Feb 15, 2009 00:20
« - Il a encore beaucoup de fièvre.
- Je sais, il n’a commencé le traitement que lorsque je suis arrivé. Il ne va pas bien Cuddy. Je ne comprends pas tout, mais je crois qu’il a réussi à se faire du mal tout seul.
- Je vois, il m’a bien semblé remarquer qu’il n’avait pas le moral.
- Ne jouons pas sur les mots Cuddy, il est aussi déterminé à en finir avec la vie qu’il y a six ans. Il l’a admis devant moi. Je sais qu’en psychiatrie on dit que la reconnaissance est la première phase. Mais soyons réaliste, on n’a jamais pu lui appliquer les critères standard.
- Mais enfin ce n’est pas si compliqué que cela d’admettre que l’on a besoin d’aide. Il n’a jamais réussi à comprendre que ce n’était pas une faiblesse.
- C’est plus profond que cela. Ce n’est pas d’admettre qu’il est faible qui lui pose problème, il refuse tout simplement les autres. Je suis son ami et même lorsqu’il me laisse l’aider, il s’en veut.
- Je vais vous laisser terminer votre nuit, nous reparlerons de tout cela lorsque je repasserais demain. Dites-lui qu’il a intérêt à prendre son traitement. »
Le jeune homme lui sourit. Il la laissa sortir seul et reprit sa garde dans le fauteuil. Son ami s’était rendormi depuis un moment déjà. Lorsqu’il dormait, il paraissait enfin paisible. Il ressemblait à celui qu’il avait connu avant. Avant Stacy, avant son accident, avant ses problèmes. Il aurait voulu qu’il garde cette sérénité lorsqu’il se réveillait. Mais toujours au matin, son visage reprenait son masque de cynisme et d’ironie. Ce mécanisme de défense qui lui permettait d’affronter les autres. Il avait mal de voir son ami souffrir au contact des gens. Il savait que sa vie n’avait pas été drôle, il se souvenait de tous les revers qu’il avait affrontés. Il s’en voulait même de n’avoir pas pu être là pour lui à certaines périodes. Greg lui avait toujours eu un moment pour lui lorsqu’il allait mal. Et maintenant, alors qu’il était au plus mal, il se rendait compte qu’il avait bien plus profité de leur amitié que l’autre. Il l’avait soutenu à chacun de ses divorces bien sûr il était caustique, mais toujours, il allait mieux lorsqu’ils se quittaient. Il soupira avant de s’installer du mieux possible pour finir sa nuit. Il aurait encore bien des moments pour l’introspection.
Wilson se réveilla dés que le jour se leva, ils n’avaient pas pensé à fermer les tentures avant de s’endormir. Il jeta un œil au canapé et fut rassuré de voir la forme allongée de son ami et d’entendre sa respiration. Il se leva et passa dans la cuisine pour préparer le café et le déjeuner. Il cuisina des crêpes, un des plats préférés de House. Autant prévoir des aliments qu’il appréciait sinon il prendrait le prétexte de ne pas aimer un plat pour ne pas l’avaler. Il s’installa ensuite à la table pour attendre que son ami se réveille. Il laissa ses pensées vagabonder. Il se souvenait parfaitement de l’arrivée de House dans sa vie. La première fois qu’il l’avait vu, il montait sur une estrade avec un évident déplaisir pour donner un cours qui ne l’intéressait pas. Il avait tout de suite été fasciné par le charisme de cet homme anti-conformiste. Après les deux heures de cours, il avait été le voir, celui-ci l’avait rabroué expliquant qu’il ne répondait jamais aux questions. Mais le jeune homme s’était accroché et, aux termes de plusieurs tentatives, il avait fini par percer la carapace. Ils avaient continué à se voir en-dehors des cours. Une fois qu’il eut obtenu son diplôme, ce fut même House qui lui trouva son premier poste. Depuis lors ils ne s’étaient plus perdus de vue.
