Fanfiction : Evoluer en 3ème division

May 28, 2009 23:12


Titre : Evoluer en 3ème division

Disclaimer : Rien n’est à moi sans quoi je passerais mon temps à écrire et à manger du chocolat sans me préoccuper de cette satanée déclaration d’impôts !

Rating : PG-13 (ATTENTION : vaguement incestueux. Si le rating vous parait trop bas, manifestez-vous, j'arrangerai ça)

Type : Fanfic

Personnages : Sirius, Severus

Nombre de mots : 2428 (j’ai encore réussi à faire court, tiens… Quelle blague !)

Notes : Ce texte est né d’une écoute assidue d’une des chansons de Miossec que je préfère qui s’appelle « Evoluer en 3ème division » (d’où le titre) dont je ne peux que recommander l’écoute (morceau disponible en écoute sur deezer) en ce qu’elle est un peu un miroir du texte. A défaut d’écoute, le texte est .


Comme chaque année, le dernier match voit s’affronter Gryffondor et Serpentard.

Comme chaque année, le dernier match prend des allures de finale de coupe du monde : les deux équipes éternellement rivales, plus encore en ces temps troublés, ne sont séparées que de quelques points et chacune peut encore faire gagner la coupe à sa maison.

En revanche, fait exceptionnel, il s’agit de l’ultime confrontation des frères Black sur le terrain de Quidditch de Poudlard. En rouge et or, Sirius occupe pour la dernière fois un des postes de batteurs. Dans quelques semaines il quittera l’école et compte bien terminer sur une éclatante victoire de Gryffondor. En face, Regulus a su s’imposer depuis trois ans comme un poursuiveur efficace chez les Serpentards mais il sait qu’il est attendu au tournant ; la concurrence est rude chez les vert et argent. S’il veut être assuré de garder son poste l’année suivante, sa dernière, il devra être exemplaire.

Tout le monde attend avec impatience la bagarre aérienne des deux frères ennemis. Au fil des années, leurs relations sont passées de mauvaises à exécrables et cet élément ajoute à la fièvre qui gagne les gradins. Les bookmakers amateurs, pourtant interdits d’exercice au sein de l’institution par les menaces du Directeur, donnent l’ainé des Black vainqueur à 1,5 contre 1. Tandis que noises et mornilles sont discrètement collectées au pied des tribunes, on continue à discuter ferme. D’une manière générale, on s’accorde sur le fait que Sirius a plus d’expérience, qu’il a la carrure d’un batteur de talent et il se trouve toujours quelqu’un ayant tâté de ses cognards pour rappeler qu’il frappe fort et juste. Les tenants de Regulus mettent en avant sa vivacité, son sens de la stratégie qui passe par une capacité irritante pour ses adversaires à attendre exactement le bon moment pour se faufiler sournoisement dans les lignes ennemies jusqu’à lâcher le souaffle dans l’anneau avant que le gardien ait eu le temps de comprendre ce qui lui arrive.

Si la majorité des parieurs n’ignore rien de l’inimitié entre les deux frères qui contribue à rendre les paris encore plus excitants, ils ne savent pas, en revanche, que la saine opposition sportive se double désormais d’une rivalité bien plus profonde qui s’approche dangereusement de la haine. Un seul élève est parfaitement au courant de ce qui se trame. Cet élève n’assiste habituellement jamais aux matchs de Quidditch. Un livre à la main, il préfère profiter du calme des couloirs ou des abords du lac pendant que tous ces bourrins mal dégrossis se défoulent autour ou sur du terrain. Mais ce jour-là, il a surpris tout le monde en se glissant, seul, au bout d’un banc au coin de la tribune Serpentard. Personne n’a posé de question même si tous s’interrogent. Quand Severus Snape a sa tête des mauvais jours (pas si différente de sa tête de tous les jours diraient certains), un genre de cordon sanitaire s’établit autour de lui. Ce type est bien trop versé en magie noire et poisons pour qu’on lui cherche des crosses… Sauf à se vouloir maraudeur, bien entendu. Outre les quatre mythiques Gryffondors, un seul autre élève n’hésite pas, dans un autre genre, à aborder Severus en toute circonstance. Regulus a gagné ce droit à force de patience et de persévérance. Il est le seul véritable ami et confident de Severus. Dans la salle commune de Serpentard, il se murmure même que le terme « ami » serait de l’ordre de l’euphémisme. Mais personne n’a eu le cran d’aller interroger directement l’un des deux concernés. Depuis plusieurs jours, cependant, ils s’évitent, on ne les retrouve plus penchés sur le même grimoire. Ils ont même tacitement décalé leurs horaires de présence dans leur salle commune et ne se croisent plus guère. Personne n’a compris. Mais on ne questionne pas chez les Serpentards, on observe, on prend note et on attend de voir comme les choses vont tourner pour bouger ses pièces.

