Auteur :
camille_miko Titre : Un loup en tweet et un couple blond amoureux
Prompt : Du snuppin, après la guerre. Remus, veuf, lycanthrope, père célibataire, n'a rien du candidat idéal selon Severus Snape. Alors pourquoi Severus n'arrête pas de repenser à cet imbécile en tweed?
Résumé : Severus avait une vie calme avant la guerre, sans Lupin et ses soit-disants amis.
Votre invité(e) :
taraxacumoff Rating : PG-13
Mot du chef cuisinier : J'espère que ceci te plaira. J'ai fait de mon mieux pour que ce soit le cas, en tout cas.
Le loup est miteux. Il est en-tweedé. Il est vieux avant l’heure. Les années l’ont marqué. Cela se voit tellement. Pourtant…
Severus Snape referma ses pensées aussi violement que s’il feuilletait un livre. Il n’avait aucune envie de penser à cela, ni même d’approfondir pourquoi il pensait à cela. Surtout… Lupin. Lupin le lycanthrope. Lupin qui avait manqué de le tuer, quelques années en arrière.
Lupin qui était père et veuf. Lupin qui…
Severus se leva d’un coup, allant se plonger dans la potion qu’il faisait.
***
Lucius se trouvait, moqueur, dans son fauteuil préféré, où il savait parfaitement que Snape détestait le trouver.
- Alors comme ça on reluque les fesses d’un loup-garou, Severus ?
À cet instant, le propriétaire des lieux sentit que la fin de journée allait être longue. Un Malfoy est têtu et celui-ci tout particulièrement. A se demander pourquoi il l’avait toujours dans son entourage. Éventuellement parce que malgré ses défauts, il restait fiable. Plus ou moins.
- Je ne reluque les fesses de personne, Lucius.
- Ne soit pas stupide. Je t’ai vu avec Evans, pendant Poudlard. Là, tu baves presque autant.
Severus ne prit même pas la peine de lever les yeux au ciel. Un autre défaut majeur de Lucius : la dramatisation et l’exagération.
- Je ne bave pas. Je laisse cela à ton petit-fils.
- Severus, voyons, tu sais très bien ce qu’il en est. Bon, c’est un loup-garou, mais après tout… Le Lord n’est plus là.
Severus leva les yeux au ciel, avant d’aller s’enfermer dans sa bibliothèque. Lucius connaissait parfaitement le chemin de la sortie.
***
- Severus…
Le dudit Severus leva les yeux au ciel. Narcissa. Si Lucius était têtu, Narcissa était butée.
- Que puis-je pour toi, Cissy ?
- Lucius m’a dit que…
Cela aussi, Severus connaissait parfaitement ce syndrome. Peut-être avaient-ils fait un mariage blanc, mais ils avaient une complicité toute odieuse quand il était question de faire céder quelqu’un. Severus était généralement leur sujet d’expérience préféré. Il y avait eu la couleur de ses robes, son besoin de prendre le grand air plus souvent, et ainsi de suite. Ils avaient toujours eu le dernier mot. Même si ses robes étaient bleu sombre, maintenant.
- Écoute, Narcissa…
- Non, toi, écoute. Cela fait presque vingt ans qu’elle est morte et tu te traînes toujours le même spleen, digne d’un poète du XIXième siècle et ce n’est pas un compliment, Severus. Sauf que certaines fois, tu paraîtrais presque heureux quand Lupin est dans la même pièce. Alors, arrête de te voiler la face.
Il y avait une chose qu’il détestait chez ce couple. Ils avaient d’une part généralement et malheureusement raison, d’autre part, ils ne lâchaient jamais leur proie. Et à cet instant, c’était lui, leur proie.
- Ce n’est pas pour te pousser dans ses bras, mais pourquoi ne pas voir s’il a autre chose d’intéressant que ses fesses ?
Severus lui lança un regard à Narcissa, sans rien ajouter.
***
- Lupin, avale ceci, sans te plaindre.
Remus releva le nez du livre qu’il compulsait pour voir Severus Snape lui tendre un flacon encore fumant. Bien que le regard incertain du loup-garou trahisse l’incompréhension et le doute, celui-ci prit la fiole et l’avala, juste avant que Severus ne reparte sans un autre mot.
La scène se reproduisit durant les vingt jours suivant. Le vingt-et-unième jour, Remus se réveilla presque sans douleurs de sa nuit de pleine lune. Snape lui avait fourni une potion Tue-Loup. Il l’avait amélioré, depuis ses précédentes années d’enseignement à Poudlard.
Snape avait travaillé pour… Lui ?
***
- Alors, Severus ? Comment as-tu vécu le fait que tu côtoies Lupin ? Demanda Narcissa aussitôt arrivée.
