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Le film de Ridley Scott est consacré à l’une des histoires de viol médiévales les plus connues en France. Un chevalier brusque et courageux Jean de Carrouges (Matt Damon) apprend que son épouse Marguerite de Thibouville (Jodie Comer) a été violée pendant son absence d’une semaine. Le méchant est Jacques le Gris (Adam Driver), l’ancien ami de Jean, un coureur de jupes et un protégé du compte puissant Pierre d’Alençon (Ben Affleck). Grâce au dernier, Jacques vient d’obtenir le poste de capitaine, qui devait être hérité par Jean. Se rendant compte qu’au tribunal la parole de la femme ne vaut rien contre la parole de l’homme, Jean se rend chez le roi Charles VI (Alex Lawther) et appelle officiellement Jacques le Gris au jugement divin, c’est-à-dire un duel mortel entre deux chevaliers. Selon un usage cruel, dans le cas de la mort de son mari, Marguerite sera brûlée pour le faux témoignage contre un homme.
Le générique de fermeture indique que l’histoire montrée est basée sur des faits réels. Ici, on peut gronder un peu sur le sujet d’une crise de scénario à Hollywood d’aujourd’hui - pourquoi au lieu d’un scénario originel, Nicole Holofcener, Ben Affleck et Matt Damon nous proposent une autre adaptation à l’écran d’un livre déjà publié («The Last Duel: A True Story of Trial by Combat in Medieval France» d’Eric Jager). Mais d’un autre côté, nous devrions plutôt dire merci aux auteurs du film, qui ont dépensé 100 millions de dollars pour un cinéma médiéval. À une époque dominée par les franchises de super-héros en spandex, Ridley Scott (qui est aussi un chevalier officiel comme son héros) nous rappelle qu’il est l’un des rares cinéastes vivant qui possède le don presque oublié de la création des films historiques. Des films où le combat au corps à corps n’est pas parce que cela semble spectaculaire à l’écran, bien qu’il soit le temps des canons laser, mais parce que c’est ainsi qu’ils se sont réellement battus. Sur l’écran, on voit des combats privés de prétentions enfantines, les combats du film avec le classement R qui n’est pas populaire aujourd’hui.
Tous les éléments principaux de ce film peuvent être trouvés dans les autres films de la filmographie scottienne. Il a déjà commencé sa carrière au cinéma par un film sur le duel, qui même s’appelle «The Duellists». Il a tourné des films sur le Moyen Âge («Kingdom of Heaven», «Robin Hood»). Il a tourné un film où le viol est un événement principal pour le sujet (mais dans «Thelma & Louise», s’était possible pour une femme de juste prendre un revolver et tuer un violeur). Maintenant, le réalisateur très expérimenté mêle l’agréable à l’utile et tourne un film qui s’intègre parfaitement dans sa filmographie. Sous les mots «agréable» et «utile», nous sous-entendons respectivement une présentation de l’époque et un commentaire sur le mouvement de #MeToo. Ridley Scott soi-même est une viсtime collatérale de cette lutte hollywoodienne contre des violeurs et agresseurs de l’industrie cinématographique - Scott a été obligé de licencier Kevin Spacey de son projet «All the Money in the World» dont la plupart a été retournée très vite avec Christopher Plummer. Maintenant, à l’époque de l’humanité et «l’égalité», pour les victimes de viols c’est très difficile parfois d’obtenir la vérité - on doit briser le «victim blaming» méprisant d’une société encore atone et patriarcale. On peut imaginer quel effort titanesque cela a coûté à une femme du XIVe siècle, une femme qui a au moins les privilèges de la noblesse.
La comparaison entre «The Last Duel» et «Rashomon» est vraiment inévitable. Pour raconter un vrai fait-divers, les scénaristes de Ridley Scott choisissent la forme déjà utilisée par Ryūnosuke Akutagawa pour décrire une viol imaginaire. 153 minutes du chronométrage sont divisées entre trois histoires ou, plus précisément, trois versions de l’événement, ou trois «vérités». La vérité du mari et suivie par la vérité du violeur et juste après deux hommes, on donne à la femme la permission de parler. C’est un vrai plaisir cinématographique à part - sur le fond de plans répétitifs, de capturer d’autres répliques ou angles, qui, d’une part, nous donnent un regard en trois dimensions sur l’histoire et, d’autre part, nous privent de la vérité, car il est insaisissable (bien que pendant le fondu enchaîné du générique du troisième chapitre, dans la phrase «la vérité selon Marguerite de Thibouville» le premier mot reste isolé quelques seconds après la disparition du nom). Seulement dans le troisième dit, rempli de larmes de femmes, on voit cette lutte contre la société. Marguerite n’est aperçue qu’une chose. Elle est la possession de son mari - ce n’est pas le viol qui est condamné, mais une tentative sur la propriété d’un chevalier. La détermination d’une femme à dire toute la vérité est condamnée par sa meilleure amie, condamnée par sa belle-mère (également une ancienne victime de viol). Le mari ne l’aime pas - pour lui, le mariage était plutôt un moyen d’améliorer sa situation financière. Jean de Carrouges est tendre à l’adresse de son épouse seulement dans sa vérité. Marguerite le décrit comme un homme grossier, préoccupé dans le lit par son propre plaisir et la volonté d’avoir un héritier. Au procès, une femme enceinte sera forcée de mentir, en répondant à des questions astucieuses sur le plaisir («la petite mort») qu’elle aurait dû avoir au lit avec son mari (et peut-être avec l’agresseur imaginaire). On voit clairement, que Marguerite a encore du bon chance - pour son mari, cette situation est non seulement la possibilité de restaurer son bon nom, mais surtout la première et la dernière possibilité de tenter tuer légitimement son offenseur et concurrent pour le poste militaire prestigieux et les territoires (Pierre d’Alençon a donné une partie de possessions foncières de la famille de Thibouville à Jacques le Gris).