Après un long moment d’attente, dans une grande clameur, les deux équipes font enfin leur entrée sur le terrain. Les tenues ont fait l’objet de toutes les attentions : cuirs des protections graissés, balais lustrés, robes repassées. Les joueurs ont fière allure et se défient du regard. La tension monte d’un cran lorsqu’à l’issue du discours du Directeur, qui espère une rencontre palpitante et fair-play, le malheureux, les deux Black se retrouvent face à face, aucun ne voulant céder le moindre pouce de terrain pour laisser passer l’autre. La confrontation se termine en une bourrade d’épaule pour le moins virile qui augure d’un match musclé. En effet, dès le coup d’envoi, les fauves sont lâchés : les cognards pleuvent, le souaffle circule à une vitesse effrénée, les attrapeurs ne se lâchent pas d’une semelle, genou contre genou, scrutant le terrain à la recherche du vif d’or.

Rapidement, les spectateurs constatent qu’entre les frères Black, il s’agit moins de gagner un match que de régler des comptes. Sirius renvoie systématiquement les cognards qu’il détourne vers son frère, à croire que l’équipe vert et argent n’a qu’un poursuiveur ! Son habileté et sa puissance ont déjà manqué de faire mouche par deux fois et Regulus n’a dû le salut de son crâne qu’à ses réflexes la première fois et un avertissement de son capitaine la seconde. Il a juste eu le temps de plonger assez maladroitement pour échapper à la balle et s’est fait arracher le souaffle par Potter dans l’affolement. Il n’a pu redresser le manche de son balai que quelques dizaines de centimètres avant de toucher le sol. Lorsqu’il revient dans le jeu, ses traits habituellement indéchiffrables disent la rage mieux que n’importe quel chapelet de jurons. Dans les tribunes, les poings serrés, pâle comme un spectre, Severus semble transformé en statue de cire.

La partie reprend de plus belle, très équilibrée. Les buts s’enchainent pour les deux équipes et le vif n’a toujours pas montré le bout de son aile. A nouveau, Sirius met toutes ses forces dans un cognard qu’il balance en direction de son frère. Cette troisième fois est la bonne : le projectile atteint sa cible en pleine omoplate. Le hurlement de Regulus doit autant à la douleur qu’à la colère et sans réfléchir une seconde, il se transforme en cognard humain et fonce sur Sirius sans se préoccuper des cris de l’arbitre, des professeurs ou de ses coéquipiers. Son poing s’écrase sur la pommette. Il entend avec un délice malsain le craquement de l’os qui cède. Alors que Sirius hurle tout en tentant de conserver son équilibre, Regulus lance un nouveau coup et atteint cette fois le nez. Cette fois l’os a le mauvais gout de ne pas céder mais la fontaine sanglante qui jaillit des narines compense largement. Il n’y aura pas de troisième coup : Regulus vient de recevoir un maléfice de saucisson jeté par l’arbitre et se sent tomber vers le sol sans rien pouvoir faire. Avant de s’écraser, un nouveau sortilège freine sa chute et il atterrit simplement comme un pauvre petit paquet pitoyable.

