[ONESHOT] Pursuit of the haunted
Part 1 sur 1, SHINee, Key-centric, genre: AU, horreur, 4120 mots, PG-13
Il faisait particulièrement chaud en ce début d’apres midi du mois de juillet. Mais le chauffeur du bus n’avait pas l’air du même avis que les trente enfants entassés dans son engin -et qui manifestaient d’ailleurs leur mécontentement à coup de soupirs prononcés pour les plus timides et parfois même de raleries fleuries sur l’état préhistorique du véhicule même pas fichu d’avoir l’air conditionné pour ceux qui avaient pris place sur la banquette tout au fond.
Les deux adultes s’efforçaient de maitriser l’énervement grandissant en parlementant pour l’ouverture de quelques vitres fenêtres mais le conducteur restait intraitable.
« A ouvrir en cas d’urgence, z’avez pas appris à lire à l’école ? » avait il lâché d’un ton peu amène sans quitter la route des yeux au courageux qui venait difficilement de traverser l’allée centrale, les cahots manquants de le projeter chaque seconde sur un gosse ou pire de faire basculer une valise -surement très lourde- sur son crâne.
« S’y z’ont vraiment chaud, n’ont qu’à économiser leur salive et fermer leur clapier à merde, ces putains de gosses ! » rajouta t’il pour la forme tandis que l’accompagnateur réintégrait docilement sa place en maugréant sur la sympathie plus que discutable de certains de ces concitoyens.
La situation s’apprétait à devenir ingérable quand le crissement des freins et l’arrêt un peu brusque-et surement voulu-du gros véhicule désamorça la bombe à retardement. Tous les enfants s’étaient brusquement agglutinés aux vitres en poussant des cris d’offraie, oubliant pour un instant l’atmosphère caniculaire, cherchant avidement des yeux le « campement ».
Les adultes n’avaient pas été trop de deux pour taper dans leurs mains et ramener un peu de calme
La descente du bus fut aussi rapide que désorganisée sous quelques remarques bien senties du conducteur-qui aurait vraiment du choisir un autre métier que chauffeur de bus scolaire.
Mais déja les gamins s’éparpillaient en tous sens en dépit des aboiements des moniteurs qui leur sommaient de rester près de leur bagage pour procéder à un appel. Quelques hurlements avec menace de punition plus tard, le compte y était et tout le monde s’enfonça joyeusement dans le sous bois, imaginant déjà telle cabane à faire sur cet arbre, puis peut être une balançoire sur cet autre...non la balançoire ça faisait tapette. Ils avaient douze ans quand même ils n’étaient plus des bébés. La colo c’était bien connu, on faisait tout ce qu’on pouvait pas faire à la maison, tout ce qui était considéré comme « dangereux », « pas pour les enfants » et « risqué ». Oh oui ils allaient s’amuser pendant ce mois à camper dans les bois.
C’est ce à quoi pensait cyniquement Kibum en shootant rageusement dans une pierre qui avait eu le malheur de se trouver sur sa route. Il avait pourtant trouvé un tas de bonnes excuses pour ne pas y retourner cet été et si sa mère en avait été presque convaincue, ça n’avait pas été le cas de son paternel qui avait coupé son argumentation d’un « tu y vas et puis c’est tout » net et tranchant.
A croire qu’il voulait qu’il dégage à tout prix, alors qu’il le voyait rarement -voire jamais- à la maison, son père s’absentant parfois de longues semaines pour sillonner le pays en long et en large pour effectuer ses livraisons. Oui c’était vraiment bizarre...peut être qu’il voulait avoir sa femme pour lui tout seul. Peut être même qu’ils allaient divorcer. Il aurait un truc cool à raconter à ses copains à la rentrée au moins et pas se contenter du « on a raconté des histoires trop nulles autour d’un feu de bois minable et j’ai gagné la course en sac...génial non ? »
En plus il n’y avait même pas de filles à embêter, peut-être le binoclard qu’il avait repéré dans le bus, il avait entendu son nom pendant l’appel : Jinki machin chose.
