Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à l'univers crée par J.K Rowling
Titre : L'esprit et la lettre
Défi : échange Noël 2010
Personnages : Severus Rogue, Drago Malefoy
Rating : NC-13
Nombre de mots : 2761
Genre : Humour, tragédie, fantastique
Bêta : Un immense merci à
Lilas666 qui comme toujours a assuré le bêta-reading de ce texte malgré un emploi de temps surchargé.
Résumé : «Croyez-vous qu'un sorcier puisse assister à un événement qu'il qualifierait lui même de surnaturel ?
Pensez-vous que les mots ont un pouvoir libérateur ?
Saviez-vous qu'avec le temps, nous apprenons à vivre en accord avec nous même».
Ceci est le récit d'une rencontre qui me changea.
Drago Malefoy
Note d'auteur : Je continue à poster les fictions de ce site de merde pour me les ré approprié.
Un grand merci à Escaping pour avoir réalisé aussi rapidement cette magnifique bannière avec les fanarts de
andyp89 (pour la cabane et la forêt) et
linnpuzzle (pour le Drago-Severus).
Chapitre 1 : Au fond des bois, une rencontre qui ne devrait être.
Tapi dans l'ombre, je ne pouvais croire la réalité de ce que mes yeux voyaient. Le balafré était revenu d'entre les morts. Je ne dirais pas que son trépas m'ait fait une quelconque peine, j'ai toujours détesté son arrogance mais je lui reconnais un talent, non pas ses qualités athlétiques à attraper avec une chance inouïe un Vif d'or, mais celle d'avoir préservé ma vie deux fois aujourd'hui.
Je suis un très bon duelliste. Ma connaissance des sorts offensifs, mêmes les moins recommandables me donne un avantage certain sur la plupart de mes camarades de Poudlard. Je ne souffre que de deux mineurs désavantages : un désir de conserver l'intégralité physique et morale de ma personne qui me pousse à m'éloigner de tous combats qui pourraient m'être fatal, et Merlin sait que lors de Grande Bataille, les sorts pleuvent tel un orage menaçant ; et une légère difficulté à ôter la vie d'une personne. N'y voyez aucune considération pour le genre sorcier, loin de là, c'est juste que je préfère rabaisser par mes sarcasmes que de trouver une solution aussi expéditive. Si un de mes camarades vindicatifs souhaite se débarrasser d'un adversaire, je lui laisse complaisamment le faire.
J'écoute d'une oreille distraite, le bavardage incessant de Potter. Il n'y a que lui pour s'amuser à essayer de convaincre le Maître de devenir un gentil Boursouflet.
Qu'est ce qu'il m’insupporte celui-là, en plus d'avoir bénéficié pendant des années d'une célébrité imméritée, vaincre le plus puissant sorcier du monde à un an ou tenter de chaparder un œuf à une femelle dragon me semble des broutilles que tout le monde est apte à faire ; il s'amuse à concourir avec sa Seigneurie pour le titre de celui qui ne meurt jamais.
La baguette, la puissante baguette de Sureau, a été mienne. J'ai du mal à me faire à cette idée. J'aurai pu être le plus puissant des sorciers et cet éphémère rêve de gloire a encore été fauché par l'Exparliamus de Potter. En parlant d'Experliamus, j'ai enfin la preuve des limites psychiques de Saint-Potter. Face à un Avada Kadavra, on lance, désespéré, des sorts de protection en tentant d'éviter à tout prix le rayon fatal, lui non, il reste là stoïque à lancer un sort de désarmement. Père avait définitivement raison, avoir du sang moldu provoque une certaine dégénérescence chez les sorciers, si j'en doutais encore, la preuve en cet instant m'était donné.
Non, impossible. Un sort d'illusions collectives a dû être lancé. Saint Potter a envoyé dans les limbes le Lord. Le silence assourdissant qui suit cet acte et les cris de liesse générale des adversaires de mon camp qui jaillissent, quelques instants après, prouvent la réalité de l'impensable.
Celui qu'on ne devait nommer avait péri d'une simple sort de désarmement. Je voyais déjà la gazette faire les choux gras de ce fait.
J'avais réussi lors des dernières heures de cette bataille à trouver refuge dans une petite mansarde, près de la forêt interdite, sûrement une construction de ce sauvage d'Hagrid. Mais je devais maintenant sortir de ma cachette, euh de mon lieu de repos provisoire pour feindre une félicité générale. Comme père me l'as toujours enseigné : être toujours du côté des puissants vous assure un pouvoir et un ascendant non négligeable pour le prestige du nom des Malefoy.
