Disclaimer : Tout est à moi
Titre : Promenade de printemps, automne de la vie
Personnages : Un groupe d'amis
Rating : K +
Nombre de mots : 1606
Défi : Pour la journée mondiale de sensibilisation aux accidents vasculaire cérébral, n'hésitez pas à vous renseignez sur les premiers signes d'une attaque, vous pourriez en alertant les autorités médicales, sauver une vie ou même réduire les séquelles si le diagnostic est donné à temps.
Accessoirement écrit pour le thème pique-nique de
bingo_frGenre : drame
Bêta : aucune
Note : Pas de relecture, je suis toujours clouée au lit, donc je m'excuse par avance pour la médiocrité.
Promenade de printemps, automne de la vie
Il en est parfois des traditions que l'on regrette qu'un jour elles furent instaurés. Mes nouvelles chaussures en un cuir bleu, magnifiques étaient du même avis que moi. Fêter le printemps depuis plus de vingt ans avec la même bande d'amis dans un lieu retiré « pour pique-niquer en harmonie avec la nature » perd toute sa saveur lorsqu'on vient de fêter ses quarante ans, que l'on doit marcher dans la gadoue d'un sous-bois, tout en gardant l'équilibre sur ses talons, certes bas, et porter l'un des paniers à provision.
Parce que même si nous n'étions que cinq, nous avions de quoi nourrir un régiment et assurer la non-déshydratation quoique vu le volume d'alcool contenu dans les glacières, je ne doute pas que certains en souffriront. Aujourd'hui c'est moi et Julien les préposés au jus de fruit et eau, dans tous ses raffinements : plate, gazeuse, minérale et certaines ont des noms exotiques. Pour Julien, mon camarade de promo d'école d'ingénieur, ce tirage au sort va être un peu plus difficile. Toujours adepte de la troisième mi-temps, grand fêtard devant l'éternel, il gardait même avec ses petits kilos en trop la silhouette imposante de ses années sportives au sein de l'équipe de rugby du campus. Mais comme c'était lui qui était à l'origine de ce jour là, il accepta sans rechigner.
Le troisième week-end après le premier jour du printemps, nous nous éloignons de la ville, toujours à moins d'une heure de route en voiture, quelque soit le temps. Jamais nous manquerions cela. Ce qui n'était qu'un prétexte estudiantin à la fête devint au fil des ans, un de ces moments que j'attendais avec impatience.
J'ai beau me plaindre du temps, ce n'était rien comparé au pique-nique printanier dans une aire de loisirs de la ville en 2005, passé sous … une tente. La pluie battante tambourin la toile et je me demandais si François avait bien arrimé la tente, parce que vu la cadence du robinet céleste, j'étais convaincu que nous allions être emporté par le déluge. J'aimais François depuis, une vingtaine d'année, mais parfois je doutais un peu de ses capacités, de lui, de nous. Sûrement parce que nous avions beau vivre ensemble, j'avais toujours cette impression de n'être qu'un élément de son décor, certes apprécié mais comment dire je n'avais pas l'impression d'un engagement réciproque. Aucun enfant, ni mariage en vu et mon horloge biologique me perturbait un peu.
Nous étions arrivé dans la petite clairière et si le périple pour y parvenir me parut déplaisant, cette océan de verdure et la tranquillité qui s'en dégageait en valait bien tous les désagréments. Le paysage aussi simple puisse-t-il paraître semblait avoir été conçu par un peintre impressionniste mais nulle main humain ne l'avait façonné ainsi, ou peut être des paysans, quelques deux cent ou trois cent ans auparavant, mais la nature aviat de nouveau repris ses marques.
Liliane et Estelle commencèrent à installer les couvertures de confort et au centre la nappe qui servirait pour recueillir nos victuailles. Chacun d'entre nous s'était occupé d'une partie de la confection du pique-nique. Liliane et moi, nous nous étions chargés des plats de résistance : pizzas, poulets rôtis, courgette à la menthe, salade composé, pain club aux diverses saveurs. Estelle, elle avait composé un svant mélange d'accompagnement pour l'apéritif, des canapés sophistiqués dont elle avait le secret pour les papilles les plus gourmandes et un assortiment de chips set autres produits chimiques et calorifiques.
François lui, avait déambulé dans les caves de la régions et dans les rayons des supermarchés pour ne fournir du breuvage. Heureusement cette année, il n’avait pas omis les boissons chaudes avec deux thermos, le premier rempli de café et le second de thé à la menthe.
Julien, lui qui n'était guère un grand cuisinier à l'époque où je l'ai connu, s'était mis à prendre des cours de cuisine, le jour où il fut désigné pour une des tâches gastronomiques de notre pique-nique annuel. Il faut dire qu'il revenait de loin, le pâtes carbonara, il les faisait avec des lardons non cuits. Maintenant, sans être un maître-queue, il se débrouillait assez bien et était assez imaginatif pour que nous attendions avec impatience les desserts qu'il nous proposerait aujourd'hui.