Elle s’accrochant à son cou et sur ses épaules, l’enlaçant, presque à l’étouffer comme elle le faisait avec Lucius depuis qu’ils les étaient fiancés. Lucius s’était laissé tomber sur son fauteuil -enfin, celui que Severus refusait qu’il utilise et que le blond finissait systématiquement par utiliser, malgré ses dénégations, refus et autres…- et attendait la réponse de leur ami, nullement gêné par la position de son épouse.
- Cissy, gronda le brun, n’ayant aucune envie de répondre.
En fait, il n’était toujours pas certain de savoir s’il souhaitait connaître la réponse. Lupin… N’était pas ce qu’il pourrait être.
Le couple n’ajouta rien et Severus continua à faire la potion pour Remus.
***
Remus pencha la tête, alors que Snape - Severus, de plus en plus souvent dans son esprit- venait de lui donner une nouvelle fiole. Il n’avait jamais réellement reconnu qu’il travaillait dessus pour l’améliorer. Peut-être qu’après tout, ce n’était pas spécifiquement pour lui qu’il le faisait. C’était… Enfin, c’était du Snape. Compliqué. Silencieux. Personnel. Solitaire.
- Attends, Snape, l’interpella-t-il alors qu’il s’éloignait.
Celui-ci se retourna, mais ne dit rien.
- Est-ce que tu accepterais de déjeuner avec moi, demain ? Demanda-t-il simplement.
Snape le regarda quelques très longues secondes, avant de hocher lentement la tête. Sans même prononcer un mot.
***
Narcissa sautillait littéralement devant sa porte, quand Severus rentra de son déjeuner. Il refusait de savoir comment elle l’avait appris. Il la soupçonnait de soudoyer des elfes, d’avoir mis son courrier, sa cheminée et ses appartements sur écoute.
- Alors ? Papillona-t-elle.
- Que veux-tu savoir ? Soupira-t-il.
- Est-ce que cela s’est bien passé ? Qu’avez-vous mangé ? Tu n’as pas pris un plat avec de l’aïl, j’espère ? Est-ce qu’il t’a pris la main ? Vous avez parlé de quoi ?
Severus ferma un instant les yeux. Oui, c’était bel et bien une femme adulte qui sautillait devant lui, excitée comme une adolescente lors de son premier rendez-vous. Certains jours, il se posait réellement des questions sur elle. Plus encore, il se demandait comme Lucius arrivait à la supporter. Bon, peut-être allait-il très bien avec elle, vu que Severus le découvrit assis sur le fauteuil qui n’était toujours pas pour lui.
En fait, Severus en fut convaincu quand il s’aperçut qu’il avait -en plus !- été piqué dans son bar son plus vieux et plus cher whisky.
- Est-ce qu’il serait possible que vous m’expliquiez pourquoi est-ce que vous vous passionnez pour ma vie privée ? Finit-il par demander.
Narcissa et Lucius s’entreregardèrent, avant que la première ne vienne s’assoire sur l’accoudoir du fauteuil du brun.
- Severus, sais-tu que tu comptes pour nous ? Tu t’étouffes avec le passé. Depuis la naissance de Draco, tu n’as jamais fréquenté qui que ce soit. Tu sais que ton filleul pense que tu es abstinent ? Tu sais que même lui s’inquiète de ce qui se passera quand Luc’ ou moi allons mourir ? On ne se passionne pas pour ta vie privée, Severus. On espère que tu vas saisir ta chance, plutôt que ne pas bouger, par peur, par manque de volonté, de foi en toi.
Le brun l’observa durant un long moment, avant de dévisager son époux. Il ne rajouta rien, mais hocha simplement la tête.
***
Remus ne comprit pas ce qui s’était passé. C’était comme s’il y avait eu un chamboulement majeur dans la vie de Snape. Il était passé de taciturne et silencieux à… taciturne et silencieux, certes. Mais d’une manière moins négative. Un peu comme s’il s’entrouvrait. Plus ou moins.
En fait, on aurait dit que Severus faisait des efforts et prenait sur lui. Jusqu’à présent, il avait semblé ignorer volontairement l’existence de Teddy, son fils. Maintenant, on aurait dit qu’il s’en souvenait ou cessait d’écarter cette information de son esprit.
Il lui avait même demandé qui le gardait durant ses cours et leurs déjeuners vu que celui-ci ne paraissait pas au déjeuner de Poudlard. Il ne l’avait pas dit ainsi, mais Remus avait déduit le sens caché du « je ne veux pas être un monstre par avance pour l’enfant de Tonks » quand il l’avait invité pour un souper. Il espérait que l’analyse avait été juste et pertinente. Au même titre qu’il espérait que la raison pour laquelle Severus relie son fils à Nymphadora plutôt qu’à lui, soit bel et bien le fait qu’il ait un intérêt pour lui et qu’il ne sache pas comment gérer le fait qu’il soit père.