Aussitôt, le sort est levé et l’arbitre est à ses côtés, la fureur gronde dans ses propos lorsqu’elle décide de l’exclure pour le reste de la partie. Il ne tente même pas de protester. La colère est retombée et laisse place à l’abattement : il vient sans doute de perdre sa place dans l’équipe. Pendant ce temps-là, le professeur Dumbledore, masquant mal sa rage, envoie un Sirius sonné se faire soigner à l’infirmerie. Les deux frères Black hors course sont remplacés et la partie peut reprendre, à peine plus sereinement tant les deux clans sont désormais à cran. Dans le tourbillon des évènements, personne n’a remarqué que Severus avait déserté sa place et disparu.

Plusieurs heures plus tard, terrain et tribunes ont été désertés. Les vainqueurs sont partis fêter leur coupe, les perdants panser leurs plaies. Les vestiaires sont vides à l’exception d’une silhouette en robe de match assise sur un simple banc de bois, le dos appuyé au mur. Quand Severus pénètre dans la pièce, il commence par froncer le nez : odeurs mêlées et tenaces de sueur, de cet onguent qu’ils utilisent pour entretenir les protections, d’humidité… D’un lumos sonore, il se donne la possibilité de mieux observer son environnement et découvre Regulus, une bouteille de whisky Pur Feu bien entamée à la main. Découvrant qui vient troubler le calme de sa retraite, il grince :

-          « Oh, l’auguste Severus Snape daigne apparaitre dans les vestiaires ! Tu t’es perdu ou tu viens fêter… quoi, d’ailleurs ? Je ne sais même pas si on a gagné ou si, sur ce plan là aussi, c’est mon connard de frère qui l’emporte !  Allez, qu’est-ce que tu bois ? Dommage, je n’ai pas de sang rival comme à la fin des belles batailles païennes… Firewhisky, c’est bien aussi, je t’assure. »

Comme pour appuyer ses dires, il porte la bouteille à ses lèvres et avale une longue rasade. Severus ne se laisse pas démonter par la provocation et s’approche de quelques pas pour se planter devant lui.

-          « Tu as mal ? » Interroge-t-il en désignant son épaule du menton.

-          « Et ça te regarde parce que ? » Rétorque-t-il, mordant.

-          « Parce que je t’ai apporté ça. »

Il sort de sa poche une fiole transparente contenant un liquide brun apparemment sirupeux et la lui tend. En une seconde, Regulus est debout, a attrapé la fiole, l’a jetée contre le mur où elle explose en dizaines d’éclats brillants. Severus n’a pas bougé, pas même cillé. Les deux adolescents sont désormais face à face à quelques centimètres l’un de l’autre. D’une voix déformée par la rage et la peine, Regulus crache :

-          « Je ne veux pas de ta pitié, Severus. Pas ça ! »

Le souffle chaud chargé de vapeurs d’alcool frôle la peau de son visage et provoque un frisson dont il refuse de définir la nature. Posant une main légère sur l’épaule blessée, Severus ne détourne pas le regard. Il faudra bien crever l’abcès, alors autant que ce soit fait. D’un ton parfaitement maitrisé, il précise :

-          « Ce n’était pas de la pitié. Mais aucune importance. Qu’est-ce que tu veux ? »

Le calme de son ami, la chaleur de sa main au travers du tissu, la proximité de son corps, le whisky qui coule dans ses veines concourent à lui faire perdre son empire sur lui-même. A mi-voix, tandis qu’il attrape Severus aux épaules, il détaille :

-          « Je te veux toi. Totalement. Exclusivement. Je veux que tu l’oublies sous mes doigts, que mon nom ne fasse plus écho au sien. Je veux gommer ce que j’ai vu. Je veux faire disparaître ces marques invisibles qu’il a laissées sur toi. Je veux qu’il sorte de ta foutue mémoire. Je veux que tu ne l’aies pas choisi, lui ! »

