Les Ombres du Passé, Marcus/Oliver - NC17 - Chapitre I 1/2

Jul 19, 2012 12:01

Titre: Les Ombres du Passé
Auteur: babydracky
Type (fic, art, icone...): FIC
Personnage(s)/Couple(s): Marcus/Oliver
Rating: NC-17
Résumé: Quand la personne qui hante vos pires cauchemars devient celle qui comble tous vos rêves les plus inavouables…
Disclaimer: L'œuvre « Harry Potter » est la propriété exclusive de Mme J.K.Rowling, de même que tous les personnages et tous les termes spécifiques appartenant à cet univers !
Notes éventuelles: Ecrit pour le site Ombre-et-Lumière de Lola-Reeds.
=> J'ai écris ce texte (qui au début ne devait être que le premier chapitre) pour répondre à un défi lancé sur le site « Ombre-et-Folie » par Lola-Reeds. Elle avait proposé d'écrire un texte de type « Cadavre Exquis. »
Toutefois, personne n'ayant donné suite à mon premier chapitre, j'ai écrit les chapitres suivants moi-même.
Cette histoire a été publiée dans le fanzine "Troisième Oeil" de Tiayel.

Titre du chapitre : GLORIEUX PRESENT 1/2



Oliver était confortablement installé sur son canapé à angle en cuir blanc qui trônait au cœur de son immense salon. Il faisait face à la cheminée en marbre saumon dont s'échappaient de langoureuses veloutes de fumée. Il aimait regarder les flammes rougeoyantes s'élever avec gracieuse ardeur et lécher violemment les sculptures raffinées ancrées dans le marbre si lisse, et venir se nicher dans les recoins les plus sombres de la cheminée. Il aimait voir ces flammes danser harmonieusement au son du crépitement du bois claquant dans l'âtre.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait eu l'occasion de se reposer de la sorte, de rester là, immobile, bien au chaud, tranquillement chez lui. Depuis qu'il avait commencé sa carrière professionnelle de joueur de Quidditch, il n'avait eu que très peu de répit et très peu de temps libre duquel disposer comme bon lui semblait. Il était sans cesse débordé, pris entre les entraînements, les préparations de ses matchs et les championnats. La vie d'un joueur professionnel était très certainement des plus riches et des plus palpitantes, mais elle était également des plus contraignantes et rigoureuses. Il ne pouvait se permettre des folies, faire ce que bon lui semblait quand bon lui semblait, mais Oliver aimait cette rigueur et ces obligations, elles faisaient du métier ce qu'il était ; quelque chose d'inaccessible pour la plupart. Quelque chose d'unique.

Mais à présent qu'il avait réussi à faire ses preuves dans le milieu, maintenant qu'il était le joueur le plus côté de toute la ligue britannique, Oliver pouvait profiter des fins de saison comme il le désirait. Jamais ses agents n'auraient toléré que l'on indispose leur prince alors qu'il allait enfin pouvoir se reposer et se préparer pour ses prochaines apparitions publiques lors de banquets et divers galas, de même que pour des interviews exclusives. Ses entraîneurs ne toléreraient pas plus qu'on le dérange alors qu'il pouvait enfin laisser son corps se reposer un peu et se régénérer pour la nouvelle saison à venir.

On ne l'obligeait plus à rester au club pour s'occuper de l'état des équipements ou pour nettoyer les lieux. Il était surprenant de voir que dans le domaine du Quidditch professionnel les entraîneurs ne souhaitaient point trop usé de la magie, mais laissaient tout le travail aux remplaçants et à certains des joueurs qui avaient déçu. Ils disaient que cela forgeait le caractère et la volonté, et que ça laissait tout le loisir à la réflexion ! Oliver se rappelait encore les longues nuits blanches qu'il avait dû passer, lorsqu'il n'était encore qu'un petit remplaçant, à astiquer les balais puissants des joueurs de l'équipe ou encore à raccommoder leurs tenues… C'est qu'ils faisaient beaucoup plus de dégâts que l'on aurait pu le croire ! Mais ceci n'était rien en comparaison avec les joueurs qui avaient fait des matchs particulièrement mauvais et décevants! Il se rappelait très bien l'un des Poursuiveurs, de la seconde équipe avec laquelle il avait signé - abandonnant la précédente où le Gardien semblait malheureusement trop bon et trop en forme pour réellement nécessiter un remplaçant - rester toute la nuit après un match à récurer les toilettes du stade dans lequel il venait de faire une rencontre catastrophique à la brosse à dents !

Oliver n'aurait jamais pu imaginer une seule seconde que la vie de joueurs professionnels soit ainsi. Il avait très rapidement compris qu'il devait faire ses preuves au plus vite pour ne pas sombrer dans l'anonymat le plus complet et que l'on ne lui donne alors plus jamais de réelle chance. Et puis, ce jour de chance était enfin venu lorsque le Gardien de son équipe avait dû déclarer forfait pour l'un de leur match, ayant des douleurs abdominales trop importantes pour pouvoir jouer. C'était un homme très bien qui avait tout de suite pris Oliver sous son aile, ayant vu en lui de véritables capacités, et un talent latent, et qui avait fait au mieux pour le former comme bon remplaçant. Oliver avait alors pu jouer et avait fait un match exceptionnel, ne laissant passer aucun souaffle dans ses anneaux. Depuis lors, tous les clubs se l'arracheraient. Il avait, bien sûr, alors signé avec le club qui lui avait fait la meilleure offre, mais aussi qu'il considérait énormément depuis son plus âge ; Les Faucons Blancs.

Depuis, il était devenu l'un des joueurs les plus considérés dans le milieu. Il avait été de victoires en réussites, déployant un style agile et gracieux qui lui valait le nom actuel de Faucon. Il savait être d'une grande vitesse et d'une précision à toute épreuve. Tous l'admiraient. Les clubs n'avaient cessé de lui faire des offres de plus en plus juteuses le voyant se conforter dans sa place de meilleur joueur, même les journaux et les magazines professionnels voyaient en lui l'avenir du Quidditch et un joueur hors-paire.

Il avait, ce que l'on peut appeler, réussi dans la vie. Il avait réalisé son rêve de toujours, son rêve d'enfant et de jeune adolescent ; jouer dans une équipe professionnelle de Quidditch. Il était même parvenu à devenir LE meilleur joueur de Grande-Bretagne, chose qu'il n'aurait même jamais osé espérer. Et pourtant, il était là, le meilleur joueur de la ligue, le joueur le mieux payé de tout le championnat.

Il avait bien plus d'argent qu'il n'était raisonnable. Il avait bien plus que ce dont il avait concrètement besoin pour vivre correctement, de même qu'il ne pouvait décemment en dépenser. Il vivait dans un spacieux appartement dans le quartier chic londonien du côté magique. Il était au dernier étage d'un bâtiment moderne qui offrait une vue magnifique sur le Londres nocturne, Londres, ville magique, qu'il pouvait observer à toute heure de son large balcon fleuri. Bien qu'il ne passât que très peu de temps dans son appartement, celui-ci était très bien aménagé et équipé. Il était décoré avec raffinement et goût, et seules des couleurs pastel ou chatoyantes avaient été choisies pour le rendre des plus accueillants. Il avait tout ce dont un homme pouvait rêver et même plus. Il avait tout. Absolument tout.
Réussite. Fortune. Gloire. Succès. Reconnaissance.

