Les larmes de la Louve

Jul 24, 2008 23:05

Titre : Les larmes de la Louve
Auteur :solhaken
Projet / one-shot : Les larmes de la louve
Rating : R, le rating général du projet se situe entre R et NC-17
Chapitre/scène : Chapitre 1
Avertissement : Ce projet touche des points parfois délicats et à lieux durant une guerre de conquête. Les tueries, blessures et autres actes de ce genre y sont monnaie courante.
Nombre de mots : + 150 000 prévus
État : encours
Résumé :
Le royaume de Jeÿnaçar a plié devant les armées de Menrys-Aran qui, sous les ordres du Général V'line d'Alta-Rayen, n'ont plus connu de défaites depuis maintenant cinq longues années. Les conquérants ne rencontrent plus aujourd'hui que quelques rares poches de résistance que lui opposent les nomades Ley'neskal.

Feldaÿ, la capitale, est enfin tombée et avec elle ce qu'il restait de la noblesse jeÿnaçaréenne. C'est durant cette bataille que Näar'Lyska, guerrière Ley'neskal, est tombée aux mains de ses ennemis.

Malgré ses succès militaires et la confiance que le roi place en lui, le Général V'line reste très controversé au sein d'une partie de l'armée. Les tensions entre les différentes factions se multiplient et il s'en fallut de peu pour que celles-ci se changent en sanglants combats lors du sac de Feldäy.

Mais dans l'ombre rodent bien d'autres menaces, tels que les mythiques métamorphes, toujours traqués, toujours tués, qui sont peut-être plus prés qu'on ne le pense.

Note : Voila, on ouvre complément cette commu !

* * *

D'une flèche ils avaient abattu son cheval sous elle. Pour la bloquer, pour l'empêcher de fuir. Ou peut-être pour l'empêcher d'attaquer, mais cela, aucun d'eux ne l'aurait admit. Ils étaient des chevaliers, ils étaient des hommes. Et les hommes ne craignent pas les femelles. Elle les défiait pourtant encore. Grondant de rage, une lame dans chaque main elle guettait leurs mouvements. Du sang coulait de sa cuisse, un peu plus tôt un archer avait voulu lui régler son compte. Les hommes l'avaient fait reculer, il la voulait vivante cette femelle qui prétendait se battre, ils la soumettraient, ils lui apprendraient sa place... Quelle meilleure distraction s'offrir un soir de victoire ? Jeÿnaçar était tombé et la victoire de ses ennemis était désormais presque assurée. Resté à savoir ce qui pourrait être sauvé au moment de la débâcle qui menaçait.

Elle ne tiendrait plus très longtemps, elle le savait. Ses forces s'écoulait avec son sang le long de sa jambe, viendrait un moment où elle ne pourrait plus tenir ses lame et où ils fondraient sur elle. Peut-être valait-il mieux se donner la mort avant ce funeste instant et ne les laisser poser les mains que sur un cadavre. Ces hommes étaient-ils méprisables et vils au point d'outrager un cadavre ? Elle n'en doutait pas un instant. Il n'y avait nul honneur chez eux... Il suffisait de les voir face à elle, les voyants ainsi elle ne pouvait s'empêcher de songer à une meute de chiens avant la curée. Mieux valait en effet mourir que survivre à ce qu'ils lui feraient subir. Elle ferma les yeux, hésitant encore.

Une douleur lancinante dans la cuisse la réveilla. Elle resta immobile, les yeux fermé, tentant de garder un souffle aussi régulier que possible. Elle était en vie, mais elle ne reconnaissait ni les bruits ni les odeurs qui l'entouraient. Obligeant son corps à se détendre elle essaya de forcer son esprit à s'éclaircir. Comment était-elle arrivée la ? Et, question tout aussi importante, où se trouvait-elle ? Un bruit léger l’informa que, quel que soit le lieu où elle se trouvait, elle n’y était pas seule. Quelqu’un se déplaçait sans chercher à être silencieux mais ses pas étaient étouffés pas les tapis qui devaient recouvrir le sol. Elle pouvait même supposer à quelques détails et bruits exagérés qu’il ou elle le faisait exprès. Elle entendait également le crépitement des flammes et le craquement des buches, mais nul autre bruit ne troublait le calme. Ce détail la surprit, habituellement on entendait toujours les rumeurs du camp au travers de la toile de tente. Elle n’entendait pourtant rien en dehors des flammes et d’une des bruits familiers de quelqu’un sans doute en train de cuisiner. Ou au moins faisant réchauffer un quelconque aliment.

