Me voici de retour avec un nouveau défi... Déjà à moitié rempli par ce que j'ai lu pour le précédent défi... plus des BD... Oui, bon. Ça me laisse déjà un bon nombre de cases à remplir qui m'aideront à choisir quoi lire pour la suite !
Il s'agit donc d'un défi de 50 livres, que je ne pensais pas être capable de réaliser (je n'ai clairement plus le temps de lire autant !) jusqu'à ce qu'on me dise « je vois pas pourquoi tu ne pourrais pas y mettre des BD ». Vu comme ça, ça rend tout de suite la tâche beauuuucoup plus aisée. Moins drôle aussi... Mais mine de rien, j'ai déjà lu plusieurs livres spécifiquement pour ce challenge et il m'en reste une quinzaine d'ici la fin de l'année. J'ai donc juste ce que je recherche : des idées pour choisir des livres dans mon énorme pile à lire !
Beaucoup des livres de cette liste ont déjà été chroniqués, mais pas tous ! Les nouveautés sont en bas.
[x] Un livre de plus de 500 pages -> The Luminaries, Eleanor Catton
[ ] Un classique du roman d'amour
[x] Un livre qui a été transposé au cinéma -> Breakfast at Tiffany's, Truman Capote
[ ] Un livre publié cette année
[x] Un livre avec un nombre dans le titre -> Ready Player One, Ernest Cline
[x] Un livre écrit par quelqu'un de moins de 30 ans -> Lord of the Barnyard, Tristan Egolf
[x] Un livre avec des personnages non humains -> Dialogues de bêtes, Colette
[x] Un livre drôle -> Hark! A Vagrant, Kate Beaton [BD] S'il y en a bien un cette année qui m'a fait rire tout haut, c'est celui-là !
[ ] Un livre dont l'auteur est une femme
[ ] Un livre à intrigue ou un thriller
[x] Un livre dont le titre tient en un mot -> Missy, Benoît Rivière [BD]
[x] Un recueil de nouvelles -> Shock I, Robert Matheson
[x] Un livre qui se passe dans un autre pays -> Les Sentinelles des blés, Chi Li
[x] Un livre non fictionnel -> La Lune est blanche, Emmanuel et François Lepage [BD]
[ ] Le premier roman d'un auteur à succès
[x] Un livre encore non lu d'un auteur que vous aimez -> Anansi Boys, Neil Gaiman
[x] Un livre recommandé par un ami -> We Were Liars, E. Lockhart Recommandé par littlegothsin
[x] Un livre récompensé par le prix Pulitzer -> The Old Man and the Sea, Ernest Hemingway
[x] Un livre tiré d'une histoire vraie -> Irmina, Barbara Yelin [BD]
[x] Un livre en bas de votre liste -> Le Géant Yéous, George Sand Procuré au pif sur Pochetroc et lu essentiellement, il faut bien l'avouer, pour me reposer lors du dernier Readathon.
[x] Un livre que votre mère adore -> Un Océan d'amour, Wilfrid Lupano et Gregory Panaccione [BD]
[x] Un livre qui vous fait peur -> Through the Woods, Emily Carroll [BD] J'ai choisi de comprendre ce thème littéralement même si j'en trouve la formulation ambiguë... Un roman chinois de 1500 pages m'aurait fait peur également !
[x] Un livre écrit il y a plus de 100 ans -> Pierre et Jean, Guy de Maupassant
[ ] Un livre uniquement pour sa couverture
[x] Un livre que vous auriez dû lire à l'école -> Vipère au poing, Hervé Bazin
[x] Des mémoires -> L'Arabe du futur, Riad Sattouf [BD]
[x] Un livre qui peut se lire en une journée -> L'Homme qui plantait des arbres, Jean Giono
[x] Un livre avec des antonymes dans le titre -> Locke & Key, [BD]
[x] Un livre se déroulant dans un lieu que vous avez toujours voulu visiter -> Blacksad, tomes 1 à 5, Juan Díaz Canales, Juanjo Guarnido [BD] Un road-trip aux USA est l'un de mes rêves (en passe de se concrétiser)... Ce n'est pas l'aspect urbain des grandes villes américaines qui m'attire le plus, mais vraiment la diversité et l'immensité du pays. Blacksad l'illustre plutôt bien !
