Titre: Confrontation
Auteur: Isil
Personnages: Draco, Théodore, Johann/Théodore
Rating: PG
Disclaimer: Draco et Théo sont à M'dame Rowling, ben ouais ! Et Johann est à Messa ♥ qu'elle soit bénie pour ça !
Notes: Quelques nouvelles des derniers évènements sur Caer ^w^ Le Château a un nouvel occupant en la personne de Monsieur Mackenzie !
Un bref coup à la porte et Draco relève la tête. Une seconde, il s'amuse à analyser l'aura derrière la porte, mais il n'est pas Seamus et sa seule conclusion est que son visiteur n'est pas du même élément que lui. Voilà qui ne l'avance pas beaucoup.
« Entrez ! » lance-t-il en posant son stylo.
La porte s'ouvre doucement et Théodore s'affiche dans l'ouverture. Avec un sourire poli, il entre en lui tendant un dossier.
« Les comptes de la Branche Africaine, explique-t-il en posant le dossier sur son bureau.
- Merci, Théodore.
- Autre chose, pendant que j'y suis ? » demande ce dernier toujours très poliment, les bras croisés dans le dos comme un majordome.
Draco lève un sourcil. Théodore semble avoir mal pris qu'il lui demande de venir lui-même lui apporter les dossiers. Tant mieux, c'était un peu le but. Ce fichu Nott est si fuyant, ces jours-ci, qu'arriver à le croiser tient du miracle, sauf évidemment si on est Irlandais ou que l'on s'appelle Johann Mackenzie. Il sourit à son tour en s'efforçant de ne pas grincer des dents et lui fait signe de s'asseoir.
« Et si nous parlions un peu, Théodore ? propose-t-il.
- Et je n'ai même pas besoin d'être voyant pour en deviner le sujet, murmure le brun en obéissant.
- Ne sois pas difficile. Je n'ai encore rien dit. »
Théodore penche légèrement la tête en guise d'excuses et il s'installe confortablement dans le fauteuil, les bras croisés. Sa position est volontairement défensive, comme s'il protégeait de ses bras ce qu'il y a derrière, autrement dit son coeur. Un instant, Draco en perd ses mots. Pourtant il a bien tout prévu, il a envoyé Gwendolyn en distribution de thé et a profité du moment où Brian suit ses leçons, il a préparé ce qu'il voulait lui dire, et voici que d'un simple geste peut-être même innocent, Thédore met à mal ses préparatifs. Il devrait en être irrité, mais ce n'est même pas le cas. Il est tout au plus vaguement fatigué et se permet un soupir mental avant de se lancer.
« Alors... Que fait Mackenzie, en ce moment ? »
Draco comprend au froncement de sourcils qu'il aurait dû travailler un peu plus sa formulation. Quelque chose lui dit qu'il risque de le regretter.
« Es-tu réellement intéressé ou bien est-ce que c'est juste un moyen détourné de me rappeler au cas où j'aurais pu l'oublier que ses faits et gestes sont surveillés ? demande-t-il, glacial.
- Ne sois pas naïf, Théodore. Tu penses vraiment que nous allons le laisser rôder dans le chateau sans la moindre surveillance ?
- Nous ? C'est toi qui me trouves naïf : tu es certainement le plus méfiant de tous, ici. C'est étonnant, d'ailleurs, objecte-t-il en levant un sourcil.
- Ai-je tort ? Peux-tu me regarder en face et me dire que j'ai le droit de mettre en danger la vie de tout le monde, ici, simplement parce que Monsieur Nott a décidé qu'il était amoureux ? » cingle Draco.
Il regrette presque ses mots quand il voit le mouvement de recul, pourtant presque imperceptible, de Théodore. Il s'y prend mal, il le sait, mais il est épuisé, surmené et il n'a pas d'énergie ni de temps à perdre à faire surveiller un ancien Mangemort devenu vampire et ancien sous-fifre de Iulianus.
« Bien sûr que non, souffle Théodore d'un ton obséquieux. Loin de moi cette idée, Draco ! A-t-on déjà vu quelqu'un risquer sa vie et celle des autres en faisant confiance à un Mangemort par amour ? Moi jamais en tout cas ! »
Et Théodore de ponctuer ses mots d'un regard baissé vers le tatouage qui lui tient lieu d'alliance et qui sert d'ancrage à son Lien avec Seamus. Draco serre le poing et les dents. Cette fichue guerre finira-t-elle par avoir même raison des amitiés qu'il a mis si longtemps à créer ?
« La conversation ne prend pas exactement la tournure que j'avais envisagée, admet-il en soupirant.
- C'est étonnant, se contente de répondre Théodore avec une ironie mordante.