Depuis sa sortie de Poudlard, quatre années auparavant, il avait énormément changé. Bien sûr, il était à présent le joueur le plus connu de Grande-Bretagne, de même que très certainement l'un des hommes les plus riches du pays. Tous connaissaient son visage et l'idolâtraient ou l'enviaient. Mais dans le fond, il était resté le même. Il n'avait pas pris la grosse tête. Il était resté identique à lui-même, quelqu'un d'ouvert, de passionné et d'attentionné. Mais il avait dû apprendre à être prudent face aux gens qu'il lui était donné de croiser, car très peu parmi eux voulaient véritablement connaître le réel Oliver, et non la star, le Faucon. Il était peut-être devenu plus méfiant, plus distant, mais il était loin de frôler dangereusement les crises obsessionnelles et les caprices de Star. C'est peut-être pour cela qu'il était autant apprécié par tous.

Les plus grands changements dont il avait pu prendre conscience, à part l'explosion de son compte bancaire à Gringotts qui lui avait valu les premiers sourires de Gobelins de toute son existence, chose effrayante d'après lui, étaient très certainement ceux perceptibles dans son apparence. Certes, il n'avait pas beaucoup grandi, chose qu'il regrettait grandement - il était l'un des plus petits joueurs de la ligue avec son petit mètre soixante-douze ! - mais son corps était devenu celui d'un homme. Grâce aux longs, répétés et difficiles entraînements de Quidditch, il avait pris en masse et en masculinité. Il était beaucoup plus développé et plus musclé à présent. Son dos s'était élargi, de même que ses épaules semblaient plus solides. Certes, ses muscles n'étaient point ceux d'un culturiste, mais ceux d'un athlète, finement ciselés et bien dessinés. Avec le soleil, qui cette année leur avait fait l'immense honneur d'être présent aux festivités en éclairant le championnat de Quidditch, son teint s'était fortement caramélisé. Sa peau, habituellement assez pâle, avait pris une teinte plus hâlée qui lui donnait un côté plus attractif. Jamais, lui-même, n'avait pris conscience de la couleur particulière de ses yeux jusqu'alors. Des yeux d'un vert très pâle et unifié. Mais sur ce teint mat, ses yeux tilleul se dessinaient beaucoup plus et lui donnaient un regard plus perçant, plus séduisant. Cela adoucissait ses traits tout en leur donnant une maturité qu'il n'avait pas encore. Bien sûr, son visage avait perdu toute rondeur juvénile, et était plus affiné qu'il ne l'avait été jusqu'alors, ses pommettes plus hautes et plus marquées, mais il gardait tout de même en lui quelque chose d'infantile. Ses cheveux assez ternes avaient eux-aussi pris une teinte plus vivante, ils s'étaient quelque peu éclaircis au soleil et étaient à présent d'un châtain assez clair, dans lequel venaient se mêler des mèches dorées. Lui-même était conscient du changement que cela produisait en lui. Il était bien plus attirant ainsi, plus marquant. Il avait donc décidé de faire des efforts, qu'il ne fournissait généralement pas concernant son physique, afin de conserver cette apparence par tout temps de l'année et entretenait à présent cette image par magie, c'est pourquoi, même avec l'hiver approchant, il avait gardé ce teint mordoré et cette coloration estivale pour sa chevelure. Des cheveux de blés sur une peau ensoleillée.

Bien qu'étant un sportif de haut niveau dont le métier occupait une très grande partie de sa vie, Oliver était un homme qui aimait s'amuser. Il aimait sortir. Mais surtout, il aimait plaire. Bien sûr, il ne pouvait accorder beaucoup de temps à une relation amoureuse, c'est pourquoi il n'avait pas de petite amie fixe ou de relations vraiment très sérieuses avec qui que ce soit ; toutefois, il aimait pouvoir être en compagnie de belles jeunes femmes lorsque l'envie le prenait. C'était un jeune homme après tout ! Et il avait les mêmes envies et les mêmes besoins que tous les jeunes hommes de son âge ! Toutefois, contrairement à tous les autres, Oliver, lui, n'avait que l'embarras du choix ! Toutes les femmes du monde magique étaient à ses pieds ! Il n'avait qu'à passer par le Chemin de Traverse pour en avoir une dizaine de suspendues à ses basques et ses lèvres. Quand il ne souhaitait pas finir une soirée en solitaire, il la finissait toujours en compagnie des plus agréables, quand il ne voulait pas rentrer seul, il ne rentrait jamais seul.

Oliver ne pouvait être ignoré de qui que ce soit. Les fans l'adulaient, les femmes le désiraient, et les hommes le jalousaient. Il ne pouvait laisser qui que ce soi d'indifférent. La notoriété n'avait jamais été ce qu'il recherchait, mais il avait appris à vivre avec et ne se plaignait pas trop de son sort, qui était loin d'être aussi désagréable que cela. Il était pour tous Le meilleur.

Le bois craqua violemment dans l'âtre et Oliver sursauta légèrement, revenant à la réalité.

Le meilleur… Cette constatation était amère dans sa bouche, âcre dans son être. Comment pouvait-il être le meilleur ? Car même si aujourd'hui Oliver était sur le devant de la scène, chouchouté et chéri de tous, lui ne pouvait oublier un point important de sa carrière - comme de très nombreux l'avaient fait - un point qui aurait pu être un tournant décisif dans sa vie, une route toute différente ; la défaite. Une défaite cuisante ! Sa seule et unique défaite en ligue! Ses poings se serrèrent convulsivement à ce souvenir et sa mâchoire se crispa fortement, les yeux un peu flous, les souvenirs de ce match lui revinrent en mémoire aussi clairs que s'il les avait eus sous les yeux.

C'était l'un de ses premiers matchs en tant que titulaire dans l'équipe des Faucons Blancs et il avait face à eux l'équipe des Fantômes. Cette équipe était constituée uniquement de jeunes joueurs Français émigrés en Grande-Bretagne. Les Fantômes avaient un style très particulier et très propre. Ils étaient considérés comme les joueurs les plus gracieux et les plus raffinés du championnat, et c'est vrai qu'en les regardant jouer on avait l'impression d'assister à un véritable et superbe ballet aérien. Il avait un style unique qui savait lier techniques, raffinement purement français, et une vivacité plus spécifique aux Britanniques. Toutefois, un élément venait perturber ce calme calculé par son jeu brutal et ardent, par son chaos organisé, Marcus Flint.

