Titre: Tout travail mérite salaire
Auteur: Isil (
shono_hime)
Personnage: Adam Ashcroft
Rating: G
Disclaimer: Chibi!Adam est tout à moi ^o^
Notes: C'est complètement la faute de Lily o_O Je cherchais une idée pour écrire sur le thème "Huitième Merveille du monde" sur
31_jours, et elle a posé LA question à Adam sur le post de l'interview, et voilà l'idée qui en est sortie XD Merci Lovie ♥
Adam se laissa tomber sur un banc, épuisé et étira ses jambes devant lui pour calmer la brûlure de ses muscles. Il enleva sa casquette et essuya la sueur qui lui piquait le front du dos de la main. Il n'en pouvait plus. La Louisiane, c'était peut-être chez lui, et il adorait le coin mais qu'est-ce qu'il faisait chaud en plein été! C'était son troisième jour à crapahuter dans Bâton Rouge, et il commençait sérieusement à fatiguer. Et il n'y avait pas que lui qui fatiguait, d'ailleurs…
Tandis que ses deux touristes achevaient leurs dernières pellicules en mitraillant des arbres du Jardin de l'Indépendance, il inspecta d'un œil critique sa chaussure de sport droite, dont la semelle pendouillait piteusement vers l'avant. Il soupira bruyamment et se pencha pour jouer avec, hésitant à l'arracher complètement quitte à marcher sur sa chaussette ou à la laisser et à se casser la figure avec.
C'était nul, tiens! Déjà que sa mère lui répétait à quel point son admission à l'école avait coûté cher, voilà qu'il ruinait ses chaussures! Bon. C'était pas si grave. Il n'avait peut-être que dix ans et quelques mois, trois, très exactement, mais il savait se débrouiller! La preuve, il avait, il y a trois jours, rencontré un couple de vieux New-yorkais qui étaient soit radins soit gâteux, et qui l'avaient proprement et simplement alpagué dans la rue pour lui demander de leur faire découvrir la ville. Il avait eu peur de tomber sur deux pervers, mais ils étaient réglos, finalement.
Ils lui avaient promis un petit salaire en échange d'une visite de la ville. Apparemment, Papy et Mamy ne voulaient pas suivre les circuits touristiques proposés par leur agence, et rêvaient d'une visite plus intimiste de la ville. Personnellement, Adam avait du mal à voir ce qu'il y avait d'intimiste à mitrailler un bête cyprès dans un jardin bondé. Il haussa les épaules, sans cesser de tripoter sa semelle.
Lui, il s'en fichait, en fin de compte. De toute façon, c'était pas comme s'il ne passait pas ses journées en ville, alors… Autant se faire un peu d'argent! Il n'allait pas se mettre à mendier non plus, histoire de se payer une glace!
De ce côté-là, Papy et Mamy étaient réglos, aussi. Ils lui fournissaient le repas du midi, de quoi boire et éviter ainsi de se transformer en momie déshydratée, même si l'idée le faisait marrer. Il rit doucement. Les vieux aussi, c'étaient un peu des momies. Moins moches que celles dans les bouquins de la bibliothèque, à la maison, mais au moins aussi vieux, c'était sûr!
Mamy rangea son appareil photo et trottina jusqu'à lui et aux sacs qu'il gardait pour eux. Il s'efforça de lui sourire, parce qu'elle n'arrêtait pas de lui pincer la joue en lui disant de se dérider un peu et qu'il détestait ça. Il n'avait plus cinq ans, hein! Il avait passé l'âge qu'on lui pince la joue, zut, quoi!
"Ooooh, mais ne touche donc pas ça, mon garçon, c'est dégoûtant!" s'exclama t'elle en lui donnant une tape sur le poigner pour qu'il arrête de jouer avec sa semelle.
Elle examina sa chaussure avec un froncement de sourcils insatisfait, comme à chaque fois qu'il faisait quelque chose qui ne lui convenait pas, autant dire souvent, et se retourna pour appeler son mari.
"Robert! Robert! Viens donc voir l'état des chaussures du garçon!"
Adam souffla profondément, impoliment. Il avait un prénom, quand même! Il avait pourtant essayé de leur faire comprendre qu'il ne s'appelait pas "le garçon" ou "le petit" ou "bonhomme" mais rien n'y avait fait. Pour un peu, il en aurait oublié comment il s'appelait, carrément!
Papy s'approcha en soufflant comme un phoque, plus assez jeune pour traverser l'esplanade en courant et se pencha lui aussi.
"Ben alors, bonhomme! On t'a trop fait marcher, on dirait," plaisanta t'il.
"C'est pas grave. Je les aimais pas, de toute façon. Elles étaient moches." répliqua Adam en se redressant.