***
Lucius attendait dans le salon, et surtout était assis dans le fauteuil qui n’était réellement pas le sien. Severus devait revenir de son premier « rencart ». Enfin, c’était la dénomination qu’il s’obstinait à donner au souper que Lupin lui avait proposé. Avec un peu de chance, cela serait positif et il n’aurait plus un couple d’adolescents face à lui.
Severus rentra tard, à plus de 23h, au plus grand plaisir de Lucius. Il fallait avouer qu’il avait espérer qu’il ne rentrerait qu’à une ou deux heure du matin, en catimini, cherchant à n’éveiller personne au château, la tenue débraillée et un air extatique sur le visage, après quelques merveilleuses heures de sexe endiablé. Ce ne fut pas le cas. Certes, Severus cherchait clairement à être discret et ne pas réveiller Peeves ou alerter le gardien du château, pour autant sa tenue n’avait rien de débraillée, vu qu’elle était toujours impeccablement fermée. L’air extatique n’était pas non plus au rendez-vous. Il n’avait visiblement pas même un petit suçon dans la gorge. Encore qu’il ne pouvait pas voir celle-ci dans son intégralité… Tout au mieux, pourrait-il affirmer que Severus avait l’air satisfait, mais cela était encore à prouver.
Malgré tout cela, la soirée ne devait pas être aussi mauvaise que cela, vu qu’il ne lui fit aucune réflexion sur son fauteuil, le verre de son whisky -qui était toujours aussi délicieux- ou même ses pieds sur la table basse.
***
Ce fut Narcissa qui eut le fin mot de cette soirée. Il y avait eu un baiser d’échangé. Un baiser chaste sans aucune conséquence officielle, mais un baiser tout de même. Baiser qui fit que Severus fuit durant plusieurs jours Remus, ne sachant comment réagir, comme agir avec cela.
Narcissa le poussa devant la porte des appartements du loup-garou pour résoudre la solution tout en lui expliquant qu’il était peu compétent sur la question des sentiments. S’il s’était laissé embrasser, c’était vraisemblablement qu’il en avait envie. Ce qui ne justifiait donc pas cette fuite éperdue de Severus vers les lieux où il n’était pas.
Elle ne fut pas certaine de la réussite de ses propos ou de ses actions avant de voir Severus le lendemain accompagné d’une boîte de chocolat et d’un bouquet de fleurs pour elle.
Lucius en rit durant des semaines. En effet, cela ne pouvait pas être une idée de celui-ci, mais de Lupin. Severus savait parfaitement que Narcissa était allergique et au chocolat et aux fleurs. Pour autant, il n’en voulut pas trop fort à Lupin.
Le dudit Lupin eut plus de mal à s’habituer au couple, qui en plus de leur curiosité était relativement chaleureux. Lucius semblait hilare la moitié du temps et Narcissa parfaitement ravie. Il se demandait ce que cela cachait, si bien évidemment tout ceci avait encore un sens. Savait-on jamais avec les Malfoy.
Severus ne le détrompa jamais parfaitement sur leur compte. Tout au plus, lui avoua-t-il que ces deux-ci étaient de véritables marieurs dans l’âme et qu’ils bataillaient sur son cas depuis bien longtemps. Il se garda bien de lui expliquer que sans eux, peut-être n’y aurait-il jamais eu de suite à ce premier baiser des plus charmants. Avait-il réellement le besoin de savoir cela ? Il en doutait. De plus sa propre réputation n’en avait absolument pas besoin. Peut-être lui en parlerait-il dans quinze ou vingt ans. Ou peut-être jamais après tout. Ce n’était pas parce que les Malfoy Epoux et Femme s’avouaient tout que les autres devaient faire de même. Même s’il devait avouer que tous les deux lui offraient de scènes assez amusantes.
Enfin presque autant que quand on découvrait qu’il était en couple avec Remus Lupin.
***
Le meilleur moment fut le jour où Draco passa à l’improviste chez son parrain pour lui porter un livre de potion qu’il venait de trouver et qui allait l’intéresser.
Découvrir ses parents, son parrain et Remus Lupin assis autour de la table, en train de boire du thé, pire, son père dans le fauteuil préféré de Severus, lui fit étrange. Se pinceant l’arrêt du nez, il prononça quelques mots.
- Je ne suis pas sûr de vouloir savoir ce que vous avez encore inventé, Mère. Ni vous, Père. Parrain, je vous laisse ce livre sur votre buffet à l’entrée.
Avant de repartir chez lui.
Fin