Flint n'avait joué que très peu de matchs en tant que remplaçant, très vite l'équipe des Fantômes était venue le démarcher et l'avaient recruté pour remplacer l'un de leur joueur qui avait décidé de retourner jouer pour sa véritable patrie, il avait alors immédiatement pris la tête des Poursuiveurs ! Bien qu'ayant un style très différent, si agressif et si vivant, ce dernier s'harmonisait à merveille avec le jeu de cette équipe. Il était comme une comète fulgurante au cœur d'une voix lactée d'étoiles lumineuse. Oliver n'avait pu faire grand chose devant cette technique de jeu. Les coéquipiers de Flint le servaient à merveille et ce dernier ne lui avait pas laissé une seule seconde de répit, harassant ses buts à chaque occasion qu'il avait, même la plus petite.

Flint, en plus d'avoir progressé en technique, avait encore pris en muscle et en puissance, Oliver avait pu en faire les frais. Ses tirs étaient des plus violents et de lui se dégageait une force qu'il n'avait pas eue plus jeune à Poudlard. Oliver se rappelait très bien avoir senti une douleur formidable le traverser de toute part lorsqu'il avait entendu ses os de la main droite craquer, se briser littéralement, alors qu'il était parvenu à arrêter l'un de ses tirs spéciaux. Cet homme était une véritable bête féroce !

Cela pouvait se constater en chacun de ses mouvements, en tout ce qu'il était ! La robe noir corbeau que portait l'équipe des Fantômes ne faisait qu'accentuer un peu plus ses traits durs coupés au couteau, sa peau si blanche qu'elle en était presque cadavérique et ses yeux effilés et noirs, d'un noir si profond qu'il était absolument impossible d'y déceler la moindre lueur, d'y lire la moindre chose quant à ses « sentiments ». Ses yeux n'exprimaient rien à part peut-être la haine et le dédain qu'il portait au monde entier. Ses yeux semblaient encore plus menaçants et plus haïssant quand il se posait sur lui, Oliver en était tout à fait conscient, mais n'en avait-il pas toujours été ainsi, n'avaient-ils pas toujours été ennemis ? Toutefois, lors de ce match chaotique, il avait pu lire distinctement dans la prunelle de ces yeux une jouissance immense, un plaisir malsain, lorsque Flint parvenait à faire tomber ses défenses. Il était tout-puissant, inutile de le nier. Puissant et impressionnant.

Certes, Oliver jamais ne l'aurait reconnu, ni même laisser paraître en public, mais Flint faisait naître en lui une certaine terreur, une crispation indescriptible, quelque chose de tout à fait irrationnel. Dans cette robe, qui claquait au vent comme un glas macabre, Flint ne pouvait que transcender le nom de son équipe, il était un tourbillon indomptable, il était un fantôme invincible. Oliver en aurait presque pleuré de rage !

Alors que le pouls d'Oliver s'accélérait à ce simple souvenir, souvenir virulent et plus que percutant et persistant, il prit le verre qu'il s'était servit quelques instants auparavant et descendit en une gorgée le whiskey glacé qu'il y avait mis, qui sembla pourtant lui brûler l'œsophage et l'estomac. Il ne buvait pas souvent d'alcool, mais de temps à autre il aimait en avoir un verre près de lui, verre qu'il ne touchait le plus souvent jamais. Après en avoir vidé le contenu, il prit les gros glaçons mordorés encore imbibés de Whiskey, qu'il se mit à croquer les uns après les autres. C'est une habitude qu'il avait prise depuis son plus jeune âge, lorsqu'il était nerveux ou qu'il réfléchissait, il aimait croquer des glaçons, manie qui avait le don de rendre sa mère folle. Toutefois cela le calmait toujours et l'inspirait. Ces camarades Gryffondor avaient appris à faire avec, et lorsqu'à table il se mettait à croustiller des glaçons, ses coéquipiers savaient d'avance qu'il était en train de mettre au point une nouvelle stratégie et qu'il leur faudrait bientôt se lever plus tôt pour les entraînements.

Sentir ces éclats glacés sur sa langue le calma quelque peu et le regard ardent de Flint s'estompa petit à petit. Après toutes ces années, Flint, bien qu'absent, restait l'une des seules et unique personne qui réussissait à le mettre dans un tel état ! Cela faisait longtemps pourtant qu'ils ne s'étaient croisés, et Oliver ne savait même pas ce qu'il était advenu de Flint. Après cette brillante rencontre contre leur équipe, Flint avait encore offert sur un plateau d'argent des victoires fracassantes à ses coéquipiers durant plusieurs matchs, puis il était sorti du circuit sans que personne ne sache la raison de cet arrêt si brusque, de cet abandon si inattendu. Son équipe n'avait pas souhaité se prononcer sur la question et plus jamais Flint n'avait été vu sur un terrain de Quidditch alors qu'une carrière fracassante s'ouvrait devant lui, qu'une route victorieuse se déroulait à ses pieds.

Oliver, loin d'être soulagé de la perte de cet ennemi de toujours, de cet ennemi si virulent et si vivant, était fou de rage ! Comment Flint avait-il pu partir sans lui laisser une chance de le vaincre, une seule chance d'avoir sa revanche, la moindre chance de lui rendre la monnaie de sa pièce ! Il lui arrivait encore de se réveiller en pleine nuit, en sueur, une douleur inouïe lacérant ses doigts de la main droite. Bien sûr, cette douleur n'était que réminiscence, une fois les yeux ouverts et le voile des songes balayé, il savait qu'il n'avait pas eu réellement mal, que cette douleur n'était pas réelle, mais ses mains continuaient tout de même de trembler longtemps après alors qu'il cherchait à retrouver le sommeil.
Bien sûr, maintenant, Oliver était le joueur « number one », il avait fait preuve d'un talent sans précédent, toutefois, jamais il n'avait pu effacer cette défaite, jamais il n'avait pu avoir sa revanche ! Flint n'étant plus dans le milieu du Quidditch, il avait vite été oublié ainsi que ses victoires, toutefois Oliver, lui, ne pouvait l'oublier. Comment le pourrait-il ? Il était le meilleur, selon les dires, mais n'était-ce point par défaut ? Si Flint était resté, si Flint avait combattu ? Aurait-il pu tirer son épingle du jeu ainsi ? Rien n'était moins sûr, ce doute et ces questions sans réponses étaient ce qui pourrissait Oliver de l'intérieur. Il ne saurait jamais ! Et il resterait sur cette défaite amère !

Une ombre le hanterait toujours lors de ses prochains matchs, lorsqu'il défendrait vaillamment ses buts ; l'image de deux yeux d'ébène plein de haine et de passion. Flint avait toujours été un joueur passionné et impétueux. Bien sûr, Oliver était lui-même quelqu'un de très passionné dans tout ce qu'il faisait, surtout quand il était question de Quidditch, mais il se sentait beaucoup moins impressionnant que Flint ne l'avait été ce jour-là, et il savait que jamais il ne le serait.
Il avait tout essayé pour se sortir cette image de la tête, pour qu'elle s'efface de sa rétine à tout jamais, mais cela semblait cause perdue, jusqu'au jour où son esprit avait été attiré puis obnubilé par autre chose, par quelqu'un autre.
Cela faisait plusieurs mois maintenant que son esprit avait été de nouveau éveillé à autre chose qu'à la passion du Quidditch, à autre chose qu'au championnat et aux matchs. Depuis son diplôme, il ne s'était préoccupé que de sa carrière ne trouvant pas de réel plaisir ou intérêt en autre chose. Bien sûr, d'innombrables femmes sublimes avaient défilé dans son lit, des blondes, des brunes, des joueuses, des câlines entre ses draps. Cela ne l'intéressait guère de les différencier ou de les voir réellement, il avait juste besoin de leur présence de temps à autre, mais aucune d'elle n'était parvenue à mettre son corps en ébullition, aucune n'était parvenue à lui donner un réel plaisir, une jouissance persistante, un bonheur unique. Aucune n'avait su gagner son cœur.

