L’Attaque de Charlie Hebdo : Une Réflexion

Jan 19, 2015 03:31

Les événements du 7 Janvier 2015 ont soulevé à nouveau une foule de questions. Personne ne niera le fait que les meurtres étaient barbares, et que les dessins en question ne méritent pas une telle réaction. Cependant, cet incident remet en doute la liberté d’expression et le droit des medias de l’exercer. Devrait-on publier des images blasphématoires, au risque d’offenser un groupe minoritaire ? Les medias devraient-ils compromettre leur liberté d’expression afin de protéger la sécurité de la population?
La France a mis en place des lois strictes prohibant le racisme et les discours de haine. Tout discours qui inciterait à la haine et la discrimination sont interdits, ainsi que les discours qui inciteraient au terrorisme et nieraient les crimes contre l’humanité. Comme le blasphème n’est pas dans cette catégorie, les bande-dessinées de Charlie Hebdo sont considérées légales aux yeux de la loi française.
Une des images les plus fameuses du journal est celle de Mahomet en train de tourner un film pornographique. Cette image a été citée mainte fois comme preuve que Charlie Hebdo était un journal raciste. En effet, l’image est censée être offensive, une provocation par l’artiste pour savoir à quel point on peut repousser les limites. Mais le journal est anticlérical, et vise à toutes les religions.
D’ailleurs, il est difficile de définir en quoi consiste le blasphème car il y a tant d’interprétations du Coran. Certaines prohibent les représentations des prophètes (par exemple Jésus-Christ), et d’autres, moins exigeantes, conseillent qu’on ne fasse pas de représentations de Mahomet afin d’éviter l’idolâtrie. Si les medias créaient des exceptions pour les interprétations différentes, ils risqueraient de perdre progressivement leur liberté d’expression. Nous ne devons pas céder aux menaces des terroristes ou vivre dans la peur.
Après les attentats, plus de 3 million de Français sont allés dans les rues pour condamner les actes terroristes et manifester pour la liberté d’expression. Bien que l’idéologie semble claire, il y avait parmi la foule des islamophobes, des racistes, et bizarrement, le Premier Ministre Israëlien Benyamin Netanyahou, qui étaient tous là pour un but commun : montrer leur solidarité avec Charlie Hebdo. Malgré les exhortations de François Hollande à refuser les amalgames, cette grande manifestation pour « le droit d’offenser les musulmans » (en l’occurrence, car elle était une acte de résistance contre les terroristes) aurait pu être mal interprétée par les musulmans comme une acte de solidarite avec un journal qui les humilie. De surcroit, l’interdiction du voile intégral et du port de signes religieux dans l’espace publique, au prétexte de libérer des femmes, a été déjà mal perçue comme encore une discrimination contre les musulmans. Tous ces incidents contribuent à l’impression que la France devient de plus de plus islamophobe, et les citoyens musulmans qui ne se sentent pas les bienvenus dans leur propre pays pourraient être attirés par le radicalisme.
Aujourd’hui, l’Islam, comme le Christianisme, suit sa propre évolution, une progression normale dans un pays modéré et libéral. Seul 5% de la population musulmane en France va à la mosquée régulièrement, et presque 20% sont athées. Même si les medias ont le droit d’exercer leur liberté d’expression, cela pourrait être plus prudent de prendre en considération la position des musulmans en France à cette époque.

Quoique j’admire le principe de laïcité et la forte tradition satirique en France, je pense qu’on ne doit pas traiter les artistes de Charlie Hebdo en tant que martyrs. Les français auraient pu suivre l’exemple Australien où une prise d’otages avait lieu deux semaines auparavant. Suite à l’attentat, les citoyens australiens ont crée l’initiative « i’ll ride with you » (je vous accompagne) de crainte que les musulmans seraient les victimes d’actes antimusulmans. Plus que 200 000 personnes ont proposé d’accompagner les musulmans dans les transports publics afin de les protéger et montrer leur solidarité avec la communauté musulmane.
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