[ ] Un livre sorti l'année de votre naissance
[x] Un livre ayant reçu de mauvaises critiques -> A Stolen Life, Jaycee Dugard
[ ] Une trilogie
[x] Un livre de votre enfance -> Le Journal d'un fou, Gogol J'ai lu Le Nez en primaire... ça compte !
[ ] Un livre avec un triangle amoureux
[ ] Un livre qui se passe dans le futur
[x] Un livre qui se passe au lycée -> Foxfire, confessions d'un gang de filles, Joyce Carol Oates
[ ] Un livre avec une couleur dans le titre
[ ] Un livre qui vous a fait pleurer
[x] Un livre avec de la magie -> The Sleeper and the Spindle, Neil Gaiman et Chris Riddell [BD]
[x] Un roman graphique -> Pyongyang, Guy Delisle [BD]
[x] Un livre d'un auteur dont vous n'avez encore rien lu -> La Fabrique d'absolu, Karel Capek
[x] Un livre que vous possédez mais n'avez jamais lu -> The Tales of Beedle the Bard, J. K. Rowling
[ ] Un livre se déroulant dans votre ville d'origine
[x] Un livre qui a été écrit dans une autre langue -> La Formule préférée du professeur, Yôko Ogawa
[x] Un livre se déroulant à Noël -> The Magic Toyshop, Angela Carter Noël n'est clairement pas un thème du roman, mais l'une des scènes clés se joue à cette occasion.
[ ] Un livre écrit par un auteur ayant les mêmes initiales que vous
[x] Une pièce de théâtre -> The Vagina Monologues, Eve Ensler
[ ] Un livre interdit
[x] Un livre tiré de ou adapté en série TV -> Jonathan Strange & Mr. Norrell, Susanna Clarke J'ai commencé à regarder la série, elle est bien bien sympa !
[ ] Un livre commencé mais jamais terminé
34/50
Il me reste donc : un classique du roman d'amour, un livre publié cette année (conseils ?), un livre dont l'auteur est une femme (easy), un livre à intrigue ou un thriller, le premier roman d'un auteur à succès (je me lance dans Carrie), un livre uniquement pour sa couverture, un livre sorti l'année de votre naissance, une trilogie (merde, ça fait 3 livres !), un livre avec un triangle amoureux (conseils ?), un livre qui se passe dans le futur, un livre avec une couleur dans le titre, un livre qui vous a fait pleurer (difficile à anticiper, à moins de relire !), un livre se déroulant dans votre ville d'origine, un livre écrit par un auteur ayant les mêmes initiales que vous (j'ai fait mieux : j'ai commandé le livre d'une homonyme !), un livre interdit, un livre commencé mais jamais terminé.
Théâtre
The Vagina Monologues (Les Monologues du vagin), Eve Ensler (1996) ❤
Compilation de textes issus d'entretiens menés par Eve Ensler, auprès de femmes variées, au sujet de leur vagin. Évidemment féministe, cette pièce atypique (que je n'ai ni vue ni entendue représentée, mais c'est maintenant dans mes projets) vise à briser tous les tabous concernant le sexe féminin, à inspirer les femmes à s'aimer tout entières et à reprendre possession de la partie d'elles-même qu'elles voient le moins mais qui leur est la plus intime.
Avant d'en rencontrer un extrait par hasard, je ne savais pour ainsi dire rien des Monologues du vagin. J'avais vu des affiches et j'avais trouvé le titre vulgaire, je pensais que c'était du burlesque de bas étages, rien de plus. Puis j'ai lu « Mon vagin, mon village », qui m'a émue aux larmes, et j'ai couru acheter le livre. C'est une oeuvre qui fait du bien, qui fait sourire, qui bouleverse, qui laisse une marque durable. Une pièce qui force à penser le mot vagin, qui pousse à dire le mot vagin, qui incite à prendre un miroir pour regarder son vagin. Ce n'est pas magique, c'est insuffisant à régler les rapports conflictuels que je peux avoir avec mon corps mais c'est un pas dans la bonne direction, un bon élément de réflexion, et surtout un excellent moment de lecture.