- Tu n'y mets pas du tien non plus, je te signale ! réplique-t-il, sur la défensive.
- Pourquoi est-ce que je devrais y mettre du mien, Draco ? Je sais pertinemment que Johann est surveillé, que la majorité des gens ici ne lui font pas confiance, et pourtant tu t'obstines à retourner le couteau dans la plaie ! On dirait même que ça t'amuse ! »
Même si Théodore n'avait pas haussé le ton, les accents de cockney que Draco peut déceler dans sa voix sont un indice suffisant de son niveau d'énervement. Il n'a pourtant pas le droit de se sentir trahi, comme il le laisse sous-entendre. Draco s'étonne presque du niveau d'égoïsme que Théodore semble avoir atteint : cela ne lui ressemble pourtant pas de ne penser qu'à lui de la sorte. D'ordinaire, il est plutôt du genre à ne penser qu'aux autres. Le changement pourrait même être apprécié s'il n'était pas si violent et sans aucune demi-mesure.
« Ce n'est pas le mot que j'emploierais, Théodore, répond-il enfin. Je serais plutôt...stupéfait.
- Vraiment ? Et pourquoi ?
- Parce que tu sembles ne penser qu'à toi, et que ça ne te ressemble pas.
- Tu me trouves égoïste ?
- Oui, défie le blond en relevant le menton.
- Tu as raison. »
Et de cette simple réponse, Théodore, une nouvelle fois, lui fait perdre le contrôle de la conversation. Il ouvre la bouche pour répondre, mais le brun le coupe d'un geste de la main.
« Je suis égoïste, et je n'ai aucun problème à l'admettre. Il n'y a pas si longtemps que ça, toi aussi tu approuvais ceux qui me conseillaient de l'être un peu plus. Et maintenant, tu changes d'avis, et ça fait de toi quelqu'un de profondément hypocrite. Tu as tout envoyé balader pour être avec Seamus alors même que tu criais sur tous les toits que tu n'étais pas amoureux de lui. Tu as défié ton père, ton Maître et tout ce qui te définissait pour quelqu'un que tu prétendais à peine supporter. Moi, je t'ai soutenu, je t'ai dit d'aller jusqu'au bout, parce qu'il était temps que tu prennes un peu tes propres décisions. Et maintenant que c'est mon tour de faire ce que bon me semble, maintenant que j'ai moi aussi trouvé quelqu'un qui mérite que je me batte, que je risque tout, tu me traites d'égoïste ? De quel droit, Draco ? Qui a décrété que tu avais le droit d'être heureux au détriment des autres, mais que ce n'était pas mon cas ? »
Ce n'est pas du venin qui sort des lèvres de Théodore, c'est de l'acide. Draco est tellement stupéfait qu'il ne réagit même pas, mais s'il avait pu, il aurait grimacé. Et puis, Théodore crie, une chose tellement rare qu'elle lui donne presque des frissons. Il faut croire que Mackenzie est dans son coeur, dans son esprit, et dans chaque pore de sa peau... comme Seamus est dans la sienne. Le pire dans tout ça, c'est que Théodore est profondément à côté de la plaque, quand il croit comprendre les raisons qui le poussent à être aussi méfiant et peu enthousiaste vis à vis de la présence de l'Américain chez eux. Mais avant qu'il ait pu l'interrompre pour le corriger, le brun reprend, et cette fois-ci, sa voix est basse et fatiguée.
« Ce n'est pas juste, Draco. Je sais très bien que je n'ai pas le droit d'exiger que vous accueilliez Johann à bras ouvert, je ne suis pas idéaliste à ce point là. Mais je voudrais au moins avoir le droit d'être heureux, de pouvoir en parler sans te voir grimacer ou sans que Graham ne regarde ailleurs comme si je n'existais plus, souffle-t-il en se passant une main dans les cheveux. Et ça n'a rien à voir avec Blaise, tu sais. Ce qu'il s'est passé est entre nous, et ce n'est en rien votre affaire, il te le dira comme moi. J'ai fait ce que je pensais être le mieux. Je n'ai pas largué Blaise pour me mettre avec Johann, ce n'était pas ça. Je n'ai pas abandonné l'un pour choisir l'autre. J'ai juste suivi mon coeur, et je l'aurais fait même si Johann ne m'avait pas choisi. Je ne demande pas que vous l'acceptiez, ce n'est pas à moi d'exiger ça. Je voudrais juste que vous acceptiez que je l'aime et que ça ne changera pas. »
Cela sonne presque comme un ultimatum, et Draco sent sa gorge se serrer. Il se contient pour ne pas inquiéter Seamus ou Théodore lui-même et secoue la tête.
