Mezerhian - On ne connait pas les gens

[asfaloth14]

Titre: On ne connait pas les gens
Fandom : Mézérhían
Personnage : Teagan - Béarach - Maelrhys
Rating : PG-13
Disclaimer : Tout à moi ^^
Nombre de mots : 4293 mots

Teagan soupira et leva les yeux au ciel pour tenter d'apercevoir les étoiles. A travers les feuilles des arbres elle n'en distinguait que quelques une, toujours à la même place alors que son monde à elle semblait s'être retourné. Les faibles rayons de lune les éclairaient car ils n’avaient pas oser faire de feu trouvant, d'un commun accord, qu'ils étaient encore trop prêt du château pour se le permettre.

Teagan était cependant contente d'avoir quelque chose dans le ventre. Après avoir mis quelques instants pour s'accorder avec l'arc de Maeron qu'elle avait plus de mal à bander que le sien elle avait fini par tuer deux lapins qu'elle avait rapidement dépecés. Bien sur ils avaient été contraint de manger la viande crue mais après des semaines de privation manger cru était le cadet de ses soucis. Maelrhys non plus n'avait pas protestée se jetant avec envie sur la nourriture et Teagan avait été impressionnée de voir que Bearach n'avait pas fait le moindre commentaire. Il avait regardé leur repas avec suspicion avant de fermer les yeux et de déchirer la viande avec plus de délicatesse que les deux jeunes femmes.

Maintenant il était temps de prendre un peu de repos. Maelrhys s'était couchée contre la paroi rocheuse s'entourant d'une fourrure prise sur la paillasse de Maeron et de Rashkánn qui s'était empressé de se rouler en boule à ses cotés. Son amie avait eut l'air interloquée avant de finalement profiter de la chaleur émanant de la fourrure épaisse de la bête. Teagan était très satisfaite de voir que Rashkánn semblait prendre à cœur la protection de Maelrhys ce qui faciliterait les choses par la suite. Adrahil quant à lui s'était couché à quelque mètres et elle s'était empressée de s'installer contre son flanc. La puissance de l'Eiwoarn la rassurait alors qu'elle se sentait de plus en plus vidée. Elle espérait que cette sensation était due simplement à la fatigue et non à sa blessure. Elle avait passé à plusieurs reprises la main sous sa tunique et malgré son bandage compressif ses doigts ressortaient poisseux de sang frais.

- Alors comme ça Maeron t'a apprit le tir à l'arc en plus du maniement des lames ? demanda soudain bearach.

Le jeune homme était lui aussi appuyé contre la paroi rocheuse non loin de Maelrhys. Il avait tenté subtilement de s'approcher de la jeune femme mais le loup, couché entre les deux avait relevé la tête et dénudé ses crocs sans pour autant émettre le moindre son. Ils n'avaient guère échangés plus de trois mots durant leur repas, elle l'avait ensuite vu s'affairer à vérifier les sacoches de selles des deux chevaux volés pendant qu'elle préparait le couchage de Maelrhys. Elle était étonnée qu'il prenne l'initiative de briser le silence.

- Pas seulement le tir à l'arc, répondit elle avec une certaine fierté. La chasse, le lancer de poignard, et la survie.
- Tu as eut un bon professeur
- Oui, assura Teagan en hochant brièvement la tête. Mais ça n'a pas suffit à m'éviter de me faire capturer et enfermer.

Cette défaite lui rongeait le cœur depuis trop longtemps. En parler à Bearach pouvait paraître idiot mais au moins elle exprimait tout haut cette frustration qu'elle ressentait depuis sa capture. Elle avait demander à Maeron de l’entraîner car elle voulait être capable de défendre sa vie et lorsque cette occasion était venue elle avait échoué. Bien sur sa récente évasion et sa victoire contre Ser Vulghàn changeait quelque peu la donne mais ça ne parvenait pas à la rassurer sur ses capacités à se défendre seule.

- Personne n'aurait pu lutter sur cette estrade, souffla Bearach d'une voix douce. C'était peine perdue.

Elle releva vivement la tête pour le fusiller du regard.

- Tu as surtout réduit mes espoirs à néant en utilisant Maelrhys, gronda-t-elle en se souvenant de la colère qu'elle avait éprouvé en le voyant faire.
- Je t'ai sauvé la vie et la sienne par la même occasion ! fulmina soudain Bearach

Ce brusque changement d'attitude la déstabilisa. Bearach n'avait visiblement plus rien du jeune homme doux et passif qu'elle connaissait depuis des mois. Elle le voyait changer d'humeur à une vitesse ahurissante et ça la mettait mal à l'aise. Elle le vit passer une main sur son visage comme pour canaliser sa colère. Elle lui laissa du temps en s'appuyant un peu plus sur son eiwoarn qui poussa un soupir.

