Titre: Le reveil du Seigneur
Fandom : Mézérhían
Personnage : Canthaïr Rhiàn - Maeron - Aodhaàn
Rating : G
Disclaimer : Tout à moi ^^
Nombre de mots : 3783 mots
Maeron remonta le couloir qui menait au cachot et se dirigea vers le grand escalier de marbre blanc qui menait aux différents étages de la forteresse de Mauraur. Il se laissa tomber sur les premières marches et appuya son dos contre la rambarde à colonne. Il se sentait vidé. Il posa une main sur son visage pour cacher ses yeux, la faible lumière du jour entrant par la porte principale restée entrouverte lui donnait la migraine mais c'était sa confrontation avec son père qui l'avait épuisé. Il avait toujours pensé que le jours ou il se retrouverait devant son géniteur il serait préparé, prévenu, assuré de lui tenir tête... mais ce n'avait pas été le cas. Il n'en voulait pas à Aodhaàn de ne pas l'avoir prévenu avant de le mettre devant le fait accompli, ce dernier devait être particulièrement retourné en trouvant Ser Ulwart dans un état pitoyable au fin fond des geôles de Mauraur, sans parler de la teneur de la conversation échangée. De plus si le Chevalier l'avait prévenu de l'identité du dernier prisonnier Maeron n'était pas certain d'avoir eut le cran nécessaire pour s'y rendre de lui même et c'est peut être cela qui avait motivé Aodhaàn à garder le silence jusqu'au bout.
Maintenant que cette confrontation avait eut lieu il se sentait épuisé mais aussi étonnement soulagé. Il se souvenait de cet instant où, dans la chambre de Tea, il avait entendu son père de l'autre coté du battant. Son cœur s'était alors arrêté, l'angoisse s'était infiltrée dans tout son être et il n'avait plus été dominé que par sa peur. Figé dans un coin de la pièce il avait prié les dieux pour que son géniteur ne s'aperçoive pas de sa présence. Il était certain qu'une fois face à son bourreau il aurait perdu ses moyen mais ça n'avait pas été le cas. Il était plutôt fier de lui même si maintenant il se sentait trembler, ses émotions débordant alors qu'il tentait de chasser de son esprit les dernières images de son père.
Étrangement il n’était pas peiné de savoir que dans quelques heures il serait mort, car il ne fallait pas se voiler la face, vu son état c'était inévitable. Il était même finalement reconnaissant envers le destin de lui avoir permis d'échanger quelques mots avec son père. Cette conversation pénible lui avait au moins assuré une chose : il n'avait rien inventé. Il n’avait pas déformé les souvenirs de son enfance et son esprit juvénile ne s'était pas fourvoyé. Son père était un monstre, un homme cruel et vicieux qui tirait son plaisir de la souffrance des autres. Il l'avait battu, maltraité, formé trop jeune, avait tué sa mère, ruiné son avenir et il méritait la souffrance de son agonie.
- Lieutenant ! s'écria une voix que Maeron reconnu comme celle de Dalaigh. Lieutenant !
Maeron serra les dents et ôta sa mains de ses yeux. Ceux-ci mirent quelques secondes à s'adapter à la luminosité qui balayait le hall d'entrée mais il repéra rapidement le fauconnier qui descendait les marches de marbre.
- Cesse donc de m’appeler comme ça Dalaigh ! grommela-t-il avec humeur.
Vu les circonstances il était peu enclin à supporter le caractère soumis du fauconnier mais ce dernier semblait passablement paniqué.
- Je veillait sur le Seigneur Rhiàn, comme vous me l’avez demandé, reprit le jeune homme, essoufflé. Et il s’est réveillé.
Maeron grimaça ne comprenant toujours pas le vouvoiement que se forçait à employé Dalaigh depuis qu'il était au courant de sa « promotion » mais il décida pour une fois de ne pas le relever.
- Dans quel état est-il ? Demanda-t-, intrigué
- Il est stable, lui apprit Dalaigh. Et il vous demande.
