Prison Break - Bonne idée : Lincoln (2/4)

Oct 14, 2006 12:19

Titre : Bonne idée - Lincoln (2/4)
Auteur : clair-de-lune
Spoilers : Saison 2, épisode 4
Public : Tout public
Résumé : Comme il le disait, ce n'était pas une bonne idée.

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Ce n’est pas une bonne idée, Michael peut dire ce qu’il veut, entrer par effraction dans l’appartement du médecin d’une prison de haute sécurité / fille du Gouverneur de l’état / soupçonnée d’usage de stupéfiants et de complicité d’évasion... faire ça lorsque l’on est deux détenus en fuite, ce n’est pas une bonne idée, et Lincoln en connaît un rayon en matière de mauvaises idées. Michael a souvent de bonnes idées - en tout cas, il sait comment réaliser des trucs dingues - mais pas quand il a descendu quatre ou cinq scotches. Puisque c’est à peu près ce qui lui a fallu pour commencer à délirer. S’il en avait jamais douté, Lincoln en a maintenant la preuve. Ce n’est pas qu’il avait envie de l’accompagner, mais il ne pouvait décemment pas le laisser faire ça tout seul, et il le connaît assez pour savoir qu’il n’aurait pas pu l’en dissuader. Il doit aussi reconnaître qu’il se sent un peu responsable étant donné que sans lui, Michael n’aurait pas bu, donc pas déliré, donc pas... CQFD.

Aussi, il crapahute à deux heures du matin sur un escalier de secours, force une porte-fenêtre, entre dans l’appartement d’une jeune femme qui a fichu une partie de son existence en l’air pour les aider. C’est peut-être aussi pour ça que ce n’est pas une bonne idée. Il est reconnaissait à Sara Tancredi de ce qu’elle a fait. Il préférerait juste ne pas avoir à la regarder en face tant qu’elle doit assister à des réunions de soutien pour ne pas replonger dans ses mauvaises habitudes.

Devant lui, Michael butte dans une chaise, ce qui fait un bruit à réveiller la moitié de l’immeuble, et lâche un « chuuut » assez fort pour mettre en alerte l’autre moitié. Lincoln espère que le Doc’ ne dort pas avec un flingue dans sa table de chevet, il n’a pas envie de se retrouver de nouveau face à un arme tenue par une femme bafouée par son petit frère. Il suit Michael dans le salon et il le voit faire un écart sur le côté, mais il n’y prête pas vraiment garde, partant du principe que Michael a peut-être un peu de mal à marcher droit, cette nuit. Cela se révèle être une erreur de sa part : avant qu’il ait pu réagir, il sent quelque chose le frapper brutalement derrière les genoux et il part à la renverse, les bras battant dans les airs, avant de retomber lourdement sur le plancher. Sur le postérieur.

Comme il le disait, ce n’était pas une bonne idée.

Lorsque la lumière s’allume, il voit le docteur Tancredi, équipée d’une batte de base-ball, en train de batailler contre Michael qui essaye de la désarmer. Batailler contre Michael est une façon de parler, il s’y prend de telle façon qu’elle ne risque pas grand chose. En revanche, Linc trouve quelque peu humiliant d’avoir été mis au tapis par une femme faisant la moitié de son poids. Puis la situation semble leur échapper à tous les deux, tout comme le contrôle de la batte, et il a juste le temps de se pencher en avant en repliant d’instinct les bras sur son crâne. Il sent comme un courant d’air quand le bois lisse de l’engin lui frôle la nuque et il ne peut retenir un « Putain de bordel de merde ! » qui a au moins le mérite de calmer tout le monde.

« Doc’..., » dit-il en espérant qu’elle va les reconnaître. Les reconnaître et ne pas réagir comme Lincoln redoute qu’elle réagisse. Parce qu’après tout, elle tient une batte de base-ball. Elle a beau faire la moitié de son poids, une femme en colère tenant une batte de base-ball, c’est rarement une bonne chose.

« Lincoln ? demande-t-elle avec une pointe de surprise.

- Sara..., soupire Michael.

