Le depart

Mar 10, 2018 21:30

Titre: Le depart
Fandom : Mézérhían
Personnage : Teagan - Bédélia - Maelrhys - Bearach - Aodhaàn - Rhufawl - Aelred
Rating : G
Disclaimer : Tout à moi ^^
Nombre de mots : 2586 mots

Teagan descendit avec raideur les marches du grand escalier. Le corset qu'elle portait lui enserrait douloureusement la poitrine renforçant cette sensation étouffante qu'elle éprouvait. Elle sentit une main se glisser dans la sienne et tourna la tête vers Maelrhys. Cette dernière ne pouvait lui cacher ses joues marbrées par les larmes mais elle lui offrit néanmoins une ébauche de sourire que Teagan fut bien incapable de lui rendre. Elles traversèrent le hall qui semblait particulièrement silencieux avant de sortir sur le perron. Sur les marches se trouvaient les personnes qui étaient censé être sa famille. Bédélia vêtue d'une sublime robe écru arborait un air triste qui, au yeux de Teagan, sonnait faux. Elle s'essuyait le coin des yeux avec un mouchoir immaculé assortit à sa robe tout en s'accrochant au bras de son fils qui comme à l'ordinaire affichait un air impassible.

La Princesse sentit les doigts de Maelrhys se refermer un peu plus sur les siens et elle posa enfin son regard sur le remue ménage qui avait lieu dans la cours. C'était l'heure du départ. Les hommes s'activaient en tout sens pour prendre le chemin de la guerre. On pouvait voir des soldats entasser des armes dans des chariots, d'autres empiler de la nourriture dans un attelage tiré par deux chevaux massifs, d'autres soldats encore vérifiaient leurs équipements ou aident les serviteurs à enfermer des volailles dans des cages. Le convoi allait être colossal.

Teagan était malade de ne pas pouvoir participer. Son rôle consistait à se tenir sur ce perron dans une robe resplendissante qu'elle n'avait pas envie de porter et à regarder des hommes qu'elle connaissait depuis sa naissance s'apprêter à partir. Elle était là pour leur sourire et pour montrer à tous qu'elle était forte, hors en cet instant elle ne l'était pas. Cette guerre lui enlevait tout les hommes qu'elle aimait, à commencer par Dalaigh qui devait se trouver à l’extérieur des portes avec les troupes du Romerdhael sur le point de partir au front alors qu'il n'était pas prêt. Teagan tourna le visage vers Maelrhys qui fixait la sortie du château d'un regard embué. Elle savait que son amie souffrait mais elle était trop mal elle même pour être capable de la réconforter. Tout ce qu'elle souhaitait à l'instant c'était s'évader, partir loin, occuper son esprit pour limiter la souffrance. C'était déjà ce qu'elle faisait depuis des jours en se plongeant dans de vieux traités de guerre. Ser renseignant sur les traditions Markhànéennes pour tenter d'anticiper, de voir quelques chose qui leurs avaient peut être échapper, de trouver une solution. Son regard se posa sur Deraï qui sortaient deux chevaux des écuries et elle ferma un court instant les yeux. Le palefrenier accompagnait les soldats sur le front, même si elle n'éprouvaient pas de sentiments particulier envers le jeune homme elle le connaissait depuis toujours. Il avait toujours été la dans l'ombre des écuries pour s'occuper des chevaux et elle s'était habituée à sa présence lorsqu'elle prodiguait les soins à Adrahil et à son enthousiasme lorsqu'il l'aidait au débourrage de certains chevaux. Le voir se préparer à partir réveilla la souffrance qui vivait dans son cœur.

