[fic - kinks horribles] - FMA - Knox - NC-17

Oct 26, 2014 21:24

Titre : le médecin et la mort
Auteur : [personal profile] chonaku55
Fandom : full metal alchemist
Persos : Knox, divers Ishbal, Kimblee, Roy Mustang
Genre : Horreur, angst
Résumé : Au nom de la science, on peut s’affranchir des codes moraux. Cependant, chaque chose a un prix...
Rating : NC-17
Disclaimer : Tout appartient à Arakawa et la citation vient du Marchand de Venise de Shakespeare
Nombre de mots : 1 975
Thème : expérimentation humaine
Avertissements : crime de guerre, morts, torture, mention de suicide et d’envie de suicide

Le groupe d’Ishbal était toujours calme, agglutiné sur lui-même comme des souris ou des porcs, selon l’officier qui les lui amenait. D’autres soldats avaient, heureusement, beaucoup plus de professionnalisme et se contentaient de surveiller, sans dire un mot. Parfois, Ils coulaient un regard sur les pots d’organes humains congelés et les lames rouillées éclairées par les lumières vacillantes des lampes. C’est une honte, pensa Knox, que le ravitaillement ait pris autant de retard. Il ne fallait pas risquer de perdre des sujets si tôt, surtout quand on disposait de si peu de temps avant un déménagement éventuel. Il ne regardait pas les enfants se blottir dans les bras de leurs parents et les plus faibles dans leurs chaînes. Les notes qu’on lui avait apportées le captivaient trop pour cela.

Il espérait ne pas rencontrer de résistance, gardes ou non. Chaque test comptait et le travail serait facilité s’ils restaient tranquilles. Lui non plus n’aimait pas être ici, dans un laboratoire parfois mal éclairé. Cependant, la science devait avancer et certains sacrifices être faits.
On devait toujours sacrifier quelque chose pour en avoir une autre de même valeur, disaient les alchimistes, les hommes qu’on envoyait maintenant au front massacrer le peuple Ishbal. On disait aussi, pensa amèrement Knox, que l’alchimie servait le peuple et le médecin le sauvait. En croisant par mégarde le regard rouge terrifié d’une femme, ses mains brunes serrant son enfant malade, l’homme se demandait quand ces mots avaient perdu leur sens.

Tous les tests n'étaient pas mortels ou atroces. Il devait d’abord tester leurs états psychologiques et physiques actuels. Il le fit en les passant un à un, distribuant les numéros pour différencier les cobayes. Il ne fallait pas d’attachement disait-on, c’était la procédure habituelle, après le rasage complet. Ensuite, le tri venait, entre les plus solides physiquement qu'allaient subir le plus gros des tests et le rebus qu’on laissait de côté, soit pour des tests de moindre importance ou qui risquaient d’endommager trop la viande.

Dès le début, il avait tout séparé, sa morale et sa curiosité, son travail et les cauchemars, comme il séparait hommes et femmes, parents et enfants, comme il ouvrait le ventre pour trier les organes qu’il garderait pour les greffes et ceux qu’il jetterait. Son travail se devait d’être parfait et ordonné. Knox veillait toujours à garder ses réserves de calmants et d’anesthésiants aussi nombreuses que le permettait le ravitaillement trop tardif et les trains qui parfois s’arrêtaient. Il devait améliorer la connaissance humaine sur son propre corps, pas torturer en toute impunité des ...

Les cris stoppaient toujours les pensées à ce moment là, des cris qui n’étaient pas ceux d’êtres humains, mais d’animaux à dompter, à abattre. Ethiquement, étudier des animaux pouvait être considéré comme cruel, mais à terme... si cela sauvait des vies, pourquoi pas, oui, pourquoi pas...

La recherche de nouveaux remèdes et améliorer le corps humain, en somme de créer l’homme parfait, voilà ce qu’on lui avait promis.

La curiosité était toujours forte chez lui, exacerbée par les promesses. Du médecin inconnu d’hier, il pouvait devenir le sauveur demain.

Il avait seulement oublié ce qu’il serait le jour même.

