Yurimania

Jun 29, 2010 02:44


Aujourd’hui, je vous réserve une loooooongue entrée consacrée (presque) exclusivement au yuri.

Avant toute chose, je voudrais vous conseiller quelques fics :

Un bouquet de flammèches du Sergent Mathilde. Elle a 15 ans - ou peut-être 16, puisque son profil n’a pas été mis à jour depuis un moment - et elle a rédigé un très joli Narcissa/Lily. Le premier que je lis, en fait. C’est plein de poésie. L’atmosphère est douce, c’est le genre de récit qui me met la tête dans du coton (promis c’est un compliment, étrange certes, mais c’en est un). Pour ne rien gâcher, la question des rapports sexuels est traitée de manière innovante - je serais presque jalouse ! C’est l’un des (très) rares yuri qui me convient à ce niveau.

Plus sombre, il y a Des ascenseurs au fond des précipices de xMaladictx. Peut-être mon coup de cœur en matière de yuri. C’est un Luna/Pansy. Odeur de pluie, d’alcool, de désillusions. Leurs deux caractères sont si justes… Bref, j’ai dû le lire au moins trois fois en me désolant systématiquement du peu de reviews.

Pour finir, LA référence yuri HP : Improbable, pas impossible de youte. Ça commence à dater, mais pour l’avoir relue l’été dernier c’est toujours aussi bon. Ne soyez pas rebutés par le fait que le couple principal soit constitué de deux OC. Tous les personnages inventés sont très bien maîtrisés (une pensée  spéciale pour Kyle Dallon). Si vous avez du temps à tuer, lisez ! Ça vaut le coup, juré. (Parfois je me demande si Kassidy est un peu un mauvais plagiat de Kara ; j’ai honte).

[Si vous vous décidez à les lire et que vous voulez partager vos impressions, y a pas de souci, je suis là.]

Passons à Transparence, mon yuri Millicent/Tracey en cours de scribouillage. Et plus précisément à la remarque de Llewellyn (merci pour la chouette review, d’ailleurs !) que j’attendais, redoutais et… espérais paradoxalement :

Je trouve, cependant, cela légèrement - mais alors, très légèrement - cliché que tu choisisses une jeune fille comme Millicent que j'imagine baraquée(1) et mal à l'aise(2) pour ce rôle-ci.

(1) Je ne m’en excuserai pas, ce « cliché » est voulu.

Des femmes « masculines », il y en existe de toutes les orientations sexuelles mais on a fini par faire un amalgame entre homosexualité féminine et look à la garçonne (exemple concret : ma mère veut se raser la tête, il n’empêche qu’elle est plutôt hétérosexuelle, d’après mes sources (et pas skinhead, non plus, mais c’est un autre sujet)). C’est devenu LE cliché à combattre. Sauf qu’il repose sur une part - je dis bien une part - de vérité : oui, en effet, il existe des lesbiennes masculines.

Le politiquement correct voudrait qu’on esquisse des lesbiennes féminines pour combattre le stéréotype. Et en agissant ainsi, on ne se rend pas compte qu’on met en place un nouveau cliché pour remplacer l’ancien. Mon avis très subjectif sur la question, c’est que je préfère une lesbienne de fiction masculine et crédible plutôt qu’une lesbienne avec jupe et escarpins qui serait là dans le but inavoué de faire fantasmer le lectorat mâle en présence. Parce que, ne nous leurrons pas, c’est très tendance en ce moment (dans le marché de la pornographie mais aussi dans les publicités !).

J’aime le fait que les « camionneuses » (je préfère le terme anglophone « butch », moins connoté à mon sens, mais je ne sais pas si vous le connaissez ?) dérangent. Qu’elles bousculent les lois supposément immuables associées à leur genre. Et le simple fait qu’on parle de cliché en se trouvant face à l’une d’elle est indicateur, je trouve. Ça soulève quelques questions essentielles :

Est-ce qu’il est condamnable d’être une femme (lesbienne, de surcroit) et d’être masculine à la fois ? Est-ce que c’est anormal ? Est-ce que c’est une mauvaise chose ?

Faut-il (et pour quelles raisons ?) censurer cette masculinité ? Est-ce qu’on ne peut pas, au contraire, en faire quelque chose de positif, la magnifier, en faire l’éloge de temps en temps ?

Et puis qu’on se le dise : quand on parle d’homosexualité, on finit toujours par illustrer un cliché. Si j’avais fait deux filles ultraféminines on aurait pu me reprocher de coller à l’image commerciale de la lesbienne (c’est dommage, je ne retrouve plus l’article très bien documentée sur lequel j’étais tombée l’autre jour, vous auriez eu plein d’exemples concrets pour illustrer mon propos), si j’avais fait deux lesbiennes masculines de grossir le trait sur un type particulier. J’ai décidé de la jouer mixte, et je sais qu’on pourrait le critiquer en ces termes : « sérieux, t’abuses, Basmoka, tu nous refais le couple stéréotypé avec l’une qui fait le garçon et l’autre qui fait la nana ! » (ce qui n’a pas de sens dans la réalité, mais passons).

