Oct 11, 2011 11:52
Chère box,
Tu sais, hier soir n'avait pas été fantastique, mais je le prenais avec le sourire. Après tout, attendre cinq heures une réunion qui en a duré deux, durant lesquelles la chose la plus importante que j'ai apprise c'était qu'un spectacle d'Ivo van Hove serait joué au MAC en décembre en jetant un œil sur les polycopiés de mon voisin, ça ne m'a pas vraiment ébranlée. La réunion a quand même eu des teintes rassurantes, c'était plutôt agréable, et puis bon, j'aime bien entendre les enseignants-chercheurs parler des déboires et des spécialités ("Alors, toutes nos excuses pour cette rentrée. Pour la décrire, comment dire... il se trouve qu'autrefois, j'avais fait ma thèse sur la Catastrophe, donc..." "Et quant aux M1, qui ont été l'année-pilote pour expérimenter les inscriptions pédagogiques en ligne... effectivement, 'pilote' veut souvent dire 'cobaye'.") Les occasions où l'on voit plus de la moitié de la joyeuse clique sont plutôt extrêmement rares, et c'est dommage, ils ont des liens de recherche ou administratifs de partout, ça les met en interrelations, en quelque sorte, et j'ai toujours aimé les inter- quelque chose. Et puis, j'ai travaillé et lu pendant ces cinq heures d'attente, ce qui était une bonne chose.
Chère box,
Tu sais, hier, je n'ai pas été en colère de découvrir que la grève du RER B d'aujourd'hui (mardi 11 octobre) commençait en soirée, et que si le train qui suivait celui à quai à mon arrivée était un Robinson, ça allait être l'enfer, puisque les quais restaient bondés malgré le départ d'un autre RER et que les huit minutes d'attente annonçaient encore plus de monde à venir. Je n'ai pas protesté pour la sueur, les odeurs et l'étouffement dans le RER. J'ai un peu protesté quant aux affichettes de pub de la RATP/SNCF ("Restez polis sur toute la ligne !"), mais c'était simplement parce qu'elles nous riaient à la tronche pendant que l'on découvrait que la grève du lendemain commençait le jour même, et que non, pour la SNCF, trois fois moins de RER que d'habitude, ça ne comptait pas comme une anormalité suffisante pour le signaler sur les écrans du métro dans la liste des perturbations, alors que ça aurait eu sa place à côté de l'état de la ligne 8 où le trafic reprenait doucement à la normale suite à un accident voyageur. Après tout, la grève ne commence que demain, on ne va pas reconnaître publiquement qu'il y a déjà des problèmes aujourd'hui, hein ?!. Je n'en veux pas trop à la SNCF/RATP de ne pas m'avoir prévenue en amont de mon trajet-retour, ce qui m'aurait permis de choisir une coordination métro+métro+bus au lieu de métro+RER+bus, qui m'aurait rallongée de quelques dizaines de minutes, possiblement, mais pas autant que l'attente puis les arrêts intempestifs du RER B-qui-rime-comme-bondés-et-plein-à-craquer de la route privilégiée par manque d'information. Mais, bon : ça allait parce que, après tout, j'ai réussi à entrer dans ce RER B Robinson, même été une des dernières, même été odieuse (selon les affichettes de la SNCF/RARP) en poussant un peu plus les gens pour rentrer (parce que j'allais au terminus, et quarante ou cinquante minutes pour attendre "mon type de bon train", c'était hors-de-question), mais j'étais à l'intérieur ! Je n'ai pas non plus protesté en découvrant un bus bondé, lui aussi, parce qu'au moins, je n'étais pas coincée en sandwich de pain entre quatre autres voyageurs : on respirait, j'ai pu me tenir à quelque chose, la température était plus fraiche.
Ah oui, règle de l'automne-hiver : on se plaint du froid, jusqu'à redécouvrir la chaleur humaine (littéralement) des transports en commun et la moiteur caractéristique des couloirs de la fac ; à partir de là, le froid redevient merveilleux.
Mais box, espèce d'enflure, que tu décides de te rebeller malgré tes cinq reboots et les trois heures passées à essayer de t'arracher quelque chose, quand eh ! les autres ordinateurs de la maison recommencent à avoir un signal mais pas le mien, me narguer à la figure l'ouverture (peut-être réussie au bout de deux cent treize actualisations ?!) de mon adresse universitaire que je n'arrive pas à utiliser sur d'autres ordi, alors qu'il y avait des docs et des liens relevant to my M1's interests envoyés par moi-même dans l'après-midi, et tout simplement, réduire en charpie la possibilité de reparler publiquement des déboires de la lignes B et puis de profiter d'une soirée libre de la semaine pour geeker un peu tranquillement, normalement, comme on a envie de le faire après des transports co infernaux et qu'on en a la possibilité, pour ça, chère box, non, je ne te pardonne pas.
Cependant, j'ai passé une trop longue nuit pour compenser et la haine que je te porte est devenue une information théorique plutôt qu'une réalité que je sentais dans mon corps à chaque nouveau "Erreur de Chargement".
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Sinon, je lis The Waves de Virginia Woolf (spectacle à la Colline ce soir) et :
"Hence I cannot talk to him of Percival. I cannot expose my absurd and violent passion to his sympathetic understanding."
Percival a déjà été surnommé "Percy". Le narrateur de cet extrait s'appelle Neville.
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