« Kibum, tu peux éviter de faire trainer ta valise par terre, c’est pas un tapis roulant d’aéroport ici » précisa l’accompagnateur avant de sourire largement, manifestement satisfait de son esprit. Le garçon lui rendit un faux sourire tout en détaillant de haut en bas celui qui promettait d’être le rigolo du séjour. Décoloré en blond, peut être une vingtaine d’années, bronzé et arborant un magnifique badge blanc et rouge avec son nom « Eric » écrit au feutre. Tout à fait le genre de moniteur pour qui toutes les gamines se pâmaient. Sauf qu’ici c’était un camp non mixte. Et Eric lorgnait déjà sur sa collègue, une rousse dont la voix portait très loin malgré son apparence un peu menue -Kibum avait pu s’en rendre compte quand elle s’était mise à éructer de façon fort peu feminine tout en ressemblant les enfants pour l’appel, il devait bien l’avouer. Stéphanie ? Oui il lui semblait que c’était le prénom de la rouquine, d’ailleurs le grand échalas blond le lui confirma en hurlant un « Steph ! » retentissant qui figea instantanément la marche des enfants, curieux de voir l’origine d’un tel vacarme.
« Les gosses c’est vous que j’appelle ? On continue à avancer...ou peut être vous avez envie d’arriver au camp demain matin ? »
Kibum décrocha instantanément et reparti dans ses pensées avec un dernier regard pour le moniteur qui partait chercher sa cible à l’avant de la progression.
La forêt c’était vraiment nul, surtout qu’il en avait une près de chez lui, pas besoin de faire quatre heures de route dans un car pouilleux pour atterrir dans une autre, tout aussi ennuyeuse. Quoiqu’ il y aurait peut être des loups, peut être qu’ils attaqueraient pendant la nuit. De toute façon il n’avait pas peur, il avait amené le fusil que son père planquait dans le tiroir du bas de la commode. Il n’avait que six balles mais c’était déjà pas mal, puis il pourrait toujours s’éloigner et tirer sur quelques écureuils pour passer le temps -qui promettait d’être long.
Ils arrivèrent enfin dans une petite clairière et il fallu monter les tentes, puis on y répartit les enfants par groupe de cinq par habitations avec consigne d’entretenir et respecter ce qui serait leur logement pour le mois à venir.
Kibum retint de justesse un hochement de tête désespéré et se retourna pour juger ceux qui allaient devenir ses compagnons de chambrée forcés. Il grimaça légèrement en constatant que Binoclard en faisait partie mais il n’était pas le seul qui promettait d’être dur à supporter. A coté de lui se tenait un gosse au teint sombre et aux cheveux bruns, il était assis au fond du bus pendant le voyage et se prenait déjà pour le roi du monde, et ça n’avait évidemment toujours pas changé une fois la tente montée.
« J’vous préviens, j’prends la place à gauche et celui qui m’dit quelque chose, c’est mon poing dans l’pif » Et il confirma sa propriété en jetant son sac à l’endroit indiqué.
Le troisième garçon était un métis japonais à une époque où être un nip était surement encore pire que d’être un nig. Même son père, en bon coréen nationaliste ne les aimait pas -en même temps il n’aimait pas grand chose non plus. Kibum avait entendu parler de la seconde guerre mondiale qui avait fini un peu moins de dix ans avant sa naissance mais il n’arrivait toujours pas à comprendre pourquoi ceux qui se considéraient comme des grandes personnes se montraient parfois complètement paranoiaques et hargneuses en parlant de cette époque. Bref, le jap l’indifférait au plus haut point, mais ça ne semblait pas être le cas de certains de ses camarades qui le dévisageait déjà avec un air franchemment mauvais.
Deux futures bêtes noires dans sa tente, il avait tiré le gros lot. Le dernier garçon semblait heureusement tout à fait normal, un sourire franc, un regard vif qui se mit instinctivement à coté de lui... peut être parce qu’il le reconnaissait comme le moins craignos du tas. En tout cas il abreuva immédiatement Kibum d’un flot de paroles après s’être présenté et lui avoir serré énergiquement la main.
Il s’appelait Jonghyun, mais il préférait qu’on l’appelle Jjong, c’était un habitué des colonies -mais lui semblait s’y amuser grandement contrairement à Kibum- il jouait au football américain et il était fan d’une starlette dont Kibum oublia instantanément le nom. Bref un gars normal qui finirait dans l’équipe de sport du lycée, qui aurait peut être une bourse pour la fac et qui sortirait avec une pompomgirl qui tomberait enceinte et qu’il épouserait après avoir repris l’entreprise paternelle. Presque pathétique. Kibum lui sourit poliement avant d’hocher plusiers fois la tête, autant ne pas se faire d’ennemis tout de suite et Jjong n’était pas méchant et pourrait toujours lui être utile.