Le commentaire scottien sur des actualités du monde occidental est assez du mainstream, avec peu d’ambiguïté. C’est logique, d’autant plus que le projet appartient au studio Disney, un studio plutôt conservateur et prudent. Ce qui est important au-delà de l’agenda et de la narration dynamique (avec une fin évidemment prévisible), c’est la façon dont l’histoire est racontée. Ridley Scott, qui s’est montré à son début comme un digne successeur de Kubrick, continue de tourner des films perfectionnistes à la manière de «Barry Lyndon». Scott ne se limite pas par Damon et Driver (le casting est très bon en général, sauf qu’il y a peu de mal à l’intérieur du Driver) sur fond d’un château (à propos, le château de Carrouges est encore existant et il était demeuré par les descendants du brave chevalier jusqu’au début du XX-e siècle). Le réalisateur tente de créer le monde médiéval avec beaucoup d’action sur le dernier plan de l’image. Cette plénitude d’action donne aussi un fond acoustique, et Scott, dans se film, ne détourne pas de la musique exégétique (qui est, en tout cas, bien et même tente d’être un peu médiévale). L’image de Dariusz Wolski est construite sur un contraste fort entre l’intérieur et l’extérieur. Les intérieurs sont chauds, ils sont éclairés authentiquement par des cheminées et des bougies (un bonjour parfait à Kubrick). Les extérieurs sont froids et gris - l’action se déroule plutôt aux temps froids. La scène culminante est un gâchis gris-brun de neige, d’acier et de boue. Ce n’est que dans l’épilogue que l’on voit enfin la lumière du soleil et la verdure éclatante. La beauté et la tranquillité d’un monde d’une mère, d’une femme privée enfin de l’agression masculine, un monde où Thelma et Louise ne sont jamais arrivées.
P. S. Le duel entre Carrouges et Le Gris est, en fait, l’avant-dernier. Le dernier duel judiciaire français, c’était un combat de Guy Chabot de Jarnac contre François de Vivonne en 1547.
Тезисно:
1. На уровне сюжета перед нами история предпоследней легальной дуэли во Франции - рыцарь Жан де Карруж (Дэймон) вызывает на суд божий Жака лё Гри (Драйвер), изнасиловавшего его жену Маргариту (Комер). Это история полностью базируется на реальных фактах, довольно известных во Франции.
2. Фильм прекрасно вписывается в фильмографию режиссёра, который уже снимал и про дуэли, и про Средние века, и про изнасилование.
3. Ридли Скотт - большой молодец. Хотя бы потому, что в эпоху претенциозно-детских спандексовых франшиз снимает дорогое кино о Средних Веках. Ведь хорошо снимать историческое кино - почти забытое ныне умение среди крупных режиссёров.
4. Фильм очень красивый за счёт выверенной холодной палитры и «баррилиндоновского» освещения интерьеров, построенного только на свечах и огне каминов.
5. История рассказана в стиле «Расёмона», точнее, литературного первоисточника Акутагавы. Точно также нам дают три версии («правды») истории: правда мужа, правда злодея и правда жертвы. Разумеется, они не совпадают, и отдельное кинематографическое удовольствие - ловить чуть изменённые ракурсы или реплики, когда повторяются уже виденные кадры какой-то сцены.
6. Актуальность высказывания не вызывает сомнений - авторы фильма поддерживают движение
#MeToo и дают исторический комментарий. Сегодня-то жертвам насилия сложно доказать правду и приходится бороться с осуждением патриархального общества, а что уж говорить про Средние века, когда слово женщины ничего не значило, да и сама она считалась собственностью мужа. Маргарите стоит титанических усилий добиться правды на унизительнейших публичных допросах.
7. В фильме Скотт попытался построить мир - насытить кадры второплановым действием, чтобы действительно погрузить зрителя в эпоху.
8. Музыки в картине не много благодаря насыщенному звуковому фону, и она старается быть средневековой, а не стандартной голливудской.