(no subject)

Apr 24, 2013 00:43

J'étais en train de rédiger mon rapport de stage, quand soudain j'ai levé le nez et que je me suis relue:

"Ce stage m’a permis de confirmer ma conviction de m’orienter vers la psychologie clinique à l’issue de mes études ; par ailleurs il m’a permise de m’ouvrir à d’autres perspectives quant à mon avenir professionnel. Je pensais me spécialiser à l’issue de ma formation et me tourner vers une population préférentiellement adolescente et adulte, et je n’avais jamais pensé jusque maintenant à une population plus âgée, vieillissante ; peut-être parce que dans notre cursus, et je le constate à regret, peu d’informations nous sont données concernant les personnes âgées. Réaliser un stage au sein d’une EHPAD, même d’une durée relativement courte (100h), m’a permise de me familiariser aux problématiques liées au vieillissement, et de confronter mes représentations à la réalité. Il me semble que les théories constituent une chose, mais le rapport et la rencontre à l’autre, une autre ; à la fois tellement plus complexe, et à la fois sensiblement plus simple. Finalement j’en viens à constater que peu importe l’âge des personnes  que nous avons en face de nous, il s’agit toujours des mêmes problématiques et des mêmes questions existentielles qui nous taraudent tous, et ce à chaque âge et étape de la vie. Certes, certaines questions sont plus spécifiquement liées aux personnes âgées, mais du reste, lorsqu’il s’agit de l’angoisse de l’avenir ou de la solitude, qui pourrait prétendre en être épargné ? "

Je crois que je me suis laissée un peu emporter LOL

Je sais pas si on peut parler d'entretien à proprement parler, ou de simple discussion, mais aujourd'hui j'ai eu l'occasion de converser longuement avec une dame (appelons-là Mme B.), qui est une résidente souffrant de la maladie d'Alzheimer. Sa maladie avance, et elle en a conscience. Ce qui lui semblait évident de faire autrefois, ne l'est plus, et elle perd ses repères. Elle m'a répété à de nombreuses reprises (je dirais très sincèrement une quinzaine de fois en une heure, une heure et demie), qu'elle était complètement perdue, qu'elle ne saurait pas retrouver le chemin de son appartement après le repas, que ça l'angoissait, qu'elle était capable de ça auparavant, et puis qu'est-ce qui se passe si elle ne peut pas retourner chez elle? Ce à quoi à chaque reprise j'ai essayé de la rassurer en lui rappelant la présence d'infirmières et d'aides-soignantes sur lesquelles elle pouvait compter si elle nécessitait de quoi que ce soit. Et ce qui était troublant, c'est qu'elle oubliait à chaque fois qu'il y avait des aides-soignantes présentes pour l'aider, moi-même que j'étais stagiaire, mais elle se rappelait d'une chose: mes jours de présence au sein de la résidence, alors que je lui avais dit l'information une seule fois. C'est quelque chose qui m'a beaucoup touchée en fait.

Il me semble qu'il y a autre chose aussi, de très important, dans la relation d'aide: celle de se sentir vraiment compris par l'autre. Et l'on se rend compte de cela lorsque l'on essaye de poser des mots sur les maux de l'autre, et soudain il y a un éclair de lucidité dans le regard, suivi d'un sentiment de soulagement; comme si, voilà, ça y est, mon angoisse a une raison, mon angoisse a un nom, et il me semble désormais que j'aurais plus d'emprise sur elle.

C'est mon premier stage, et il est d'une durée relativement courte, mais je crois que de ce que j'ai pu voir pour le moment, je peux affirmer une chose: le contact à la personne âgée, c'est quelque chose de très fort. Lors de ma première rencontre avec ma psy' référente, elle m'a dit quelque chose qui m'a vraiment marquée. Lorsque je lui ai demandé si elle avait toujours voulu travailler avec des personnes âgées, elle m'a répondu que non, mais que c'était là où elle avait trouvé du travail donc qu'elle s'était lancée, mais que maintenant elle adorait. Je lui ai demandé ce qu'elle appréciait particulièrement, et là elle m'a répondu: "tu sais, ce qui est bien avec les personnes âgées, c'est qu'on ne peut pas leur mentir. On est obligés d'être tout entiers et de se montrer tel que l'on est vraiment face à eux". Je n'ai pas compris sur le coup ce qu'elle voulait dire, mais plus tard oui, lorsque j'ai eu en face de moi cette vieille dame avec qui j'ai à peine échangés quelques mots et qu'on s'est regardés droit dans les yeux. Je peux pas expliquer la profondeur des regards des personnes âgées, c'est hyper destabilisant en fait. Tu ne peux qu'être honnête avec eux, comme disait B. Si t'es faux-cul ou méprisant, ils le ressentent direct; à l'inverse si tu leur fais un compliment sincère, là ils le ressentent (presque deux fois plus j'ai envie de le dire), et tu le vois qu'ils sont vraiment touchés.
Je pense qu'ils sont tellement sensibilisés par l'isolement et la solitude, que de ce fait ils sont très réceptifs au rejet (ou au contraire aux attentions). Alors leur accorder ne serait-ce qu'un peu de temps, un sourire, les saluer quand tu passes devant eux, les écouter, leur tenir la main, avoir un mot gentil; dans ces moments ils se sentent exister, et à leurs yeux c'est vraiment tout l'or du monde. Et putain, ils te le rendent tellement bien.

PS: Je suis désolée, je crois que cet article est très décousu, j'écris comme un pied et je balance les informations n'importe comment >< Bien que je dispose de peu de temps ceci n'est pas une raison, et je ferais plus d'efforts la prochaine fois.
La bise!
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