Je pouvais tenter d'argumenter, de manipuler l’opinion en me faisant passer pour une pauvre victime de Volde-. Je me raclais la gorge, il fallait que je sois capable de prononcer ce nom tabou pour montrer ma libération de son joug. Seul dans ce vétuste cabanon, je faisais des vocalises sur ce nom là tentant d'arracher du néant une prononciation complète et compréhensible de ce dernier. Je fourchais parfois sur des syllabes, comme lorsque je prononçais Voldeporc, mais à force d'obstination je parvins enfin à l'articuler de façon distincte.
Je sentis une légère brise de vent glacé me parcourir l'échine. Surpris, je me retournais en direction de la porte, m'attendant à une intrusion mais cette dernière était close. J'abaissais la baguette que j’avais en main et je sentais les rythmes de cœur reprendre peu à peu leur cadence régulière.
Quelques minutes après, je me retournais pour pouvoir de nouveau observer le cadavre de Voldemort par l'une des petites fenêtres lorsque je fis un saut en arrière par pur réflexe de surprise et non de peur, car je ne suis pas peureux, simplement prudent.
Devant moi se tenait mon directeur de Maison qui m’observait attentivement. Je remarquais que son teint était plus pâle que d'habitude et on pouvait dire que c'était l'une des caractéristiques de notre Maison, si l'on exceptait Marcus qui avait un bronzage totalement indécent. Bien sûr je qualifierais mon teint de diaphane, d'éthéré contrairement à celui de mon professeur qui semble plutôt maladif.
Je dois confesser que cette apparition soudaine me troubla. Je savais par expérience qu'il savait se mouvoir dans une pièce avec une discrétion parfaite mais je ressentais une impression étrange en sa présence comme si la coexistence de nos deux corps dans un local aussi réduit avait une connotation malsaine.
Je le vis tourner son visage vers la fenêtre et observer celui que j'apprenais à nommer par son nom. Je ne pus m’empêcher de tenter de faire usage de la Legilimancie à son encontre. Je sentis un petit frisson de plaisir en constatant que je pouvais accéder à certaines de ces pensées, je souriais intérieurement de ma victoire lorsque je pris conscience que ce qu'il me laissait voir n'était que des événements auxquels j'avais été mêlé. Je pris conscience alors de sa maîtrise quasi-surnaturelle de l'Occlumancie. Le frisson de plaisir laissa place à celui que je qualifierais comme celui d'un être qui pressent la dangerosité de son adversaire.
Je tentais de lire sur son visage une quelconque expression qui pourrait m'éclairer sur ses pensées, mais je ne remarquais rien de particulier si ce n'est un léger frémissement de ses narines lorsque son regard était fixé sur notre ancien Maître. Son visage, où je remarquais pour la première f
Je n’avais jamais vraiment observé mon professeur auparavant. Pour moi, il était un ami de père, qui avait eu l'assurance de sa bienveillance à mon égard lors de mes études à Poudlard. J'avoue avoir apprécié d'avoir bénéficié de sa clémence dans plusieurs circonstances, même s'il lui est arrivé de me donner des punitions, qui a priori me semblaient inacceptables mais avec le temps me parurent justes pour former mon caractère. Perdu dans mes pensées, je ne vis pas qu'il avait tourné son visage vers moi et m'observait. Il prononça ces quelques mots, brisant le silence.
« Je ne pensais pas vous revoir, surtout en ce lieu-là.
- Et où voudriez vous que je sois ? Gisant, comme lui au milieu de cette bataille, dis-je en montrant la scène de la fenêtre.
- Ne soyez pas aussi vindicatif à mon égard ! Je suis encore votre directeur de Maison.
- J'espère vous avoir inculqué certains principes de politesse et de respect pendant ces quelques années. »
Je me tus, un peu mouché de cette remontrance. Je voudrais lui dire, je voudrais qu'il sache ce que je ressens et me comprennes. A cet instant, je sus que la seule personne auquel je souhaitais me confier était cet homme là.
J'éprouvais trop d'amour pour ma mère pour songer un seul instant à lui faire de la peine, à lui enlever cette douce illusion de perfection qu'elle éprouvait en me regardant de son œil tendre et aimant. J'avais trop d'admiration pour mon père pour souhaiter un seul instant voir dans la prunelle de ses yeux que cesse cette lueur de fierté à mon égard. J'avais besoin de leur admiration, de ce sentiment de supériorité que me renvoyait leur regard sur moi, pas par vanité mais parce que je m'étais construit ainsi.