Oliver était un insatisfait malgré tout ce qu'il avait.

Il était insatisfait et n'attendait rien de particulier de la vie, et cela jusqu'à ce lundi matin où il avait reçu sa première lettre. Parmi d'innombrables courriers de fans que lui ramenait son agent tous les lundis matin, son œil avait été attiré par une enveloppe d'un noir d'encre de chine. Jamais personne ne lui avait fait parvenir d'enveloppe noire. Généralement les fans optaient pour des roses et des rouges criards avec des cœurs et des arabesques diverses pour décorés le papier. Mais une enveloppe noire, c'est sûr que cela sortait du lot. Les lettres étaient, bien sûr, toutes contrôlées par magie pour éviter tout courrier dangereux pour la Star. On ne pouvait décemment le laisser ouvrir n'importe quel courrier qui pourrait très bien être piégé. Si cette lettre était arrivée jusque dans son salon, c'est qu'elle était inoffensive. Il s'était alors approché de l'enveloppe et l'avait ouverte d'une main toutefois hésitante.

« …Nous sommes si semblables et si différents à la fois. Cela me fait peur mais m'enchante pourtant à la fois de la manière la plus exquise qui soit… »

Depuis lors, il attendait avec impatience des nouvelles de cette personne. Jamais personne n'avait réussit à l'interpeller ainsi, à éveiller quelque chose de plus profond en lui. Il sentait, sans réellement savoir pourquoi, que cette personne était différente, qu'elle était plus proche de lui. Elle semblait le connaître, le comprendre, vouloir se saisir d'une part de l'Oliver qu'il était vraiment et pas seulement celui qui apparaissait lors des matchs et en public.

C'était la première fois de sa vie qu'il ressentait cela à l'égard de quelqu'un. Il avait tout d'abord été surpris par le contenu de la lettre. Le papier à lettres était aussi sombre que l'enveloppe et le texte était écrit d'une encre blanche immaculée et sans bavure. C'était une petite écriture, des pattes de mouche, qui était assez agressive et dure. La personnalité était clairement marquée par les formes mais aussi par le contenu. Il s'était senti rougir dès les premières lignes. Jamais on ne lui avait fait pareilles avances, mais surtout de manière aussi effrontée et sans équivoque et retenue.

« …La perfection de ton corps est un affront à toute création divine…Pour tes yeux des empires pourraient tomber, pour tes lèvres des Saints être damnés…Tu es le plus dangereux des poisons…Plus destructeur que le plus ravageur des venins… Plus tentateur que la boite de Pandore… Plus juteux et savoureux que le fruit interdit… Ton corps semble à lui seul pouvoir réchauffer la froidure érigée autour d'un cœur de glace… Tes si belles lèvres rosées pourraient par la parole seule apporter des plaisirs des plus exquis… Les sentir sur un corps si brûlant n'apporterait très certainement pas soulagement mais folie…Comment faible mortel pourrait se passer de toi après avoir eu la chance d'être goûté et d'avoir été savouré avec ferveur… ? Te regarder… Te désirer… Te posséder… »

Depuis, il recevait une lettre de cette personne après chacun de ses matchs. Il avait pu se rendre compte avec grande surprise, et plaisir, que celle-ci semblait très bien s'y connaître en Quidditch et avoir des vues et des positions très définies. Elle n'avait donc pas jeté son dévolu sur lui par le plus grand des hasards, non, elle était une passionnée assidue. Elle savait le complimenter lorsqu'il avait été particulièrement brillant, et savait même le gratifier de petites remarques percutantes concernant des détails qu'elle avait aperçus, et jamais elle ne se trompait. Elle était des plus intéressantes. Elle se permettait même parfois de le gronder quand elle décelait des passages à vide en lui ou des jours où il défendait moins bien ses buts et qu'il se laissait surprendre de manière bête. Elle n'aimait pas le voir encaisser des buts qui n'étaient pas irrattrapables, des points qu'il aurait pu sauver. Elle était exceptionnelle.

Toutefois, jamais elle ne se contentait de lui parler Quidditch, elle n'oubliait jamais de le complimenter sur la manière dont son corps habile bougeait, comment ce dernier se mouvait dans ses tenues vives, mais surtout comment ses doigts habiles sauraient faire de lui un homme des plus heureux et des plus SATISFAITS.

« …Cette manière exquise dont tes doigts glissent le long de ton manche prouve à elle seule quel homme habile tu peux être, Oliver, ne gâche point ce talent inné qui t'es donné…J'aimerais pouvoir cajoler ces doigts uniques, ces longs doigts effilés, du bout de ma langue savante et te faire connaître alors les réelles étoiles du firmament… »

Il avait l'impression que cette personne le connaissait, qu'elle savait exactement ce dont il avait besoin, mais surtout, chose la plus importante, qu'elle serait tout à fait capable de le lui donner même si lui-même était tout à fait loin de savoir ce qu'il désirait vraiment.

« …Je sais ce dont tu as besoin, Oliver…Je peux t'offrir ce que tu recherches depuis si longtemps, ce que tu désespères de trouver…Je peux être cette personne, Oliver… Cette unique personne dont tu crierais le nom en découvrant enfin le véritable plaisir, la douleur de la satisfaction…Je te découvrirais… Tu te découvrirais…Je ne vois que toi, Oliver…Tu ne sentirais que moi… »

Il avait reçu de très nombreuses enveloppes noires depuis ce premier jour, mais jamais aucune adresse, jamais aucun nom. Cela le frustrait car il lui était impossible d'identifier cette personne, une fan parmi tant d'autres, une fan pourtant si différente ! Il lui était de même impossible de répondre à ces courriers, à ces avances volcaniques et à ces provocations. Il croyait devenir fou. Cette « fan » devait le libérer et ne faisait que l'emprisonner un peu plus à chacune de ses lettres ! Cela jusqu'au jour où dans l'un de ses courriers elle lui lança un défi, un réel défi.

Cette lettre était parvenue le lendemain d'une de leur grande victoire qui leur assurait la première place au classement. Elle voulait savoir ce qu'elle éveillait en lui, s'il la désirait tout autant lui aussi… Elle avait besoin de preuves tangibles en retour.