- Si tu avais continuée à te battre ils t'auraient sérieusement blessée, reprit le jeune homme d'un ton plus posé. Ou ils auraient tués Maelrhys pour t'affaiblir.

Teagan hocha la tête dans le vide, se rejouant la scène dans son esprit. Elle revoyait les soldats se jeter sur elle, elle se souvenait de Bearach qui attrapait Maelrhys pour la menacer de sa dague . Elle pouvait presque ressentir cette bouffée de haine à son égard qui l'avait submergée. Comprendre qu'en fait il leur avait sauvé la vie en agissant de cette manière était des plus déroutants. Elle avait haït cet homme dès le moment ou il avait mit un pied au château et voilà quelle devait réviser son jugement. Elle devait avoir des explications concrète pour enfin se faire une idée du personnage.

- Je ne comprend pas, finit-elle par grogner alors qu'Adrahil relevait la tête avec humeur.

Bearach la fixa comme si elle était simple d'esprit et elle se maudit de ne pas s'être montrée plus claire.

- Je te demande pardon ? la reprit-il poliment alors que son explication concernant Maelrhys était on ne peut plus simple.
- Je ne comprend pas ton comportement, insista Teagan. Et tant que ce sera ainsi je ne pourrai pas te faire confiance.

Voila elle l'avait dit. Il venait de la sortir des griffes de ses ravisseurs et tout ce qu'il gagnait c'était quelqu'un qui ne lui faisait pas confiance. Elle savait que c'était mesquin mais désormais elle avait on ne peut plus de mal à accorder sa confiance.

- C'est compréhensible, ricana-t-il pourtant en appuyant sa tête sur la paroi rocheuse derrière lui.
- Alors je t'écoute le relança-t-elle, n'ayant pas envie d'attendre plus longtemps. Tu as tourné le dos à ta famille, à ta province et à ton rang pour m'offrir ma liberté et cela n'a aucun sens?

Ce comportement lui semblait tellement illogique que rien que l'évocation du sujet la mettait en colère. Elle glissa une main dans la crinière d'Adrahil pour tenter de se calmer.

- Ce n'est pas facile à expliquer, répondit sincèrement Bearach alors qu'elle voyait ses traits se fermer.

Il semblait plus viril avec cette expression sévère. Il ne ressemblait plus vraiment au jeune seigneur pompeux qu'elle avait côtoyé durant des mois. Ses cheveux blonds d'ordinaires soigneusement coiffés étaient sales et en désordres suite à leurs folle cavalcade dans les bois, et le voir vêtu de noir et non de cet infâme blanc la perturbait.

- Il va falloir que tu y arrives, continua d'insister sèchement Teagan

Elle le vit clairement déglutir et se mordit la langue pour ne pas le presser plus que nécessaire à parler , même si pour elle se silence devenait de moins en moins supportable.

- As-tu déjà eut l'envie de changer radicalement de vie ?finit-il par demander en la poignardant de ses prunelles mordorées. D'être quelqu'un d'autre ? De jeter ton existence aux orties pour tout recommencer ?

Teagan laissa échapper un ricanement amer, quiconque la connaissait un peu savait à quel point cette question était stupide.

- Bien sur que oui, répondit elle avec assurance.

Après tout elle n'avait plus à le cacher. Elle ne savait même pas si elle avait encore un rang à préserver dans toute cette histoire.

- C'est mon cas également, grogna Bearach sa voix se cassant. Je … je suis le fruit d'un inceste.

Teagan se figea alors que ses mots faisaient route dans son esprit. Elle se remémora rapidement tout ce qu'elle savait de la famille Peràn, cherchant à comprendre l'utilisation de ce terme monstrueux.

- Je suis le résultat du pêché le plus vil qu'il soit, reprit Bearach sa voix rendue rauque par l'émotion. Le Seigneur Peràn est à la fois mon père et mon grand mère.

Teagan sentit son souffle se couper alors qu'elle s'imprégnait de ce que venait de lui avouer le jeune homme.

- Mais ta mère est veuve, insista-t-elle par réflexe.

C'était pour cette raison que ce foutu mariage entre Bédélia et son père avait eut lieu. La Reine était une jeune veuve de haute naissance, soit un parti acceptable pour un roi veuf également.