Je ne pouvais avouer mes faiblesses à mes amis, parce que j'en étais dépourvu. J'avais des courtisans, des camarades, même des gardes-du corps mais aucun ne pouvait prétendre être mon ami. J'avais beaucoup de relations, dont certaines j'en suis sûr me seraient nécessaires et utiles pour ma vie d'adulte, mais aucune ne pouvaient prétendre à être qualifié d'amitié.
J'avais besoin d'une personne avec qui je me sente assez proche, mais aussi lointaine affectivement et le professeur Rogue rentrait parfaitement dans ces critères. Mais je ne savais comment faire pour y arriver, je voulais lui dire certains faits, mais je ne voulais pas que cela ressemble à une confession et me mette en position de faiblesse.
Après ces quelques minutes de silence, je repris la parole :
« Je suis un peu déstabilisé par cette Bataille. Je ne pensais pas que cela serait ainsi.
- A quoi vous attendiez-vous ? A une confrontation de gentils duels, respectant les règles d'un quelconque tournoi ou bien espériez-vous que les opposants à Voldemort soient plus miséricordieux que nous et n'essayent pas d'occire ses sujets ?
- Je... Je ne pensais pas avoir à... être confronté à cette sensation de... »
Je ne pouvais prononcer ce mot et le regardais droit dans les yeux.
« Je crois que le mot que vous recherchez est la peur. La bravoure est une qualité inhérente à la Maison de Gryffondor, bien qu'accompagnée d'une limitation intellectuelle qui la rend peu efficiente et utile. Avez-vous peur de mourir ou bien de ne pas supporter l'idée d'une culpabilité de donner la mort ?
- Je n'ai pas eu peur, criais-je avec énervement, c'est juste que je n'ai pas eu envie ni de tuer, ni de mourir. Tout le monde ne peut pas prétendre à être aussi désinvolte que vous devant la mort.<
- Désinvolte ! Si vous me connaissiez, vous ne direz pas ça en parlant de moi.
- Votre main n'a pas tremblé. »
Severus regarda Drago, un peu surpris et planta son regard sombre dans celui de Drago.
« Ne vous fiiez pas trop aux apparences, vous devriez savoir, vous plus que quinconce que dans notre Maison, nous savons dissimuler les tumultes de nos passions.
- Vous voulez dire que... vous avez hésité, demanda-t-il avec un pointe d'espoir qu'il tentait de masquer sous un voile d'indifférence.
- Et en quoi le fait que j'ai hésité ou pas à tuer le directeur Dumbledore puisse avoir une quelconque importance pour vous ? A moins que vous ne cherchiez des excuses à un comportement que vous jugez comme lâche.
- Je ne suis pas un lâche ! criais-je avec force »
Severus en entendant cette réplique, ne put se retenir d'un éclat de rire sarcastique. « Je me demande si l'on ne pourrait pas mettre en exergue cette devise sur les blasons de Serpentards, cela devrait nous éviter de nous esquinter la voix en le répétant. »<
Surpris par cet éclat de rire, je le regardais, blessé et je répétais :
« Je ne suis pas un lâche, je... ».
Severus me regardait attentivement avec, je devais me tromper, une sorte d'expression sur le visage qui s'apparentait à de la compassion à mon égard.
« Vous ais-je traité de lâche pour cet acte dans la tour d'astronomie ? J'ai affirmé que ce non-acte est pour vous une preuve de votre lâcheté. Vous êtes lâche parce que vous vous sentez lâche. »
Mon directeur de Maison m'assénait là une vérité que je me refusais de voir. Je refusais que l'on me qualifie ainsi parce que c'était comme si cela révélait au monde ma véritable nature, celle que je voulais enfouir sous une façade d'assurance.
D'une voix que j'espérais pas trop tremblante, je me confessais,
« Je ne pouvais pas lui donner la mort. Je ne pouvais voir dans son regard la vie le quitter. J'ai toujours cru que l'existence des autres m'indifférait et que je serais capable, sans aucune hésitation d'occire une personne, mais je ne peux pas. Je voudrais le faire, mais j'en suis incapable.
- Et est-ce réellement une mauvaise chose, Drago ?
- D'être incapable de donner la mort ? En tant que Mangemort, ajoutais-je ironiquement, c'est un mauvais départ dans l’organisation, je crois.