Après je dois tout de même reconnaître que j’ai été très fortement influencée par le film Bound (Gina Gershon en Corky, j’avoue que ça a laissé ses marques dans mon esprit dérangé) ainsi que par le personnage de Graham dans But i’m a cheerleader (interprétée par Clea DuVall). Sans parler du baiser chaud bouillant entre Lady Gaga et une détenue dans Telephone (vidéo en bas de la page, vous pouvez zapper la première minute) même si, entendons nous bien, je H-A-I-S sa musique.

A côté ça, je rappelle que j’ai un autre yuri en cours d’écriture (pas encore publié sur ffnet) où en l’occurrence les deux concernées sont plutôt féminines.

Manqueraient plus que j’en fasse deux masculines et la boucle sera bouclée (chiche ?).

[Petite parenthèse : allez, avouez-le, je suis allée pêcher des liens pour rien, hein ? Vous avez trop la flemme de cliquer dessus, pas vrai ?]

(2) Je ne suis pas sûre de comprendre ce que Llewellyn veut dire pas « mal à l’aise pour ce rôle-ci », il est donc possible que je réponde à côté de la plaque.

Actuellement, on nous fait croire que l’homosexualité, c’est une pilule qu’on avale facilement. Bien sûr, c’est plus facile à accepter/assumer que dans les années 30, bien sûr certains s’y font relativement rapidement. Mais croire que ça roule tout seul pour 100% des jeunes (ou moins jeunes) qui se découvrent pas si hétéros que ça, c’est de la connerie. Et c’est nuisible. Parce qu’on en vient à culpabiliser quand on réalise que la pilule, on l’a encore coincée dans l’œsophage et qu’on est encore loin de pouvoir la digérer (à ce point de mon entrée, si certains se questionnent encore, et puisque j’ai un peu rien à perdre sur le net, ouais, je suis vaguement, plus ou moins, selon les jours, concernée par ce phénomène - non pas que j’en sois à me définir lesbienne pour autant… cherchez pas, hein, c’est compliqué).

Bref, là où je veux en venir, c’est que mettre en scène une Millicent qui est mal à l’aise avec son orientation sexuelle, c’est bel et bien représentatif d’un échantillon de la population homosexuelle (sa situation familiale et son statut dans la société sorcière peuvent d’ailleurs être mis en parallèle avec certains milieux bourgeois et/ou très tournés vers la religion qui existent dans notre belle France, et ailleurs - je ne suis pas sectaire). C’est sûr que ça ne fait pas plaisir ; on aimerait que tout le monde vive bien sa sexualité, mais c’est idyllique de croire qu’en pratique c’est le cas. Et je parle des hétéros aussi, là, pour le coup : on ne se réveille pas du jour au lendemain en assumant son corps, ses désirs, ses pratiques, etc.

Je ne sais pas trop comment va être perçue cette entrée - j’espère juste que je n’ai pas l’air agressive ou moralisatrice, je ne fais vraiment qu’exprimer mon point de vue !

Je comprends les critiques que je reçois, et il me semble important d’expliciter ma démarche et ma visée pour qu’on puisse me juger (positivement ou non, ça, ça vous concerne) en ayant tous les éléments en main. Il y a possiblement un peu de militantisme là-dedans (défendre les butchs, révéler aussi que l’homophobie intériorisée n’est pas un mythe, sans même parler de l’homophobie tout court…).

Et puis vous me connaissez, les romances toutes simples, ça m’emmerde ! Quand je peux compliquer les choses, je m’en donne à cœur joie.

Ce n’est pas pour autant qu’il faut perdre de vue l’essentiel : moi, ce que j’essaye d’écrire, malgré les possibles clichés, c’est tout bêtement une histoire d’amour entre deux filles :)

Pour clore cette entrée, j’aimerais juste faire un peu de pub à Althar qui se démène pour relever le niveau des slashs avec son petit guide (Quelques fautes à éviter quand on écrit un lemon). C’est léger, instructif, inspirant. Et au-delà de ça, je trouve que c’est utilitaire en dehors même du monde de la fanfiction. Ça permet d’avoir un regard plus vrai sur les gays, moins brouillé par les clichés et la pure ignorance. En tant que filles (généralement hétéros), il est normal qu’on ait par moment une vision partielle… de ce que peut être la sexualité homo, a fortiori masculine puisqu’on n’a pas l’équipement pour la mettre en pratique (admirez cette périphrase toute en sobriété - j’aurais pu dire « pénis », hein, mais ça me paraissait moins classe !). Et plus simplement, ça renseigne sur le fonctionnement du corps masculin.

J’ai bien envie de contribuer, à ma manière. Peut-être pas sur fanfiction directement, peut-être ici (je ne sais pas encore). Donner des petits conseils pour le yuri (et également sur des thèmes touchant à l’identité de genre et à la transsexualité) ; ce serait autant pour le plaisir d’aider des auteurs potentiels que pour promouvoir ce genre de romance. Evidemment, ça aurait aussi pour but de débroussailler certaines croyances infondées et de renseigner plus globalement.

Je ne prétends certainement pas être un gourou en la matière, mais j’ai pas mal potassé ces questions et je crois que je peux apporter des éléments intéressants à ceux qui le souhaiteraient. Ainsi que des liens pour approfondir.

slash, yuri, moi dans la vraie vie, rar, conseil de fics, transparence

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