[Extrait (en français)] J’ai interviewé des femmes bosniaques dans des camps de réfugiés pendant la guerre en ex-Yougoslavie. Vingt à soixante-dix mille femmes avaient été systématiquement violées, sous prétexte de tactique de guerre, en plein milieu de l’Europe, en 1993. Il est très choquant que si peu de gens aient essayé d’y mettre un terme. Cela dit, cinq cent mille femmes sont violées tous les ans dans notre pays et nous ne sommes pas en guerre, enfin, théoriquement. Ce monologue est inspiré par l’histoire d’une de ces femmes. Elle était musulmane, comme la plupart des femmes interviewées. Avant cette guerre, le viol n’avait jamais fait partie de leur culture. Ce monologue lui est dédié, ainsi qu’à toutes ces femmes extraordinaires de Bosnie et du Kosovo.
Mon vagin, mon village
Mon vagin était une fraîche prairie verte et rose. Les vaches paissaient, mon fiancé me caressait tendrement avec un fétu de paille blonde.
Il y a quelque chose entre mes jambes. Je ne sais pas ce que c’est. Je ne sais pas où c’est. Je ne veux pas y toucher. Plus maintenant. Plus depuis. Plus jamais.
Mon vagin était bavard, il ne pouvait attendre, il en disait, il en disait.
Depuis que je rêve qu’il y a un animal crevé cousu entre mes jambes avec du fil noir, il ne parle plus. Et l’odeur horrible de l’animal mort m’envahit. Et sa gorge tranchée saigne et tache mes robes d’été.
Mon vagin connaissait toutes les chansons de femmes, toutes les chansons paysannes, toutes les chansons des forêts d’automne, toutes les chansons du pays.
Depuis que les soldats y ont glissé le canon de leur fusil, il ne chante plus. L’acier était si froid qu’il m’a glacé le cœur. Vont-ils tirer, vont-ils l’enfoncer jusqu’à mon cerveau qui se tord de peur ; je ne sais pas. Six d’entre eux, monstres affreux encagoulés de noir, m’enfoncent des bouteilles aussi et des matraques et un balai.
Mon vagin était l’eau d’une rivière où il faisait bon se baigner, eau claire, courant sur les pierres inondées de soleil, sur la pierre de mon clitoris, encore et encore.
Depuis que j’ai entendu la chair se déchirer avec un bruit strident, la rivière ne coule plus. Plus depuis qu’un morceau de mon vagin, un morceau de ma lèvre est resté dans ma main.
Mon vagin. Village vivant, doux et chaud. Mon vagin, là où je suis née.
Depuis que, pendant sept jours, ils m’ont chacun à leur tour, puant la merde et la pourriture, inondée de leur sperme immonde, je n’y habite plus. Je suis devenue une rivière charriant le pus et les poisons et toutes les récoltes sont mortes et tous les poissons.
Mon vagin, village vivant, doux et chaud. Ils t’ont envahi. Massacré. Incendié. Je ne peux plus te toucher. Je ne peux plus venir te voir. J’habite ailleurs à présent. Ailleurs. Mais je ne sais pas où c’est.
Romans
The Magic Toyshop (Le Magasin de jouets magiques), Angela Carter (1967)
Jeune fille en fleur commençant juste à découvrir sa propre sensualité, Mélanie se retrouve orpheline du jour au lendemain. Son petit-frère, sa petite-soeur et elle sont alors confiés à un oncle tyranique, créateur de jouets et d'automates magnifiques. Dès lors, les trois enfants vont vivre dans le confort le plus spartiate, en compagnie de leur tante et des deux frères de celle-ci, tous victimes des humeurs agressives de ce terrible génie.
Quelle bizarrerie que ce roman d'Angela Carter ! Après avoir été enchantée par ses contes dans The Bloody Chamber, je m'attendais à éprouver quelque chose de semblable. Mais malgré ce que le titre implique, point de magie ici, seulement une jeune fille placée dans une position extrêmement inconfortable, dans un environnement extrêmement malsain. Elle n'a aucun soutien de ses frère et soeur, le premier étant d'une nature semblable à son oncle et la seconde n'étant qu'un bébé. Restent sa douce tante, malheureusement muette, et ses frères, qui bien que gentils, ne font rien pour la mettre à l'aise. L'atmosphère est claustrophobique, il n'y a rien à quoi se raccrocher, ce qui fait vite de ce court roman un calvaire sans fin. C'est intéressant si l'on considère que tout ce qui dérange est intéressant, mais je n'ai clairement pas su apprécier ces frôlements du gothique, ces allusions au charnel, ces symbolisations de l'adolescence qui en ont fasciné tant d'autres. À tester, mais si on n'est pas rentré dedans au bout de trente pages, ce n'est peut-être pas la peine d'insister.