Les mains de Regulus sont remontées des épaules au cou, à la nuque, et enserrent maintenant le crâne comme si cette pression brûlante avait le pouvoir d’extirper Sirius de sa tête. Severus ne se débat pas, il attire le corps tendu de Regulus contre lui, serrant un peu l’épaule blessée pour vaincre sa réticence. Le murmure à l’oreille n’est plus ni calme, ni posé :

-          « Je ne l’ai pas choisi, lui. Je n’ai pas choisi. Je ne le ferai pas. C’est à prendre ou à laisser. Vous deux ou aucun. Vous n’êtes qu’un. Deux faces d’une même médaille. A lui la lumière qui attire irrémédiablement, à toi l’ombre qui fascine. A moi les deux. Je veux tout. »

Les phrases s’enroulent dans le cou de Regulus, coulent contre sa peau, effleurent sa bouche, glissent le long de sa mâchoire, l’étouffent, le happent. Quand Severus se tait et que leurs lèvres se joignent fiévreusement, Regulus sait qu’il a perdu. Qu’il est perdu. Mais toute lutte est vaine contre cette main qui frôle sa hanche, contre ces doigts qui défont habilement les premiers boutons de sa robe de quidditch pour trouver le chemin de son torse.

Un hoquet les tire de leur étreinte. D’un même mouvement, ils tournent la tête vers le seuil du vestiaire où se tient un Sirius pour une fois muet de stupeur. Regulus affermit sa prise possessive sur la taille de Severus et garde les yeux fixés sur son frère. Un plaisir coupable l’envahit en notant le nez écrasé, la pommette éclatée et bleuie, l’œil à-demi fermé.  Au moins, il ne l’a pas raté. Un esprit de sourire mesquin relève le coin de ses lèvres alors qu’il les pose à nouveau contre le cou de Severus, le regard toujours rivé à celui de Sirius, défiant. Lorsqu’il suit de la pointe de la langue le chemin de la veine palpitant dans son cou, le gémissement étouffé de Severus le trouble et il abandonne Sirius pour se dédier pleinement à son ami. Il ferme les yeux, attentif à la moindre variation du souffle court, au plus petit frémissement de la main ancrée dans son dos. Et soudain, il sait : l’autre est là. Il n’a pas besoin d’ouvrir les yeux pour en être sûr. Il est là, derrière Severus qui s’est appuyé contre ce nouveau corps. Des mains frôlent le menton de Regulus pour ouvrir le col de Severus et lui offrir un meilleur accès. Il hésite, prêt à renoncer mais la main de son ami se pose sur crâne et il cède, léchant la peau offerte. La plainte de Severus meurt sur les lèvres de Sirius, penché sur lui.

Alors une autre bagarre est entamée entre les deux frères. Chaque parcelle de peau dénudée est capturée, marquée par l’un ou l’autre. Chaque courbe, chaque méplat, est conquis de haute lutte et le corps de Severus devient le théâtre et l’enjeu d’une folle lutte de pouvoir qui l’affole et l’enivre. A mesure que la bataille avance, les belligérants se font moins opiniâtres. Là où les mains se repoussaient, les doigts finissent par s’enlacer. Là où chaque baiser n’avait pour objet que de faire oublier ceux de l’intrus, désormais il s’agit tout autant de goûter l’autre sur les lèvres de Severus. Au même instant, Regulus mord la chair tendre du ventre et les doigts de Sirius franchissent la ceinture du pantalon pour oser caresser les fesses de Severus qui gronde :

-          « Black ! »

Alors, un double sourire s’épanouit contre sa peau. Tout ça ne durera pas, ils le savent. Tout ça finira mal, ils le savent. Trois n’a jamais été un chiffre dédié à l’équilibre. Mais à l’heure de l’étreinte, l’après n’a plus d’importance…

oneshot, severus, sirius, auteur : felisoph, fanfic

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