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En partant de Central, sa femme l’avait embrassé, il s’en souvenait. Son petit garçon s’était tenu droit devant lui avec un grand sourire. Chaque jour, il se levait avec cette image pour mieux la chasser en voyant le grand bâtiment où il devait travailler, le souffle âpre du vent le giflant et les soldats aux vêtements bleus le saluant. Certains se vantant d’avoir débusquer des Ishbal dans le désert en tenant une chaîne de bétail humanoïde.
Le médecin baissait toujours le regard pour mieux étudier le corps des éventuels futurs sujets, en sachant que ceux qu’il ne prendrait pas se feraient tuer, fatalement. Le Führer avait ordonné l’extermination Ishbal pour éradiquer toute rébellion. Pour obtenir une chose, il fallait en sacrifier une autre de même valeur, c’était la première loi de l’alchimie. La médecine en soit était différente, les expérimentations devaient donc l’être. Il n’avait jamais discuté avec ceux qui étudiaient la viande sur l’angle de l’alchimie.

Knox n’était pas certain qu’il le voudrait un jour, sans doute jamais.

Deux jours auparavant, il avait épuisé ses réserves de calmants et d’anesthésiants, ainsi que divers médicaments. Dans un brusque moment de paranoïa, l’homme s’était demandé si tout le monde était au courant qu’il en utilisait autant que possible, soignant les plaies de ceux qui pouvaient vivre un peu plus, épargnant si possible les enfants, avant que certains disparaissent dans le noir, emmenés par des soldats ou simplement emportés par la maladie.
Cependant, ses troubles disparaissaient rapidement, remplacés par une certitude : cela ne pouvait pas être ça, car cela voudrait dire mettre en danger la vie de soldats.

L’enfant qu’il avait piqué quelques jours plus tôt mourut dans la nuit, ainsi que deux femmes et un homme. Il rapporta le fait aux soldats haut-gradés, ceux qui pensaient qu’une guerre bactériologique pouvait être une bonne idée.
Quand il revint, on lui rapporta que la mère était elle aussi décédée en tordant les chaines trop près de son cou.
Il ne dit rien, avant de demander à ce qu’on soit plus prudents.
Trois morts plus tard et il demanda à ce qu’on ne lui donnât plus d’enfants.

Le dernier fut le seul qui vécut dans son laboratoire, comme assistant forcé. Un orphelin qui ressemblait trop à son fils pour son propre bien. Knox en avait plus qu’assez de voir dans ses cauchemars des joues enfantines trop pâles, des petits cœurs qui battaient pendant que les chiffres défilaient, jusqu’au plus froid jusqu’au plus chaud, les brûlures et l’électricité, les pourritures et les produits chimiques. Jusqu’où un enfant pouvait être brisé avant de demander sa mort.

Le petit devait l’assister. Il avait dit aux supérieurs de l’armée que ce serait temporaire, qu’il manquait de mains et de temps. Une aide s’avérait nécessaire et cela se ferait en tout professionnalisme.
Knox ne supportait plus de voir des enfants souffrir. Il confina l’enfant à des taches simples dans son laboratoire, l’éloignant autant que possible des corps, même s’il ne pouvait pas l’isoler des cris.

L’enfant s’enfuit au bout de sa première semaine en volant une carabine. Knox ne pouvait pas dire qu’il l’avait aidé, plutôt qu’il ne l’avait pas retenu. Il se souvenait avoir pris un quartier pour râler sur les petits ingrats, pour la forme. Ensuite un soldat le héla pour le rassurer, le petit fugitif avait été trouvé.
Knox devint encore plus blême que lorsque l’alchimiste écarlate Kimblee lui désignait l’homme qui l’avait abattu la veille : un jeune alchimiste dont la silhouette se découpa nettement devant l’incendie qu’il venait de créer.

Roy Mustang, l’alchimiste maitre des flammes.

Il n'échangerait aucun mot avec lui, rien pendant des mois, évitant de le croiser, jusqu’à ce qu’on arrêtât enfin, enfin de pratiquer sur les personnes vivantes.
Là, il serait obligé de lui parler, de professionnel à professionnel.
Il fallait se débarrasser des corps et il n’y avait pas assez de four, ni de fosse commune. Du reste, Mustang restait, et de loin, la manière la plus simple de tout effacer ou de trouver des sujets dociles.

--

Son travail le suivait jusque dans ses rêves, où il revoyait les plus intéressantes et terribles expériences, les erreurs dues à ses préjugés aussi. Les enfants et les femmes sont les éléments récurrents. Les femmes qui soutenaient son regard avant de s’effondrer, celles encore enceintes dont il devait ouvrir le ventre pour tester la relation entre l’enfant qui ne naitrait jamais et la femme qui ne pleurait plus.