Pour refouler ses émotions elle décida de réciter le dernier chapitre qu'elle avait lu, souhaitant tout simplement se déconnecter de la réalité. Ce dernier traitait d'une tradition très anciennes pour les Markhànéens nommée le Ruareth. Ce n'était rien de moins qu'une sorte de duel judiciaire auquel seul les Rois et les hauts Seigneurs pouvaient avoir recourt. Il était utilisé dans de multiples situation, que ce soit pour régler des conflits territoriaux, déclarer une amnistie en temps de guerre, retrouver un honneur bafoué ou encore pour régler les mariages. C'était ce dernier point bien sur qui avait particulièrement intéressé Teagan. Les règles du Ruareth étaient simples. L'un des Seigneurs provoquait l'autre en duel, l'adversaire était tout à fait libre de refuser mais son honneur en serait bafoué à vie. Refuser de se prêter au duel équivalait à avouer aux yeux de tous sa peur de combattre Le Ruareth était un duel à mort, il n'y avait pas de demi mesure. Les adversaires se battaient jusqu'à ce que l'un arrive à prendre la vie de l'autre. Le duel était très réglementé : les adversaires choisissaient leur armes avant le début du combat car une fois dans le cercle formés par leur partisans respectifs il ne pouvaient plus en sortir. S'ils étaient désarmés ils n'avaient qu'une seule issue, récupérer l'arme de leur adversaire. Personne n'avait l'autorisation d'intervenir durant le combat, les Seigneurs ne pouvaient se fier qu'à leur habilité au maniement des armes. L'honneur était au centre de la tradition du Ruareth ainsi le camp du perdant devait respecter le châtiment. Ainsi dans le cas ou deux Seigneurs se battaient pour une terre le vainqueur la remportait et l'héritier du combattant défunt devait se soumettre en se remettant au jugement presque divin du duel.

Un hennissement furieux sortit Teagan de sa torpeur et son regard se posa sur un imposant hongre Alezan qui piaffait tellement que son cavalier n'arrivait pas à se mettre en selle. Teagan ne reflechit pas une seconde avant de lâcher la main de Maelrhys et de descendre précipitamment le perron pour rejoindre le cavalier en difficulté.

- Vous n'avez pas l'air d'être un cavalier aguerrit, fit elle remarquer à l'homme imposant qui tirait sur la bride du cheval paniqué

Ser Aodhaàn se retourna et un bref sourire lui échappa quand ses yeux se posèrent sur elle.

- En effet, répondit-il d'un ton bourru. L'équitation n'était pas ma priorité au cours de la formation.
- Pourtant un chevalier du Royaume de Mézérhían se doit de savoir monter, répliqua-t-elle en lui arrachant les rennes des mains.

Elle s’avança vers la tête du cheval en sifflant doucement. L'animal tourna ses oreilles vers elle et elle lu de l'affolement dans son regard.

- Vous devez lui demander les choses dans le calme, recommanda-t-elle à Aodhaàn en posant délicatement sa main sur le chanfrein de l'animal. Il ressent la peur de toutes les personnes présentes et il ne la gère pas aussi bien que nous.
- Je n'ai pas peur, lui répondit le chevalier en croisant les bras sur son imposante poitrine.

Teagan lui jeta un regard désabusé, pourtant il était vrai qu'elle ne décelait aucune inquiétude dans le regard noisette du soldat.

- Alors c'est que vous êtes un idiot, dit elle en caressant l'encolure du hongre gris qui semblait se calmer.
- Je suis plutôt déconfit, ajouté Aodhaàn en posant lui aussi sa main sur l'encolure de la bête.
- Déconfit ? Répéta la Princesse perturbée par l'emploi de se mot.
- Oui, de ne pas pouvoir rester à vos cotés pour vous protéger comme je l'ai juré.

Teagan hocha machinalement la tête. En s'approchant du jeune homme elle avait voulu l'aider ainsi que sa monture elle n'avait aucunement eut l'intention de devoir affronter des adieux déchirants qu'elle tentait de fuir par dessus tout.

- Je sais très bien me protéger seule, lui rappela-t-elle dans un grognement.

Elle ne voulait pas montrer à quel point ces paroles la touchaient. Encore une fois elle n'avait pas imaginé la place que cet homme, de qui elle n'était pas particulièrement proche, avait prit dans sa vie.

- Je m'en rappelle très bien, rit le chevalier en récupérant ses rennes et en se hissant avec raideur sur son cheval.

