Titre : En privé
Auteur :
clair-de-luneDemandé par :
alohomoraaPersonnages : Michael, Lincoln
Prompt : Linge sale
Public : G
Mots : ~ 890
Disclaimer : Ils ne sont pas à moi. Je les emprunte un instant et les rends dans quelques lignes.
Résumé : On ne lave pas son linge sale en public.
Notes : Ecrit pour
pbff_echange. Merci à
niennanou pour la beta-lecture.
On ne lave pas son linge sale en public. C’est une leçon que Linc lui a enseigné et il ne l’a pas oubliée.
* *
« Beurk, lâche Lincoln, le nez plissé de dégoût tandis que Maman retire les draps du lit et les lance en boule dans un coin de la chambre.
- Il ne se rend pas compte, dit-elle patiemment.
- Il se rend assez compte pour venir pisser dans mon lit au lieu de rester dans le sien !
- On ne dit pas p... On n’utilise pas ce mot, Lincoln, » réprimande-t-elle de façon automatique.
Michael est assis au pied de son lit, les bras enroulés autour de ses genoux remontés et la tête basse, pendant que Maman change les draps de Lincoln. Un malheureux accident de plus. Maman et le docteur disent qu’il marche et fait des trucs en dormant ; Linc prétend qu’il le fait exprès. Pour sa part, il pense que p... bref... sur le lit de Lincoln est déjà bien assez embêtant, mais il redoute ce qu’il pourrait faire d’autre - casser quelque chose, faire du mal à quelqu’un, sortir dans la rue et se perdre...
Tétanisé par cette idée, il reste immobile dans le noir une fois que Maman est sortie et que la lumière a été éteinte. Finalement, Lincoln soupire et lui demande : « Tu veux dormir avec moi ? » comme s’il avait compris ce qui le tourmente. En un clin d’oeil, Michael bondit hors de son lit et se faufile dans celui de Linc. « Essaye juste de te souvenir que ça, c’est mon lit, pas les chiottes. » Il sourit malgré lui et se cale confortablement contre le dos de son frère.
Les draps sentent la lessive et Maman et Lincoln.
Lincoln l’a asticoté pendant des années à propos de ses virées nocturnes et de leurs conséquences. Il était à la fac qu’il en entendait encore parler - bon sang, ils sont à bord du cargo faisant route vers le Panama qu’il en entend encore parler. Mais Linc n’en a jamais, jamais soufflé mot à qui que ce soit, jamais fait la moindre allusion en public, jamais glissé le moindre sous-entendu.
* *
« Pense à trier ton linge, Michael, » a averti Lincoln. S’il n’a pas obéi, ce n’est vraiment pas par mauvaise volonté, c’est juste qu’il a oublié. Il a tout balancé dans la panière, se promettant d’y revenir dès qu’il aurait fini ce truc sur lequel il travaillait, et bien sûr, le linge sale lui est sorti de l’esprit. Ce genre de chose a tendance à se produire : il se plonge dans un bouquin ou une maquette ou l’observation des oiseaux à travers la fenêtre, et il oublie tout le reste.
Ce n’est pas la première fois que ça arrive. Ca se finit généralement avec Linc grognant, soufflant et triant le linge.
Cette fois, cependant, ça se termine avec Linc remontant de la laverie avec un sac de tee-shirts et de caleçons jadis blancs, désormais roses d’avoir été « par inadvertance » lavés avec la jupe rose fuschia de Veronica.
Linc n’a pas été assez cruel pour faire subir le même sort à la chemise blanche que Michael a prévu de porter le lendemain soir, toutefois.
* *
Il a pris l’habitude de confier presque tout son linge au pressing, des costumes aux draps en passant par les chemises et les pulls. C’est plus simple et plus rapide. Il s’est assuré que le blanchisseur connaissait son métier, et il récupère les vêtements absolument impeccables, sans un faux pli ni un fil de travers. Il donne au quotidien exactement l’image que l’on est en droit d’attendre de lui.
Il récupère les vêtements sous un fin emballage plastique et exhalant une vague odeur de produits chimiques. Emballés, artificiels et impersonnels.
Quand la machine de son immeuble miteux est en panne, Linc vient faire sa lessive chez lui. Pas qu’il y ait grand-chose, on ne peut pas dire que Lincoln donne dans le faste en matière de vêtements. Mais pendant quelques heures - quelques jours si Linc disparaît entre temps - il y a au milieu du salon de Michael une petite pile de jeans et tee-shirts envers laquelle il nourrit des sentiments pour le moins partagés. L’irritation de la voir déranger la perfection de son appartement et de son existence. La nostalgie d’une époque où il dormait dans des draps aux odeurs familières et portait par la force des choses des chaussettes roses. Parfois, il repasse les affaires de Lincoln, les plie et les empile soigneusement, tout en souhaitant pouvoir ordonner aussi aisément l’existence de son frère.
* *
Les tenues standard de Fox River qu’ils avaient sur le dos lors de l’évasion ont été abandonnées, sales, poisseuses et déchirées, dans le cimetière d’Oswego. A la place, il a revêtu un costume ressemblant à ceux qu’il possédait encore quelques mois plus tôt, dans une autre existence. Linc porte des vêtements civils pour la première fois depuis trois ans.
Ils ne sont plus tout à fait les mêmes qu’en prison. Pendant quelques semaines, Linc a obtempéré, suivi le plan sans - presque - discuter. A présent qu’ils sont dehors, toutefois, la dynamique tend à s’inverser et Lincoln demande, insiste, exige presque, qu’ils récupèrent LJ. Mais quand Sucre, C-Note et Abruzzi approchent, Linc se tait et attend.
On ne lave pas son linge sale en public.
-Fin-
Les commentaires sont toujours bienvenus ;-)