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Un, deux, trois ricochets et la pierre glissa lentement dans l’eau sombre du petit lac. Kibum secoua la tête dépité de son pauvre score. Jjong qui était assis à ses cotés retient un rire légérement moqueur et lança à son tour son projectile qui rebondit jusqu’au milieu du lac, à la grande joie de ce dernier qui leva les bras au ciel pour crier sa victoire. Cri qui s’étrangla dans sa gorge quand il vit Hiro -c’était le nom du fameux métis japonais- lançer à son tour non pas un mais trois cailloux qui effectuèrent chacun une rotation parfaite et des ricochets à n’en plus finir.
« Bah merde alors, Hiro où tu as appris ça ? »
« J’ai un lac à coté de chez moi » expliqua brièvement ce dernier avec un haussement d’épaules. Puis il se réinstalla contre l’arbre et se remit à tailler son bout de bois avec un canif, sans plus jeter un regard aux deux autres garçons.
Kibum vit Jonghyun lever un sourcil interrogatif avant de se pencher vers lui pour lui chuchoter quelque chose
« L’est pas un peu bizarre le jap ? »
Kibum grimaça mais ne prit pas la peine de répondre. C’est vrai qu’Hiro était spécial, il parlait peu -mais bon lui n’était pas si différent sur ce plan là- mais cela avait suffit pour grossir le rang de ses détracteurs qui le jugeait prétentieux en plus d’être un sale jaune responsable de la mort de bons américains. Pourtant, il n’avait pas été la tête de turc du clan. Oh bien sur, deux ou trois petits durs aux ordres de Stephen, le fameux « roi du monde habitué à mettre des poings dans le pif des gens » avaient bien tenté de le charrier un peu au début mais Hiro leur avait poliment demandé de le suivre un peu à l’écart du campement avant de revenir cinq minutes plus tard, toujours aussi serein pour retourner à son endroit qu’il quittait rarement -le gros chêne tout près de la rive ; sous les regards éberluées des quelques enfants qui l’avait vu partir encadré par des futures petites frappes.
Lesdites petites frappes avaient fait leur apparition quelques minutes plus tard, n’hésitant pas à faire un détour pour éviter l’asiatique et plus personne n’avait osé le provoquer -ni même lui adresser la parole d’ailleurs. Hiro était devenu persona non grata pour presque tout le clan.
Seul Jjong avec sa bonne humeur perpétuelle s’entêtait à vouloir lui parler, ne s’attirant pour le mieux qu’un sourire crispé et hypocrite.
Kibum se leva brusquement et s’épousseta sommairement avant de lâcher d’un ton monocorde un
« J’vais bouffer » qui ne passa pas inaperçu aux oreilles de Jonghyun qui se leva lui aussi d’un bond.
« Je t’accompagne »
« Jonghyun ? »
« Oui ? » celui ci lui adressa un grand sourire qui malgré tout ne faisait pas niais - ce qui agaçait encore plus Kibum- et ne pensa même pas à le corriger alors qu’il avait utilisé son prénom en entier
« T’es pédé ou quoi à me suivre partout ? »
Le sourire plein de dents se figea et une lueur d’incompréhension passa dans les yeux clairs de son compagnon -et Kibum eut la jouissance de voir que là, à cet instant, il avait l’air vraiment niais.
Mais cela ne dura malheureusement pas et Jjong partit d’un éclat de rire tonitruant tout en tapant plusieurs fois le dos de son camarade en le félicitant pour son sens de l’humour tellement tordant
Bon en fait il est juste con je crois.
Il profita du fait que le blond partait raconter la blague du siècle au japonais qui n’en aurait probablement rien à foutre pour s’enfuir, non pas vers la tente qui servait de cantine mais vers sa propre tente. Il farfouilla dans son sac à la recherche du pistolet et des balles, il avait besoin de s’aérer un peu et d’être seul. Jonghyun était bien gentil mais du genre collant et il serait bien capable de lui foutre du plombs dans la cervelle -au sens propre- s’il le voyait encore avant la fin de la journée.
Tout occupé par ses pensées, Kibum mit un moment à se rendre compte d’un fait d’une importance capitale, il avait presque vidé son sac de tous ses vêtements et toujours pas l’ombre d’une arme. Une sueur glacée lui coula le nom de l’échine et son cœur s’acceléra tandis qu’il renversait carrément la valise sur le sol plastique de la tente.