« Je n'aurais jamais cru pouvoir te dire ça un jour, Théodore, mais tu n'as rien compris. Ca n'a effectivement rien à voir avec le fait que tu aies planté Blaise comme un malpropre. Malgré toute l'amitié que j'ai pour lui, cela lui servira peut-être à plus long terme... Et ça n'a rien à voir avec Mackenzie en tant qu'ancien Mangemort ou vampire de Lian, d'ailleurs.
- Alors quoi ?
- Tu me pardonneras l'image un peu maladroite, Théodore, mais pour vous comparer, Blaise et toi, je dirais ceci : Blaise a un coeur de pierre Tu le brises, il s'ébrèche ou perd un éclat, mais avec un peu de colle ou de ciment, il n'en devient que plus solide. Toi, Théodore, tu as un coeur de cristal. Si quelqu'un le brise, j'ai peur que personne ne soit plus jamais capable d'en recoller les morceaux. » explique Draco à voix basse, en cherchant son regard.
Il peut lire un étonnement profond et un embarras au moins aussi important dans ces yeux gris. De l'étonnement pour l'analyse assez fine, certainement, mais aussi pour l'inquiétude que ses mots traduisent, Draco le sait bien. Quelque part, il espère que Mackenzie réussira, conjointement à Gwendolyn, à faire comprendre à cet idiot que oui, les gens s'inquiètent pour lui.
Théodore garde le silence et les yeux sur lui quelques instants. La tension a quitté la pièce et Draco se surprend à respirer plus facilement. Dire cela tout haut, mettre des mots sur son inquiétude l'aide à la relativiser. Oui, effectivement, ça n'a que peu de choses à voir avec Mackenzie lui-même. C'est juste que Théodore est en réalité bien plus fragile qu'il n'y paraît et bien plus précieux qu'il ne l'imagine. Il sourit et s'aperçoit que Théodore fait de même.
« Alors, tu n'as pas répondu à ma question...
- Laquelle ?
- Que fait Mackenzie, en ce moment ? répète-t-il avec une grimace amusée.
- Il s'occupe de Théodore. »
Draco lève un sourcil surpris, et le brun rit doucement en s'étalant un peu dans sa chaise, signe évident de détente chez lui.
« Demande à Seamus, c'est lui qui lui a prêté Catz Academy, râle vaguement Théodore en levant les yeux au ciel.
- Et la DS, qui la lui a prêtée, au juste ? accuse Draco, taquin.
- Il s'ennuyait ! proteste le brun comme un gamin pris en faute. Et crois-moi, il vaut mieux éviter qu'il s'ennuie...
- Tu m'en diras tant, élude-t-il avec diplomatie. Et "Théodore" est...?
- Un chat, évidemment.
- Evidemment. »
Mackenzie a cette étrange mais attachante habitude d'appeler Théodore "Monsieur le Chat" ou "Chaton", ce qui, Draco en est sûr, ne déplaît pas autant qu'il le prétend au principal intéressé. C'est après tout, le vrai premier surnom de Théodore, si on ne compte pas ce diminutif qui, là aussi, n'est certainement pas pour lui déplaire. A dire vrai, Mackenzie a tout un tas d'habitudes plus ou moins irritantes mais il ne dépareille pas vraiment au Château. Sa neutralité est également tout à son honneur. Comme le lui a dit le Seigneur Benedikt il y a peu, Mackenzie est l'invité de Théodore. Au sens propre comme au sens figuré, d'ailleurs, car il semble parfois à Draco que l'Américain s'est invité dans le coeur de Théodore. Ces Américains n'ont décidément aucune décence.
« Tu n'as pas répondu à ma question, toi non plus, coupe soudain le brun.
- Laquelle ? demande Draco en écho à leur échange précédent.
- Tu as besoin d'autre chose ? »
En voilà une demande de liberté bien formulée, Draco doit l'admettre. Théodore est décidément bien un chat : il se laissera caresser s'il est d'humeur, mais il n'y a qu'une personne auprès de qui il retourne toujours. Le blond hoche la tête.
« Vas libérer Gwendolyn des griffes de Seamus, j'ai besoin de ma secrétaire.
- A tes ordres, Boss ! » obéit Théodore avec l'accent californien utilisé là fort à propos.
Draco le foudroie du regard pour la forme et Théodore se lève, guère impressionné. Il hoche la tête en guise de salut muet, puis sort sans un mot de plus. Draco contemple un instant la porte fermée. Il se masse les tempes pour chasser une migraine solidement ancrée dans son crâne depuis quelques heures et regarde l'heure sur son ordinateur. Il fronce les sourcils. Il aurait juré que sa conversation avec Théodore avait duré plus longtemps...
FIN.