Titre: Lignes
Auteur: Isil
shono_hime Fandom: Harry Potter/Caer Verse
Rating: PG
Disclaimer : Adam Ashcroft m'appartient dans son intégralité, à part le bout de lui (relativement conséquent) appelé Joss White qui, lui, appartient à
guru_messakira! ♥
Notes: Messa, tu m'as demandé "Lignes" (entre autres) et Lignes tu auras ^o^ En espérant que tu apprécies!
Toutes les infos nécessaires (ou presque) à la compréhension de cette fic sont disponibles sur la fiche d'Adam. Donc vous devriez pas trop patauger.
Certains jours, quand le soleil est suffisamment haut, Adam travaille près de la fenêtre. Quand sa main se met à trembler, il lui suffit de se tourner et de regarder dehors pour se réchauffer un peu. Il y a souvent du monde dehors, que ce soit un vampire anonyme ou bien un Contrebandier plus connu. Une présence vivante qui lui suffit à se sortir de la brume que le Livre dégage dans son esprit.
Mais parfois, trop souvent, même, les nuages sont trop bas, et le Château lui-même, avec ses fantômes et ses murmures qu'il est le seul à entendre lui fait presque peur. Ces jours-là, le Livre lui semble presque vivant. Chaque murmure de son crayon sur sa feuille est comme un souffle enchanteur, une voix qui répète sans cesse dans sa tête "Réveille moi… Révèle moi…"
Ces jours-là, les lignes semblent se confondre sous ses yeux. Chaque mot écrit est une lutte avec lui-même. Il peut passer des heures sur une simple syllabe, comme si son esprit se refusait à entendre ce que le Livre lui susurre. Et Adam se bat contre lui-même, contre son bras qui veut écrire et contre sa main qui s'y refuse, contre ses yeux qui lisent et sa tête qui ne veut pas comprendre. Parfois, sa main tremble et bute contre un mot, et il ne sait pas trop si c'est parce qu'il ne veut pas l'écrire, ou au contraire s'il en a trop envie.
Ces jours-là, il n'attend qu'une chose: que Joss vienne le distraire, même si c'est égoïste et même si c'est lâche. Parce que quand les lignes se brouillent, s'entremêlent jusqu'à lui sembler encore plus effrayantes, il n'arrive plus à en détourner les yeux, sauf quand la porte de leur chambre s'ouvre et qu'il entend Joss l'appeler. Il ne lui dit pas, bien sûr, parce qu'il n'a pas envie d'entendre cet idiot ronchonner en lui disant d'arrêter d'être gnan-gnan. Mais c'est comme ça, et il entend bien à ce que ça ne change pas.
Aujourd'hui, il ne travaille pas. Draco lui a donné sa matinée, selon lui bien méritée après un passage dans les Limbes plus qu'éprouvant. Alors il est assis là, près de la fenêtre, à regarder en bas. Pour un peu, ça lui rappellerait son enfance, quand, caché derrière les volets mi-clos de sa chambre, il observait le monde dehors, attendant que sa mère s'endorme pour pouvoir enfin quitter la maison et aller vivre un peu.
Mais non, c'est différent, maintenant. Il est libre, pour la seule et bonne raison qu'il sait être libre. Et rien, ni une guerre ni un Livre maléfique ne changeront ça. Alors, au lieu de se concentrer sur ces bribes de souvenirs familiaux et douloureux, il pense à Joss et à sa faculté de le déconcentrer, tout le temps. Autrefois, il maudissait ce talent, aujourd'hui, il l'apprécie, même s'il se refuse à expliquer pourquoi au principal intéressé.
Quand ils étaient à Salem, combien de fois Joss l'a-t-il empêché de réviser, de finir un devoir, simplement en venant s'installer à côté de lui, mine boudeuse et grands yeux noisette et en lui disant "Je m'ennuie. On sort?"? Et combien de fois Adam a-t-il regardé son devoir, remarqué combien ses yeux fatiguaient de suivre les lignes avant d'accepter avec un sourire, conscient de sa faiblesse? C'était déjà comme ça à l'époque, et c'est toujours comme ça aujourd'hui. Il est toujours aussi faible et aussi heureux de l'être, quelque part.
"'Dam?"
Avant même de se retourner, Adam sourit déjà. Il quitte la vue brumeuse et calme des montagnes tchèques et fait face à Joss. Il tend la main, et savoure silencieusement la simple joie d'avoir enfin le droit de le faire, et celle toute aussi simple de voir Joss s'avancer vers lui.
"Qu'est-ce que tu faisais?" demande ce dernier en s'arrêtant devant lui.
Adam jette un dernier coup d'œil par la fenêtre avant de se lever et de croiser son regard. Il hausse les épaules.
"Je réfléchissais," élude t'il juste pour voir Joss lever les yeux au ciel.
"Arrête de jouer les Théo," râle t'il. "A quoi?"
"A une histoire de lignes," répond-il avant de rire.
Il glisse un doigt dans le passant du jean de Joss et l'attire contre lui, étouffant ses protestations d'un baiser. Puis, il sourit et lève une main. Doucement, il caresse de son pouce le coin de l'œil droit de Joss, à l'endroit où des petits plis lumineux apparaissent quand il sourit. Sous son doigt, il sent ces minuscules lignes, qu'il n'a jamais le moindre mal à déchiffrer, elles. Derrière eux, sur le bureau, il y a un Livre, mais il est comme silencieux.
FIN.