La boite de balles tomba avec un bruit creux et le garçon se jeta sur elle comme la misère sur le monde et l’ouvrit de ses doigts tremblants.
Vide. Elle était vide.
Merde, merde, merde, MERDE !
Il respira un bon coup, envisageant toutes les possibilités. Quelqu’un avait fouillé son sac. Surement pas un mono sinon il serait déja en train de subir le savon de sa vie, plus probablement quelqu’un de son groupe.
Surement pas Jonghyun, peu de probabilités que ce soit Jinki le bigleux ou Hiro, ne restait que...
« C’est ça que tu cherches peut-être ? »
Stephen venait d’apparaitre à l’entrée de tente et agitait devant lui l’arme rutilante de son père, un rictus amusé aux lèvres.
« J’aurais jamais cru qu’un coincé comme toi aurait un truc pareil dans ses affaires... même si j’ai bien trouvé un magazine cochon dans la valise du bigleux ...sans parler des trucs louches que le jap a emmener avec lui. Mais toi, vraiment, ça m’a surpris. »
« Rends le moi » gronda Kibum en serrant les dents.
« Tu comptais en faire quoi dis moi ? Buter quelqu’un ? Peut être l’un de nous qui sait... ou un des deux grands cons d’adultes qui nous accompagnent ? »
Le sourire de Stephen s’élargissait à mesure qu’il énumérait ses hypothèses et Kibum devinait sans peine à ses yeux brillants que l’idée lui plaisait beaucoup.
« T’es complètement barjo, rends le moi » répéta Kibum en s’avançant lentement vers le garçon.
« Dis moi ce que tu comptais faire avec et je te le rends »
Kibum hésita, il était absolument persuadé que Stephen mentait mais il pouvait toujours lui répondre, ça ne changerait surement pas grand chose.
« Je voulais...chasser...dans la forêt » expliqua t’il lentement en articulant bien chaque mot, comme si Stephen n’était qu’un pauvre imbécile et arriéré -ce qu’il était surement un peu aux vues de sa réaction, sa phrase à peine terminée.
« Waaaaaaah trop cool . Bon c’est décidé je t’accompagne. » Il remit le revolver dans son pantalon au grand dam de Kibum qui se maudissait déjà d’avoir ouvert la bouche et sortit de la tente en affichant un air conquérant qui le rendait encore plus insupportable et dangereux que d’habitude.
+++
Les deux garçons étaient à demi allongés dans les fourrés et Kibum commençait à en avoir marre. Cela faisant maintenant trois heures qu’ils étaient partis du camp pour s’enfoncer dans la forêt, écoutant d’une oreille distraite les recommandations de Steph-aux-gros-seins qui leur avait conseillé de ne pas trop s’éloigner pour ne pas se perdre. Kibum avait été tenté de lui dire la vérité à propos de l’arme mais un regard de Stephen l’en avait rapidement dissuadé. Et il ne tenait pas plus que ça à ce que les moniteurs appellent ses parents pour leur expliquer que leur fils se prenait pour le Billy the Kid des forêts. Son père frappait rarement mais fort et il se souvenait encore de la tannée qu’il avait eu l’année dernière après avoir foutu le feu à une boite d’allumettes pour voir ce que ça faisait.
Il avait bien vu le début d’incendie qu’il avait provoqué dans la cuisine, aussi bien que les claques monumentales que lui avait asséné son paternel une fois le danger écarté.
Il avait donc pour une fois fermé sa bouche et avait suivi silencieusement Stephen, se promettant de récupérer le flingue dès que possible.
Sauf qu’il n’avait pas encore eu une seule occasion, le brun ne le lâchait jamais et semblait même follement s’amuser à tirer sur toutes choses vivantes qui passait à proximité. Deux balles avait fini respectivement leur vie dans un tronc d’arbre et dans un buisson mais il n’avait pas tardé à s’améliorer et à tuer un petit lapin qui passait par là et un corbeau curieux qui s’était posé à quelques mètres d’eux.