- Oui, elle à épousé à la hâte un vieux chevalier Cyriatan'en qui avait récolté de nombreuses blessure sur le front pour donner le change. Mais elle était déjà enceinte ! cracha Bearach avec cette fois une véritable mépris dans la voix. Il est mort disons... accidentellement quelques semaines après le mariage laissant une épouse éplorée enceinte de son unique enfant.

Teagan prit un moment pour dévisager Bearach. Ses dents étaient tellement serrées que l'arrête de sa mâchoire saillait sous sa peau et son regard semblait s'être enflammé. Elle pouvait lire sur ce visage d'ordinaire si peu expressif la colère et l'amertume ainsi qu'une certaine forme de dégoût.

- Pourquoi ? fut la seule question qui traversa son esprit à ce moment même alors qu'elle essayait de percevoir ce que pouvait ressentir Bearach.
- Pour le sang, répondit amèrement le jeune homme. Le seigneur Peràn ne juge que par la pureté du sang des hommes du Nord. Les traditions veulent que les filles de Seigneurs épouses des fils de Seigneurs des autres provinces pour mélanger les cultures et raffermir les liens entre les différentes maisons. Pour Bénéad Peràn le sang Cyriatan'en doit gouverner dans le Nord. Je suis son seul fils. Il n'a même pas de bâtard à ma connaissance.
- Ça ne doit pas être facile comme situation.

Dès qu'elle eut prononcé ces mots Teagan s'en voulut aussitôt. Ils étaient plats et sans le moindre intérêt.

- Tu veux dire savoir qu'on est le fruit d'une pratique prohibée ? railla Bearach. Non ce n'est pas facile

Et cette fois Teagan comprit. C'était bien du dégoût qu'elle lisait sur ces traits. Du dégoût pour lui même. Bearach se détestait de par sa naissance et elle ressentit une bouffée de compassion pour lui. Sa vie devait être un enfer.

- J'ai été élevé dans la détestation de ta famille depuis ma tendre enfance, continua le jeune homme en tirant sur le cuir de sa broigne pour se redonner une constance. Bénéad Peràn veut sa liberté depuis des années. Il ne reconnaît plus Aelred Mézérhian comme Roi depuis bien longtemps mais il n'avait pas la puissance militaire pour se rebeller.
- Mais il s'est trouvé un allié ! cracha Teagan avec hargne.

Bearach hocha la tête

- Oui Torged Manahàxar à proposé une alliance pour renverser Aelred Mezerhian et Benead Peràn l'a aussitôt acceptée. Ils avaient pour projet de rallier les Estiens pour agrandir leur armée. Mais les sauvageons sont coriaces et indisciplinés et il leur à fallut des années pour y aboutir. - Alors quand l'occasion d'affaiblir la famille Royale c'est présentée le Seigneur Peràn l'a saisie.
En tuant ma mère et mon frère !

Cette fois la voix de Teagan n'était plus qu'un feulement furieux.Pourtant étrangement la douleur sourde qui prenait habituellement naissance dans son cœur à l'évocation de ses proches n'apparut pas. Elle attendait des réponses depuis trop longtemps et Bearach lui apportait les informations manquantes.

- Il revenait d'une réunion du conseil des douze, reprit le jeune seigneur. Et il y avait apprit les projets de ta mère de se rendre dans sa famille. En rentrant à Knorr il a vendu la mèche à Manahàxar qui à sauté sur l'occasion.
- Pourquoi n'a-t-il pas envoyé des hommes à lui ? demanda Teagan.
- Torged Manahàxar à toujours clamé haut et fort qu'il tuerait chaque membre de la famille de Mézérhian de ses propres mains. C'est pour cette raison que me mère n'avait pas le droit de te faire du mal.
- Ça ne rend pas Bénéad Peràn moins coupables que s'ils les avaient tués en personne, contra Teagan en enregistrant petit à petit les flots d'informations que lui livrait Bearach.
- Je ne cherche pas à le défendre ! protesta tout de suite le jeune homme. C'est un être vil et cruel.

Teagan prit un instant pour dévisager Bearach. Quelques rayons de lune éclairaient son visage. Un visage plus expressif empli d'une certaine colère, elle le devinait facilement. A cet instant le Bearach avec qui elle discutait ne ressemblait plus en rien à celui qu'elle avait connu.

- Tu n'es pas comme lui, finit-elle par dire avec une certaine assurance

Il lui jeta un regard amer qui la toucha en plein cœur.