« …La victoire te va à ravir, beauté… Ton sourire était resplendissant cet après-midi, bien plus resplendissant que les timides rayons de soleil de notre bon vieux Londres... Un sourire que l'on aurait envie de couvrir de myriades de baisers… Sais-tu que lorsque tu souris une fossette des plus provocantes et des plus tentatrices apparaît sur ta joue gauche ? Une fossette que l'on aurait envie de croquer…Je pourrais te croquer… »

« …Comme la victoire te réussit, Oliver ! »

« …Tes lèvres étirées dans ce sourire ravissant, sincère… Elles semblaient encore plus délicieuses que je ne les avais jamais imaginées… Je ne cesse de me demander quel goût juteux elles doivent avoir… Très certainement celui de l'Ambroise des dieux… J'aimerais pouvoir y étancher une soif qui me mine depuis trop longtemps déjà... As-tu seulement idée du goût unique de mes lèvres ? As-tu seulement espéré les effleurer ? Les as-tu seulement imaginées te dévorer par petits feux, par petits baisers, jusqu'à t'en rendre fou… ? »

« …Peux-tu sentir en ce moment mes baisers, comme moi je sens ton corps frémir sous ma langue si talentueuse, si impatiente, si enthousiaste ? Imagines-tu seulement comme mes lèvres seules pourraient épancher cette soif qui te rend fou, qui t'empêche d'avancer depuis si longtemps… ? »

« …Veux-tu connaître enfin le goût de ma bouche affamée, de mes lèvres féroces ? Je veux tes lèvres, Oliver… Ne t'ai-je point vu sur multiples photographies aux bras de plantureuses créatures, tes lèvres sur les leurs, posées sans aucune passion. Je veux te voir m'embrasser passionnément, Oliver, me faire sentir que tu me désires tout autant que moi je te veux. Je veux te voir passionné, Oliver, entier. Quelle que soit la personne du public lors de ton prochain match, elle sera moi, Oliver. Je veux ta bouche sur la mienne alors, je veux te goûter. Ne me déçois pas. »

Ces paroles lui avaient fait perdre toute raison, il brûlait de l'intérieur. Ce brasier ardent qu'elle était parvenue à attiser était devenu incontrôlable, il menaçait de le consumer sous peu. Il voyait beaucoup plus de femmes qu'auparavant, parfois même plusieurs le même soir ou en même temps. Elles ne semblaient pas se formaliser de le voir quitter leur couche pour aller se rendre dans celle d'une autre, tout comme les cuisses de la suivante l'accueillaient aussi chaudement sans protester ; quant à celles qu'il prenait ensemble, elles ne semblaient nullement se plaindre de ce traitement. Que ne pouvait faire une célébrité ? Que les fans ne pouvaient-ils accepter afin d'obtenir de lui cette attention et retourner ensuite à leur vie de filles bien rangées comme si de rien n'était ? Elles le dégoûtaient.

Il était sûr que cette fan était différente. Ses paroles n'étaient point mielleuses, ni même flatteuses. Elle n'hésitait jamais à lui faire part de ses véritables sentiments, mais le fait de ne pouvoir communiquer avec elle le plongeait dans une folie un peu plus grande chaque jour. C'est pourquoi quand elle lui avait demandé ce baiser, ordonné ce baiser, ce geste de sa part, il n'avait pas hésité un seul instant.

Dès son prochain match, alors qu'il allait sortir sous les acclamations du public, qui était resté groupé malgré la pluie
battante, il avait fait exprès de faire tomber ses lunettes de protection dans la foule. Advienne ce que pourra, s'était-il dit. En temps normal, il ne serait très certainement pas donner la peine d'aller les récupérer et les aurait laissées à la personne qui les avait récupérées comme petit souvenir du match, comme item. Toutefois, cette fois-ci, il s'était approché de la jeune fille qui avait eu l'immense chance de voir cet objet merveilleux, qu'elle tenait étroitement serré contre son cœur comme l'objet le plus précieux au monde, lui tomber dessus. Il fut soulagé de découvrir une très belle jeune fille aux cheveux d'un roux prononcé. Elle était très jolie et Oliver en était tout de même soulagé, pas que cela importe réellement, mais s'il devait s'imaginer son inconnue, il préférait encore se saisir d'une belle fille.

« Mademoiselle ? », l'avait-il interpellée.

Elle avait sursauté quand elle l'avait vu s'approcher d'elle sur son balai, entouré du regard envieux et clairement jaloux des autres filles qui l'entouraient.

« Pardonnez-moi, mais c'est un cadeau auquel je tiens. Pouvez-vous avoir la gentillesse de me les rendre ? », Avait-il d'une voix des plus enjôleuses.

En la regardant de plus près, alors qu'il tendait la main vers elle, il se rappelait avoir pensé qu'elle était un peu trop jeune pour lui, mais le sort en avait voulu ainsi et au vu de la manière dont elle le regardait, toute rougissante et tremblante, elle ne se plaindrait pas, et n'irait très certainement pas crier au détournement de mineur ou au harcèlement sexuel. Elle lui tendit donc ses lunettes, un petit sourire timide aux lèvres, complètement sous le charme. Il lui saisit alors tendrement le poignet et se pencha vers elle, un sourire radieux et calculateur plaqué sur les lèvres.

« Je ne sais comment vous montrer ma reconnaissance, Mademoiselle », dit-il une lueur étrange dans le regard, ce n'était plus elle qu'il voyait, « Toutefois, si vous permettez… »

Il ne la laissa formuler aucune protestation, pas qu'elle en aurait formulé une de toute évidence, et sans plus de mise en garde se pencha vers elle et l'embrassa tendrement sur les lèvres. Il la sentit se raidir, puis alors qu'il lui montrait clairement que ce baiser serait plus profond que tous ceux dont elle avait gratifié jusqu'alors, elle était clairement inexpérimentée, elle se détendit et le laissa faire d'elle ce qu'il désirait. Il était sûr que s'il avait décidé de la prendre là, tout de suite, dans les gradins, sous la pluie battante, encore plein de sueur et sous le regard de tous, elle n'aurait manifesté aucune résistance ni aucune protestation. Le langoureux baiser qu'ils avaient « partagé » achevé, il était parti sans même se retourner, la laissant là, béate, alors que son esprit, son cœur à lui, étaient tout ailleurs.

Le lendemain il recevait une nouvelle enveloppe noire.