Maeron hocha doucement la tête, malgré la migraine qui prenait naissance sous son crane il se doutait qu'il ne pouvait pas faire attendre le Seigneur du Reyr. Et puis il attendait des réponses à certaines questions cruciales et il espérait que Canthaïr Rhiàn serait en mesure de les lui fournir.
- Je vais le rejoindre, décida-t-il en se levant. Préviens Aodhaàn, il se trouve au fond des cachots.
Il monta une marche avant de s'interrompre. Il se retourna, posa une main sur l'épaule de Dalaigh et attendit que le fauconnier le regarde dans les yeux avant de poursuivre.
- Ne vas pas jusqu’au fond des cachots seul, le prévint-il. Contente-toi de l’appeler et de lui crier que c’est une urgence. Aodhaàn viendra à toi.
- Bien mon Lieutenant, s’empressa de répondre Dalaigh avant de partir en direction des cachots.
Maeron reprit son ascension en se maudissant.Les consignes qu'il avait donné à Dalaigh étaient stupides mais il ne voulait pas que ce dernier se retrouve face à son père. Premièrement car il n'était pas certains que le fauconnier n'allait pas s'évanouir fac à l'étendue des blessures de Ser Ulwart et deuxièmement car Dalaigh l'avait côtoyé à Mézérhian et qu'il allait forcément en parler à tord et à travers en pleurant le preux Chevalier qu'avait été son père. De même cela donnerait à Aodhaàn le temps de choisir, Maeron ignorait si ce dernier avait continué à converser avec son père ou s'il s'était simplement retiré pour digérer les révélations que ce dernier lui avait faites.
Il retrouva rapidement le chemin menant aux appartements ou ils avaient installés le Seigneur du Reyr et y entra sans frapper. Sellod se trouvait au chevet du malade qui avait les yeux ouverts. Canthaïr était encore très pâle mais Maeron avait la nette impression que ces joues étaient plus colorées que lorsqu’il l'avait quitté quelques heures auparavant. Bien que les hématomes sur son visage soient impressionnants et que son œil droit soit particulièrement gonflé le Seigneur du Reyr avait meilleur mine.
- Lieutenant Rashkaàn, souffla Canthaïr Rhiàn en l’apercevant. Je suis ravi de vous voir, j’espère ne pas vous avoir dérangé en vous faisant mander.
Maeron nota que sa voix bien que faible semblait plus assurée que lorsqu’il l’avait sorti de son cachot.
- Pas du tout, répondit-t-il. Je venais justement voir comment vous vous portiez.
- Mieux, lui assura le Seigneur. Grâce à vous et aux quelques heures de sommeil dont je viens de profiter.
Le blessé fut secoué par une nouvelle quinte de toux qui lui tira une grimace mais qui était nettement moins caverneuse .
- Votre toux semble s'améliorer, remarqua Maeron, analytique
- La décoction que vous m'avez préparée, bien qu'immonde au goût, à l'air de faire effet.
Maeron lui adressa un sourire alors que Canthaïr posait lentement sa main à hauteur de son estomac comme s’il tentait encore de digérer le remède.
- Je vous en préparerai à nouveau, lui promis le chasseur
- J'en serais ravi.
La porte grinça dans son dos et Maeron ne se retourna pas pour accueillir le nouveau venu, se doutant déjà de son identité.
- Ser Aodhaàn ! s’exclama faiblement Canthaïr. Je sais que vous avez fort à faire et je ne vous dérangerai pas longtemps.
Vous ne me dérangez pas Seigneur, le contredit le Chevalier en se portant à hauteur de Maeron. Au contraire vous détenez des informations qui nous sont primordiales et si vous vous sentez en état de nous donnez des réponses j’en serai soulagé.
Je vais faire de mon mieux, assura le Seigneur.
Sur ces mots Sellod se leva et s'apprêta à quitter la pièce quand Maeron le rejoignit pour poser une main sur son épaule. Il le raccompagna à la porte avant de se pencher pour lui souffler quelques mots à l'oreille.
- Vas dans les cachots, parcours tout le couloir, au fond tu y trouveras…. mon père, hésita-t-il. Je voudrais que tu le surveille, il ne lui reste pas longtemps à vivre. Reste près de lui, assure toi que personne n’arrive jusqu’à lui et préviens-moi lorsqu’il sera mort.
