Mon Nano et le syndrome Osirien, le retour

Nov 27, 2013 17:53

1/ J'ai le nombre de mots que je voulais au moins avoir.
2/ Liebchen va écrire le pendant mythologique.
3/ Je voulais poster un extrait depuis des lustres. Essentiellement pour avoir un avis et parce que ça me booste ?

L’embrasser, la prendre dans les bras, voir s’épanouir un sourire sur son beau visage, caresser la peau nue, glisser une main dans les cheveux blonds. Dire combien elle lui avait manqué chaque jour davantage. Avouer sa culpabilité honteuse de ne pas avoir pu la sauver, ni la rendre heureuse comme elle le méritait autrefois, quand le monde ne s’était pas encore effondré. Caresser sa joue, parler, puis entendre sa voix dénuée de haine, chaleureuse comme le plus doux et précieux des soleils. Dire « je t’aime » une fois, puis cent, assez pour effacer toute distance.
Plonger son regard dans ses grands yeux bleus. Appuyer son front contre le sien et fermer les paupières. Apprécier le silence tranquille, presque complice d’un bonheur au-delà des mots, pendant que les malheurs du monde ne les atteignaient plus.
C’était un projet autrefois, brisé en mille éclats de verre.
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Le pire le hantait à chaque seconde, réapparaissant sous ses yeux, sans espoir d’échappatoire, dans un bruit sourd comme un verre qui se brisait contre le sol. L’image était appropriée. Le cadavre ne ressemblait à rien d'autre qu’un puzzle au goût douteux, bien loin de ce que Nora était auparavant, dans le cryotube, d’une beauté glaciale, mais bel et bien vivante. Elle avait besoin de lui, n’avait que lui au monde pour la sauver, le reste l’ayant condamné sans appel. Il le comprit dès le jour où tous parlèrent d’elle comme d’un être disparu alors qu’elle vivait encore (qu’elle allait vivre, il se l’était juré ce jour là, tremblant de rage, de douleur, de peur, aussi, plus que jamais il en avait jamais connue jusqu’alors). L’accident avec Ferris Boyle et l’attitude des autres par la suite ne lui laissèrent pas le moindre doute sur ses conclusions déjà établies, les gravant davantage en lui.
Cela ne suffit pas, comme la rage et la vengeance, comme les années d’attende, de veille et de recherche contre un cryotube à terre, la douleur, plus vive encore qu’au premier jour.

Il visait Batman.
Elle en mourût.

Il dû rassembler un à un les morceaux, reconstituer le corps petit à petit, dégelant légèrement le tout pour mieux coudre la chair quand tout était terminé, remplaçant les organes trop endommagés par d’autres à l’aide les cadavres disposant du même groupe sanguin de la disparue, les tuant si nécessaire, sans aucune honte. Il n’était plus à un crime près, oh ça non. Tout ce qui comptait était elle, le reste n’avait jamais eu la moindre importance.
A son égard, le monde était demeuré aussi froid et insensible que la glace, pourquoi offrir ce qu’il n’avait pu obtenir, ce que même Nora n’avait jamais eu ?

Il pu reconstituer le corps de Nora avec le temps, même s’il demeurait sur son corps des traces d’incision, des cicatrices qu’il n’avait su parfaitement enlever, incapable de préserver la beauté unique d’un corps, tout autant que de sauver la femme. Il la toucha ensuite, comme il aurait voulu le faire plus tôt, dans d’autres circonstances, pour rassurer une convalescente affaiblie, pas une morte si pâle. Il caressa sa joue, murmurant un « je t’aime » à son oreille, front contre front, un geste sans nul doute vain, dénué de toute logique, mais dans ces circonstances, il n’y songea même pas, perdu dans ce qui était et ce qui aurait dû être, une main dans la sienne comme autrefois, un sourire chaleureux, loin du froid, comme un rêve. Dans une situation différent, il lui aurait donné un baiser, puis un autre, et ainsi de suite, aller plus loin encore. Il ne pouvait se résoudre à le faire, par respect pour elle, préférant geler son épouse de nouveau pour éviter tout risque de décomposition, que faire des actions qui lui paraissaient aussi sordides que macabres.

Le reste ne fut qu’un cauchemar, une course vaine pour trouver un moyen de la faire revenir et son image, pressante, encore et encore. Dehors, des gens pendant ce temps-là osaient encore rire. Il n’avait plus de larme à verser.

Des mois, peut-être quelques années plus tard, il fit s’abattre le froid et la glace sur Gotham, estimant n’avoir plus rien à perdre et surtout, plus rien à gagner. Encore une fois, il échoua et il partît là où même Batman ne saurait lui faire une fois encore du mal, dans les contrées arctiques. Loin du monde, songea-il en y posant le pied, seul à jamais sans nul doute.

Encore une fois, il fut dans l’erreur.

Il le comprit quand son regard capta les formes faibles deux oursonnes orphelines près d’une mère dont le sang salissait la neige, plus tard encore, celle d’un orphelin à la dérive, petit et tremblant dans la mer, s’accrochant péniblement à une planche salutaire, les yeux noirs sur lui avant de commencer à sombrer.
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