Le mépris de l'auteur nombriliste

[arca_en_ciel]

Depuis longtemps je ressens une sorte de condescendance de principe envers tout récit où l'auteur se met lui-même en scène, parle de sa propre expérience. C'est quelque chose qui obsède les Américains, dans toute histoire qui parle de quelqu'un qui écrit, cette personne essaie toujours de vivre des choses incroyables pour pouvoir en faire un livre

Comments

[arca_en_ciel]

Dans les faits, peut-être ! Mais j'ai vu beaucoup de films ou de séries US parlant d'écrivains, et dans 100% des cas, vraiment, le modus operandi était : 1) vivre des trucs de ouf impliquant si possible du sexe et/ou de la drogue et 2) écrire un livre dessus. Sans compter le motto "write about what you know" !
Après oui, il est possible que la littérature française générale regorge de ces expériences personnelles, c'est un milieu que je fréquente fort peu...

Mon projet, mazette, tu le connais, il a dix ans :) mais il a beaucoup changé (forcément). C'est plutôt un nouveau projet construit en réutilisant des pierres de l'ancien.
Il parle donc de l'adolescence à donf, et particulièrement du biais qu'on peut avoir dans son estimation de soi et des autres (l'idée est de faire se succéder des parties racontées par des narrateurs incertains, dont les points de vue se contredisent à certains niveaux). C'est destiné à un public jeune donc ça reste léger, en théorie du moins, mais je ne sais pas si mon truc n'est pas trop compliqué... C'est compliqué à écrire, en tout cas !

[epanorthose]

je ne suis pas une pro, mais il me semble que du côté de la littérature française, c'est plus du côté des petits/grands drames quotidiens. Finalement, pas très éloigné de ce que le ciné français propose en fait. Mais je lis beaucoup moins (et quand je lis, c'est de la littérature très genre, type polars et SFFF) et c'est peut être que je n'ai pas eu bp de chances dans mes lectures.

C'est Martinien ? je n'osais pas trop poser la question, parce qu'à la première lecture, j'avais cru comprendre que la fille dont tu parlais était l'héroïne.

J'adore les histoires (romans ou films) avec plusieurs points de vue. Je suis fascinée par ce genre d'histoires. J'avais fait toute une séquence l'année dernière avec mes troisièmes autour de ce thème et du narrateur dont on doit se méfier (le fameux unreliable narrator). je m'y suis même un tout petit peu essayée.

non, écrire n'est pas facile. c'est le moins qu'on puisse dire. en tout cas je te souhaite ténacité et succès. :)

[arca_en_ciel]

C'est Martinien, oui, sauf que maintenant le point de vue de Martinien n'est plus qu'un parmi d'autres. Et que Martinien lui-même a bien changé... Le personnage d'origine était trop minable, trop étroit d'esprit, j'ai eu envie de parler d'un type bien.

Du coup la seconde partie passe au point de vue de celle qui devait faire partie de son trio, mais qui a changé de nom, de physique, d'histoire... (Son ancien nom, Alice Lelièvre, est devenu son pseudo internet.)

J'ai dû chercher sur wikipedia pour la VF de "unreliable narrator" et c'est pour ça que j'ai parlé de "narrateur incertain" :D mais voilà c'est l'idée. Par le passé, j'ai déjà écrit des points de vue qu'on alternait d'un chapitre à l'autre. C'est plutôt simple et ludique je trouve car les deux progressent simultanément et peuvent se répondre facilement, mais là je me suis compliqué la vie en séparant nettement les points de vue en parties différentes, tout en alimentant une même histoire qui doit rester cohérente jusqu'au bout... Comme je planifie peu, ça ne facilite pas la chose ;)

[epanorthose]

J'avais lu les premiers chapitres que tu avais postés de ton roman et je me souviens m'être dit qu'Alice me faisait un peu penser à toi. :) Pour ce qui est de Martinien, je ne suis pas fâchée que tu l'aies un peu modifié. C'était en effet pas un perso très, à mon sens, enthousiasmant.

J'imagine. Je ne sais même pas comment tu fais pour ne pas tout planifier !

en tout cas, bon courage. :)

[arca_en_ciel]

Si tu as vu Alice c'est que c'était la toute première mouture, fort ancienne, du roman. Ce qui est étonnant c'est que nous n'avions alors rien en commun, si ce n'est un goût pour le bleu dans les cheveux. Elle était sans-gêne, entière, n'avait aucune considération pour ce qu'on pouvait penser d'elle et aucune peur du rejet. Dans mon souci exagéré de ne pas retomber dans le travers du personnage avatar de son auteure, j'avais m'étais même assurée de lui donner des goûts différents. C'était un personnage au final bien mal construit et qui avait la profondeur d'une huître, je m'en étais aperçue lorsque j'avais tenté d'en faire un personnage de RPG et qu'elle s'était avérée tout à fait insipide.

Quant à Martinien, il a toujours été voulu l'inverse d'un personnage enthousiasmant, tout l'intérêt du personnage résidait dans son évolution, ainsi que son potentiel comique. J'avais découvert un personnage tout aussi minable et drôlatique dans Adrian Mole, dont j'ai lu pas mal de tomes de la série, mais celui-ci par contre n'évolue jamais, même à l'âge adulte, ce qui le rendait assez désespérant.
Je n'aime toujours pas trop les héros classiques que l'on doit admirer, et Martinien reste un garçon assez pathétique, mais je crois lui avoir donné quelque chose d'attachant, et des idées un peu moins étriquées sur les choses, même si sa perception de ce qui l'entoure reste très biaisée, puisque c'est le sujet du ivre ;)

J'ai beaucoup essayé de planifier parce que les études littéraires m'avaient donné l'idée qu'un écrivain prévoyait forcément tout. Puis j'ai lu la citation d'une romancière, je crois que c'était Marguerite Duras, qui disait que si elle savait par avance ce qu'elle allait écrire elle n'aurait plus de raison de l'écrire, et ça m'a un peu soulagée de cet impératif qui convient peu au bordel de mon cerveau et qui nuit à ma spontanéité... Il faut dire que c'est bête de bloquer sur un plan quand on ne sait pas en faire, je préfère encore bloquer sur un chapitre en cours !

[epanorthose]

C'était il y a longtemps, donc je ne me souviens plus ce qui avait pu me faire penser à toi dans le personnage d'Alice. Je me souviens juste que ça avait été le cas.

J'avais bien compris que c'était le coeur du personnage d'être peu enthousiasmant, voire pathétique. C'est pour cette raison, il me semble, que je n'avais pas fait de remarques sur le sujet. Si ça avait été une erreur de construction, j'aurais pu dire quelque chose, mais là c'était clairement un choix assumé.

Ca me dérange pas pour ma part d'admirer un héros, voire j'apprécie cela. D'autant plus qu'on peut les admirer pour des tas de raisons diverses et variées. Mais ce n'est pas une nécessité. Par contre, ce dont moi j'ai besoin (je rajoute un "perso" ? ^^) c'est de m'attacher au personnage P.ace qu'il y a intérêt à ce que j'ai envie de le suivre dans ses aventures si l'auteur attend de moi que je lise toutes les pages qu'il a écrites ! :D

l'important, c'est de trouver la méthode d'écriture qui te convient. chaque auteur a ses habitudes et ses besoins. :)