Titre : Faux pas : Contre danse
Auteur :
clair-de-luneSpoilers : ---
Public : > 15 ans
Disclaimer : Pas à moi. Je les emprunte pour quelques lignes et les rends juste après.
Notes : C’est un contrepoint et non une seconde partie, mais il est quand même plus logique de commencer par lire
Faux pas. J’aurais pu essayer de faire quelque chose de complètement différent mais... non. Au contraire, je me suis appliquée à respecter la même structure.
La première fois que cela se produit, c’est parce qu’il est trop tôt le matin. Il n’est pas encore tout à fait réveillé qu’il est déjà sur la table d’examen, l’esprit embrumé, et il ne se souvint pas exactement à quoi il a rêvé, mais de toute évidence, c’était agréable. Les allers et venues du docteur Tancredi tout près de lui n’arrangent pas sa situation.
Elle est pâle et s’agite nerveusement, ne remarque pas qu’il essaye de lui adresser un sourire apaisant, et bien entendu, elle finit par trébucher sur le tabouret qui se trouve dans le passage. Elle bascule avec un juron, une main sur la table d’examen, l’autre sur lui, et un coup de pied agacé dans le siège pour s’en débarrasser. Il tressaille et essaye de se dégager, mais sa seule échappatoire est vers l’avant et elle n’est absolument pas viable. Lorsque Sara relève la tête, il se souvient pourquoi un homme dans sa condition devrait s’asseoir en gardant les mains croisées devant lui.
Il essaye de trouver quelque chose à dire, mais tout ce qui lui vient à l’esprit, c’est l’injonction "Réfléchis". Son cerveau toujours hyperactif est parti en vrille, et il soupçonne que celui de Sara a suivi le même chemin car elle le regarde bien en face et, avec une expression déterminée, enfouit la main dans la ceinture de son pantalon. Il n’ose pas bouger, n’ose pas respirer, il ne sait pas trop s’il souhaite ou s’il redoute que quelqu’un les arrête. Il serre les doigts sur le bord de la table et se penche en avant, le front à quelques centimètres de l’épaule de la jeune femme, le visage dans ses cheveux. Il ferme les yeux et oublie où il est. Il espère qu’il ne fait pas de bruit.
Quand elle le libère, elle regarde sa main d’un air indécis puis l’essuie sur sa blouse. Même la crudité du geste ne le ramène pas tout à fait à la réalité.
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La deuxième fois que cela se produit, c’est à cause de Bellick, qui décide d’une fouille générale alors qu’il se trouve dans les fondations du bâtiment. Sucre l’appelle, il s’ouvre l’arcade sourcilière en revenant précipitamment dans la cellule et un gardien doit le conduire à l’infirmerie. Il se souvient de ce qu’il s’est passé la dernière fois qu’ils étaient seuls ici : il en tiendra pour responsable le principe de réciprocité, ainsi que ses bonnes manières, selon lesquelles un cadeau appelle un cadeau.
Elle lui tourne le dos une première fois pour jeter quelques compresses, et il étudie avec intérêt la ceinture de son pantalon. Pratique. Elle lui tourne le dos une seconde fois, délibérément, en pivotant vers son bureau, et il descend de la table d’examen où elle l’a abandonné parce que, si ce n’est pas une invitation, c’est en tout cas un acquiescement tacite. Elle ne bouge pas lorsqu’elle l’entend avancer et elle ne proteste pas en sentant qu’il l'étreint et glisse une main sous ses vêtements. Il trouve exactement ce qu’il cherchait et il sourit et explore avec minutie. Elle plaque ses hanches contre lui, étire un bras vers l’arrière pour le serrer plus étroitement contre elle, mais il se contente de murmurer un "chut" et de lui voler un baiser au creux de la nuque.
Ses jambes la lâchent et, avec un soupir, elle s’effondre doucement contre lui ; il en oublierait presque le principe de réciprocité.
Quand il la libère, il regarde sa main et, avec un petit sourire, elle lui tend sa blouse. La complicité du geste lui fait perdre le peu de connexion qu’il avait encore avec la réalité.
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La troisième fois que cela se produit... il pourrait sans doute trouver une raison valable, mais la vérité est qu’il a passé plusieurs heures allongé à l’infirmerie avec de la fièvre, à l’observer tandis qu’elle vaquait à ses occupations. Elle a éteint quelques heures plus tôt le plafonnier pour qu’il puisse se reposer, seule sa lampe de bureau est encore allumée et dessine des ombres étranges sur les murs. Ils sont seuls dans la salle où règne un silence inhabituel. Disons que la troisième fois que cela se produit, c’est à cause d’Abruzzi, parce qu’elle craint une infection de la blessure que lui a infligée John et elle le consigne à l’infirmerie. Il faut bien un responsable et ce ne sera pas le pire forfait inscrit au palmarès de John.