Le pique-nique commença par le bulles de champagne qui se déversèrent dans des coupes en plastiques, tandis que julien et moi nous nous contentions d'un fond de verre, juste pour avoir le gout du millésime. En l'effleurant de mes lèvres, je me mis à penser avec amertume que mon compagnon savait mieux choisir un champagne pour un pique-nique entre amis que pour une occasion comme mon quarantième anniversaire. Bref je n'allais pas me laisser aller à des ressentiments qui n’avaient pas lieu d'être pour cette journée.
Nous discutions, mangions, buvions sans aucune modération. Les éclats de rire et l'alcool aidant, enfin pour les personnes le pouvant, nous retrouvions pendant cette journée notre insouciance étudiante. Nous avions de nouveau vingt ans et cela me convenait. Julien avec ses blagues si grosse que l'on ne pouvait en rire que si l'on était un peu éméché et pourtant là, je ne sais pourquoi, je riais à gorge déployée sous le regard de mes amis qui se posait des questions quant à ma consommation supposé ou pas de substances illicites.
Pour le dessert, je m'apprêtais à les aider à débarrasser la nappe pour faire honneur aux gâteaux maison mais lorsque je me levais, je m’écroulais d'un seul coup. Ma jambe droite me semblait raide, engourdie, tout comme mon bras plus flasque. François plaisanta en disant que j'avais sûrement ajouté une touche de Vodka au jus d'orange, mais je ne comprenais pas ce qui m'arrivais. J'étirais mes jambes, tapotant la jambe défaillante sur le sol comme pour la faire revenir à elle. Estelle, s'approcha de moi et commença à me faire un massage sous le regard de sa compagne Liliane. Estelle avait toujours une âme de mère poule.C'était elle qui se trainait avec sa petite trousse de soin, elle qui écoutait nos jérémiades lors de nos coups de blues. Mais elle avait aussi du caractère, une présence qui ne laissait pas indifférent et c'était d'elle que je me sentais le plus proche dans ce groupe, sans pour autant que nous ayons eu des liens forts, juste une affinité de personnalité. Je sentais son massage mais cela ne me faisait rien, c'était agréable mais ma jambe me semblait toujours aussi inerte pourtant je prétendis le contraire pour ne pas gâcher ce pique-nique.
Comme d'habitude, je ne fus pas déçu en découvrant les desserts, notamment un mousseux au chocolat, mon péché mignon. On me servit une part et je pris ma main gauche, alors que j'étais droitière pour le manger. Je ne trouvais aucune saveur, si fade alors que mes amis poussait des petits cris en le dégustant. Des paroles aussi accompagnaient leur cris mais je n’arrivais pas à comprendre leur langue. Ils s’étaient mis à parler un dialecte indien ou bien une langue morte. Je crois qu'isl me posaient des questions mais je ne parvenais pas à comprendre. Ils avaient un drôle de visage, des expressions que j'aurai dû déchiffrer mais qui était devenu pour moi comme des hiéroglyphes. Une migraine atroce, tambourinait dans mes tempes, la plus atroce de mon existence, venu d'une manière fulgurante. Des milliers de pointes perçait mon cerveau, je me sentais partir, m'évaporer. Je répétais toujours la même chose comme une litanie et je ne savais pas quoi.
Mes amis régirent devant mon état, François affolé, appela le SAMU et donna mes symptômes, le diagnostic fut facile à faire tant je donnais l'apparence d'un zombie pour un oeil extérieur, répétant inlassablement "j'ai mal à la tête". Les engourdissement du côté droit et mon incompréhension du monde extérieur prouvait que je venais de faire une attaque cérébrale. Le diagnostic déterminerait si je venais de faire un AVC ou un AIT mais je devais d'urgence me rendre à l’hôpital le plus proche. Vu notre situation géographique, nous ne pouvions attendre une ambulance et sans se préoccuper un seul instant de récupérer toutes nos victuailles et vaisselle, mes amis abandonnèrent tout pour m’emmener au plus vite à l’hôpital le plus proche. Juste le temps de prendre les clés des voitures et les sacs à main, comprenant le nécessaire vital comme les portables, de l'argent, ma carte vitale et en moins d'une minute, nous nous dirigions vers nos voitures. François me portait dans ses bras, enfin c'est ce que l'on me raconta plusieurs mois après mon rétablissement, comme un chevalier. Tous courraient, tous se pressaient mais moi déconnecté de ce monde, je ne percevais rien, sauf une impression de lenteur, de temps qui se fige.
Je fus soignée à temps. Les symptômes avaient été assez virulents et rapides. Les docteurs estimèrent que mon AVC ne devait remonter qu'à deux ou trois heures. Après une intervention en urgence dans le bloc de neurologie, on m'opéra du cerveau. Si je gardais pendant quelques mois des séquelles, j'étais sauvé, grâce à mes amis.
Depuis ce jour là j'ai quelques troubles de mémoires, j'ai une diminution du goût, parfois des absences qui ne durent que quelques secondes, mais je vais bien. Quand on revient d'où je suis passé, tout est relatif et je savoure chaque instant que le destin m'a donné.
Le pique-nique suivant, mes amis ne le fêtèrent pas de la même manière et m'apportèrent plein de friandises dans l'aile des malades de long séjour. Deux ans plus tard, la tradition aussi ne fut pas respecté, mais pour une bonne raison. Ce week-end là, je me mariais avec François, en compagnie de tous mes amis.