Le guerrier roux lui adressa un regard perçant lorsqu'il se recula et il lu dans ses grands yeux bleus une curiosité parfaitement compréhensible, néanmoins il acquiesça d'un signe de tête.
- Et ...Sellod, l'interpella-t-il une dernière fois. S'il est encore en état de le faire il va tenter de te … perturber. Ne le laisse pas gagner.
Le guerrier leva le pouce pour lui signifier qu'il avait compris avant de quitter la pièce à grandes enjambées. Maeron souffla lentement pour retrouver son calme avant de fermer la porte des appartements et de revenir à Canthaïr Rhiàn. Aodhaàn venait de s'asseoir sur la chaise qu'avait quitté Sellod et lorsque leurs regards se croisèrent ils se comprirent mutuellement. Ils avaient des choses à se dire mais pour le moment cela attendrait.
- Puis je vous demander depuis combien de temps vous êtes ici? commença Aodhaàn d’un ton calme qui surpris Maeron
Il admirait la capacité qu’avait le Chevalier à compartimenter. La discussion et les révélations que lui avaient faites Ser Ulwart avaient du profondément le déstabiliser et lui donner matière à réfléchir et pourtant il était totalement concentré sur Canthaïr Rhiàn, attendant une réponse précise.
- La notion de temps est difficile à définir dans un cachot, lui rappela le Seigneur du Reyr. Mais je peux vous expliquer ce qui m’a conduit ici.
- Ça nous permettrait de mieux comprendre, accepta Aodhaàn.
Maeron se rapprocha lentement de la cheminée. Il n'était pas assez calme malgré sa fatigue pour s’asseoir et il préféra s’appuyer contre l’âtre pour profiter de sa chaleur réconfortante.
- A la mort de mon frère, commença Canthaïr de sa voix affaiblie. J'ai rassemblé toute les forces armées du Reyr plus les quelques troupes envoyées par l’Odenaith en soutien et nous avons prit la route pour le nord de la province. Des rumeurs courraient comme quoi les Estiens entraient en masse par l’Handor et je voulais m’assurer que nos frontières étaient sauves.
- Ce n’était pas le cas, se douta Aodhaàn en serrant ses poings posé sur ses genoux.
Canthaïr Rhiàn acquiesça d’un léger signe de tête .
- Pas totalement, une partie de l’arme Estienne était descendues jusque dans le Reyr et c’est sur cette troupe que mon frère est tombée.
Maeron pouvait déceler la douleur dans la voix usée du Seigneur. Malgré toute la haine qu’il pouvait porter, sans même l’avoir connu, à Cewydd Rhiàn, il était peiné pour son frère. Perdre un membre de sa famille était une chose affreuse qu’il ne souhaitait à personne.
- Nous vous pressentons toutes nos condoléances pour la perte de votre frère, entendu-t-il dire Aodhaàn plus coutumier des paroles de politesse que lui même.
Il se doutait que parler de son frère devait être douloureux et Canthaïr accepta ses condoléance d’un bref signe de la tête.
- La majeur partie des troupes Estiennes sont passées par l’Handor pour se rendre dans le Cyriatàn, continua le blessé. Les rumeurs comme quoi le Seigneur Aeddar et sa famille avaient été décimée me sont parvenue et j’ai décidé de franchir mes frontières pour venir en aide à mon voisin et ami.
- Et ils vous sont tombés dessus, devina Maeron, intervenant pour la première fois dans cette discussion.
- Et ils nous sont tombes dessus, acquiesça Canthaïr en tournant son visage tuméfie vers lui. Nous étions nombreux, nous étions entraînés à nous battre dans les conditions difficiles des provinces du Nord mais jamais je n’aurais cru que j’aurais à combattre l’armée Estienne dans son intégralité.
Maeron se redressa à ses mots, intrigué
- Pouvez vous précisez ? demanda Aodhaàn à qui les mots n’avaient pas non plus échappés.