- Qu'en sais tu ? demanda-t-il sèchement.

Teagan haussa les épaules comme si cela paraissait évident. Pourtant quelques chose en elle avait changé. Bien sur il y avait toujours le risque que Bearach lui mente mais elle n'avait plus le choix désormais. Les certitudes c'était terminé, elle allait devoir faire des choix et accorder sa confiance à des personne qui peut être ne la méritait pas.

- Tu me l'a avouée au début de cette conversation, finit-elle par dire parce que ces mots l'avaient touchés. Tu voulais devenir quelqu'un d'autre
- J'ai été éduqué pour devenir Seigneur du Nord et dans leurs grandes espérances, Roi, reprit Bearach la colère pointant cette fois dans sa voix rendue plus rauque. On m'a inculqué les valeurs Cyriatan'en et les rares fois ou je protestais j'étais... sévèrement réprimandé. J'ai alors comprit que je devais apprendre à jouer la comédie si je voulais rester en vie. J'ai réussi à me composer un air neutre en permanence et à devenir le parfait petit toutou qu'on attendait de moi.
- Et que je ne supporte pas, ricana Teagan

Cette fois Bearach émit un rire léger avant de se tourner vers l'endroit ou Maelrhys dormait.

- Ce qui était dommage car le plan d'origine consistait à ce que je t'épouse, continua-t-il en plantant cette fois son regard étrangement doré dans le sien. Une fois ton père parti au front tu aurais été sous ma protection....

Teagan hocha la tête en nouant ses doigts dans la longue crinière noire d'Adrahil

- Et il ne te restais plus qu'a me tuer, fini-t-elle à sa place.
- C'était le plan, avoua Bearach sans le moindre embarras

Teagan déglutit difficilement. Elle s'en voulait de s'être montre si naïve. Lorsque ce mariage avait été orchestré elle n'avait vu que le coté épousailles. Pas un seul instant elle n'avait réalisé que cela donnerait à la famille Peràn une place sur le trône ou que les enfants issus de cette union auraient du sang Cyriatan'en. Elle avait l'impression de s'être comportée comme une enfant et de n'avoir pensé qu'a elle et pas une seule seconde aux implications de ce mariage. Mais c'était avant de perdre Maeron, avant de faire ses adieux au Rhufawl et a son père et avant de voir une partie du royaume trahir sa famille.

- Y serais tu arrivé ? s'entendit-elle demander

Elle ne voyait pas Bearach être capable de la tuer mais il aurait suffit qu'il demande à l'un de ses sbires de s'en charger.

- Je le pensais, répondit-il avec une honnêteté honorable. Mais au vu de ce qu'il s'est passé je sais aujourd'hui que non. Je n'aurais pas pu t'assassiner.

Teagan pencha la tête comme si le voir sous un autre angle répondrait à ses questions. Sa voix s'était étonnement brisée sur les derniers mots.

- Comment peux tu en être aussi sur ? ricana-t-elle

Après tout elle ne se serait jamais cru capable de tuer un homme, même après des mois d’entraînement à l'épée. Elle ne voulait pas repenser à son combat contre Ser Vulghàn et pourtant c'était la panique qui avait prédominé après qu'elle lui aie tranché la gorge. On ne pouvait jamais être sur d'être capable ou pas de prendre la vie de son adversaire.

Bearach resta un moment silencieux avant de répondre et elle se sentit déstabilisée par l'intensité de son regard.

- Je n'arrivait déjà plu à supporter la haine que je lisait à mon égard dans tes yeux, dit il d'une voix devenue étonnamment douce. Cela fait déjà quelques mois que face à toi mon masque de neutralité se fissure. Tu sors de tes gonds comme personne et tu brise mes défenses.

Teagan redressa la tête pas vraiment certaine de comprendre ce que ces paroles impliquaient réellement.

- Quand je t'ai vu avec Maeron j'ai comprit, continua Bearach sans baisser les yeux. Celui que tu aimes est un homme sauvage, fort, dangereux et couturé de cicatrice qui démontre son habilité au combat

Teagan allait répliquer devant cette description succincte de Maeron mais au fond elle ne pouvait démentir les propos du jeune Seigneur. Elle aimait tout cela chez Maeron mais elle était également la seule à savoir qu'il pouvait également se montrer à l'écoute, sensible, doux et prévenant.

- Quand on-t-as enfermée dans cette cage tu ne t'es pas laissée dépérir, reprit Bearach avec toujours cette intensité flamboyante dans le regard. Tu t'es battue jour après jour. Une personne aussi tenace n'avait pas le droit de mourir.