Stephen avait ramassé les cadavres comme s’il recevait une coupe en or et les gardait précieusement à coté de lui. Les yeux de Kibum accrochèrent ceux sans vie du rongeur et s’attarda sur le petit corps : la balle lui avait déchiqueté le ventre et le sang seché collait sa fourrure clair
Quand au corbeau l’angle bizarre de son aile gauche laissé supposer qu’elle s’était brisée lorsque la balle l’avait traversé de part en part et son bec ouvert laissait supposer qu’il aurait aimé l’enfoncer profondément dans la chair de son meurtrier.
Kibum secoua la tête, retenant un rire moqueur contre lui même et reporta son attention sur Stephen qui était allongé sur le ventre, l’air concentré, l’oeil au niveau du viseur, attendant sa prochaine victime.
Excédé, Kibum se leva brusquement, sauvant la vie d’un merle apeuré qui s’envola pour se mettre à l’abri sur la cime d’un arbre
« Qu’est ce que tu fous ? » rugit Stephen en se retournant immédiatement, les poings serrés de rage.
« Je m’emmerde. Tu crois que c’est passionnant de te voir assassiner les arbres et mettre en danger les buissons ? » se moqua Kibum tout en jetant un rapide coup d’oeil sur l’arme qui gisait dans l’herbe.
« Et ça c’est quoi, des peluches peut être ? » demanda Stephen d’un ton à la fois menaçant et vexé, attrapant les animaux morts pour se lever à son tour avec l’idée de les jeter au visage de Kibum. Il pensait même le forcer à les bouffer crus quand ses yeux interceptèrent le second coup d’oeil de son camarade vers le fusil. D’un même mouvement, tous les deux se jetèrent sur l’arme et luttèrent pour en attraper la crosse. Stephen allait y arriver -il était plus grand de quelques centimètres- mais alors qu’il touchait presque au but il se sentit brusquement tracté en arrière et Kibum lui asséna un violent coup de poing dans l’omoplate, l’immobilisant pour quelques secondes. Il grogna de dépit lorsqu’il vit les mains de ce dernier se refermer sur la crosse du revolver et il se tassa pour ensuite lui sauter dessus, ses doigts se refermant sans problème sur la nuque de son compagnon. Kibum lui décocha instinctivement un coup de tête arrière et bascula sur le torse de Stephen qui lui immobilisa le bras qui tenait toujours l’arme, serrant de toutes ses forces pour le forcer à la lâcher.
C’est à cet instant là que le coup parti.
Kibum n’entendit que la déflagration et serra les dents en attendant une douleur qui ne vint pas. Il réalisa alors qu’il n’était pas le seul à s’être immobilisé. Stephen, toujours sous lui n’esquissait plus un geste et Kibum commença à prendre peur. Mais il y avait encore une chance : peut être la balle s’était elle logée dans la terre meule du sol forestier, peut être que Stephen s’était évanouit de peur , peut être que…
Arrêtes de te trouver des explications à la con et retourne-toi si tu veux avoir ta réponse
Lentement Kibum tourna la tête pour regarder par dessus son épaule et ce qu’il vit manqua de le faire hurler, pleurer ou rire hystériquement, il ne savait plus trop.
Des tas d’émotions -peur, dégoût, fascination morbide, se bousculaient dans sa tête tandis qu’il détaillait le visage de celui qui avait été son compagnon de tente. Son nez n’était plus qu’un amas de chair et d’os et beaucoup de sang étonnamment visqueux et sombre continuait de s’échapper de la blessure béante pour couvrir toute la mâchoire qui laissait voir deux dents cassées. Les yeux vitreux ne semblaient quant à eux qu’exprimer une surprise et un étonnement facilement compréhensible : Stephen ne s’était sûrement pas attendu à crever bêtement d’une balle perdue à l’age de douze ans et ce au milieu d’un bois à 400 kilomètres de sa ville natale.
Kibum ne lâcha des yeux le spectacle macabre que lorsqu’une tension annonçant un torticolis foudroyant lui fit reprendre ses esprits. Il tenta de se lever sans aucune grâce et failli lâcher un hurlement quand il vit que sa main gauche était toujours enserrée par la poigne du cadavre sous lui. Il secoua avec angoisse son poignet mais dut rapidement se rendre à l’évidence : il allait devoir enlever les doigts de Stephen les uns après les autres. Rien que cette pensée le faisait frissonner, il avait bien entendu des histoires de rigidité cadavérique mais Stephen n’était mort que depuis quelques minutes. Prenant une grande inspiration pour se donner du courage il s’attaqua à cette tâche ingrate en se concentrant sur la main du garçon, tout en évitant soigneusement de jeter des coups d’œil à son visage défiguré. Enfin il fut libre et il bondit immédiatement pour mettre une distance respectable entre lui et le jeune mort. L’arme gisait elle aussi dans l’herbe et Kibum lui jeta un coup d’œil rapide.