- L’Est s’est vidé, leur assura Canthaïr. Les terres sauvages sont trop peu connues mais les expéditions de reconnaissance menées par les provinces frontalières depuis des années nous permettent de savoir que le “Royaume” voisin est particulièrement vaste et que les Estiens se comptent par milliers.
Maeron serra les mâchoires, se retenant de dire ce qu’il pensait tout haut. Critiquer le Roi devant Aodhaàn et ses compagnons était une chose, le fustiger devant l’un des Seigneur des Douze provinces en était une autre et pour l’instant, malgré son envie, il n’était pas prêt à franchir le pas.
- Mais entre imaginer une armée et la voir il y à un gouffre, continua le Seigneur du Reyr. Nous avons été dépassé, vaincus et le reste de mes soldats et moi même avons été fait prisonniers. Ils nous ont amené à Mauraur, transformé en une sorte de “prison” Estienne.
Et vous avez été torturé, compléta Maeron.
Aodhaàn se tourna vers lui fugacement avant de reporter son attention sur le visage bleuit de Canthaïr Rhiàn. Le Chevalier était conscient de l’état dans lequel se trouvait son supérieur mais c’était Maeron et Sellod qui l’avaient soigné et qui avaient pu contempler l’étendue des dégâts sur son corps.
- Ils voulaient des informations, précisa Canthaïr. Des informations que je ne détenait pas et que je n’aurait de toute manière pas fournies.
- Nous n’avons jamais douté de ce point, lui assura Aodhaàn
Maeron se retint à nouveau de parler. Il n’était pas d’accord avec lui. Après tout il avait été en partie persuadé de ne trouver personne à Mauraur et avait soupçonné longtemps Canthaïr Rhiàn de s’être planqué au fond de sa province en ruminant sa peine et sa vengeance pour la mort de son frère.
- Nous n'étions pas certains de vous trouvez ici, reprit Aodhaàn devinant sûrement que Maeron ne tarderait pas à révéler la vérité. Nous sommes d’abord passé par Lijar ou votre intendant à prit les choses en main.
Le blessé eut un sursaut amusé qui lui déclencha une quinte de toux. Le temps qu il se reprenne Maeron visualisait déjà ce qu il lui restait de plante pour lui faire une nouvelle décoction
- Elderad tient toujours la citadelle? s’étonna Canthaïr lorsque sa respiration se fut calmée. C’est formidable. Je n’aurais pas supporté de voir la demeure de mes ancêtres succomber aux mains Estiennes. Même si ça ne tarderas guère
Encore une fois Maeron tiqua mais ne dit rien. Le Reyr n'était certes pas protégé hormis par les gardes de la citadelle mais la province n'était de toute évidence pas le point de mire des sauvageons pour le moment.
- C’est lui qui nous à fait part de rumeur comme quoi vous serriez probablement retenu prisonnier dans l’Handor, lui apprit Aodhaàn. Nous avons décidé de suivre ses conseils et nous avons bien fait.
Canthaïr ne répondit rien et Maeron le vit fermer les yeux quelques instant. Les zones non tuméfiées de son visage avaient à nouveau pâlis et de toute évidence cette conversation l'épuisait.
- Je n'étais pas totalement conscient tout à l'heure, reprit-il en ouvrant à nouveau les yeux. Mais il m’a semblé vous entendre dire que c'était le Roi qui vous avait envoyé à ma recherche.
- C'est tout à fait ça Seigneur, confirma Aodhaàn. Sa Majesté Aelred Mézérhiàn s'alarmait de ne pas vous voir rejoindre le reste des troupes pour monter au front. Il s'inquiétait pour votre personne et il m’a envoyé, moi et mes hommes, à votre recherche.
- Il vous à probablement sauvé la vie.
Le ton amer du Seigneur du Reyr n’échappa pas à Maeron qui sentait son instinct prendre le dessus. Quelque chose n'allait pas, certaines paroles prononcées n'avaient aucun sens. Certes sa fièvre avait baissé mais peut être les blessure de Canthaïr étaient-elles plus graves que ce qu'il ne pensait ? Peut être que la torture psychologique qu'il avait subi avait abîmé cet homme ? Le bon sens aurait voulu qu'ils clôturent cette conversation et lui laisse un temps de repos mais Maeron n'aimait pas rester ainsi incertain.
