Jan 16, 2008 18:56
"ET POURQUOI JE DEVRAI TE DONNER UNE DEUXIEME CHANCE DYLAN ?"
Morganne pleurait presque. Elle était tellement en colère qu'elle ne voulait plus voir personne en cet instant, juste s'étendre tranquillement au calme et dans le noir, qu'on la laisse en paix. Mais Dylan la suivait comme un fantôme sans relâche, il n'avait rien dit depuis qu'ils étaient sortis du café. Il se rendait juste compte une fois de plus qu'en sept années, le fossé était à présent si creusé qu'il avait bien peur de ne plus pouvoir récupérer Morganne.
Puis, tout naturellement il arrêta de la suivre, la regarda s'éloigner sans se retourner vers lui puis il s'en alla vers le métro.
Ca faisait deux jours maintenant qu'il n'était pas sorti alors qu'avant il allait la voir tous les jours. Dylan avait un problème, un sérieux problème. Il n'avait jamais rien compris ; de lui-même et des autres, peut-être avait-il renoncé aussi depuis longtemps trop fatigué d'être perdu sans cesse de ne pas comprendre les choses.
Et pourtant Morganne ne sortait pas de sa tête, impossible de se débarasser de ses pensées qui le hantaient. Il ne sentait plus vraiment la douleur des piqûres d'héroïne, ni la barre qu'il avait au front depuis 2 jours et surtout 2 nuits blanches. Il ne ressentait plus rien d'autre qu'une énorme envie de la voir.
Il grattait inlassablement Maryia, sa guitare accoustique. Le ciel était aussi gris foncé que les yeux de Dylan et il pleuvait depuis cette nuit. Epuisé, affamé, mais surtout ravagé par ses sentiments, Dylan n'entendait pas la mélodie qu'il jouait, ne ressentait pas la faim qui le rongeait ni les picotements dans ses yeux. Omnibulé, hypnotisé, ses yeux pleuraient de fatigue mais aussi de chagrin ; Morganne lui manquait tellement...
Il n'aurait décidemment pas dû partir en Angletterre, pour trouver les réponses qu'il avait trouvées en plus... Le voyage n'avait pas eu de but satisfaisant, pire encore il avait provoqué le départ de Morganne qui semblait irréversible. C'était la drogue qui faisait pleurer Dylan dans un sens ; l'extase était partie vite, il avait oublié depuis le temps qu'il n'avait plus fait ça.
Il s'endormit, laissa tomber sa guitare et ne pensa plus à rien si soudainnement que son corps relâcha la pression ; il tomba à terre brusquement.
De son côté Morganne était perdue, complètement. Elle ne voulait pas comprendre ce qui avait pu se passer dans sa tête ; de la rancune peut-être mais pourtant elle aurait tout aussi bien pu lui pardonner. Dylan lui manquait et elle le savait parfaitement mais apparement, elle savait vivre avec. Ca avait été difficile au début mais elle s'était accomodée. Morganne était devenue froide et rancunière ; méfiante, elle ne savait plus vraiment se défaire de la douleur qu'elle pouvait ressentir face à n'importe quel obstacle. Mais elle ne pleurait pas. Elle se battait contre elle-même chaque fois qu'elle se sentait menacée.
Elle est comme ça Morganne, elle ne se comprend pas et elle ne sait pas si elle en a envie ou pas. Ses humeurs changent, ses décisions aussi. Et Dylan lui manque beaucoup. Mais pour l'instant elle va au boulot.
Et puis en sortant du boulot, elle prend le métro, le coeur plus léger qu'à l'accoutume. Pour une fois, elle sourit sans raisons, marche légèrement, relève la tête doucement et cède sa place dans le bus avec plaisir à une vieille personne. On peut changer sans s'en rendre compte des fois, c'est soudain et ça ne se contrôle pas ; alors ça nous énerve, on ne se comprend pas, mais si on laisse faire les choses, c'est plus facile de vivre tranquillement. Et pour la première fois depuis sept ans, Morganne a eu la bonne idée de le faire, alors elle se rend chez Dylan.
Quand elle arrive devant la porte de son appartemment, elle sonne, sereine.
Elle sonne.
Elle sonne encore.
Elle sonne depuis dix minutes.
Et enfin elle entend le vérou, Dylan qui baille, qui ouvre la porte et qui la regarde d'un air vide, torse nu et ses cheveux assez longs dans les yeux. Il souffle sur sa frange, ouvre grand les yeux, se retourne et court mettre un pull, et revient.
"Les anglais ouvrent tous la porte torse nu ?"
Dylan ne répondit rien. Il se contenta de sourire comme un imbécile d'un air niais voire stupide, la bouche ouverte. Il s'appuya sur la porte dans une pose se voulant charismatique, la loupa avec son coude et trébucha. Toujours incapable de dire le moindre mot il ria et se mit à pleurer comme un bébé, si fort que Morganne entra vite dans l'appartement, déboussollée, et referma la porte derrière elle.
Elle s'assit à côté de Dylan, et attendit qu'il arrête de pleurer. Ce dernier posa alors doucement sa tête sur son épaule et respira à plein poumon le parfum de Morganne. Emu, il continuait de pleurer silencieusement. Et il s'endormit sur elle.
dylan