- Michael ? » OK, on a fait le tour des présentations, songe Lincoln sans bouger. « Michael ? » répète-t-elle, et le contraste entre son visage angélique et son expression présentement furieuse est saisissant. Puis elle le voit, toujours assis par terre et immobile, et lui demande avec un soupçon d’inquiétude : « Lincoln, vous allez bien ? »

Il comprend qu’elle soit inquiète. Ce serait quand même dommage qu’elle ait fait tout ça pour finalement lui fracasser le crâne au milieu de son living room.

Mais il est en pleine forme. On a essayé si souvent de le tuer, de façon légale ou non, au cours des dernières semaines, ce ne sont pas un ou deux coups de batte de base-ball qui vont avoir raison de lui. Elle lui offre sa main pour l’aider à se lever, et il la prend parce qu’il n’est franchement plus à ça près. Michael les regarde d’un air morose, la lèvre inférieure poussée en avant en une moue boudeuse, et Lincoln songe que son frère en fait un tout petit peu trop.

Elle ne lâche pas la batte lorsqu’elle se retourne pour aller fermer les rideaux sur les fenêtres, mais Lincoln est a peu près sûr qu’elle ne s’en servira pas de nouveau contre lui. Il n’en mettrait pas sa main à trancher en ce qui concerne Michael.

Michael qui, soit dit en passant, aime vivre dangereusement car il profite de ce qu’elle revient vers eux pour aller à sa rencontre et l’enlacer. Il la serre contre lui à l’étouffer tout en lui reniflant les cheveux. Lincoln regarde la scène avec un certain embarras et un soupçon de bienveillance.

« Vous sentez bon, » annonce Michael avec un sens de l’à-propos proche du zéro absolu.

Lincoln voit le visage de la jeune femme, écrasé contre l’épaule de son frère, revêtir une expression perplexe. Elle se défait de son étreinte et le détaille avec intérêt.

« On ne peut pas en dire autant de vous, » remarque-t-elle, puis elle se tourne vers Lincoln. Il fait passer son poids d’une jambe sur l’autre lorsqu’elle le fixe, pas seulement parce qu’il a mal au bas du dos, mais aussi parce que le regard semble... accusateur. Comme si tout ça était de sa faute. Et OK, ça l’est... en partie en tout cas, mais elle ne peut pas savoir ça. « Il est... ivre ? »

Le ton est légèrement incrédule. Michael fait cet effet là aux gens, l’incrédulité. En l’occurrence, le docteur Tancredi peut parfaitement admettre qu’il a organisé une évasion mais elle ne le croyait pas capable de se saouler comme le pékin moyen.

« Un peu, avoue-t-il. Passablement, même.

- Je suis désolé, Sara, je suis vraiment désolé. Il faut me croire, ce que je vous ai dit au téléphone... » fait Michael en imaginant Dieu sait pourquoi que le moment est opportun pour ce genre de déclaration.

Il tend la main vers elle en prenant cet air qu’il arborait quinze ans plus tôt quand Linc et lui avaient le choix entre un blockbuster au ciné et deux entrées à une expo d’art moderne au musée. La réaction du Doc’ est à peu près du même acabit que celle de Linc à l’époque : elle désarme. Elle laisse la batte pendre le long de sa jambe et elle ne cherche même pas à se dégager quand Michael serre sa main dans la sienne.

« Quelque chose me dit que vous serez encore plus désolé demain matin, » relève-t-elle avec un sourire. Le ton un peu narquois laisse entendre qu’elle n’est tout de même pas aussi influençable que l’était Lincoln.

Aussi éméché soit-il, Michael n’a pas perdu son sens de l’ironie (tout à l’heure, quand devant la porte Lincoln ne voulait pas forcer la serrure, il lui a balancé d’un air supérieur Oui, tu as raison parce que si on nous retrouve, ce sera le délit d’effraction qui te coûtera le plus cher et Linc a dû prendre une profonde inspiration pour ne pas faire demi-tour, redescendre l’escalier de secours et le planter là.) Mais de toute évidence, l’alcool lui a ôté toute capacité à déceler le sarcasme dans le ton de ses interlocuteurs car il répond, mortellement sérieux et un brin mélodramatique :

« Je suis un peu plus désolé à chaque instant qui passe. »

et Sara lève les yeux au plafond. Elle semble prendre une décision et leur désigne le canapé d’un geste vague, puis elle se dirige vers la cuisine. Avant d’y entrer, elle remarque que Lincoln se masse encore les reins et elle lui demande, sans qu’il sache trop s’il s’agit d’une réelle inquiétude ou d’un simple réflexe professionnel :

« Vous avez mal quelque part ?