Il vissa de nouveau sa casquette sur sa tête, affectant l'indifférence la plus totale. En plus, c'était vrai que c'était pas grave: ils allaient le payer et il pourrait s'en racheter. Peut-être même qu'il aurait de quoi acheter des bottes dans une boutique du surplus de l'armée! Ça, ce serait la classe!
Il était déjà en train de les imaginer, ces beautés, ou plutôt de s'imaginer arriver à l'école avec une super allure, quand Mamy lui flanqua un de ses sacs dans les bras, signe évident qu'il était temps pour lui de continuer la visite. Les deux vieux échangèrent un regard entendu et il se rendit compte qu'il avait dû rater un épisode en rêvassant à ses chaussures.
Traînant des pieds, un sac trop lourd à l'épaule, il les guida vers le centre-ville. Au bout de quelques minutes de regards appuyés, il inspira pour se donner du courage et oublier le raclement pénible de sa semelle en pleine agonie et se glissa de nouveau dans la peau du guide touristique junior qu'ils avaient exigé. Il leur indiqua quelques vieux bâtiments, se félicitant intérieurement d'avoir si souvent traîné dans le coin qu'il connaissait tout un tas de détails sur les monuments, glanés en croisant des cars de touristes ou en lisant les affichettes informatives plantées un peu partout.
Vers midi, ils s'arrêtèrent pour prendre de quoi manger, et Adam dégusta avec un plaisir non dissimulé un excellent hot-dog payé par Papy, tandis que Mamy râlait que ça n'était pas diététique. Pour compenser, certainement, elle lui colla une pomme entre les mains. Peu contrariant, et surtout affamé, il fit rapidement un sort à son dessert, et ils repartirent.
Ici, une vieille église, là un musée en cours de rénovation, et ici la plus ancienne école de la ville… Et eux, ils étaient là, avec leurs appareils photo, à grogner leur intérêt et à le complimenter pour sa culture. Adam haussa les épaules. C'était pas vraiment compliqué de connaître l'endroit où on avait grandi. Et puis il adorait ça, les vieux bâtiments. Il pouvait passer des heures à suivre des troupeaux de touristes juste pour entendre les détails dont les guides pimentaient leurs exposés.
Puis arriva la fin d'après-midi. Adam l'attendait avec impatience, juste histoire de pouvoir enfin se caler quelque part, enlever ces fichues chaussures et les brûler. Et peut-être se payer une glace avec l'argent qu'ils devaient lui donner… Il s'attendait à ce qu'ils lui fourrent un billet dans les mains avant de rentrer à l'hôtel, mais étrangement, ils insistèrent pour qu'il les accompagne dans la galerie marchande en face de l'hôtel.
Il retourna sa casquette une fois à l'intérieur, pour pouvoir un peu mieux regarder les boutiques, mais Papy et Mamy avaient l'air de savoir où ils allaient. Il fit mine de s'arrêter devant une boutique de jouets, mais Papy lui prit le bras d'autorité, et le conduisit jusqu'à un autre magasin.
Arrivé devant, il cligna des yeux, puis les leva vers ses deux vieux, perplexe.
"Bonhomme, si tu veux continuer à marcher comme tu le fais, il te faut de bonnes chaussures," expliqua Papy en lui faisant signe de rentrer.
Sa semelle à moitié arrachée manqua de se prendre dans le paillasson, le faisant trébucher, et après un juron étouffé, il fit les derniers pas d'un air décidé.
"Là."
Adam chercha du regard ce que Papy lui indiquait et il les vit. Ses yeux s'arrêtèrent d'eux-mêmes, et un sourire ravi s'inscrivit sur son visage. Des chaussures militaires? N'importe quoi! Des chaussures de sport? Encore pire!
Des Converse. Rouges.
Celles-là, se dit-il en s'approchant du rayon, c'était les plus belles chaussures qu'il aie jamais vu. Aucun doute là-dessus. Il en prit une entre ses mains et l'examina soigneusement. Il passa un doigt sur l'étoile bleue qui en ornait les côtés et son sourire s'élargit. C'était bête, mais il avait presque l'impression d'être tombé amoureux…
Il se tourna vers Papy et Mamy, qui l'observaient, étrangement attendris et il leur sourit franchement, certainement son premier sourire sincère depuis qu'ils s'étaient rencontrés et il vit Papy sortir son portefeuille, l'air profondément satisfait.
Adam le laissa faire et retourna à sa contemplation. Elles étaient parfaites, ces chaussures… Sans trop savoir pourquoi, mais avait-il besoin d'une raison, il décida que ce serait ses chaussures, sa marque de fabrique, même quand il serait grand.
Parce que oui, sans aucun doute, il avait entre les mains la huitième merveille du monde.
FIN.