- Seigneur, puis-je vous poser une question ? demanda-t-il en quittant l'âtre de la cheminée pour venir se tenir au pied du lit.
Le regard noisette de Canthaïr se posa sur lui. Ces yeux brillaient signe que la fièvre devait remonter
- Je ne vous refuserai jamais ce droit alors que vous m'avez si consciencieusement recousu, ricana le Reyr'en en effleurant par dessus les couvertures son torse malmené.
- Vous dites que les Estiens ont traversé l'Handor pour ce rendre dans le Cyriatàn, pour quelles raisons ?
De toutes les informations incohérentes qu'il avait relevé c'était cette dernière qui le taraudait le plus.
- Pour rejoindre Torged Manahaxar, lui assura Canthaïr d'une voix plus dure. L'Handor n'était qu'une province de passage, comme le Reyr. Le massacre de mon frère et de la famille du Seigneur Aeddar n'était qu'un passe temps, leur véritable but était de rejoindre les Markanéens pour mettre leur plan à exécution.
Maeron passa une main nerveuse dans ses cheveux en jetant un coup d’œil inquiet à Aodhaàn. Ce dernier ne bougeait pas alors que le chasseur sentait son propre cœur s’accélérer et son instinct s'affoler.
- Quelque chose doit m'échapper, grommela-t-il en faisant de son mieux pour garder sa politesse face au Seigneur Reyr'en. Je … je ne suis pas un expert en géographie du Royaume mais que ferait Manahaxar dans le Cyriatàn.
Le peu de couleur qu'il restait sur le visage du blessé disparut brusquement. Mêmes ces hématomes semblaient soudain délavés et il fit un effort considérable pour tenter d'ouvrir correctement son œil droit.
- Attendez une seconde, souffla-t-il. Vous n'êtes pas au courant ?
- Au courant de quoi ?! questionna Maeron avec plus de rudesse qu'il ne l'aurait souhaité.
Canthaïr ferma une nouvelle fois les yeux et Maeron serra tellement les mâchoires qu'il s'en fit grincer les dents. Son instinct ne se trompait pas, il s'était passé quelque chose.
- Quand avez-vous eut des nouvelles du front pour la dernière fois ? demanda le Seigneur du Reyr sur le ton de la conversation, ce qui eut le don d'agacer Maeron.
- Nous n'en avons pas eut depuis notre départ, répondit tout aussi simplement Aodhaàn
- Par tout les dieux, vous ne savez donc rien !
Maeron se sentit perdre pied alors que la détresse du Reyr'en le frappait de plein fouet. Certains signes ne trompaient pas, son hésitation, sa soudaine pâleur, le fait que ses doigts serrent les couvertures qui le couvraient comme s'il avait souhaité s'y raccrocher. Maeron s'avança d'un pas et saisit à deux mains le fer forgé du baldaquin ou le blessé était allongé.
- Permettez ma familiarité, cracha-t-il d'un ton qui n'avait plus rien de poli. Mais vos paroles sont un peu confuses.
Le Seigneur du Reyr le poignarda de ses prunelles luisantes.
- J'aurais... Je voulais ...j'aurais aimé avoir plus de forces pour vous annoncer ça moins abruptement mais...nous avons perdu la guerre.
Maeron eut l’impression d’avoir reçu un coup à l’estomac alors que devant lui Aodhaàn se décomposait.
- Je vous demande pardon ? s’exclama le Chevalier en se levant de sa chaise.
Canthaïr leur adressa un regard navré et Maeron compris qu'il disait vrai au désespoir se lisant sur ses traits. Aodhaàn et les autres n'avaient pas mentis, Canthaïr Rhiàn était réputé pour être un allié du Roi et un fidèle défenseur du Royaume. La chute de ce dernier qui était une fatalité pour Maeron était pour lui un drame.
- Le Royaume est tombé, confirma le Seigneur. Aelred Mézérhian est mort.