- Non, ça va, » dit-il rapidement. Pour être tout à fait honnête, il a mal au coccyx et il est à peu près certain qu’il est bon pour deux ecchymoses disposées de façon parfaitement symétrique, mais il ne va pas lui dire ça, et encore moins la laisser l’examiner. Tout homme à ses limites, et c’est là la sienne.

« Vous êtes sûr ? C’était une sacrée chute. »

Il lui est infiniment reconnaissant d’insister sur le sujet, c’est tout à fait le genre de discussion qu’il aimerait pouvoir développer dans le futur.

« Certain, Doc’. »

Depuis le canapé, il la voit s’activer dans la cuisine : elle s’assure que la porte-fenêtre est verrouillée, prépare du café, des verres, un petit flacon. Lorsqu’elle revient dans le salon, il fait mine de se lever pour l’aider mais elle lui dit de ne pas bouger.

« Vous n’avez pas à faire ça, Doc’.

- Je suis toujours médecin, je dois toujours assistance aux malades. Même si récemment, j’ai été un médecin camé jusqu’aux yeux. »

Il y a une bonne dose d’autodérision dans sa voix et il réalise que c’est sans doute le meilleur moyen qu’elle a trouvé pour ne pas s’apitoyer sur son sort. Elle pose une petite bassine bleue près de Michael, à qui elle ne prête aucune attention lorsqu’il lui déclare :

« Vous êtes ravissante, Sara, et tellement douce et gentille.

- Ceci étant dit, ajoute-t-elle, s’il dégobille, c’est vous qui nettoierez. »

Michael la regarde à présent avec un intérêt non voilé et continue de déblatérer. Lincoln essaye de trouver quelque chose à dire, n’importe quoi qui interromprait les divagations de son frère.

« Donnez lui des aspirines avec son café, dit Sara.

- Je dois reconnaître qu’en une ou deux occasions... » continue Michael. Son débit est lent et un peu pâteux, mais sa syntaxe remarquable pour quelqu’un dans sa condition. « ... je me suis laissé aller à imaginer ce que vous pouviez porter pour dormir. Ou ne pas porter d’ailleurs. Je n’ai jamais imaginé qu’il pouvait s’agir d’un pyjama rose avec des nounours. Mais c’est charmant. Vous êtes charmante, Sara, » proclame-t-il avec exaltation.

Lincoln sursaute.

« Eh Michael ! On peut se passer de ce genre de commentaire. »

La jeune femme est écarlate. Lincoln ne sait pas trop, toutefois, si c’est de colère ou d’embarras, ou si elle est seulement en train de fournir des efforts désespérés pour ne pas éclater de rire. Considérant la façon dont elle pique soudain du nez dans sa tasse, il penche pour la dernière option. Demain, s’ils sortent d’ici vivants, il va prendre un plaisir sans nom à raconter la nuit à Michael, qui l’aura forcément oubliée.

« Oh ? J’ai dit ça à voix haute ? » Il trempe les lèvres dans sa tasse de café et la repose avec une grimace. « Ce n’est pas sucré.

- Non, fait Sara en poussant vers lui la tasse, deux grands verres d’eau et les comprimés d’aspirine, et estimez vous heureux que ce ne soit pas un café salé. Buvez, maintenant. »

Il s’exécute en laissant ouvertement paraître tout le mal qu’il pense du café non sucré. Lorsqu’il s’effondre contre le dossier du canapé et commence à ronfloter, Lincoln pousserait presque un soupir de soulagement en songeant que les déclarations intempestives sont terminées.

