Ce soir je me tourne la cervelle comme une crêpe inlassablement terne sur le parquet d’une poêle : mais d’où nous arrivent les fantômes ?
Il fut
un temps littéraire où les spectres apparaissaient de cadres aux frontières intemporelles, de macchabées fraîchement fanés, de bruine écossaise, de donjons invocateurs et autres lieux légendaires, puits à résurgence.
Revenants à complaindre surgissant de l’opacité des temps mêlés, c’était dans un but, parfois inconnu d’eux-mêmes, qu’ils honoraient leurs descendants de leur essence vaporeuse. Quelques fois protecteurs, ces gardiens des vivants mettaient un point d’honneur ancestral à suggérer à leur prévenu la tenue adéquate, éviter à la carriole vitale toute embardée fatale par-dessus le fossé.
Mais le fantôme dépasse l’entendement et la définition commune devenue obsolète avec l’avènement de l’ère électronique, informatique, portique, pratique. Aujourd’hui, les ondes produisent des ombres.
Par l’entremise des champs techniques, les fantômes font peau neuve et réapparaissent sur le devant de la scène : c’est ainsi qu’un téléphone portable peut endosser l’habit de l’avocat du diable.
Mais comment être sûrs que ces souffles soudains d’anciens ne sont pas à l’image des mirages de celui qui éprouve la soif ?