Certaines images revenaient sans cesse, comme un sordide anathème.
L’une des premières expériences fut sur le coup de la curiosité malsaine du nouveau venu se croyant supérieur, du conquérant déniant une âme, une humanité. Des hommes à la peau brune et aux yeux rouges empêtrés dans leur croyance ridicule en Dieu, des terroristes pour certains, fanatiques... et une question, plusieurs qui venaient en trombe sur eux. Il se souvenait toujours, dans ses rêves, de l’homme qu’il avait mis sur une planche pour tester à quel point la chaleur pouvait l’affecter. Une peau si brune, si brûlée par le soleil ne pouvait être que plus résistante à la chaleur, selon sa théorie.
Il avait tort.

--

Le scientifique avait lu une pièce un jour, sa femme l’adorait. Il se souvenait mieux de ses goûts dans ce pays aride qu’aux premiers jours de leur mariage.
Il fallait de tout pour s’enfuir mentalement d’une prison, même pour un bourreau.

Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ?

Les mots martelaient son crâne pendant ses expérimentations, entachant ses calculs de reproches et le regard lourd de ses patients involontaires n’était rien à côté, seulement du néant. Comme les cadavres des rebuts qu’il avait jugés trop faible pour les tests, abattus d’une balle.

C’est plus rapide comme ça, Doc, on doit tous les tuer de toute façon...

Si vous nous empoisonnez, ne mourons-nous pas ?

Dans ce cas, il n’avait aucune solution, aucune, aucune... à part empoisonner lui-même ceux qu’il pouvait, expliquant le décès par une constitution plus faible qu’il l’avait cru au premier abord. Le rôle de médecin légiste lui convenait mieux ces temps-ci que celui de médecin tout court.

Et si vous nous bafouez, ne nous vengerons-nous pas ?

« Hey, Doc »

Ne m’appelez plus comme ça... pensait-il en regardant le soldat qui interrompait sa pause, loin de son laboratoire, assis sur de la pierraille, à la vue de tous. Ce serait si facile de se débarrasser de lui, de ses chimères et sa curiosité malsaine, des cauchemars qui n’éteignaient jamais sa soif de savoir plus sur l’être humain et sa limite. C’était une drogue qu’il prenait, la descente en était cruellement pathétique.
Alors pourquoi aucun fanatique n’était encore venu le détruire ?
Il manqua à peine les mots, des syllabes floues. Le médecin demanda à entendre de nouveau la nouvelle :

« Il y a un couple de médecin dans le quartier Ishbal. Ils disent qu’ils veulent les soigner. »

Voilà la justice du monde, pensa-il, ceux qui risquent de se faire tuer sont ceux qui sauvent des vies. Pas qui en détruisent.

Pourtant, il continuait son travail. Bientôt, il ne restait plus qu’à examiner des cadavres, en partenariat avec Roy Mustang. Ensuite seulement, la guerre prit fin.

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Knox parla véritablement à Roy Mustang qu’à la fin de la guerre, avec un bon gramme d’alcool dans le sang. Malheureusement, pas assez pour fuir les cauchemars, son divorce ou le tuer, autrement qu’à petit feu...

« Dis voir, le petit que tu as trouvé...
- ... Lequel ?
- Celui que tu as tué, mon assistant. » osa-il dire et le visage du jeune homme se ferma aussitôt, ses yeux noirs rendus plus sombres. « Il s’était enfui avec une carabine...
- La vôtre. Je m’en souviens oui. »

Le ton était sec et glacial, seulement adouci par le regret perceptible dans sa voix.

« Pourquoi tu ne m’as pas tué à sa place ? »

Roy marqua une pause et entama avec lenteur, avec rancœur, sans finir sa phrase.

« Je n’avais pas le choix. Il avait...

- Il t’a menacé... »

Personne ne lui répondit, seulement une voix dans sa tête lui disant qu’il aurait simplement dû laisser partir l’enfant sans arme, sans rien, plus vulnérable certes... peut-être que Roy aussi aurait été sensible à un orphelin sans défense.
« Si ça peut vous consoler, je lui ai creusé une tombe.

- Merveilleux. » répliqua-il amer.

« Mustang, pourquoi faut-il que nous soyons encore en vie ? » acheva-il pour briser l’insupportable retour du silence.

« Parce que nous n’avons pas le droit de mourir. » dit Roy et sa voix était amère.

Knox éclata de rire.
Ses fantômes, l’orphelin, la femme mutilée et l’homme torturé éclatèrent de rire, eux aussi.

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