- Voldemort est mort, cette organisation comme vous l'appelez n'a plus raison d'être me répondit-il d'une voix calme. »
Je le regardais. Il prononçait ce mot tabou avec une telle décontraction qu'elle me semblait surnaturelle et irréelle.
« Pourquoi craignez-vous de croiser leur regard ? Que révèlerait-il ? me questionna mon ancien professeur.<
- Parce qu'elle montrerait une noirceur de mon âme que jamais je ne veux voir affleurer à la surface. J'ai trop peur de me laisser envahir par cette obscurité et de disparaître, confessais-je, les larmes de frustration coulant sur mon visage. »
Le professeur Rogue, s'approcha de moi, de ses doigts longilignes, il essuya mes perles de vie, me glaçant le sang par le contact de sa peau gelée et par ce comportement si inhabituel.
« Vous avez compris votre peur, me dit-il doucement, mais savez-vous pourquoi elle existe ?
- Je suis las de vos interrogations et de vos questions, auxquelles vous semblez déjà connaître la réponse. Arrêtez de jouer ainsi avec moi ! Vous me torturez, m'exclamais-je en colère.
- Je ne vous torture pas, je vous pousse dans vos derniers retranchements afin que vous soyez en paix avec vous même. Je vous force à vous révéler ce que vous ne voulez pas admettre publiquement et de façon claire.
- Mais pourquoi, quelle importance cela peut avoir pour vous ? Vous n'êtes...
- Rien, c'est ce que vous vouliez dire ? Si vous saviez à quel point vos barrières mentales baissent lorsque vous vous sentez en position de faiblesse psychologique, ajouta-il une pointe de mépris dans le ton de sa voix. Vous n'avez pas toujours compris ce qui se passait ici ?
- Encore des questions, n'allez vous jamais cesser. Je veux, non j'exige des réponses !
- Vous exigez ! Mais petit et arrogant prétentieux, vous demandez que je vous apporte sur un plateau une vérité que vous ne souhaitez pas regarder en face. »
Et me saisissant douloureusement le bras, il remonta la manche de ma robe me révélant ma propre marque des ténèbres. Je la regardais fixement, le sentiment de fierté que j’avais éprouvé en le recevant laissait place à un vague de dégoût et d'aversion envers elle. Je croisais son regard et je compris. La cause de mon mal-être était encré en moi.
<« Oui, c'est ça. Lorsque vous apprendrez à vivre et accepter ce qu'elle représente pour vous, vous serez libre.
- Libre ? Mais de quoi ?
- Libre d'accepter et d’assumer les choix qui feront de vous l'homme que vous deviendrez.
- Mais ne serez-vous pas là pour me conseiller ? demandais-je avec anxiété. »
Son visage ne trahit aucune émotion, et au lieu de répondre à mon attente, il me posa cette ultime question.
« Savez-vous quel est cet endroit ?
- Un des refuges de cet empoté d'Hagrid, cela me paraît évident.
- Non, cet endroit n'existe pas tel que nous définissons un fait ou une chose comme réelle. Cette cabane c'est ce que vous pourriez appeler la salle sur demande de la Forêt interdite, elle apparaît parfois lorsque l'âme des sorciers en éprouve le besoin. »
Je ne l'interrompais pas, pressentant que ce moment là resterait gravé en moi et qu'une quelconque parole énoncée romprait la magie.« J'eus l'opportunité d'y entrer seul, il y a quelques décennies. Je venais de me perdre. Mais, croisant mon regard interrogateur, je ne dirais rien de plus à ce sujet. Je veux vous demander un service, acceptez-vous ? »
Pour la première fois, je n'hésitais pas à répondre affirmativement à une demande dont je ne savais pas si elle me serait bénéfique ou pas. J’acquiesçais donc d'un mouvement de tête.
Je le vis sortir de sa poche, une lettre pliée qu'il me tendit
« Vous la donnerez à Potter lorsque vous serez en paix avec vous même. Ne la détruisez pas. »
Je la pris, lu les quelques lignes et je m’apprêtais à l'interroger sur la signature lorsque je remarquais une tâche sombre s’agrandir petit à petit autour de sa gorge pour former une auréole sanguinolente. Je fis un mouvement de recul, fixant la pâleur inhumaine de Rogue.
Je fermais les yeux un instant comme si en ne le regardant pas, je pouvais nier l'horreur de ce qui m'étais révélé. Lorsque j'ouvris les paupières, la cabane était vide.
Le seul signe de sa présence était ce parchemin que je tenais serré dans ma main.
A suivre...