Teagan resta interloquée. Les paroles de Bearach étaient complexes mais elle arrivait à percevoir l'affection qu'il lui portait à travers ses mots. Un instant elle se demanda s'il était possible que le fils de la Reine éprouve quelques sentiments à son égard mais elle chassa très vite cette pensée de son esprit. Elle pouvait par contre avouer qu'il l'avait bien cernée.

- Et quand Ser Vulghàn à assassiné le Laärki j'ai comprit que je devais intervenir si je ne voulais pas perdre l'esprit, reprit Bearach d'une voix rauque. Ils sont allés trop loin en tuant ton frère et ta mère, ils ont dépassé les bornes en te jetant dans une cage mais ils ont … franchis une limite interdite en tuant le Laärki.

Une fois de plus Teagan hocha brièvement la tête. Voir Bearach se livrer ainsi lui réchauffait le cœur. Elle lui avait demandée des explications et il les lui donnait. Un instant elle se demanda si Bearach était croyant. Pour sa part après toutes ses épreuves traversées elle savait qu'elle ne faisait plus confiance aux dieux. Mais elle respectait le Laärki depuis sa plus tendre enfance. Il l'avait fait naître, il avait soigné ses maux d'enfant, il l'avait épaulée durant son mutisme se battant pour prouver aux autres qu'elle était restée saine d'esprit. Cette homme compréhensif ne méritait pas une fin aussi tragique.

- Il m'a fallut quelques jours pour planifier notre évasion, reprit Bearach. Il fallait que tu temps s'écoule pour que les chevaliers baissent la garde et que ma mère te voie baisser les bras.

Teagan faillit encore une fois protester contre cette affirmation avant de se raviser. Bearach n'avait pas tord. La mort du Laärki l'avait profondément bouleversée et elle avait cesser de lutter même si sa colère bouillonnait toujours en elle.

- En parlant de notre évasion, dit elle , brûlant de poser cette question depuis un moment. Je t'ai vu te battre de nombreuses fois lorsque Rhufawl te formait dans l'Eiréhaàn. Tu as toujours cachés tes capacités.

Elle se souvenait avoir brièvement vu Bearach se battre, bien sur elle n'avait pas eut le loisir de l'observer a sa guise vu qu'elle menait ses propres combats mais elle avait été choquée de découvrir qu'il tenait plutôt bien une lame. D'ailleurs même si c'était Teagan qui s'était occupée de Ser Vulghàn il avait mit à terre le reste des soldats Cyriatan'en.

- Je ne manie pas les armes aussi bien que toi, insista-t-il en lui offrant un sourire. Mais tu as raison, si ma mère s'était rendu compte que je prenait des forces elle m'aurait soupçonnée de me défaire de son emprise.

C'est a cet instant que Teagan réalisa que toute la vie de Bearach n'était que mensonge. Il était devenu quelqu’un d'autre pour sauver sa vie. Il n'avait jamais pu exprimer ses opinions, il n'avait jamais agit à sa guise et depuis sa naissance il jouait un rôle. Elle se sentit terriblement mal à l'aise. Elle pensait avoir été enfermée durant toute sa vie, obligée d'agir d'une certaine manière pour respecter ce protocole qu'elle détestait, mais tout cela était terriblement loin de ce qu'avait enduré Bearach

- Tu as réussi, souffla-t-elle avec douceur.

Le Seigneur la dévisagea un instant l'air perplexe.

- De quoi parles tu ? s'enquit il
- Tu as réussi a devenir quelqu'un de bien, compléta Teagan en lui offrant un sourire.

Après tout il avait renié sa famille et son rang pour faire ce qu'il semblait juste. Il s'était élève contre les préjugés qu'on lui avait inculqué depuis la naissance pour venger la mort d'un homme qu'il respectait.

- Si tu le dis, grogna-t-il visiblement pas convaincu par ses propos.

Teagan se pencha un peu plus en arrière s'appuyant toujours contre le flanc d'Adrahil. Sa plaie à la hanche la lançait et elle préférait se concentrer sur la conversation plutôt que sur sa douleur.

- Et maintenant ? s'enquit elle. Que vas tu faire ?
- Je ne sais pas.

Le jeune homme avait soufflé ces quelques mots avec une certaine douleur. Teagan comprenait ce qu'il ressentait. Elle savait très bien ce que c'était de se retrouver seul sans ses proches. Mais elle avait rapidement réfléchi au problème et elle pouvait peut être l'aider.