« …Avons-nous donc un faible pour les chevelures rousses, mon cher Oliver… ? Serais-tu déçu d'apprendre que ma chevelure est plus sombre que la robe d'un corbeau royal… ? As-tu choisi sciemment cette si jeune fille pudique et pure ? Aimes-tu donc les petites filles inexpérimentées qui ne sauraient t'apporter aucun plaisir…Crois-tu que je puisse souffrir une comparaison avec elle… ? Crois-tu que je t'aurais laissé partir après cette petite mise en bouche… ? Crois-tu que j'aurais tremblé sous un baiser si chaste… ? Est-ce donc de cette manière que tu souhaites me baiser… ? Je ne suis point d'une pureté exemplaire, beauté… Tu as besoin de quelqu'un de plus à même de te contenter, Oliver… »

« …Sache que le jour où tu seras à moi, jamais je n'aurai autant de compassion, jamais je n'aurai autant d'attention et de retenue…Jamais je ne te laisserai être aussi tendre… Je veux te sentir fort…très fort… Un de mes baisers t'aurait rendu sans souffle… J'aurai pénétré ta bouche sans aucune retenue ! Tu n'aurais pu gémir ton plaisir sous mes assauts…Ta bouche aurait été à moi, et j'y aurais engouffré ma fougue, dans de lents va-et-vient puissants et minutieusement contrôlés… Ton souffle aurait été court… Je ne t'aurais donné aucun répit… et peut-être sous tes gémissements intenses aurais-je quitté tes lèvres pour te permettre de reprendre ton souffle… Peut-être… Ce baiser n'aurait très certainement pas été une fin, mais le commencement d'une nuit de plaisir et de désir… Une nuit où tu m'aurais supplié de faire de toi ma chose, de m'appartenir… »

Plus le temps s'écoulait, plus les lettres de cette fan se faisaient audacieuses. Elles étaient de plus en plus chaudes, de plus en plus explicites, de plus en plus tentatrices. Jamais personne ne lui avait parlé de telle manière. Bien sûr, de nombreuses femmes aimaient à le séduire, procédaient à tout un jeu de séduction en sa présence, plus ou moins brillamment ; il lui arrivait de céder à ces avances, cela lui plaisait quelque part quand les femmes faisaient le premier pas, quand elles le courtisaient. Toutefois, une fois dans ses appartements elles perdaient souvent de leur assurance et le laissaient mener la danse, sans jamais protester, sans jamais tenter de lutter, sans jamais combattre, sans réellement jamais partager. Quoi de plus beau que de déposer les armes une fois une dure lutte menée ? Quoi de plus beau que de vaincre et d'obtenir une soumission totale et confiante de son partenaire ?

Oliver aurait voulu connaître cette lutte, ce combat, ce même partage passionné que celui qui naissait sur les terrains de Quidditch. Mais jamais il n'avait pu trouver femme qui lui avait apporté cela, jamais aucune ne l'avait réellement émoustillé, éveillé réellement à ses sens… Alors que ces lettres noires, cette main qui les écrivait, le passionnaient. Il voulait avoir un partage franc avec elle, il savait qu'elle pourrait lui apporter ce petit plus, ce petit plus que les autres n'avaient pas. En tout cas, il l'espérait. Mais ses lettres étaient si prometteuses… Il voulait y croire… Et il avait eu raison…
Les lettres avaient continué à arriver, régulièrement, et maintenant elles n'étaient même plus envoyées à son fan club. Elles étaient déposées directement chez lui, apportées par un corbeau sombre et gigantesque. Il n'avait jamais vu un tel animal, et ce dernier paraissait des moins avenants. Comment quelqu'un pouvait-il posséder telle créature qui semblait si puissante et si peu docile ? Cela ne le confirmait-il point dans le caractère décidé et bien trempé de cette fan ? Il n'avait jamais refusé les lettres, une fois ou deux, il avait même tenté de remettre une réponse à l'animal qui n'avait jamais voulu les prendre. Il était des plus têtus et des plus menaçants quand Oliver se faisait plus insistant. Oliver ne pouvait décemment se permettre de perdre l'usage de l'un de ses bras, le bec de l'animal semblant des plus aiguisé et des plus puissants.

Il attendait toujours ces lettres avec beaucoup d'impatience, attendant de lire des nouvelles de sa plus grande fan, comme il l'avait surnommée, les autres ne pouvaient être que fades et sans saveur à côté. Il souhaitait pouvoir la rencontrer, la mettre devant le fait accompli, voir si elle aussi ferait profile bas face à lui, si elle ravalerait son honneur, ou si au contraire, comme elle en faisant clairement état dans ses écrits, elle saurait le dompter. Mais pouvait-on réellement dompter un homme tel que lui ? Un Faucon qui pouvait effrayer les plus grands d'un seul battement d'ailes ? Faire trembler les plus déterminés de son regard perçant ?

Il avait peur d'être déçu, mais il était encore plus impatient de pouvoir être face à cette personne si passionnée ! Il la voulait !

Quelle n'avait pas été son enthousiasme lorsque, lors de son dernier courrier, sa fan lui avait clairement fait comprendre qu'elle serait présente à son prochain match et qu'elle l'encouragerait ! Elle lui disait même qu'elle était enfin prête à le rencontrer à la fin de la rencontre, mais cela à une seule condition, qu'Oliver n'encaisse pas un seul but durant la rencontre. Elle se faisait désirer, elle se faisait difficile et Oliver aimait ça. Bien qu'Oliver se sente tout à fait partant et capable de relever ce défi, ce match ne l'enthousiasmait guère. Il devait y affronter une équipe dont il avait mauvais souvenir, ce choix précis devait très certainement faire allusion à ce fameux match qu'il ne parvenait pas à oublier, celui où il avait lamentablement échoué face à son adversaire de toujours. Il semblait qu'elle, sa fan la plus inconditionnelle, n'avait point oublié cette défaite non plus et qu'elle le lui faisait savoir, vu que leur rendez-vous était prévu après un match qu'il devait jouer contre les « Fantômes ».

« … Mon sublime Faucon, sauras-tu de tes ailes protéger tes buts afin de les garder vierges de toute marque d'échec… ? Sauras-tu me prouver que tu mérites toute mon attention… ? Que tu mérites que je te rejoigne pour te féliciter comme il se doit… ? Que je te montre au combien mon corps s'enflamme à ton contact, au combien mon esprit se perd à tes pensées, au combien je perds tout contrôle quand il est question de toi… ? Si TU gagnes ce match, sans aucune ombre au tableau des scores, je serai tout à toi…Et tu seras enfin tout à moi… »

« … Si tu te juges digne de mon attention demain soir, attends-moi dans les vestiaires, après que tous tes coéquipiers se soient éloignés et je te rejoindrai… Je te ferai enfin comprendre ce que tu es réellement à mes yeux, ce que tu mérites vraiment… Jamais plus tu ne supporteras d'être touché par personne d'autre, jamais plus tu ne tolèreras d'autres mains que les miennes sur toi… Comprends bien, petit Faucon, que si tu souhaites ma présence à tes côtés ce soir-là, tu ne pourras jamais plus te passer de moi… Plus jamais tu ne seras ce que tu as été jusqu'alors, plus jamais tu ne pourras te regarder dans un miroir, croiser ton regard et avoir la même opinion de toi-même… Tu ne seras plus ton propre maître… Tu seras mon Faucon… Tu seras tout à moi… »

« …Quand tu voleras… Quand tu affronteras ces Fantômes… N'oublie pas un seul instant que je serai là, que je te regarderai…Pense à ce désir dangereux et sublimé que je ressens pour toi… Pense à ce sentiment, doux et secret, qui me consume et que je ressens au plus profond de mon être… Ce désir et ce sentiment que je veux partager enfin avec toi…N'oublie pas que je serai là et montre-toi tel que je te vois, le plus fabuleux et le plus passionné des Faucons… »

Bien sûr, il avait déjà vaincu les Fantômes depuis cette défaite, bien sûr, il avait été brillant, mais elle lui demandait là d'être exceptionnel face à cette talentueuse équipe. Le départ de Flint les avait affaiblis, c'était un fait certain, mais ils restaient tout de même l'une des meilleures équipes du championnat. Toutefois, certaines choses savaient motiver un homme plus que d'autres. Quand bien même on lui aurait proposé un énorme butin dont il n'aurait très certainement eu aucune utilité, cela ne l'aurait pas autant inspiré qu'une nuit en présence de cette fan. Il voulait pouvoir la rencontrer, la sentir, la posséder.