Que devait il faire ? Appeler du secours ? S’enfuir ? Cacher l’arme et le corps ? Il ne savait pas, il n’avait que douze ans après tout. Sa perception de la mort se limitait à avoir vu sa grande tante endormie dans un cercueil entourée de fleurs blanche et à son petit chat écrasé par une voiture sous ses yeux il y avait deux ans de cela. Il s’efforça d’abord de calmer les battements erratiques de son cœur et regarda sa montre : 18h30…il avait encore une heure et demi avant le dîner commun, largement le temps de trouver une solution. Il avait toujours été plutôt intelligent et astucieux c’était le moment de le prouver.
L’idée d’aller plaider l’accident en pleurant auprès des moniteurs ne lui effleura l’esprit qu’une demi seconde, cette réaction infantile et pitoyable ce n’était pas lui.
Et d’un coup il ne ressembla plus du tout à un petit garçon : son regard se fit dur et une sourire torve crispa ses lèvres. Tout bien réfléchi, cette situation pouvait se révéler amusante s’il s’y prenait bien.
Au bout d’un moment d’intense réflexion, il se décida de revenir près du corps pour l’examiner plus attentivement. La balle n’avait pas traversé la tête de Stephen de part en part, elle devait être encore coincée dans les replis de sa cervelle. Kibum se surprit à pointer sa main droite en forme d’arme sur son propre visage pour déterminer exactement de l’angle de tir et finit par conclure qu’un suicidé pouvait très bien choisir cette solution pour en finir. Restait ses empreintes sur la crosse, il attrapa activement le fusil avec deux doigts et l’essuya avec le mouchoir qu’il gardait toujours dans sa poche puis il remit l’arme dans la main de Stephen. Pas de soucis pour les empreintes sur les balles puisque c’était le brun qui les avaient sorties de leur boite et qui avait chargé le barillet.
Kibum recula de quelques pas et contempla son travail. Quelque chose n’allait pas. Il fronça les sourcils à la recherche du détail invisible qui le gênait. Soudain il se frappa sur le front tout en se traitant mentalement d’imbécile et récupéra l’arme à laide de son morceau de tissu pour la placer de l’autre coté : Stephen était gaucher, il l’avait inconsciemment remarqué quand il s’amusait à tirer sur les animaux. Il avait évité une bourde qui lui aurait coûté bien chère, depuis quand un gaucher se suicidait il avec sa main droite ?
Restait le problème de Stéphanie, elle les avait vu partir ensemble pour s’enfoncer dans la forêt, sans compter qu’il lui faudrait un alibi… Jonghyun allait enfin avoir son utilité.
Enfin satisfait il frotta la terre sur ses vêtements et vérifia qu’aucune trace de sang compromettante n’était visible sur son tee-shirt, ses baskets et sa peau puis il rebroussa chemin vers le campement, il en avait pour une bonne heure de marche.
Laissant le cadavre profiter du soleil couchant, il regagna le chemin sans un regard pour le petit lapin tué un peu plus tôt dans la journée dont le nez frémissant humait l’odeur d’herbe et de sang mélangé ni pour le corbeau dont l’aile bougea imperceptiblement.
Trente minutes plus tard, il avait atteint l’orée du bois et ne vit donc pas Stephen se relever avec lenteur et marcher lentement sur ses traces avec une raideur toute cadavérique, laissant derrière lui une mare de sang et une partie de sa chair mutilée
Pas facile de trouver son chemin avec la moitié du visage en moins et un seul œil valide, mais il y arriverait au campement pile quand la nuit serait noire et sans lune.
Oh oui il y arriverait …
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Commentaires de l’auteur : Je me souviens avoir écrite cette oneshot d'une traite après avoir fini un de mes nombreux Stephen King, j'ai essayé de reproduire l'ambiance à la fois dérangeante et glauque mélée à une histoire simple et ordinaire comme il le fait si souvent dans ses nouvelles. Le résultat n'est pas au niveau de mes espérances et je ne suis définitivement pas Stephen King mais il est tellement rare que je parvienne à structurer mes idées dans une oneshot, il fallait bien fêter ça en la publiant