« Doc’... » Il se rend compte que contrairement à son frère, il ne parvient pas à l’appeler par son prénom. Ce qui n’est pas très gênant si l’on considère le fait qu’elle ne l’a pas invité à le faire. « ... Michael a un plan. »

Le "plan" est la raison officielle avancée par Michael. Lincoln soupçonne fort qu’en réalité il ait seulement voulu s’assurer de visu que le docteur Tancredi allait bien. Aussi bien que possible en tout cas. Le "plan" ne nécessitait pas qu’ils viennent ici. La preuve, c’est que Michael dort sur le canapé au lieu de mettre le "plan" en application.

Soit dit en passant, Lincoln n’a pas bien compris en quoi consistait au juste ce plan. Il est à peu près sûr que Michael ne le lui a pas expliqué clairement, tout simplement parce que Michael n’était pas en état d’expliquer quoi que ce soit ce soir, clairement ou non.

La jeune femme le regarde par-dessus le bord de sa tasse, pas le moins du monde impressionnée.

« Michael a toujours un plan. »

Oh. Elle ne le connaît que depuis deux mois et elle le connaît déjà. Sans rien ajouter, elle pose la tasse sur la table et se lève. Linc songe qu’il est sans doute temps qu’ils s’en aillent - ils n’auraient jamais dû mettre les pieds ici, le plus tôt sera donc le mieux.

« Restez là, reposez-vous, laisse tomber le Doc’. Je vais me recoucher.

- Quoi ? dit-il en réponse à la première affirmation. Quoi ? ajoute-t-il en réponse à la seconde. On ne peut pas rester là, on ne devrait pas être là. La moitié des flics de... »

Elle le regarde avec cet air qu’a parfois Michael quand il le regarde et qui laisse à penser que les neurones entre eux deux n’ont pas été répartis de façon équitable. Puis elle se penche vers lui et lui tend la main par-dessus la table basse. Sans réfléchir, il la prend et la serre, parce qu’il est trop stupéfait par ce qu’elle est en train de dire pour faire autre chose.

« Nous n’avons pas été présentés. Sara Tancredi. Mon père est le Gouverneur de l’état et le futur Vice Président du pays. J’ai aidé huit dangereux criminels à s’évader d’un pénitencier de haute sécurité, puis je me suis shootée à la morphine, dit-elle d'une traite d’un ton un peu moqueur. Pour les premières raisons, le Secret Service a pris ses quartiers autour de mon immeuble. Pour les secondes, les flics et le FBI me tiennent à l’oeil. »

Lorsqu’elle s’arrête de parler, il est essoufflé pour elle. Elle dégage sa main que, se rend-il compte, il tenait toujours.

« Si les uns ou les autres avaient remarqué votre présence, ils seraient déjà dans ce salon, dit-elle avec bon sens. Je vous suggère donc d’en profiter pour vous reposer, puis de sortir discrètement demain, quand les gens partiront au travail et qu’il y aura davantage de passage. » Il remarque qu’elle ne lui dit pas qu’elle veut savoir quel est le plan de Michael. Il se demande si c’est parce que ça ne l’intéresse pas ou si c’est parce qu’elle ne veut pas que ça semble l’intéresser. « Je suis sérieuse, si Michael vomit, vous nettoyez. La salle de bains est là-bas, dit-elle en désignant une porte, et la cuisine... vous savez déjà où est la cuisine. »

Elle se lève, calme et contrôlée, et il la retient avant qu’elle puisse s’éloigner. Il ne comprendra jamais les femmes, pense-t-il, et d’une certaine façon, il est rassurant de savoir qu’il existe quelques constantes dans son existence.

« Doc’ ? Vous n’êtes pas... en colère ? » A sa place, il serait en colère. C’est une des raisons pour lesquelles il pensait (et pense toujours) que venir ici n’était pas une bonne idée.

Elle baisse les yeux sur lui, et le contraste entre son visage délicat et son regard furibond est aussi frappant que quelques minutes plus tôt.

« Si, répond-elle. Je suis en colère. Mais l’objet de ma colère étant endormi sur mon canapé, je ne vois pas l’intérêt de l’exprimer pour l’instant. »

Et avant de sortir du salon, elle ramasse sa batte de base-ball.

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14-15 septembre 2006

fic: bonne idée, fanfic, fandom: prison break

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