Tard dans la soirée, elle lui pose un thermomètre sur le front et déclare que la fièvre est retombée. Cette assertion lui tire un sourire un coin ; elle évite de croiser son regard quand elle la prononce.
« Je peux regagner ma cellule, alors ? »
Elle lui dit oui mais elle ne fait pas un geste pour appeler le gardien. Elle coule un regard rapide en direction de son fauteuil de bureau.
Ensuite, il est à peu près sûr d’être victime d’une sorte de trou noir temporel, c’est la seule explication raisonnable. Car un instant il pose une question presque innocente, le suivant il tombe lourdement sur le fauteuil. Ses mains remontent le long des jambes de Sara tandis qu’elle déboutonne, ouvre, écarte tout ce qui peut la gêner et finalement se laisse glisser sur lui. Le tout manque un peu de raffinement mais compense par une bonne dose d’enthousiasme, et ils bougent de concert comme si chaque mouvement avait été dûment chorégraphié. C’est la première fois qu’il réalise que les meilleurs plans ne sont pas nécessairement les plus élaborés. Il resserre son étreinte sur elle et elle lui pose une main sur la nuque ; il la resserre un peu plus et la main retombe et descend, bataille contre sa chemise et son tee-shirt, recherchant de la peau à caresser. Elle part de ses reins vers ses épaules, les ongles s’enfonçant dans la chair, trop légèrement pour laisser des traces et il le regrette un peu. Il chuchote dans son cou mais les phrases bien maîtrisées dont il a l’habitude lui font défaut et tout ce qui sort c’est oh et hum et Sara. Il pense toutefois que cela traduit l’essentiel de sa pensée.
Il sent la chaise rouler un peu vers l’arrière et buter contre le mur, et un sourire bref lui échappe parce que la métaphore est impeccable - dos au mur, plus moyen de reculer. Il ne pense pas que Sara s’en rende compte, ou si elle s’en rend compte elle n’y prête aucun intérêt, et il capture sa main libre, la presse dans la sienne, mélange leurs doigts. Elle serre en retour, avec une force étonnante, et mord dans son oreille. Pas dans la chair mais dans le cartilage, et il sursaute et songe que la réalité est vraiment quelque chose d’étrange, voire de surévalué. La réalité - sa réalité actuelle en tout cas - est un endroit où un éclair de douleur déclenche une vague de félicité. Il ferme les yeux et il est à peu près sûr, cette fois, qu’il n’est pas silencieux.
Il ne la libère pas tout à fait, même quand, le visage encore dans son cou, il devine qu’elle se retourne pour regarder en direction de la porte en un réflexe un peu tardif d’inquiétude. Il lui tient la main et l’aide à se redresser, puis du bout des doigts il lui remet en place quelques mèches de cheveux, arrange son corsage, rabat sa jupe sur ses genoux. Sa blouse est froissée et tire-bouchonnée, mais il n’y touche pas. Il n’a jamais eu le fantasme de la blouse blanche, mais il pense qu’il ne pourra plus jamais en regarder une de la même façon.
Ses gestes sont hésitants et il est conscient qu’il cherche avant tout à prolonger le contact. Il se dit qu’il devrait au moins éprouver un vague sentiment de culpabilité, mais en la regardant, il comprend qu’aucun d’eux n’en est là, bien au contraire, et il lui sourit.
Il trébuche quand il se relève à son tour et il jurerait presque qu’elle est satisfaite de cette maladresse.
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Elle s’assoit avec hésitation derrière son bureau et se demande si elle ne devrait pas faire acheter une nouvelle chaise. La peau dans son cou chauffe là où le menton de Michael a frotté avec insistance, mais elle n’a pas réellement envie de faire quelque chose pour apaiser l’irritation.
Elle cherche en elle un sentiment de regret ou au moins de remords. Elle cherche vraiment.
-FIN-
18-19 septembre 2006 (oui, ça date un peu *grin*)
Je n'avais pas l'intention de poster ça avant le début de la semaine prochaine. Puis j’ai vu le nombre de fanfics attendant d’être publiées et... faut que je continue de déblayer :-/