Ce soir-là, il avait fait un match exemplaire. La foule était en délire. Il avait terminé cette saison de la manière la plus parfaite qui soit, en n'encaissant absolument aucun but ! Aucun des Poursuiveurs n'avait pu mettre en défaut sa défense, elle avait été parfaite !

La soirée organisée en l'honneur de leur fabuleuse fin de saison et de leur première place au championnat avait duré bien plus tard que prévue. Cela avait été une fête improvisée sur le tas par les dirigeants trop heureux d'avoir une équipe si brillante ! Oliver y avait assisté et savait qu'il ne pourrait voir sa fan avant le départ de tous ses camarades. Il était impatient, fébrile. Il ne pouvait encore se relaxer. Il ne le pourrait que sous le jet chaud de la douche, et encore plus en bonne compagnie. Il essayait de ne pas trop céder aux assauts de ces camarades qui tentaient honteusement de le saouler sans retenue pour fêter dignement les événements ! Mais il ne souhaitait point avoir à se traîner jusqu'aux douches, ni même finir par vomir son dîner fort peu glorieusement durant ses ébats à venir. Il serait sobre, il serait en possession de tous ses moyens et de toute sa tête !

Il avait patienté encore un peu puis avait déclaré qu'il avait tout de même besoin de prendre une bonne douche de peur de sentir sous peu le phacochère fortement prononcé. Tous ces coéquipiers l'avaient regardé l'œil entendu se doutant très certainement qu'il irait rejoindre une ou plusieurs jeunes filles après la fête. Le Capitaine se permettant même de lui faire remarquer qu'avec une odeur écœurante de poissons fortement avariés sur le dos aucune donzelle ne lui refuserait sa couche. Seuls deux autres joueurs l'avaient accompagné, le reste ne s'en sentant clairement pas capable. Après quelques rapides frictions ses amis étaient partis le laissant tout seul sous le jet bruyant de la douche et dans le noir de la salle de bains. Ils n'avaient pas jugé utile d'allumer la lumière, la pièce étant à présent éclairée par les rayons lunaires, et la lumière des néons meurtrissant sans compassion leurs yeux boursouflés par l'alcool.

Il avait depuis longtemps cessé de se laver, ne donnant plus grand intérêt à la saleté et à la sueur qui lui collait peut-être encore à la peau. Il avait tenu sa promesse implicite, il n'avait pas encaissé un seul but. Pourtant, elle n'était pas là. Elle n'était pas venue. Peut-être tout cela n'était-il que jeu pour elle ? Bien sûr, c'était un jeu, mais il pensait qu'elle serait la première à respecter les règles qu'elle avait elle-même fixées. S'était-elle moquée de lui ? N'avait-elle jamais eu l'intention de venir ? De créer une relation plus particulière avec lui ? Peut-être en avait-elle eu assez de l'attendre ? Mais si elle avait été là elle aurait su qu'il était encore dans le stade à fêter « leur » victoire, qu'il ne pouvait se libérer aussi facilement.

L'eau qui lui martelait les épaules était gelée à présent, mais il ne s'en rendait même pas compte. Il la laissait le glacer jusqu'au sang. Il ne se rendit compte à quel point son corps était transi de froid que lorsqu'un jet brûlant s'abattit violemment sur ses épaules. Il sursauta, fébrile, et tenta de se tourner pour se retrouver au lieu de cela le visage plaqué au mur embué de la douche. Ses bras endoloris étaient douloureusement tendus au-dessus de sa tête et retenus par une poigne de fer. Il ne pouvait plus les bouger, et le fait que ses muscles soient engourdis après le match n'aidait pas. La joue collée violemment au carrelage humide du mur de la salle de bains, il tentait vainement de se retourner pour voir à qui il avait affaire. Mais il ne pouvait rien voir dans ce noir quasi-complet, et cette nuit tamisée n'avait plus rien de romantique mais quelque chose d'effrayant. Il sentit une joue brûlante se coller à la sienne et une chevelure de jais retomber doucement sur son front. La respiration chaude qui soufflait sur sa joue était des plus troublantes, elle avait quelque chose de menaçant, mais également de réconfortant, une respiration comme celle des chevaux qui se préparent à mener une très longue course.

Oliver ne savait plus quoi faire, il se sentait prisonnier de cette emprise comme d'un puissant étau. De toute façon, quelque part, au fond de lui, son esprit savait déjà qu'il ne pouvait plus rien faire. Il était aux prises de quelqu'un de bien plus puissant que lui, de quelqu'un qui savait exactement ce qu'il désirait, lui. Et même sans attendre ce qu'il allait advenir, il savait qu'il l'aurait. Il ne pouvait plus bouger, il ne souhaitait plus bouger.

L'une des larges mains, qui tenait étroitement les siennes dans cette poigne puissante, lâcha sa proie et se saisit sans douceur de l'une de ses fesses musclées. Oliver sursauta et, cherchant à reprendre son souffle, avala de l'eau qui le fit tousser un court instant pour reprendre sa respiration. S'il n'avait eu encore qu'un seul doute quant au sexe de la personne à laquelle il avait affaire, celui-ci se dissipa dès l'intrusion de l'inconnu. Ce membre énorme et durci ne pouvait plus laisser aucune place au doute. Bien sûr, Oliver s'était tout de suite aperçu que la personne qui l'avait plaqué violemment au mur ne pouvait être qu'un homme. Elle était bien plus grande que lui. Elle devait bien faire deux têtes de plus que lui, et lui-même n'était pas de si petite stature; et cette façon de le tenir étroitement immobilisé, de le dominer de toute sa hauteur, tout cela était clairement masculin. Peut-être l'avait-il toujours su ou supposé de par les courriers qu'il avait reçus ? Peut-être était-ce ce qui lu avait tant plu ? Cette domination, le fait qu'il dirige tout, qu'il contrôle tout et que lui, comme toujours, cherche à se battre, à combattre, à vaincre !

Ce soir se serait en vain. Ce membre engorgé de sang et dressé de manière effrontée le lui prouvait. Cet homme semblait monté comme un Hippogriffe ! Jamais il n'avait expérimenté ce type de relations, jamais il n'avait porté un deuxième regard à un homme, mais là il ne pouvait nier son envie de le sentir en lui. Son envie d'être possédé par lui, d'être à lui. Cela faisait si longtemps qu'il avait envie de le connaître, de partager des émotions fortes avec lui. Quels que soient les rapports qu'ils auraient ce soir, il les voulait !