Ces quelques mots causèrent un choc dans l'esprit de Maeron. Non qu'il aie une quelconque peine pour ce Roi qu'il désapprouvait mais ses pensées se tournèrent aussitôt vers Tea. Elle avait perdu sa mère, son frère et maintenant son père. Il n'était pas certain qu'elle s'en remette un jour.
- VOUS VOUS TROMPEZ !
Le cri d'Aodhaàn le tira de force de ses pensées. Le Chevalier était blême et Maeron remarqua que ses poings serrés tremblaient. àAcet instant Maeron prit conscience de la véritable force du Chevalier. un homme de sa stature et de sa taille pouvait devenir vraiment violent et il recula d’un pas.
- Les rapport Estiens sont formel, insista Canthaïr qui semblait comprendre la détresse du Chevalier. J’étais dans un cachot mais étroitement surveillé par mes geôliers. Mon Estien est certes rudimentaire mais lorsque des informations importantes arrivaient mes bourreaux n’hésitaient pas à m’en faire part en termes très clair. Ils voulaient me briser.
Maeron se mordit la lèvre. Aodhaàn n’avait aucune idée de ce que pouvait être la torture, lui si. Le Seigneur du Reyr avait du tenir le coup malgré ce que ces bourreaux lui avaient infligé physiquement et psychologiquement et pour cela il l’admirait.
- Je ne comprend pas, bégaya Aodhaàn toujours tremblant.
- Torged Manahaxar s'est allié aux Estiens mais également au Cyriatàn ! cracha Canthaïr avec dégoût. Le gouverneur du Nord nous à trahis. Ils ont prit l'armée Mézérhian'en en étau et nous... le Royaume est tombé.
Maeron ferma les yeux un instant pour encaisser le coup. Il pouvait presque imaginer la scène. Une vaste plaine boueuse servant de champ de bataille, trois armées entraînées : celle de Manahaxar, les Estiens, plus les soldats Cyriatàn'ens, prenant en étau celle d'Aelred Mézérhian, certes nombreuse mais composée pour la plupart d'hommes dont le métier était loin de celui de soldat. Des hommes apeurés, des hommes qui avaient fuit au lieu de se battre, une armée désorganisée face aux mâchoires implacables des trois autres. Cela avait du s'apparenter plus à un massacre qu'à un combat.
Le chasseur passa une main sur son visage comme pour effacer les images morbides qui apparaissaient derrière ses paupières. La mort, le sang, les épées, les étendards déchirés, l'Eiwoarn doré du Royaume, l'aigle rutilant du Cyriatàn... il se figea soudain alors qu'un détail lui avait échappé.
- Attendez une minute c'est impossible ! grogna-t-il en posant à nouveau ses mains sur le métal glacé du baldaquin. Le Cyriatàn est une province du Royaume de Mézérhian et la fille du Seigneur Peràn est la reine.
Le Cyriatàn ne pouvait avoir trahis le Royaume alors que la Reine était l'une des leurs...
- Que c'est il passé à Mézérhian ? demanda à son tour Aodhaàn.
Maeron sentit son cœur se fendre en deux lorsque le visage déjà grave de Canthaïr se ferma. La panique le submergeait, son corps se tendit prêt à attaquer alors que toute son attention se portait sur la réponse du Seigneur du Reyr.
- Peu d’informations nous sont parvenue, tempéra Canthaïr. De toute évidence les Estiens n’ont pas encore atteint Mézérhian et ….
- QU’EN EST-IL DE LA PRINCESSE !? s’écria Maeron ses doigts tellement serrés sur le baldaquin que ses jointures en blêmirent. Elle est resté au château sous la garde des soldats Cyriatàn’ens.
Au visage de Canthaïr il su qu’il connaissait déjà la réponse. Le Cyriatàn s’était retourné contre son Roi, hors le Cyriatàn avait infiltré le château avec la présence de la Reine et de son fils. Les hommes qui devaient leur servir de garde étaient des traîtres…
- Je craint à mon plus grand désespoir que Teagan Mézérhian ne soit plus de ce monde, souffla Canthaïr sa peine s’affichant lisiblement sur ses traits tuméfiés.