- Réveillée ?

La voix était celle d’un homme, chaude, agréable. Légèrement enrouée, comme la voix de n’importe quel commandant après une bataille. Mais surtout, le mot avait été prononcé dans sa langue, sans trace d’accent ou d’effort. Elle n’avait jamais entendu aucun de leurs ennemis parler dans sa langue. Ils se considéraient comme des conquérants et en tant que tels ils ne s’abaissaient pas à apprendre la langue des vaincus. Pourtant… si elle était auprès des siens, pourquoi ne connaissait-elle pas la voix qui s’adressait à elle ? Elle se souvenait de sa monture, abattue sous elle, des hommes qui la guettaient, mais rien de plus… Elle ouvrit les yeux.

Sans en être vraiment consciente elle s’était attendue à découvrir le décor familier d’une tente. A retrouver les étoffes brodées de motifs familiers. Le décor était tout autre. Elle avait trouvé le lieu étrangement silencieux… Et pour cause. Autour d’elle les murs étaient de pierre. Pour la première fois de sa vie elle s’éveillait, non pas sous la toile d’une tente ou la voute du ciel… Mais dans l’univers minéral que se plaisaient à bâtir ses ennemis. Détail pour le moins déconcertant, un faucon au plumage blanc soutaché de noir, typique des rapaces du nord, se tenait perché sur le dossier d’un fauteuil et semblait surveiller la pièce. Jamais elle n’aurait rencontré cela chez les siens…

Ennemis. Ses yeux se posèrent sur l’homme qui, depuis l’autre bout de la pièce l’observait. Machinalement elle chercha à reculer, jamais, au grand jamais, il ne pourrait être confondu avec l’un des siens. Elle était désarmée, désarmée et nue. Elle réalisa ce dernier fait quand les fourrures qui la couvraient glissèrent, dévoilant la naissance de ses seins avant qu’elle ne les rattrape. La terreur s’empara d’elle. Elle essaya de nouveau de reculer, dans sa jambe la douleur sembla exploser, lui arrachant un cri involontaire. L’homme ne fit aucun mouvement dans sa direction, il se contentait de l’observer en silence. Ses lèvres s’étiraient en un léger sourire presque moqueur.

- Calmes toi, j’ai eut assez de mal comme ça à te soigner.

De nouveau il avait parlé dans sa langue. Elle se figea et l’observa en silence. Machinalement elle glissa sa main sous les fourrures pour palper sa blessure. Elle rencontra un bandage plat et, pour le peut qu’elle puisse en juger, correctement fait. Il lui jeta un regard amusé, comme s’il avait deviné ses pensées. Elle se demanda un instant s’il l’avait soigné lui-même.

- Quel est ton nom ?

Il se détourna pour s’occuper du feu. Sans se préoccuper de lui fournir une réponse elle observa les lieux aussi bien que l’homme. La pièce était décorée de manière sobre, quelques tentures ornaient les murs, mais elles semblaient bien ternes à ses yeux. Le lit se trouvait dans une alcôve et était bordé sur trois côté par des murs. L’homme en revanche n’avait rien de terne. Il était un guerrier, tout dans son attitude le lui criait. Ses traits étaient fins, beaucoup plus fins que ceux des hommes dont elle avait l’habitude, il y avait pourtant en lui une certaine dureté. Ses mouvements avaient la souplesse élégante et l’économie que seule une certaine expérience des armes permettait d’acquérir. Le faucon semblait le suivre des yeux avec attention, guettant ses mouvements, ou peut-être la nourriture. Il se retourna brusquement vers elle. Avec un sursaut elle croisa son regard. Jamais elle n’avait vu des iris de cette couleur. Jamais elle n’avait vu, même parmi ses ennemis, un homme possédant des yeux gris. Elle resta un instant prisonnière de ce regard. Un instant seulement, puis la rage l’emporta et elle détourna la tête. A sa grande surprise, elle l’entendit rire.