The Old Man and the Sea (Le vieil homme et la mer), Ernest Hemingway (1952)
Premier prix Pullitzer à me déplaire... J'y vois une certaine beauté, une certaine grâce, indéniables, mais ce combat allégorique entre homme et bête(s) m'a dégoûtée par son absurdité et sa vanité. Je me suis ennuyée avec constance. Les valeurs invoquées tout au long du récit (force de l'esprit sur le corps, patience et ténacité), présentées avec insistance comme exclusivement masculines, m'ont essentiellement irritée. J'ai lu toute la fin écœurée et je n'en sors clairement pas édifiée.
Vipère au poing, Hervé Bazin (1948) ❤
« Folcoche », c'est le nom que ses fils donnent à cette mère incapable d'amour, cruelle, tyrannique, qui ne vit que pour dominer et ne domine qu'en écrasant. Vipère au poing raconte l'adolescence de Brasse-Bouillon, second d'une fratrie de trois, élevé par sa grand-mère jusqu'à la mort de celle-ci. À l'arrivée de sa génitrice, le bon garçon se change en résistant farouche, s'endurcit jusqu'à se délester de toute sensiblerie et de toute capacité à aimer, à se laisser aimer.
J'ai lu ce roman comme une autobiographie, puisque l'histoire en est, semble-t-il, largement inspiré de la vie de l'auteur. Je l'ai lu aussi en pensant beaucoup à ma propre mère, qui m'avait dit adorer ce livre et dont je sais qu'elle a aussi souffert, dans une moindre mesure, du manque d'amour et de la dureté de celle qui l'a mise au monde. L'analyse de l'affrontement entre enfant et marâtre et de tous les sentiments qui en découlent est, par ailleurs, d'une finesse telle qu'on a envie de dire que « ça ne s'invente pas ». C'est un roman écrit d'une belle plume, par un homme qui aime les mots rares et bien choisis (qu'ils soient soutenus ou tirés d'un patois régional), avec une fougue et un humour très séduisants. Mon enthousiasme s'est néanmoins un peu essoufflé au fil du récit, un brin décousu et peu aidé par son héros qui, même s'il a toutes les circonstances atténuantes du monde et malgré toute la grâce de ses poses de résistant, devient quand même assez con.
Confessions d'un gang de filles (Foxfire: Confessions of a Girl Gang), Joyce Carol Oates (1993) ❤
Dans le New York populaire des années 50, une bande de lycéennes refusant de subir plus longtemps le joug des hommes et les dérives du capitalisme s'unissent pour former le gang Foxfire. Ayant l'indépendance et la justice pour mots d'ordre, les jeunes femmes font le pacte de se protéger et de défendre les opprimés. Mais tout idéal a un prix et, sans autres alliées qu'elles-mêmes, elles en viennent à adopter des méthodes aussi discutables que dangereuses pour subvenir à leurs besoins... courant ainsi droit à leur perte.
Le récit est un assemblage de notes, de souvenirs et d'extrapolations d'une ancienne membre du gang, Maddy-Monkey. Construit exactement comme une histoire vraie (au point qu'il est difficile de ne pas y croire), ce roman joue sur une narration décousue, non linéaire, où soufflent ici et là les voix de fantômes du passé. Cette façon de raconter refuse tout sensationnalisme, ce qui la rend plus subtile, mais a eu tendance à me laisser un peu sur ma faim. Je m'étais figuré une épopée violente et jouissive, quasiment à la Tarantino, quand en réalité il s'agit plutôt de morceaux de vies en demi-teintes, brassés vaguement en ordre, sans se soucier de faire monter la sauce. L'histoire, pourtant, est inspirante, et je reste frappée par le réalisme extrême des personnages et des événements, qui fait tellement croire à un témoignage véridique. Un roman dans lequel je pense qu'il faut se plonger comme en apnée, et dont on ressort forcément chamboulé.