Teagan ne savait plus quoi ajouter. Il était temps pour eux de se séparer et une boule se forma dans sa gorge.

- N'oubliez pas que vous m'avez fait une promesse chevalier, lança-t-elle finalement en posant sa main sur la sienne.

Elle le vit clairement fermer les yeux une seconde avant qu'il ne lui réponde d'une voix assurée

- J'ai prêté serment.

Teagan le salua d'un bref signe de tête avant de rejoindre Maelrhys d'un pas raid sur le perron. Elle ne réagit pas au coup d’œil furibond que lui lança Bédélia mais vit clairement le regard surprit de Bearach. Elle décida tout de même de l’ignorer et reprit sa place aux coté de Maelrhys.

- Votre Majesté, votre monture.

Teagan sentit son estomac se révulser alors que ses yeux se posaient sur la robe dorée de l'Eiwoarn de son père. Deraï tenait Reskàd avec difficulté et eut l'air soulagé que le Roi pose une main réconfortante sur l'encolure bombée de l'étalon. Teagan quand à elle sentit son cœur se serrer en voyant Rhufawl enfourcher son imposant hongre bai. Le moment des adieux était venu et Teagan réalisait que désormais elle serait seule. Elle regarda d'un œil hagard son père se mettre souplement en selle. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux alors que Rhufawl tournait une dernière fois son regard gris vers elle et que pour la première fois elle y lut une profonde détresse. Elle tentait d'ignorer les sanglots bruyants de Bédélia qui tamponnait ses yeux à l'aide de son mouchoir et gémissait à intervalle régulier.

Lorsque son père fit pivoter Reskàd sur ses postérieurs pour lui faire face elle pu lire de la douleur dans son regard. Il se fixèrent un instant et il finit pas lui adresser un signe de tête solennel et Teagan sentit son cœur se déchirer. Elle aurait voulu courir vers lui et l'enserrer dans ses bras, elle aurait voulu lui dire que malgré leurs différents elle l'aimait, il était le seul membre de sa famille encore en vie et il l'abandonnait. Pourtant elle répondit d'un signe de tête identique au sien et c'est seulement lorsqu'il fit pivoter Reskàd et le fit avancer jusqu'aux portes qu'elle autorisa les larmes à rouler sur ses joues.

Rhufawl cria un ordre et soudain tout le remue ménage cessa. Le cortège prit la route dans un ensemble parfaitement coordonné et Teagan se retrouva là, impuissante, à regarder ses deux figures paternelles la quitter sans qu'elle ne sache si elle les reverrait un jour. Un sanglot de Maelrhys la tira de la transe douloureuse dans laquelle elle était plongée. Elle jeta un dernier regard aux silhouettes passant l'arche du château avant de faire volte face et de partir en courant à l'intérieur.

- Teagan !

La voix de Bearach avait claquée et la Princesse se demanda un instant pourquoi il avait prit cette peine. Dans l'état ou elle était personne ne pourrait l'arrêter, encore moins un homme qu'elle détestait.

Teagan ignora le grand escalier préférant emprunter une suite de couloirs déserts descendant jusqu'aux cuisines. Il n'y avait personne dans la pièce vu que tout le personnel était soit parti soit entrain de faire leurs adieux à leurs proches. Elle se précipita vers le passage secret dans l'armoire et une fois dans le sombre souterrain elle accéléra l'allure. Elle se mit à courir à grande enjambées, son corset gênait sa respiration mais ça lui était égal. Ses poumons la brûlaient et une douleur sourde prit naissance dans sa cage thoracique. Elle posa une main sur son flanc préférant se concentrer sur cette douleur minime plutôt que sur l'atroce souffrance qui semblait transpercer son cœur.

Elle devait courir à un rythme soutenu car elle arriva très vite à la trappe qu'elle souleva sans peine. Une fois sortie son regard se perdit mécaniquement en direction de la cabane de Maeron. Son instinct la poussait à le rejoindre mais ce n'était pas ce qu'elle désirait vraiment. Elle souleva le jupon de sa robe pour ne pas se retrouver coincée dans un buisson et frissonna violemment lorsqu'un courant d'air froid frôla la peau de ses jambes. Elle sautilla maladroitement jusqu'à atteindre son but : l'orée de la foret.