- Alors ? Comment dois-je t’appeler ?

Elle refusa de répondre. Avec un haussement d’épaule il s’approcha d’elle. Dans ses mains il tenait une assiette assez profonde d’où montait une agréable odeur. Elle senti son ventre se contracter violement. Sans la moindre gêne il s’assit sur le lit, de nouveau elle tenta de reculer.

- C’est de la nourriture, rien de plus. Lança t-il d’un ton de nouveau moqueur qui sous entendait clairement qu’il savait ce qu’elle craignait.

Il lui tendit l’assiette et une cuillère. Elle le regarda un moment avec hésitation avant d’accepter. Une fois qu’elle l’eut prise, sa réserve disparue, elle se jeta sur la nourriture, se brulant parfois dans sa hâte. Il la laissa terminer sans prononcer le moindre mot. Adossé au mur il la regardait manger.

- Encore ? demanda t-il quand elle eut terminé.

Elle hésita. Que voulait cet homme ? Pourquoi se comportait-il de manière aussi inattendue ? Même chez les siens un homme ne se comportait pas ainsi avec une prisonnière. Mais la nourriture était bonne et son corps en réclamait plus. Elle lui rendit l’assiette avec un hochement de tête. Il se leva pour aller la resservir, jetant au passage un morceau de viande au rapace qui s’en saisi avec un cri aigue. Elle nota machinalement que le guerrier avait conservé ses cheveux long, une partie était tressé, le reste tombait librement dans son dos, seulement discipliné par quelques attaches en argent.

- Qu’est ce que je suis ? demanda-t-elle finalement.

Il se retourna vivement.

- Comme ça tu te décides à parler ? remarqua t-il avec un léger sourire. Tu es une prisonnière. Ou une prise de guerre. Il haussa les épaules. C’est presque synonyme, mais mieux, qu’esclave.

L’homme avait répondu à sa question sans hésiter, pas entièrement, mais il avait répondu, et laissé une ouverture. Elle prit l’assiette qu’il lui tendait. Ainsi elle était prisonnière…

- Näar’Lyska… lâcha-t-elle alors qu’il se rasseyait sur le lit. C’est mon nom.

Elle le vit réfléchir un instant, il hocha finalement la tête.

- LameLouve… Un nom qui semble bien te convenir…

La jeune femme s’étouffa et le regarda avec stupéfaction, comment savait-il, comment et où avait-il pu apprendre l’ancienne langue ? Il sembla rire de sa surprise avant de se lever et de désigner l’assiette du menton.

- Mange. J’ai des choses à régler et la suite de cette conversation devra attendre plus tard.

Il se dirigea vers la porte et s’arrêta sur le seuil. Il tendit la main en direction du rapace et modula un petit sifflement. Dans un soyeux froissement de plume le faucon rejoignit le poignet de son maitre. La jeune femme comprit alors l’intérêt du large bracelet de cuir que portait l’homme.

- Ménage ta jambe si tu essaie de te lever. Lança t-il en se détournant.

Avant qu’il ne sorte elle avait besoin de savoir une chose. Elle essaya de se redresser un peu, ignorant l’inconfort que provoquait ce mouvement.

- Et vous ? Qui êtes-vous ? demanda-t-elle alors qu’il s’apprêtait à sortir.

Le guerrier se tourna vers elle et l’observa un petit moment. Elle croisa de nouveau ses yeux, et cette fois, elle ne détourna pas son regard.

- V’line d’Alta-Rayen. Général des armées de Menrys-Aran.

La porte se referma derrière lui. Un long moment elle resta immobile, fixant la porte, trop stupéfaite pour réagir. « Alta-Rayen », aujourd’hui ce nom servait parmi son peuple à effrayer les enfants. Il était l’homme qui avait gagné la guerre, fait plier Jeÿnaçar, et sans qui son peuple serait toujours invaincu.

auteur - solhaken, genre - fantaisie, etat - en cours, projet - les larmes de la louve, rating - 4 r

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