La main si large de l'homme se referma à nouveau avec force sur sa fesse et les ongles vinrent se mêler aux festivités. Oliver poussa un nouveau cri de surprise. Jamais on ne l’avait marqué de la sorte durant des ébats « amoureux ». Jamais douleur n'avait été ressentie dans un acte « amoureux ». C'était étrange et grisant à la fois.

Il appréhendait tant ce que cet homme allait lui faire, tant qu'il eut l'impression que les minutes s'écoulaient telles de longues heures. Toutefois, en réalité, l'homme ne prenait en rien son temps, son excitation semblait trop grande ; il le voulait tout de suite, soumis et sagement consentant. Choses qu'il était tout disposé à lui donner.

Il sentit ce monstre énorme, glorieusement élevé, faufiler sans douceur entre ses fesses réticentes par réflexe et pourtant offertes. L'homme se mit à bouger dans un très rapide va-et-vient, accentué de coups de hanche très virulents. Cet homme lui faisait la guerre. Il voulait le voir plier, le voir faiblir. Oliver, repliant un bras généreusement libéré, agrippa le bras de son assaillant et se cambra sans retenue pour lui permettre un meilleur accès. Sa tête lourde à présent - heureusement qu'il n'avait point bu auparavant, il n'aurait pu survivre à tel assaut - se déposa sur l'épaule solide de cet homme. Cette épaule suivait les mêmes mouvements brusques et Oliver y trouvait un réconfort effrayant. Il entendait l'homme haleter lourdement et pousser des gémissements rauques contre son oreille et dans son cou. Oliver, pris dans ce tourbillon infernal, se mit à gémir comme jamais auparavant. Jamais n'avait-il ressenti pareils sentiments, telles émotions et désirs.

Mais l'homme, son homme, ne pensait pas en finir aussi vite avec lui. Il lâcha sa fesse meurtrie et perdit ses doigts dans sa chevelure courte. Il lui tira la tête encore plus en arrière, exposant sa gorge vulnérable. Oliver crut perdre la raison lorsque les lèvres de son assaillant se posèrent tendrement sur sa nuque. Comment savait-il mêler violence et tendresse de manière aussi experte et aussi exquise ? Oliver savait que jamais plus il ne pourrait laisser une femme innocente et ignorante tenter de lui donner du plaisir. Il lui fallait ça !

Il savait que s'il avait eu à croiser cet homme dans d'autres circonstances, il n'aurait très certainement pas apprécié la rencontre. Déjà, aucun homme qui se respectait ne pouvait apprécier de découvrir que tel étalon existait. Ce membre aussi parfaitement sculpté et proportionné pourrait mettre en dérive toute virilité qui se portait à merveille jusqu'alors, de même que cette endurance, cette capacité à faire durée cette merveilleuse torture, tout cela était des plus complexant. Oliver n'était pas sûr de pouvoir tenir ainsi encore longtemps.

A peine cette idée lui traversa-t-elle l'esprit qu'il sentit son corps se vider dans un soubresaut violent, jamais il n'aurait cru possible de jouir ainsi, alors que les mains de son partenaire ne l’avaient pas encore touché, alors que son sexe avait été délaissé ! Alors qu'il se sentait trembler de tout son être après cette libération, son corps malmené, ses haches saillantes et brûlantes, son ventre souillé furent projetés et collés sans douceur contre le carrelage glissant de la salle de bains. Les mouvements de l'homme martelant toujours son fessier, et sa respiration hachée titillant encore plus chaudement la peau de son cou, Oliver sentit son membre douloureux se manifester de nouveau. Les frictions contre le carrelage lisse, accentuées par les mouvements répétés et fougueux de l'homme, éveillaient à nouveau ses sens. Il était de nouveau dur comme du béton armé. Cet homme le rendait fou !

Quand les lèvres douces de son assaillant qui n'avaient jamais quitté son cou, son oreille, ses épaules, furent remplacées par des dents joueuses qui finirent par lacérer sa peau, Oliver crut réellement mourir de plaisir. Jamais on ne l'avait traité de la sorte, maltraité ainsi. Comme c'était bon ! Cet homme le mordait à présent durement, malmenait sa peau si tendre, ne semblant pas se lasser des cris de plus en plus fréquents et incontrôlés qui échappaient à Oliver.
Puis ses murmures, que l'on aurait pu confondre avec des protestations désespérées, ses « Aïe! », « J'ai mal », se muèrent en gémissements intelligibles et accentués de « Oh! Oui » et « Plus fort », des cris que son assaillant prit plaisir à satisfaire à chaque supplication, mordant un peu plus fort dans sa chair, accentuant un peu plus brutalement et de manière plus sèche ses mouvements de hanche.

Leurs deux corps étaient parfaitement alignés à présent et Oliver y trouvait plus de réconfort qu'il ne l'aurait jamais cru possible. Cette proximité avec cet autre corps était la chose la plus érotique qu'il ait jamais expérimenté de toute son existence. Ce large torse à la musculature clairement développée contre son dos cambré, cette épaule si solide qui supportait tendrement sa tête, cette main si large et si douce perdue dans sa chevelure, ces hanches qui le berçaient violemment dans cette danse désespérée, ces jambes si longues et si fortes collées aux siennes, l'empêchant ainsi de perdre pied, et ce membre si dur et si fièrement dressé entre ses fesses agréablement douloureuses… Tout en cet homme, tout en cette étreinte le ravissait.

Maintenant qu'il était confortablement installé dans son canapé, Oliver se rappelait encore du gémissement rauque qu'avait poussé son homme alors qu'il se vidait avec de puissants soubresauts sur ses hanches et le bas de son dos et qu'il mordait encore plus violemment son cou déjà meurtri. Il avait alors joui pour la deuxième fois cette soirée-là. Il avait réussi à satisfaire cet homme. Il était épuisé, il était meurtri, mais il avait réussi à le satisfaire, lui, son homme, il avait pu lui donner du plaisir.

Mais pourtant, une fois libéré, l'homme s'était éloigné de lui sans un mot et s'en était allé. Oliver s'était alors senti abandonné comme jamais. Personne ne l'avait jamais quitté après un rapport sexuel, il était toujours le premier à partir, à s'éloigner. Cela était douloureux, jamais il ne s'était senti aussi mal.

Oliver était honteux, il avait pris tant de plaisir ! Il avait aimé être dominé et utilisé de la sorte, le pire de tout était très certainement que, même à présent, si cet homme venait à réapparaître, il n'aurait pu lui refuser une autre entrevue de ce genre. Mais il n'avait plus eu de ses nouvelles depuis ce soir-là. Pas une seule enveloppe noire n'était parvenue à lui depuis plus d'un mois, depuis cette nuit-là. L'avait-il déçu ? N'avait-il pas été comblé, lui ? Cette première entrevue n'avait-elle pas répondu à ses attentes ? Pour Oliver cela avait été mieux que tout ce qu'il aurait pu imaginer… Mieux que tout ce qu'il avait connu…

Oliver était meurtri.

[pairing] - marcus/oliver, [character] - marcus flint, [doujinshi], [character] - oliver wood, [fanfic] - tbc, [fandom] - harry potter, [fanfic] - challenge

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