Il reprit pied dans la réalité en entendant du bruit dans le salon. Il attrapa le plateau avec le repas et deux tasses de café chaud, et pénétra dans la pièce juste à temps pour voir son ami avaler deux Vicodine. Il fit la grimace.
- Vas-y doucement, on n’en aura pas d’autres tant que Cuddy ne sera pas passée.
- Oh ! Ne t’en fais pas, je peux me restreindre quand il faut.
- Mais oui, c’est ça et tant que tu y es, n’oublie pas de prendre ton traitement.
- Je t’ai déjà dit que ce n’était pas la peine.
- Greg, on ne va pas avoir la même conversation à chaque fois. Je sais que tu es mal, mais je ne te laisserai pas te détruire.
- Oh, le bon garçon, tu crois que tu seras toujours là. J’attendrais juste que tu sois parti.
- En attendant ce moment, prend tes comprimés. Et je te signale au passage que je suis encore présent pour l’instant et ce pendant les quinze jours qui viennent.
- Chouette…
Le jeune médecin installa la table et servit une assiette pour son ami. Il l’a lui tendit, l’autre s’en saisit en grimaçant. House savait qu’il ne servirait à rien de polémiquer, il ne se débarrasserait pas de lui tant que le jeune homme n’estimerait pas qu’il était rétabli. Il avala son déjeuner sans rien ajouter et se recoucha. Il se redressa quelques secondes à peine après. James comprit aussitôt que quelque chose n’allait pas, il eut juste le temps d’aider son ami à se rendre aux toilettes avant qu’il ne vomisse.
- Greg ça va.
- Qu’est-ce que tu crois ? A merveille. J’adore être malade.
L’oncologue regarda son vis-à-vis, il n’avait pas pensé que celui-ci ne garderait pas les repas. Cela allait encore compliquer le rétablissement ou en tout cas le rendre plus long. Il était nécessaire qu’il se nourrisse. Si cela continuait comme cela, il n’aurait qu’une option : le faire rentrer à l’hôpital. Ils refirent le chemin en sens inverse et il réinstalla son ami dans le canapé.
- Ca va ?
- Je ne suis pas en sucre, juste malade.
- Tu veux regarder la télé. Ou autre chose.
- La télé c’est très bien.
Il alluma l’écran et s’installa dans le fauteuil. Il jetait de temps à autre un regard à l’homme couché. Au bout d’une demi-heure, il avait replongé au pays des rêves. Wilson soupira, il ne savait pas comment se comporter, son ami était malade et déprimé, et lui se demandait seulement comment l’aider. Et pourtant, il aurait voulu faire plus. Il aurait voulu que Greg n’ait jamais eu à vivre ce qu’il avait vécu. Il aurait voulu que tous autour de lui soit heureux.
Au bout de quelques instants, James fut attiré par des marmonnements, il sourit amusé par l’ironie de la situation, son ami parlait en dormant. Peut-être qu’en l’écoutant, il en apprendrait plus.
- J’aurais dû te le dire, te faire comprendre… Mais je n’en suis pas capable… Jamais je ne me suis attaché à quelqu’un… Je ne sais pas comment faire, que dire, comment agir… Oui j’ai déjà vécu avec quelqu’un,… je l’estimais,… je m’étais habitué à avoir une présence… Pourtant avec toi c’est différent,… je voudrais pouvoir te dire ce que je ressens… et toujours je reste bloqué… Je n’y arrive pas… Je ne sais pas aimer…
Wilson écoutait son ami, il souffrait de ce qu’il entendait. Il s’aperçut à ce moment-là qu’il s’était tu et pleurait doucement recroquevillé sur lui-même. Il s’approcha lentement ne sachant comment l’autre réagirait s’il s’apercevait qu’il l’avait surpris dans un moment d’abandon. Il finit néanmoins par lui attraper le bras en s’apercevant qu’il commençait à suffoquer. Il décida de le réveiller. Il ne pouvait pas le laisser s’étouffer. Il raffermit sa prise sur son bras et le secoua.
- Greg, réveille-toi, c’est un cauchemar. Greg, tu m’entends.
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