance ou d’un problème qu’il a eu plus tard. Le fait est là, il ignore totalement ce qu’il ressent.
- …
Comme elle allait répondre, ils entendirent du bruit dans le salon. Cuddy y entra aussitôt désirant examiner son patient tant qu’il était réveillé. Elle le salua et ne reçut qu’un grognement en réponse. Elle l’ausculta à fond malgré son apparente mauvaise volonté. Elle s’écarta rapidement surprise.
- Vous ne prenez pas votre traitement !
- Cuddy, vous croyez que j’ai le choix avec l’autre. Je l’avale consciencieusement dés qu’il me le donne.
- House, ne me mentez pas, vous n’avez pas pris votre traitement. Bien au contraire votre état a empiré depuis hier. Si vous suivez les instructions, ce n’est pas possible.
- Mais je vous jure…
Elle le regardait dans les yeux et il avait l’air sincère. Elle se tourna vers le jeune médecin.
- Si son état se détériore, nous allons être obligé de l’hospitaliser.
- Je refuse, vous ne pouvez pas prendre cette décision sans mon accord. Et je ne vous le donnerais jamais. Je vous ai écouté, je suis le traitement, mais je n’irai pas là-bas.
- Ne vous énervez pas, ce n’est pas encore à l’ordre…
Elle ne put terminer sa phrase, House commençait une de ses crises de toux. Wilson se retrouva immédiatement à son coté. Se demandant qui de l’énervement ou de la maladie avait causé le début de la crise. Il leur fallut prés d’un quart d’heure à deux pour calmer la toux qui ne voulait pas le quitter. A l’issue de la crise, il retomba en arrière sur les coussins et ferma les yeux, épuisé.
Cuddy fit signe à son ami de passer à la cuisine. Elle le suivit après avoir jeté un dernier regard perplexe à l’homme allongé.
- Il a raison, je lui donne moi-même le traitement et veille à ce qu’il l’avale.
- Je ne comprend pas la température est toujours aussi élevée et les crépitants ne diminuent pas. Si son état persiste, je le fais admettre à l’hôpital.
- Il refusera. Et croyez moi, si on le braque, cette histoire se finira mal.
- Nous ne pouvons pas rester à le regarder se détruire quand même.
- Nous pourrions essayer de soigner chaque symptôme séparément. Je veux dire par là qu’en plus de son traitement pour la pneumonie, nous devrions lui donner un anti-dépresseur. Il s’en apercevra, mais si nous le forçons à le prendre, nous réduirons son état psychologique. Et lorsqu’il ira mieux physiquement, nous nous occuperons radicalement de son problème.
- Ça risque de ne pas être facile. De plus, il prend déjà beaucoup de médicaments comme ça, nous risquons de sur doser sans nous en rendre compte.
- Je sais, mais ce sera toujours mieux que de le voir se détruire sans rien faire.
- Hmm… C’est une idée. Je vais retourner un instant au salon. Autant profiter qu’il dorme pour lui faire une prise de sang.
amitié,
house md,
maladie