(no subject)
Jour J
Duo descendit les escaliers à toute allure, comme si le diable en personne était à ses trousses. Son arrivée causa un haussement - de sourcils et d’épaule - général. Mais la maisonnée était habituée au comportement étrange du natté. Comme d’habitude, Quatre se dévoua et Wufei hocha la tête d’un air approbateur. Il avait vraiment bon cœur celui-là.
- Duo, tout va comme tu veux ?
Le natté battit des mains, l’air positivement extatique.
-Oui ! C’est un grand jour pour Heero.
Wufei haussa un sourcil.
-C’est son anniversaire ?
Il jeta un coup d’œil au Japonais qui avait baissé son journal et fixait l’Américain d’un air qu’on aurait pu qualifier d’étonné. Apparemment, ce n’était pas son anniversaire. Heero sembla renoncer à comprendre parce qu’il recommença à lire. Wufei haussa philosophiquement les épaules. Duo Maxwell était tout à fait le genre de personne à souhaiter « un joyeux non-anniversaire ».
Le jeune homme se jeta sur le canapé, à côté de Quatre.
- Tu devrais t’agenouiller devant moi, continua-t-il.
Il prit une pose dramatique.
-Aujourd’hui ça fait un an, jour pour jour que nous nous connaissons.
-Merveilleuse nouvelle, commenta Heero, sur un ton plat.
Duo lui flanqua un téléphone dans les mains, faisant tomber le journal sur le sol.
-Tu ne crois pas que tu as quelqu’un à appeler ?
(fin)
Et pis le deuxième
« Et elle a dit »
Duo était étrangement calme quand il rentra ce soir-là chez lui. Il ne cessait de se répéter en boucle la longue conversation qu’il avait eu avec Wufei par l’intermédiaire de sa télé-caméra.
Il se demandait comment le Chinois avait la force de rester debout, quelles ressources de courage cachaient encore son corps et son esprit. Ce n’était pas de la pitié qu’il ressentait pour lui, plutôt une sincère sympathie. Plutôt curieux vu les relations houleuses qu’ils entretenaient depuis des années.
Hilde l’attendait.
- Duo ?
Son sourire s’effaça.
- Quelle tête tu fais ? Quelqu’un est mort ? plaisanta-t-elle à moitié.
- Non, non. Rien de grave, rassure-toi, dit-il en plantant un baiser sur ses lèvres. Comment s’est passée ta journée ?
- Bien. Et n’espère pas t’en tirer comme ça.
- Nan, c’est juste que - c’est l’odeur du café que je sens ?
Hilde secoua la tête.
- Il est encore chaud. Viens dans la cuisine, on sera mieux devant un cappucino pour parler.
Séduit par cette perspective, Duo la suivit.
- Alors ? demanda-t-elle quelques minutes plus tard.
- J’ai parlé avec Wufei.
- Tu t’es encore pris la tête avec lui ?
- Non, justement. J’avais pas grand-chose à faire, il avait un truc à me demander pour je ne sais quelle affaire et on s’est retrouvés à parler… c’était bizarre. Très bizarre. J’ai appris des choses…
Hilde soupira. A ce rythme là, ils en avaient encore pour des heures et elle aurait bien voulu voir ce film à la télé.
- Arrête de tourner autour du pot.
- Il m’a parlé de Sally…
- Oh.
- Je savais pas qu’il était mordu à ce point là, dit pensivement Duo.
Hilde s’en doutait, mais ne fit aucun commentaire.
- Et ?
- Il lui a demandé d’emménager.
Elle écarquilla les yeux.
- Si vite ?
- Ouais. Après sa « disparition » je crois qu’il a voulu trouver quelque chose sur quoi construire sa vie. Je crois qu’il avait envie de solidité.
- Pourquoi on sabre pas le champagne ?
- Elle a dit « non », dit Duo en avalant son café.
- Oh.
- Ouais.
~ * ~
- Et elle a dit quoi ? s’informa Quatre.
La voix de Duo parlait d’elle-même.
- Elle a dit « oui ».
Quatre sourit.
- Je suis heureux pour toi. Je te souhaite du bonheur, Duo. Tu le mérites.
- Merci, Quatre. Et…
Duo hésita. D’une certaine façon, c’était grâce à Wufei qu’il en était là. Parce qu’il avait pris conscience que rien n’était acquis.
- Wufei ? Comment il va ?
- Il ira, assura Quatre. Je suis sûr qu’il arrivera à panser ses blessures. C’est dans sa nature après tout.
C’est notre nature à tous..., songea Duo en raccrochant.
C’était ce que la guerre leur avait appris à faire.
(fin)