Elle avait vu juste, ils étaient encore là. L'immense convoi s'étendait des portes du château jusqu'à Riwalön avant de se perdre à l'horizon. Le camp avait été démonté et les différentes unités de soldats se joignaient au convoi. Teagan se positionna sous un chêne au feuillage encore fourni malgré la saison froide et croisa ses bras sur sa poitrine pour réprimer un frisson. De cet endroit elle pouvait observer sans être vue. Elle trouva facilement des yeux le cheval à la robe extravagante de son père et son cœur se serra un peu plus. Elle était tiraillée par des émotions bien distinctes. Elle était en colère contre son père pour ses adieux solennel, elle lui en voulait de ne pas être venue la serrer dans ses bras avant de quitter le château, elle était sa fille unique et elle aurait voulu qu'il lui accorde tout simplement un peu plus de considération. Mais elle était également abattue de le voir partir et l'incertitude de ne pas le revoir commençait déjà à ronger son cœur. Quand à Rhufawl il était impossible de le retrouver dans cette masse lointaine d'hommes armés. Elle abandonna très vite l'idée de trouver Dalaigh ou Aodhaàn dans le convoi et sentit soudain un frisson lui parcourir l'échine. A cet instant elle su qu'elle n'était plus seule.

- Je savais que je te trouverais ici.

Teagan ne sursauta pas même si elle ne l'avait pas entendu arriver. C'était comme si son corps s'était rendu compte de sa présence alors que son esprit était totalement accaparé par ses proches la délaissant derrière eux. Elle tourna le regard vers lui un court instant. Le soleil levant éclairait son visage faisant ressortir la cicatrice qui barrait son œil gauche et celle plus fine qui longeait sa mâchoire. La lumière vive rendait son visage plus anguleux, plus menaçant mais Teagan n'était pas effrayée le moins du monde. Elle savait désormais que derrière son ton bourru et son allure sauvage Maeron pouvait se montrer très affectueux.

- J'avais besoin de les voir partir, se justifia-t-elle en haussant les épaules et en cherchant à nouveau des yeux la robe dorée de l'Eiwoarn de son père parmi la colonne de soldats

Elle sentit deux bras entourer sa taille alors que le jeune homme venait se coller à son dos. Elle se laissa aller contre son torse et le sentit glisser son visage dans son cou. Ils restèrent un instant dans cette position en silence, elle, fixant la colonne de soldats qui s'éloignait, lui, le visage enfui contre sa peau. Elle savait que ce moment de liberté ne durerait pas et elle en savourait chaque instant malgré la douleur qui prenait naissance dans sa gorge.

- Il va falloir que tu me laisse du temps, finit elle par dire en nouant ses doigts aux siens.

Elle le sentit relever la tête et son souffle caressa son oreille

- Je ne comprends pas, dit il d'une voix plus douce que d'ordinaire

La jeune femme leva les yeux vers le soleil d'hiver qui s'élevait lentement dans le ciel. Elle tentait de réprimer les larmes qui lui montaient aux yeux et qu'elle était bien déterminée à ne pas laisser couler.

- Avant que tu ne me quittes..., finit elle la voix brisée. Laisse moi le temps d'encaisser leurs départs.

Il ne lui répondit pas, se contentant de l'embrasser derrière l'oreille avec une tendresse qu'elle ne lui aurait jamais soupçonnée quelques mois auparavant. Il n'était plus temps de se voiler la face. Maeron aussi allait partir et à ce moment la elle serait totalement seule. Elle n'avait pas le choix et elle comprendrait sa décision mais tout ce qu'elle demandait c'était encore un peu de temps pour digérer tout ça. Elle allait se briser, elle le savait et elle voulait pouvoir s'y préparer. Alors elle s’appuya un peu plus contre le torse de celui qu'elle considérait comme son amant et regarda partir son père et son parrain en profitant de la protection éphémère de Maeron.

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