[…] Car intellectuellement comme physiologiquement, le régime est moins puissant que le tempérament. »
Extraites de correspondances, il faudra attribuer ces phrases à Proust, qui paraissait en connaître longuement bien sur les gens, et plus tard remplira un magasin tout entier du rayonnage santé.
Parallèlement, cette phrase métaphorique n’a donc rien à y entendre avec la santé et était adressée en reproche à une vie mondaine et anesthésiante que menait le fougueusement jeune Cocteau.
Une réflexion à conduire en relation enserrée avec celle du vrai désir : mais mes neurones saturent déjà à l’évocation des souvenirs de la multitude de sujets de philo, ayant pour thème une problématique butinant le divers désir… (pour ceux qui penseraient encore innocemment que la philo scolaire peut, potentiellement, nous apporter autre chose que des heures soporifiques, trépassées à tailler ses mines de critérium et osciller sur sa chaise éclopée sans dossier, pour faire entendre à son voisinage complice les craquements qu’elle expire, eh bien il faut conserver ses espoirs dans sa jolie besace ; peut-être votre foi vous récompensera en vous allouant l’un des rarissimes maîtres à penser qui ont provoqué ces quelques centaines d’adhésions annuelles aux filières universitaires de philo (si on met de bas côté le pourcentage d’aventuriers et celui des illuminés par la visite virtuelle des infrastructures sur le site Internet de la Sorbonne))
Enfin, concernant Proust, il ajouta que ses pronostics étaient parfois (un « parfois » faussement réservé, non ?) clairvoyants pour autrui, toujours impuissants pour lui-même.
Cela pour introduire la péripétie vitale du soir : le camion tout blanc dans la nuit presque bleu marine a rejeté mon don sanguin.
Pourtant apprêtée depuis une heure double et clôturant une file de vingt héroïnes, j’avais même tenté de prendre de bien loin le seuil pondéral en engouffrant un roulé à la pistache, un croquet aux amandes et quatre cookies pistache - pépites chocolatées (extirpées car écoeurantes, mais perdurait la masse mie), mais c’était sans comptabiliser l’épreuve terminale.
Alors que le médecin et la donneuse (statut administratif au demeurant) en devenir étaient lancés dans des boutades animées, la mine déconfite a fait dégringoler mon excitation teintée de délicieuse appréhension :
9,5 de tension. Minimum de 10 requis.
(Possibilité de presser)
Eu beau avancer et reculer que jamais je n’avais enduré d’évanouissement, que plus poivre que sels, que j’étais faite à l’image de mon disqueman ayant dévalé l’escalier le matin même sans une égratignure, l’héroïne parfaisant cette semi journée d’extraction sanguine serait donc mon accompagnatrice, Emilie plus jolie que 9,5 de tension.
Mais d’où provient cette désertion cardiaque qu’éprouve mon moral ? Après cogitation jusqu’à ébullition du liquide de la tête où marinent les graisses intelligentes, il se souvient une consultation spécialisée qui avait déjà relevé l’anomalie, anomalie qui devint gênante en me remémorant l’ultime visite généraliste remontant à des temps immémoriaux : j’avais pour dernière ordonnance de ralentir la cadence et de copiner avec la communauté des oreillers…
L’éternel abattement énergique prompt à m’abattre, basse tension, même combat ?
D’où un dégrisement démolissant mes impulsions de BA : éventualité de ne jamais se faire aspirer son hémoglobine globuleuse qui accessoirement, peut servir à monsieur tout le monde, grâce à mademoiselle personne.
Mais tant pis, car après doléances, on m’assoit sur les coussinets bleus et on m’attribue un ramequin en plastique.
Les dents goguenardes déchiquètent un pain aux raisins industriel, le sang d’Emilie est inaudible, le café est tiède, on me tient debout compagnie, pendant que la peine du pain plus cher est perceptible, est-ce qu’Emilie vit, parmi madeleines et pavés bretons les pommes cultivées en Espagne sont veillées en Finlande, et le chausson aux pommes serait plus comestible que le pain aux raisins, et ne pas oublier de lever le camp imaginaire sans brique d’orange pour prévenir les défaillances fantômes de donneuse qui a manqué sa vocation…
Et n’évoquons pas même le souvenir douloureux de l’autocollant hors de réclamation.
(Possibilité de presser)
Limpides pronostics pour moi. Pronostics ; statistiques ; sondages. Ce soir, une femme présidente ; et nous conduit à la suite des investigations sur les plongeons archéologiques dans la littérature d’incipit du XXème siècle :
« Le sens politique fut le seul qui manqua jamais à Cocteau. A l’interprétation des actes du pouvoir ou des gestes de la foule, il préfèrera toujours leur évocation légendaire, comme le font ces cultures orales où, l’histoire ne s’écrivant pas, les événements se perpétuent à travers des récits amplifiés jusqu’au mythe, où la foudre peut fendre en deux un homme et le vent le recoller (ndlcommentatrice : de quel mythe s’agit-il ? je vais fouiller…) : entre l’anecdote et la légende, il n’y aura place en lui pour aucune dimension historique. « L’histoire est faite de vérités qui deviennent des mensonges, et la mythologie est faite de mensonges qui deviennent à la longue des vérités », répétera-t-il souvent. »
(Citation de Claude Arnaud)
Ainsi si est livrée une clef de compréhension pour saisir l’engouement personnel de Cocteau, cela ne saurait être véridique pour Giraudoux pour exemple, étant bien trop intégré à l’équipage en bataille à l’encontre des idées et personnages bellicistes.
Une pauvre clef quand il va me falloir le trousseau : allons traquer le reste donc !