- Deux solutions s'offrent à toi, dit elle en étendant ses jambes devant elle.

Bearach lui adressa un regard stupéfait

- Alors éclaire ma lanterne.

Teagan prit une grande inspiration, elle savait qu'elle allait offrir un choix à Bearach et elle se demandait s'il allait saisir sa chance.

- Tu peux profiter de l'occasion pour changer de vie, tu deviens quelqu'un d'autre et retrouve ta liberté, dit elle en glissant sa main sur le poil chaud de son Eiwoarn. Tu t’établis dans un coin du royaume pour vivre la vie qui te chante en priant tes dieux pour que les Estiens ne détruisent pas chaque villages. Ce n'est pas moi qui te jugerai si tu choisis cette voie. Chacun à droit à une deuxième chance et tu as amplement mérité la tienne.
- Et l'autre option ? s'enquit Bearach le visage fermé.
- Aux yeux du Royaume le Seigneur Peràn et ta mère sont des traîtres. Tu es l'héritier de la province du Cyriatàn. Tu es au courant de tout les plans ennemis, tu pourrais te rendre dans le Maelgyn et expliquer la situation à mon grand père. Il a encore des hommes à Mathadros. Il pourrait envoyer ces soldats sur le front pour soutenir mon père.

Bearach se contenta de hocher presque imperceptiblement la tête, méditant sans aucun doute ses paroles

- Et toi ? l'entendit elle demander avec stupeur.
- Je prend la route du front, répondit elle sans aucune hésitation. Je rejoindrai mon père pour le prévenir.

Un silence épais suivi sa déclaration et elle perçut un éclat de douleur dans le regard mordoré du jeune homme.

- Teagan ? souffla-t-il d'une voix prudente. Sais tu combien de temps tu es restée dans ce cachot ?

La princesse déglutit en entendant de tels propos. Non elle ne savait pas précisément combien de temps elle avait été enfermée mais elle pouvait faire une rapide estimation.

- Deux semaines ? proposa-t-elle.
- Un mois et demi...

Bien que ces mots n'aient étés que murmurés par Bearach il semblaient avoir claqué dans l'air. Teagan retint sa respiration avant de passer lentement sa main sur son visage. Elle ne pouvait laisser sa colère exploser alors qu'un goût amer imprégnait sa bouche.

- Je craint fort que les trois armées aient déjà frappée, continua Bearach avec douceur.

Teagan sentit l'air se bloquer dans ses poumons. Elle n'arrivait pas aà imaginer que son père ne soit plus de se monde. C'était impossible que l'ennemi aie déjà frappé. Peut être avait il neigé dans le Nord, freinant leur progression. Elle ne pouvait se résoudre à abandonner.

- Peut être pas, réussi-t-elle à articuler. Il y a encore de l'espoir.

Elle comprit clairement que Bearach ne partageait pas son avis mais elle le remercia silencieusement de ne pas la contredire à voix haute.

- Tu vas y emmener Maelrhys ? s'enquit il pour changer de sujet.

Teagan laissa échapper un petit ricanement amer en posant son regard sur son aie qui dormait paisiblement contre Rashkánn.

- J'aimerais profondément qu'elle accepte de rester avec toi quelque soit ta décision.

La respiration de son amie était calme et régulière et elle se mit a lui envier son sommeil. Ils avaient tous besoin de repos. Leurs organismes ne tiendraient pas s'ils restaient en déficit de sommeil. De plus sa blessure était de plus en plus douloureuse et elle souhaitait que le sommeil l'emporte pour ne plus avoir à supporter cette douleur lancinante.

- Nous devrions nous reposer, proposa-t-elle en se blottissant un peu plus contre Adrahil qui avait poser sa tête par terre. Nous aurons besoin de force demain.

Bearach acquiesça d'un signe de tête et tira une fourrure qu'il étendit sur ses jambes. Teagan se laissa glisser sur le sol en réprimant un gémissement de douleur. Elle allait avoir du mal à trouver une position confortable pour dormir.

- Teagan ? l'appela soudain Bearach alors que le silence régnait depuis de longues minutes.
- Oui ?
- Je prendrai la route du Maelgyn dès demain, souffla-t-il avec assurance.

Teagan se mit à sourire aux arbres qui la dominait. Elle voulait laisser une chance a Bearach et il l'avait saisie plus vite de prévu.

- Tu devrais dormir et prendre ta décision demain matin, lui conseilla-t-elle en fermant les yeux. On dit que la nuit porte conseil.